Pour la justice, « le droit de grève n’emporte pas celui de disposer des biens de l’employeur ». Cette déclaration est à l’opposé même de l’exigence syndicale de l’expropriation des capitalistes et de la réappropriation autogestionnaire des moyens de production par les travailleurs eux-mêmes. Si les centrales syndicales semblent avoir avoir oublié ce fondement du syndicalisme, les gardes-chiourmes du capitalisme continuent quant à eux de réprimer les syndicalistes de base qui en emploient les méthodes. Dans le sillage de la répression à Sea France, en voici une rageante illustration à Marseille, pour les travailleurs de la SNCM :
La police intervient pour lever le blocage par la CGT d’un navire de la SNCM
La police est intervenue mardi dans la soirée après que la justice eut ordonné la fin du blocage à Marseille d’un navire de la SNCM, le Corse, dont la CGT empêchait le départ pour Toulon d’où il devrait assurer une liaison avec l’île de Beauté, a-t-on appris auprès du syndicat et de la police.
Heurts entre CRS et marins grévistes de la CGT, le 9 février 2012 à Marseille
« Il n’y a pas eu d’affrontement, les grévistes ont été évacués par la force, on a eu droit à un traitement de faveur avec le GIPN », a affirmé à l’AFP le représentant de la CGT Frédéric Alpozzo, ajoutant « après SeaFrance le gouvernement a la volonté d’en finir avec la SNCM ».
Selon un représentant de la compagnie maritime, 400 policiers ont été requis pour cette intervention sur le port de Marseille où le navire était bloqué depuis trois semaines.
Une autre source de la SNCM a indiqué dans la soirée que « le Corse (était) en cours de sécurisation et devrait appareiller dans la nuit (pour Toulon, ndlr) ».
Dans son ordonnance de mardi, le TGI de Marseille, qui agissait à la demande de la CGT, avait intimé aux marins grévistes de lever le blocage faisant peser la menace d’une astreinte d’heure à heure et évoquant le possible recours à la force publique en cas de maintien du mouvement.
Dans ce conflit, qui oppose depuis trois semaines une vingtaine de grévistes à la direction de la SNCM, la compagnie considère la grève comme illicite estimant que ces marins ne faisaient pas régulièrement partie de l’équipage.
Dans l’ordonnance, le TGI indique « que le droit de grève n’emporte pas celui de disposer des biens de l’employeur » et considère que l »occupation pérenne du Corse (…) par des marins grévistes ou des salariés étrangers à la liste d’équipage, qui à pour conséquence de rendre impossible l’appareillage du navire dans le cadre de l’exploitation commerciale de celui-ci, est constitutive d’un trouble manifestement illicite. »
« On va informer l’ensemble des salariés de la flotte et on décidera de la suite à donner au mouvement », a indiqué à l’AFP M. Alpozzo après l’intervention de la police, indiquant que son syndicat allait également s’entretenir avec les élus corses de cette nouvelle liaison qui signe, selon lui, la mise à mal « de la continuité territoriale » entre l’Ile de Beauté et le continent.
Dans un communiqué, la CGT réaffirme que l’ouverture par la SNCM d’une liaison entre Toulon et la Corse « a pour but de faire le jeu de la +Corsica ferries+ en défendant le maintien des subventions qui lui sont attribuées au titre des fameuses aides dites sociales, tout en réduisant le périmètre du service public ».
De son côté, la SNCM s’était félicitée au prononcé du jugement, également par communiqué, que « le tribunal confirme pour la troisième fois le blocage illégal du Corse ».
La compagnie indiquait en outre que 17 salariés avaient été convoqués ou reçus pour avoir « participé à un arrêt de travail jugé illicite du 23 au 25 janvier et/ou une action d’entrave constatée le 24 janvier. Elle soulignait aussi que des procédures allaient être engagées contre deux représentants syndicaux ».
Les intéressés ont confirmé que des procédures pour « fautes lourdes » étaient lancées à leur encontre.
AFP, 14 février 2012