Attaques, expulsion et harcèlement de Roms à Grenoble
Des faits d’une exceptionnelle gravité se sont produits cette semaine à Grenoble, des faits dont la mesure semble n’avoir, pour l’heure, pas été prise par les pouvoirs publics et qui laissent présager le pire. A deux reprises, une maison désaffectée à Grenoble rue Germain habitée par une centaine de personnes d’origine rom a été violemment attaquée. Ces personnes originaires d’ex-Yougoslavie (Serbie, Macédoine, Kosovo) sont ou ont été demandeurs d’asile, car, appartenant à la minorité rom, elles étaient discriminées dans leur pays. Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27, des hommes ont tiré des coups de feu sur cette maison en proférant des menaces, en intimant aux habitants de « dégager », et en promettant de revenir. Deux jours plus tard, dans la nuit de lundi à mardi, les mêmes hommes, cagoulés, ont pénétré par effraction dans la maison, brisant à coup de batte de base-ball portes et vitres et menaçant de « gazer » les habitants. Témoignant de la violence de l’attaque, un morceau de batte de base-ball brisée a même été laissé sur place par les agresseurs. Preuve, s’il en fallait, que le danger ne vient pas des Roms, contrairement à ce que s’est plu à répéter le maire de la Tronche au cours des dernières semaines, en tenant des propos alarmistes stigmatisant les Roms habitant dans sa commune. Car s’il faut bien « craindre le pire », le pire ne vient pas de la prétendue menace que les Roms feraient peser sur la tranquillité publique, mais des menaces de mort bien réelles et des agressions violentes dont ils sont la cible, en plus de la précarité extrême dans laquelle ils sont relégués et du déni de droits auxquels ils sont quotidiennement confrontés. Certains élus préfèrent en effet se mettre dans l’illégalité plutôt que d’assurer, comme le leur prescrit l’article premier de notre Constitution, l’égalité de traitement de tous leurs administrés. Le maire de la Tronche, en plus de tenir des discours stigmatisant les Roms, refuse par exemple obstinément la scolarisation dans sa commune des enfants roms, et se soustrait à son obligation de dératiser le campement installé sur sa commune. Ce qui ne l’empêche pas ensuite de pointer du doigt l’insalubrité du campement… dont il est l’un des artisans.
Ce ne sont pas les Roms qui constituent une menace, mais ceux qui, décomplexés par les propos racistes et xénophobes récurrents de certains de nos acteurs politiques, à l’échelle nationale comme à l’échelle locale, se permettent désormais de mettre en acte leur idéologie haineuse, au mépris de la vie humaine.
Rappelons qu’à Paris, le 24 octobre, des jets de cocktails Molotov ont déclenché un incendie faisant un mort dans un hangar habité par des Roms, rue des Pyrénées.
Vendredi 2 décembre, c’est la violence de l’État français qui s’est exercée à l’encontre des personnes habitant rue Germain. Suite à un feu de cheminée rapidement circonscrit par les pompiers, la centaine de personnes réfugiée dans cette maison et ses annexes n’a pas été autorisée à réintégrer leur abri. Celles-ci ont été interpellées et conduites à l’Hôtel de Police pour opérer des relevés d’identité et un tri entre ceux qui seront emmenés pour être expulsés et les autres relâchés sans hébergement ni même le droit de récupérer leur affaires restées dans la maison. Pendant leurs interrogatoires, une société murait la maison et des vigiles secondés par la Police Nationale armée de mitraillettes bien visibles défendaient tout accès à ces hommes, femmes et enfants souvent en bas âge venus seulement reprendre leurs biens pour chercher refuge ailleurs. Pourtant le tribunal avait reconnu à ces personnes le droit de séjourner dans cette maison plus d’un mois encore et, d’autre part, c’est l’État qui doit légalement héberger les nombreuses personnes demandeuses d’asile en l’attente d’une décision de sa part. Au lieu de cela, le Préfet ose déclarer aujourd’hui que ces personnes “n’entrent pas dans le cadre du dispositif hivernal”. Il y aurait donc pour lui plusieurs catégories d’êtres humains, alors que l’hébergement de personnes à la rue est un droit inconditionnel. Par la suite, la police les a pourchassés dans l’agglomération, les délogeant de deux abris successifs, l’un en pleine nuit malgré la présence d’enfants. Elle allait même jusqu’à faire usage de bombes lacrymogènes pour les déloger d’un abri précaire, en contradiction avec les règlements qui interdisent d’en faire usage dans un lieu clos..
L’État français et son Préfet ont une nouvelle fois mis en pratique l’odieux “discours de Grenoble” en violant la loi et en commettant des actes racistes et xénophobes envers ces personnes venues chercher asile en France.
Le collectif La Patate Chaude continuera son combat avec les personnes d’origine rom discriminées pour faire respecter les droits pour tous.
Indymedia Paris-IDF, 18 décembre 2011