La chambre de l’instruction a donné satisfaction à l’une des demandes d’extradition de l’Espagne à l’encontre de la militante etarra Saoia Sanchez Iturregi.
La seconde comparution en une semaine d’une militante présumée de l’organisation terroriste basque ETA devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel, sous haute escorte, a été quelque peu agitée hier matin. C’est d’abord un motard de l’escorte qui a été victime d’une collision sur la rocade est (1) au cours du transfert entre la prison de Vivonne et Poitiers (il est blessé au thorax).
C’est ensuite la détenue, très calme lors de la première audience de mardi, qui a poussé les hauts cris en affirmant avoir été brutalisée par les hommes du GIPN qui l’accompagnaient. Ceux-ci auraient, selon la militante basque, exagérément serré ses menottes.
Seconde demande
Le procès lui-même a été sans surprise. Comme mardi matin, Saoia Sanchez Iturregi a refusé de se lever devant la cour et de signer les documents qu’on lui présentait. Mardi, la chambre de l’instruction avait reporté le procès, en attendant que les autorités espagnoles fournissent des informations plus précises sur les tortures que les amis basques de Saoia Sanchez disent avoir subies.
Deux plaintes ont effectivement été déposées en Espagne après que les deux militants arrêtés après un attentat commis à Bilbao eurent avoué à la police le nom de la chef de leur commando. La procédure d’instruction de ces plaintes n’étant pas terminée, la cour de Poitiers a décidé de reporter à plus tard sa décision de remettre ou non Saoia Sanchez aux autorités judiciaires espagnoles (rappelons que le doit européen, confirmé par la cour de cassation, interdit aux juridictions françaises de livrer un ressortissant étranger mis en cause grâce au recours à des actes de torture).
En revanche, les juges ont fait droit à une seconde demande d’extradition des autorités espagnoles arrivée il y a quelques jours. Saoia Sanchez est mise en cause après la découverte d’importants stocks d’explosifs dans plusieurs villages de Biscaye. Des papiers au nom de la militante basque se trouvaient cachés avec certains de ces explosifs, ce qui fait planer sur elle de forts soupçons.
L’extradition de Saoia Sanchez n’interviendra cependant pas avant de nombreux mois, tant que se poursuit l’instruction menée par le pôle antiterroriste de Paris après l’assassinat de deux gardes civils à Capbreton (Landes) pour lequel elle est mise en examen, tout comme deux autres membres de l’ETA.
(1) Toute personne ayant été témoin de cet acident est invitée à prendre contact avec le commissariat au 05.49.60.60.00.
Vincent Buche, Centre Presse, 25/06/2011