Fuite de tritium à la centrale de Civaux
Une concentration anormale de cet effluent radioactif a été mesurée dans la nappe phréatique située sous le site. Des investigations sont en cours.
La centrale nucléaire de Civaux a rejeté 29,84 milliards de becquerels en 2011. – (Photo Patrick Lavaud).
Une concentration de 540 becquerels par litre quand la valeur attendue doit être inférieure à 10 Bq/l : le résultat des mesures de tritium réalisées dans la nappe phréatique située dans le sous-sol de la centrale nucléaire de Civaux, vendredi, peut raisonnablement paraître inquiétant. La direction du site EDF qui a publié ces chiffres sur son site Internet et informé l’Autorité de sûreté nucléaire de l’incident s’efforce toutefois de le relativiser : « L’eau de cette nappe ne fait l’objet d’aucun usage direct, ni pour l’eau potable ni pour les besoins agricoles », précise son communiqué en ajoutant que cette concentration en tritium « représente l’équivalent de la radioactivité naturelle intégrée par une personne séjournant pendant un mois à 1500 m d’altitude ». Elle serait en outre « quinze fois inférieure au seuil de potabilité de l’eau fixé à 7800 Bq/l par l’OMS ».
« Il y a eu défaut de maîtrise »
Il n’empêche que la présence de tritium dans le sous-sol de Civaux interroge. « Il faut arrêter ces comparaisons avec des séjours en montagne ; normalement, il ne devrait rien y avoir dans la nappe », s’inquiète Roland Caigneaux, le représentant de l’association Vienne Nature au sein de la commission locale d’information de la centrale. « Nous demandons des explications. Ce qui pose problème, c’est qu’il y a eu défaut de maîtrise. »
De son côté, EDF précise que « des investigations sont en cours pour déterminer l’origine de l’écoulement de tritium et pour s’assurer de l’étanchéité de la cuvette de rétention associée aux réservoirs de stockage d’effluents ». Le tritium qui est produit lors du fonctionnement des réacteurs nucléaires est en effet stocké dans six réservoirs métalliques de 750 m3 chacun avant d’être dilué puis rejeté avec les autres effluents radioactifs dans la Vienne, en fonction du débit de la rivière.
« La concentration de tritium en elle-même n’est pas importante ; le fait qu’il y ait une fuite quelque part est plus gênant », admet Emmanuel Pedrono, le responsable de la communication du site. « Nous avons des suspicions fortes sur les vannes d’un circuit qui pourraient être défectueuses. Le tritium est composé de petites molécules qui passent même à travers le béton. »
Le représentant d’EDF ajoute que les mesures de contrôle effectuées dans les puits de contrôle voisins ainsi que dans la Vienne en aval de la centrale n’ont relevé aucune augmentation de la concentration en tritium.
en savoir plus
La centrale de Civaux produit environ 50 milliards de becquerels (TBq) par an, en fonction de la production d’énergie. Avec une unité à l’arrêt pendant 4 mois, l’année 2011 a connu une production inférieure aux précédentes : les rejets de tritium liquide ont été de 29,84 TBq, soit 37 % de la limite réglementaire fixée à 80 TBq par an.
Nouvelle République, Baptiste Bize, 20 janvier 2012
màj :
86 – Civaux : l’origine de la fuite de tritium identifiée
La direction de la centrale nucléaire de Civaux a fait savoir, ce midi, que l’origine de la fuite de tritium avait été identifiée, hier après-midi.« Il s’agit d’une vanne non-étanche sur un réservoir de stockage d’effluents radioactifs ayant entraîné un écoulement au goutte-à-goutte d’eau contenant du tritium », précise le service communication d’EDF. « Des travaux ont été engagés ce vendredi matin pour collecter préventivement l’ensemble des égouttures qui viendraient des réservoirs de stockage d’effluents. » Un prélèvement réalisé dans un puits de contrôle de qualité des eaux souterraines, vendredi 13 janvier, avait révélé une concentration en tritium de 540 Becquerel par litre dans la nappe phréatique située sous la centrale nucléaire de Civaux, alors que la valeur attendue pour ce type d’analyse est de l’ordre de 8 Bq/l. Le tritium est un élément radioactif produit lors de l’exploitation des centrales nucléaires. Il est stocké sur site, dans de grands réservoirs prévus à cet effet, avant d’être rejeté dans la Vienne.