En Poitou-Charentes, l’emploi industriel et marchand augmente à peine, mais le chiffre d’affaires augmente de façon spectaculaire : record national. Ces bons résultats pour les actionnaires et les patrons ne tombent pas du ciel. Le résultat de cette triste équation est simple pour les salarié-e-s : productivisme forcené et souffrance au travail.
Comme le montrent les articles précédents, la rue grogne.
A quand l’explosion sociale ?
Pavillon Noir
Année faste pour l’industrie en Poitou-Charentes
Les entreprises industrielles ont vu leur chiffre d’affaires grimper de plus de 12 % l’an passé. On s’attend à ce que 2012 ne soit pas du même tonneau.
Quand il a reçu, avant-hier, les chiffres de l’étude annuelle menée en janvier auprès de 1.400 chefs d’entreprise de Poitou-Charentes, Pierre Bosshardt, directeur régional de la Banque de France jusqu’à hier soir, a cru à une erreur : les 564 principales entreprises industrielles de la région annonçaient un chiffre d’affaires en hausse de 12,6 %.
Vérification faite, ce chiffre est bien le bon : l’industrie picto-charentaise a crevé les plafonds en 2011, emportant haut la main le titre de recordman national de la performance. Une grande majorité des entreprises interrogées ont bénéficié de cette embellie. Mais deux secteurs s’avèrent particulièrement porteurs : la construction de matériel de transport (sous-traitants du ferroviaire, de l’aéronautique) enregistre une hausse de 20 % ; tout juste derrière, les équipementiers électriques et électroniques (Sagem, Thalès, Leroy-Somer…) font état d’un remarquable +17 %. Les exportations (18 %) sont pour beaucoup dans ces excellents résultats, qui ont permis aux entreprises de doper leur investissement (21 % et même +37 % dans le matériel de transport) Mais toute médaille a son revers. Les emplois industriels, dans le même temps, n’ont cru que d’un maigre 1,8 %. Quant aux prévisions de croissance du chiffre d’affaires pour 2012, elles sont beaucoup plus modestes, de l’ordre de +2,7 %, seule l’industrie agroalimentaire (5,6 % en 2011) restant sur une prévision de croissance supérieure à 5 %. Quant aux emplois, ils pourraient en 2012 diminuer de 1,2 % dans l’industrie. Sombre perspective. Les résultats des autres secteurs d’activité sont assez bons : +8,3 % pour le chiffre d’affaires des services marchands, dopés par la bonne santé des boîtes d’intérim ; + 4,5 % dans le BTP ; +9,7 % dans le commerce de gros et +1,9 % dans la grande distribution. Les effectifs, eux, ont peu progressé, sauf là encore dans les services marchands grâce à l’intérim (2,9 %). Les prévisions sont assez médiocres : stagnation, voire régression de l’activité (sauf dans les hypermarchés) et plus encore de l’emploi. Même le BTP est pessimiste : l’effet ligne à grande vitesse, qui devait doper ce secteur d’activité, n’a pas eu lieu.
Nouvelle République, Vincent Buche, 10 février 2012