[Poitiers] Le rectorat réprime, contre-attaquons !

Le rectorat applique à la lettre le programme de l’Etat, consistant à saborder le service public d’éducation : suppressions massives de postes, nouveaux programmes à l’idéologie rétrograde, fichage des mômes dès le plus jeune âge, « éducation » vouée aux desiderata du patronat, mépris éhonté des personnels traités comme du bétail…

Sans doute lassé-e-s de manifs à répétition ne rencontrant que l’autisme du rectorat, en mars 2011, des parents d’élèves entreprirent une action collective pacifique contre la réduction de la dotation générale horaire, par un envoi massif de sms ; ils sont aujourd’hui poursuivis pour « harcèlement téléphonique » !

Le rectorat n’applique pas que scrupuleusement la mise en oeuvre du massacre éducatif : faisant la sourde oreille aux inquiétudes légitimes, il participe désormais ouvertement à la répression. Nous en prenons bonne note.

Voilà bien longtemps que nous dénonçons ces mascarades de dialogue entre rectorat et « délégations » syndicales, à l’issue de manifs sans lendemain, ou de « journées d’action » pathétiques, menant au découragement élèves, parents et enseignants en lutte. Face à la colère massive du monde de l’éducation, le Rectorat croit désormais avoir main libre pour réprimer. Il ne comprend que le rapport de force ? Grève reconductible, occupations et émancipation éducative sont la seule réponse et pour cela, il ne faudra pas compter sur la « représentation » syndicale, mais sur l’auto-organisation des élèves, parents et enseignants, syndiqué-e-s ou non.

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86), 7 février 2012

Quand le rectorat porte plainte contre des parents

L’envoi en masse de SMS sur le standard du rectorat de Poitiers peut-il être associé à un délit ? Après le dépôt d’une plainte, la FCPE cherche à comprendre.

 

L’« affaire » était presque passée inaperçue. Isabelle Siroy, la porte-parole de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves) avoue même que les parents n’avaient pas eu l’intention de l’ébruiter à l’époque. Retour sur les faits. En mars 2011, le conseil local de la FCPE décide d’une action pacifiste pour protester contre la baisse de la dotation horaire globale annoncée par le rectorat. Dans la foulée, un grand nombre de parents d’élèves et certains de leurs enfants envoient des SMS sur le serveur téléphonique du rectorat.

«  Une action collective traitée comme un acte délinquant  »

« Une protestation citoyenne » qui semble avoir encombré les lignes téléphoniques du rectorat jusqu’à saturation du standard. Arguant du fait « d’une incapacité temporaire d’assurer sa mission de service public » [NDLR : ce qui ne nous a pas été confirmé], le rectorat portait plainte « pour harcèlement téléphonique ». Isabelle Siroy rappelle : « A l’époque, le responsable du conseil local de la FCPE avait été entendu par la police dans le cadre d’une audition libre puis plus de nouvelles jusqu’au 11 janvier dernier, soit neuf mois plus tard ! Depuis lors, cinq personnes ont été une nouvelle fois auditionnées. Dont des lycéens ! » La porte-parole ne décolère pas. « Cette enquête est relancée par qui ? Est-ce vraiment un hasard, à l’heure où nous sommes à nouveau en période d’examen des nouvelles dotations ? » Il semble légitime de vouloir comprendre. Isabelle Siroy évoque même des menaces à l’encontre des utilisateurs de téléphone mobile. « On entend parler de rappel à la loi, passible d’être inscrit sur le casier judiciaire ou de lignes téléphoniques coupées. On ne comprend pas pourquoi d’une action collective, on en fait un délit. Elle est traitée comme un acte délinquant avec des convocations individuelles, notamment des mineurs, pour répondre à des questions dont les réponses sont notées sur des procès-verbaux. Nous avions épuisé toutes les voies de recours et de négociation. C’est comme si on allait interroger toutes les personnes qui participent à une manif. Cette action peut être taxée de teigneuse mais sans plus. »

> Nous avons tenté de contacter le parquet ainsi que le rectorat. Les deux instances nous ont répondu que l’instruction était en cours et qu’elles ne voulaient pas s’exprimer sur le sujet.

Nouvelle République, Marie-Laure Aveline, 7 février 2012