Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Après le DSK circus voici, en piste, le Tron show, du nom de ce secrétaire d’État qui, selon ses employées, aimait à caresser leurs pieds. Mazette, quelle affaire ! Et les pisse-copies de se jeter sur le podophile en position de démissionnaire, comme la misère (du journalisme) sur le pauvre monde politique. N’écoutant que son courage et aussi, un peu, son penchant pour les perversités de toutes sortes, l’autruche s’est renseignée au sujet de la podophilie. Elle a ainsi appris que cette pratique s’inscrivait dans le cadre, plus large, des « paraphilies ». Bien. Kézako cette chose, l’amour des parachutes ? Ladite podophilie n’en concerne pas moins des milliers de gens dans ce pays, et connait nombre de variantes telles le footjob, acte qui, comme son nom l’indique, consiste à masturber le sexe du partenaire avec ses pieds, ou le trampling : se faire marcher sur le corps, par quelqu’un de chaussé ou non, plus subtil encore, le crushing, qui revient à écraser sous ses talons, aiguilles ou non, des insectes, à défaut de petits animaux — des bisons, non : trop compliqué. Au détour du blog « Onanisme and Co » (oui monsieur, quand l’autruche enquête elle le fait avec sérieux), on apprend également que « dans l’argot des maisons closes, sucer les pieds d’une prostituée était appelé « faire petit-salé ». Ça donne soif. Mais comme si Tron ne suffisait pas au bonheur des journaux du soir, voilà t-y pas que le philosophe au nom de bateau moche s’y met. Ferry, Luc, balance. Lâche tout de go le cas « d’un ancien ministre qui s’est fait poisser dans une partouze à Marrakech avec des petits garçons. » Son nom ? Là, silence. « Quand on n’a pas de preuves, on ferme sa gueule », précise très élégamment le présumé philosophe. C’est surtout que la transparence a ses limites, n’est-ce pas, des limites imposées par le code implicite de la caste à laquelle appartient Luc Ferry. Il risque des poursuites, dit-il, s’il cite le ministre pédophile. M’est avis qu’il risque bien pire, de son point de vue du moins, s’il brise l’omerta : la pure et simple mise au ban. Quoi qu’il en soit, au cœur même de ce Sarkozystan en totale capilotade, les affaires de cul risquent fort de s’accumuler durant l’année qui vient, au point que les solides armoires du ministère de la Justice verront leurs gonds céder sous le poids des dossiers. Ce n’est plus le pays des droits de l’homme, mais celui de sa langue, de son sexe, de ses doigts. Le pays du touche-pipi.
Même le concombre s’y met, cuisiné à la mode serial killer ! À l’observer, comme ça, comme à la dérobée sur l’étal du concombrier, il nous paraissait jusqu’à lors parfaitement inoffensif. Que nenni, le voilà qui tue, en rafale, bien qu’aux dernières nouvelles ça ne serait pas lui mais la laitue, mais les radis, mais les tomates tueuses !… Cinq fruits et légumes par jour, qu’ils disent. Pas de doute, ils veulent notre peau.
Elles devaient ne valoir pas cher, la peau des 250 passagers disparus en mer et au large de la Tunisie. Bougres et braves et courageux, embarqués de fortune, qui jamais ne verront ces côtes européennes rêvées comme accueillantes. Selon d’aucuns, aux macabres comptes, depuis 1988 il y aurait eu dans cette région, le détroit de Sicile, environ 12 000 noyés. « Ce qui en fait le plus grand cimetière marin, au monde », indique le journaliste en queue de reportage. Cimetière des espoirs, cimetière des illusions. Les murs de la forteresse Europe sont dressés, droits, solides, imperméables, inflexibles. Et l’Europe, depuis longtemps, ne rêve plus.
Frédo Ladrisse, Le Monde libertaire n°1639