Le nucléaire nuit-il à la santé publique ?
La coordination pour la sortie du nucléaire profite de la récente fuite de tritium à Civaux pour réclamer des études sur l’impact de l’industrie nucléaire.
Comme d’autres membres de la coordination, le Poitevin Damien Crapiz a participé à la vigie devant le siège de l’OMS au début du mois.
Nicolas Bourmeyster bondit quand il entend le directeur de la centrale nucléaire de Civaux déclarer que la récente fuite de tritium n’a pas eu d’impact sanitaire. « Il n’est aucunement qualifié pour affirmer cela ; moi-même je n’en sais rien », explique ce chercheur poitevin du CNRS qui étudie particulièrement les leucémies. « Les concentrations peuvent se faire de manière sournoise… Le problème, c’est justement qu’il n’existe aucune étude officielle pour mesurer l’impact de l’activité nucléaire sur la santé publique ! »
Constituée il y a près d’un an, au lendemain de la catastrophe de Fukushima, la coordination de la Vienne pour la sortie du nucléaire profite de l’émotion suscitée localement par l’incident survenu le mois dernier à la centrale de Civaux pour interpeller l’opinion sur les conséquences de l’industrie nucléaire sur la santé. « On sent clairement, depuis cette fuite de tritium, que les gens sont plus réceptifs quand on distribue des tracts ou que l’on manifeste », précise Myriam Rossignol, du NPA. « Cela est également vrai à la commission locale d’information depuis Fukushima », confirme Jacques Terracher. « L’Autorité de sûreté nucléaire commence même à dénoncer les problèmes. » Le représentant de l’Association pour la cohérence environnementale en Vienne qui s’inquiète pour la santé des habitants de Châtellerault qui boivent l’eau de la Vienne en aval de la centrale de Civaux plaide pour la publication de registres du cancer dans chaque département.
« Pas un mal nécessaire »
Plus largement, Nicolas Bourmeyster juge « grave » pour la santé publique que des études ne soient pas menées pour étudier le lien entre les cancers et le nucléaire : « On ne peut pas considérer qu’on est en confiance avec un système qui ne nous dit pas tout. On a l’impression que c’est un mal nécessaire parce que le nucléaire est incontournable. Ce n’est pas vrai. » Plusieurs membres de la coordination ont d’ailleurs pris part, encore tout récemment, à l’action de vigilance silencieuse menée en permanence devant le siège de l’Organisation mondiale de la santé à Genève. Ils appellent aussi à manifester devant Notre-Dame-la-Grande, à Poitiers, le 10 mars à 10 h 30. Parce que le ministre de l’Industrie, Eric Besson, est attendu à la même heure à Civaux ? Non, pour commémorer la catastrophe de Fukushima à la veille de la date anniversaire.
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Plus de leucémies autour des centrales
La récente enquête de l’Inserm sur la fréquence importante des leucémies chez l’enfant autour des centrales nucléaires françaises entre 2002 et 2007 a retenu l’attention des partisans de la sortie du nucléaire. « Elle vient confirmer le bien-fondé de nos craintes », estime Françoise Chanial. « Là où on attendait 7,4 cas de leucémie, les chercheurs en ont dénombré 14, soit un quasi-doublement. Pourquoi n’y a-t-il pas de suivi épidémiologique autour des centrales ? »
Nouvelle République, Baptiste Bize, 23 février 2012