[Poitiers] Salarié-e-s du Printemps « sacrifié-e-s au nom de la finance et de la rentabilité »

Aujourd’hui le Printemps vit ses derniers instants

 Après 47 ans de présence en centre-ville, le grand magasin ferme ses portes ce soir. A 19 h, les Poitevins sont appelés à manifester leur solidarité.
Dans les allées du magasin déserté, on a déjà vidé les rayons et préparé les cartons.

Tristesse. C’est le mot qui flotte sur toutes les lèvres, qui envahit toutes les têtes. Ce soir à 19 h précises, le Printemps de Poitiers aura vécu. Après quasiment un demi-siècle de présence sur la place Leclerc, le grand magasin du centre-ville vit aujourd’hui ses derniers instants. Il laisse sur le carreau quelque 46 salariés, principalement des femmes. Une vingtaine d’entre elles a reçu hier matin leur lettre de licenciement. Elles ne sont pas encore dans « l’après ». Le deuil n’est pas fait.

 «  Ils ne pensent pas qu’on est encore là  »

Dans un magasin quasi-désert qui a pris des allures de vaisseau fantôme, les cartons sont déjà faits. Les portants des vêtements sont rassemblés, des mannequins s’entassent… « Ils ont déjà déménagé des caisses, des bureaux sans nous prévenir, s’emporte une salariée, ils ne pensent pas qu’on est encore là. » Pour ajouter à la douleur de perdre leur emploi, les salariés pleurent aussi depuis quelques jours la disparition brutale d’un des leurs, emporté par la maladie… Au quatrième étage, le restaurant Le Petit Lafond, ouvert en mai 2000, reste le seul îlot d’animation. Hier, à l’heure du déjeuner, on s’y pressait encore. Dans sa cuisine, Cyril commente : « C’est fini. Ca fait toujours de la peine. On avait plein de clients fidèles dont certains venaient tous les jours. On se connaissait bien. C’est très triste. Ici, avec la grande baie vitrée qui donnait sur la place, c’était la meilleure vue de Poitiers ! »

repères

> Le Printemps ferme définitivement ses portes ce samedi à 19 h.

> Tous les Poitevinssolidaires sont appelés à se joindre aux salariés pour une veillée funèbre publique, à la bougie.

> Rendez-vous leur est donné devant l’entrée du magasin. Une prise de parole devrait avoir lieu.

la phrase

« Nous avons été sacrifiés au nom de la finance et de la rentabilité .»

C’est ce que rappellent inlassablement depuis des mois les élus du comité d’entreprise du Printemps. Le magasin de Poitiers, l’un des 17 du groupe Borletti, n’était plus rentable, selon sa direction. Une version contestée par les syndicats qui demandent à la justice de prononcer la nullité du plan social. La date de l’audience a été fixée au 20 mars prochain.

Nouvelle République, Jean-Michel Gouin, 28 janvier 2012