Voici quelques temps qu’à chaque tractage du groupe Pavillon Noir, et dernièrement une diffusion du monde libertaire (qui est pourtant hebdomadaire depuis deux ans et demi place du marché face à notre-dame), les flics déboulent en bagnole pour intimider, prendre un tract, voire contrôler l’identité tout en la connaissant très bien.
Cette fois-ci, c’est aux compagnes-ons de l’Epine Noire… sauf que c’est allé un peu plus loin, avec embarquement au comico de 6 personnes diffusant cet excellent journal de contre-infos poitevines, dont une qui ressort avec convocation au comico pour « port d’armes » : elle y est allée aujourd’hui et en est ressortie avec rappel à la loi, prise d’empreintes et de photos.
Rappelons qu’un compagnon avait été perquisitionné dans une affaire de manif de soutien aux sans-papiers en février 2011, et que du matériel militant (dont de nombreux tracts et affiches Fédération Anarchiste) avait été saisi et détruit sur demande écrite du procureur ; qu’un autre compagnon avait été embarqué au comico à la suite d’une chansonnette collective (du Brassens) à Poitiers cet été…
Les intimidations policières répétées visent à décourager les gens de lutter. Elles ne nous feront cependant rien lâcher à nos idées anti-autoritaires. Bien au contraire, leurs méthodes aussi moisies que le système de fric et de pouvoir qu’elles défendent ne font que nous renforcer dans nos convictions pour une société libertaire et solidaire.
Soutien inconditionnel à toutes les voix en lutte.
Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86, 5 janvier 2011
Le communiqué des compagnes-ons de l’Epine Noire :
Chronique de l’arbitraire (à Poitiers et ailleurs)
Chronique de l’arbitraire*
Quand diffuser de l’information devient potentiellement criminel
Ce mercredi 4 janvier au soir, la police politique de Poitiers était sur les dents. Un petit nombre de personnes distribuait des tracts ( soutien aux inculpées de Labège [1] ) et un canard local (L’Epine Noire) devant les marches du Théatre-Cinéma de la place d’Armes au Centre-Ville. Pourquoi une distribution à cet endroit? Parce qu’il y avait la projection du film-documentaire “Tous au Larzac” avec un débat organisé par les Alternatifs, écologistes et autres. Autant dire qu’il y avait un grand nombre de poitevin-es et des environs qui sont venues pour y assister. L’idée était donc d’informer sur la situation des camarades de Toulouse et de faire connaitre l’Epine Noire… Pas d’entrave à la circulation, pas de papiers par terre (le public était évidemment intéressé par ce que nous distribuions), pas de violence en réunion, pas d’alcool, pas d’armes par destination, que de bonnes intentions.
Nous ne sommes pas rentrés pour la diffusion du film, on aurait peut être dû, vu ce qui s’est passé ensuite. A peine le dernier spectateur entré dans le cinéma, la bac et la police nationale avec pas moins de 6 bagnoles sont venues interpeller 6 personnes dans des rues adjacentes au théatre-Cinéma. Les gardiens de l’ordre ont contrôlé les identités vraiment pour la forme, vu que nos tronches leur sont familières. Puis, ils ont confisqué les journaux ainsi que de simples couteaux. Mais ce n’est pas fini : la police nous amène quand même au commissariat.
Au commissariat, rien de très alléchant, à part peut etre de voir le directeur de la police, Jean-Francois Papineau, et ses collègues avec, entre les mains, l’Epine Noire (c’eût été de belles photos pour le prochain numero). Les 6 personnes embarquées sont sorties, certaines ramenées jusqu’à leur domicile pour vérification d’adresse. Une personne est sortie avec une convocation au commissariat pour port d’armes, reconvoquée aujourd’hui elle ressort avec un rappel à la loi et ils en ont profité pour prendre ses empreintes et lui tirer le portrait. D’autres personnes, vraisembablement, seront prochainement convoquées pour l’Epine Noire.
La venue du président de la Republique dans la région, aujourd’hui 5 janvier, à l’occasion des voeux à l’education nationale, est sans doute une des raisons de leur intervention. D’autres suggèrent que c’est la distribution fortuite du canard à un RG qui allait assister au débat sur le Larzac, qui a mit la puce à l’oreille de nos amis les bleus. Les pandores n’auraient-ils pas eu vent d’un article sur le successeur de notre cher Tomasini (P..on), Yves Dassonville qui, après avoir chassé le syndicat (« voyou, disait-il) USTKE en Kanaky entame une nouvelle campagne en terre pictave contre d’autres voyous. Encore un petit effort Dassonville et l’Epine Noire verra croître son audience comme l’USTKE a su résister aux assauts colonialistes.
Cet acte est grave, car il s’agit plus que d’une énième provocation policière pictave à l’encontre de certains individus présumés anarchistes, terroristes, délinquants, voleurs, voyous, et mille autres qualificatifs qui ne sonnent finalement pas plus mal que « PAPON », « baqueux », « educastreur », « parti de l’ordre » ou « serviteur de l’Etat ».
En effet la police a saisi tous les exemplaires de l’ « Epine noire » qui restaient sur chacun d’entre nous. Il s’agit-là d’une atteinte manifeste au droit d’expression et de diffusion d’écrits politiques. Et ça nous ne saurions le tolérer pas plus que le reste. Comme quoi leur démocratie est à géométrie variable…
Bref, en tout cas comme ça l’est souvent rappelé, Poitiers reste une ville où le pouvoir teste le degré de résistance, teste des méthodes relevants de la contre-subversion. C’est une confirmation d’un rapport que la police entretient avec un certain groupe de personnes supposées appartenir à un mouvement politique qui est particulièrement dans le viseur actuellement à Poitiers et ailleurs.Tout est à surveiller comme du lait sur le feu [2].C’est une véritable chasse aux sorcières qui est à l’oeuvre , le spectre des lois scélérates n’est pas loin.
Nous invitons toutes celles et ceux, individuellement ou collectivement à donner leur point de vue sur cette question s’ils le souhaitent.
Qu’ils sachent que ces méthodes qui souhaitent mettre à bas toute contestation du pouvoir, du capital et de ses chiens de garde ne nous décourageront pas.
Au contraire cela nous donne encore envie de continuer de nous battre contre ce monde autoritaire et marchand.
* ça n’est pas la première fois que les flics confisquent du matériel militant : http://nantes.indymedia.org/article/19652
[1]http://www.antirep86.fr/2011/12/24/deja-cinq-semaines-de-detention-provisoire-pour-les-inculpe-e-s-de-labege/
[2]http://epinenoire.noblogs.org/?p=57
L’Epine Noire, 5 janvier 2011