Nicolas Sarkozy, un président protégé
La préfecture ne dit mot et respecte la consigne présidentielle : « Par mesure de sécurité, nous ne donnerons pas d’information », annonce le service de communication. « Mais, s’empresse-t-on d’ajouter, la gêne sera minimisée, les personnes pourront aller travailler dans les entreprises implantées autour des sites dans lesquels le président de la République interviendra. » Sans rire !
Qu’on ne s’y trompe pas, il n’y aura pas désordre dans le cadre de cette visite réglée par une sécurité très à cheval. Du monde sur la route du cortège présidentiel, il y en aura. Et probablement pas des Poitevins mais assurément des forces de l’ordre.
Hélicoptère et poste avancé pour les transmissions
Quelques chiffres donnent la mesure de cette protection. Quatre escadrons de gendarmerie jalonneront le parcours auxquels il faut ajouter deux compagnies de CRS sur site. Impossible qu’un président de la République puisse se déplacer sans une escorte digne de ce nom, l’EDSR 86 est mobilisé pour conduire le chef de l’État depuis l’aéroport jusqu’aux différents établissements visités. Il faudra également compter sur les réservistes qui assureront les contrôles sur les parkings pour les invités. Près de 2.500 personnes sont conviées à l’événement.
Bien sûr, les démineurs, accompagnés d’un chien, vérifieront les endroits stratégiques des locaux fréquentés par Nicolas Sarkozy. Et, s’il fallait prendre un peu de hauteur pour repérer le moindre incident, un hélicoptère de la gendarmerie est prêt. Seul le mauvais temps peut le clouer au sol. Bien évidemment, un poste opérationnel avancé pour les transmissions est prévu sur la technopole. A ne pas oublier, non plus, la centaine de policiers de la Vienne qui sera réquisitionnée pour la sortie présidentielle. Et tous les fonctionnaires attachés à la sécurité du président de la République venus préparer le terrain.
Mais on assure « qu’aucune route ne sera bloquée ». Et que les itinéraires susceptibles d’être empruntés par Nicolas Sarkozy sont classés « secret défense ».
On ne plaisante pas avec le chef d’Etat qui a débarqué le préfet de la Manche suite à son passage un peu trop bruyant à Saint-Lô.
Le programme de la visite le 5 janvier
Le président de la République se rendra ce jeudi 5 janvier à Chasseneuil-du-Poitou à l’occasion de ses vœux aux acteurs de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Le chef de l’État visitera le Centre national de documentation pédagogique (CNDP) avant de se rendre à l’École supérieure de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESEN) pour un échange avec des chefs d’établissement. Il conclura ce déplacement par son discours des vœux au Palais des congrès du Futuroscope. Le président de la République sera accompagné de Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative, Laurent Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et Jeannette Bougrab, secrétaire d’État, chargée de la Jeunesse et de la Vie associative.
Nouvelle République, Didier Monteil, 4 janvier 2012
» On n’a rien à attendre des voeux présidentiels «
Les vœux de Nicolas Sarkozy au monde de l’Éducation, jeudi sur la technopole du Futuroscope, seront accueillis par l’indifférence syndicale.
Je n’irai pas aux vœux de Nicolas Sarkozy jeudi au Futuroscope, ce jour-là j’ai piscine. La boutade et ses dérivés circulent dans les conversations et sur les réseaux sociaux des enseignants poitevins. Le discours « au monde de l’Éducation » que prononcera le chef de l’État sera accueilli dans l’indifférence syndicale.
Dès la semaine dernière, l’Unsa-Education a fait savoir qu’elle ne demanderait pas d’audience à cette occasion : « Les cinq années du mandat de Nicolas Sarkozy nous ont enseigné une chose : notre président n’aime pas l’École publique. » Le Nouvel an n’a pas changé la donne. « On ne va pas appeler les collègues à la grève pour ça », commente Laurent Cardona, secrétaire départemental du SE-Unsa.
« Les mêmes chances que Giulia pour tous les enfants »
Lui et les autres responsables syndicaux se rassembleront, quand même, aussi près de l’événement que les forces de l’ordre leur en laisseront le loisir. Histoire de « marquer le coup » et de fournir « une contre-information au discours officiel ».
C’est quasiment le même son de cloche chez les instituteurs du Snuipp. Francette Popineau n’attend rien « des belles paroles qui ne sont jamais suivies d’effet ». A quoi bon aller s’entretenir « avec un conseiller du président » alors que celui-ci « méprise les enseignants ». En revanche, la syndicaliste a son propre vœu à adresser à Nicolas Sarkozy : « Je lui demande de donner à chaque enfant de ce pays les mêmes chances que celles qu’il souhaite pour sa fille Giulia. »
Le public et le privé seront sur la même longueur d’ondes sur ce coup-là. « La chanson des suppressions de postes n’est plus « entendable » », estime Hervé Jeanneau, de la CFDT de l’enseignement privé. Le communiqué de son syndicat ne dit pas autre chose : « C’est par un véritable dialogue social avec tous les partenaires concernés, y compris les organisations syndicales du privé, et non par des effets d’annonce, qu’une nouvelle politique éducative se construira à l’avenir. »
Voeux dangereux
L’actuel chef de l’État avait déjà délocalisé ses vœux spécifiques à l’éducation, en 2009 à Saint-Lô. Cette visite avait occasionné une manifestation dont l’écho était venu jusqu’aux oreilles de Nicolas Sarkozy. Deux fonctionnaires s’en souviennent encore. Le préfet et le directeur départemental de la sécurité publique de la Manche, qui avaient été mutés quinze jours après.
Philippe Bonnet, Nouvelle République, 4 janvier 2012