Campagne pour protéger les animaux au Liban, plaque tournante de la contrebande
Le Liban est devenu une plaque tournante du trafic d’animaux, selon des associations de protection de la nature qui essaient non sans mal d’attirer l’attention de la population sur les mauvais traitements dont ils sont victimes.
Des milliers, si ce n’est des dizaines de milliers d’animaux entrent illégalement chaque année dans le pays, où ils sont vendus, transférés, abandonnés voire maltraités.
La législation laxiste, des frontières perméables et la présence d’une importante diaspora libanaise en Afrique font du Liban une importante plaque tournante de la contrebande et le commerce illégal d’animaux sauvages tels que les lions, chimpanzés ou perroquets, soulignent les militants.
« La situation est alarmante », estime Sevine Zahrane, de l’ONG Beyrouth pour le traitement éthique des animaux (BETA).
« Les animaleries vendent absolument tout ce que les clients peuvent demander, que cela soit des (singes) vervets, d’autres primates, des crocodiles ou même des espèces de perroquets en voie de disparition », déplore Mme Zahrane.
« Il y a aussi des soucis majeurs sur la législation, le (manque de) contrôle par le gouvernement et de sensibilisation du public ».
Le Liban est l’un des rares pays à n’avoir pas ratifié la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites). De plus, dépourvu de refuge animalier, il ne dispose d’aucune loi sur le droit des animaux qui sanctionneraient explicitement les trafics et la maltraitance.
Si la contrebande « n’existe pas seulement au Liban, la situation unique du pays la favorise », estime Jason Mier, directeur exécutif d’Animaux Liban, une association locale orchestrant une campagne visant à faire adopter une loi sur le bien-être animal par le Parlement.
Mais dans un pays paralysé par une profonde crise politique, le droit des animaux est loin d’être une priorité nationale, et le soutien de l’opinion publique est faible.
« On prête davantage d’attention au sort des animaux et de la faune sauvage qu’auparavant, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire », estime M. Mier.
Des groupes comme Beta et Animaux Liban viennent régulièrement au secours de chiens, chats mais aussi de hyènes, babouins ou lionceaux.
Le sort des animaux est peu enviable dans les zoos, qui consistent souvent en une série de cages rouillées alignées sous la fournaise du soleil méditerranéen.
Et dans les animaleries le long des grandes routes du pays, on trouve des babouins dans des cages sales, si petites qu’ils ne peuvent s’y mouvoir, ou des perroquets gris africains, menacés d’extinction, dans des boîtes avec peu ou pas d’aération.
En octobre, un lionceau qui vivait sur un balcon dans un quartier chic du centre de Beyrouth a fait la Une des journaux.
« La sauvegarde de Léo a été assez facile, car les gens qui l’hébergeaient ont été très coopératifs une fois qu’on leur a expliqué pourquoi il avait besoin de vivre dans son milieu naturel, et les risques qu’ils prenaient en le gardant », explique M. Mier.
Après une opération qui a coûté 5.000 dollars, Léo vit désormais dans un refuge au Cap Afrique du Sud).
Mais dans un autre appartement de la capitale continue à grandir un lionceau que son propriétaire — dont on dit qu’il se promenait en ville jusque récemment avec le lion en laisse — refuse de laisser partir dans un refuge. Il poste régulièrement sur Facebook des photos de son lion d’appartement.
Animaux Liban a soumis un projet de loi en novembre au Parlement, avec le soutien du ministère de l’Agriculture, pour encadrer le transport et la possession d’animaux, obligeant zoos et fermes à détenir des permis.
AFP, 29 janvier 2012