mardi 27 / 09 / 2011
POUR L’EMANCIPATION EDUCATIVE, POUR L’EMANCIPATION SOCIALE !
Hémorragie de postes, formations sacrifiées, précarisation-flexibilisation, accumulation des tâches… cette saignée de l’éducation s’inscrit dans le grand désossage de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à de la solidarité sociale. Ces attaques portées sur tous les secteurs de la société éclatent au grand jour, et sont une évidence partagée de tous, bien au-delà des cercles militants.
Ces attaques s’inscrivent dans une progression par étapes : l’économie capitaliste, en se financiarisant sans cesse, pérennise et sécurise le processus d’accumulation de la plus-value sur le travail entre les mains du capital et de l’Etat, et au détriment de tous. Par l’accaparement des biens sociaux, le capitalisme est un dispositif autoritaire de contrôle social. La dépossession économique des populations équivaut à la privation des décisions politiques qui devraient leur revenir. Il nous semble important de rappeler, contre le discours d’une gauche qui réclame « plus d’Etat » comme gage de démocratie et de protection sociales contre le capital, que l’Etat a toujours été son corollaire. Il n’y a pas plus de « bon » Etat que de « bon » capitalisme, pas plus d’autorité brutale « acceptable » que d’exploitation humaine « acceptable ». Ainsi l’école de l’Etat ne fut notoirement développée, de Bonaparte à Ferry, que pour court-circuiter les mouvements d’émancipation sociale, endiguer l’éducation populaire, inculquer l’obéissance à l’Etat et au patronat dès le plus jeune âge.
Les attaques portées aujourd’hui contre l’éducation ne concernent pas que le volet budgétaire qui aurait pour seul but de privatiser l’enseignement et d’alléger la dette de la France. Elles consistent aussi en une répression des personnels et des étudiant-e-s en lutte, en des contenus pédagogiques rétrogrades, amputés de toute critique sociale, prônant une communion d’adhésion à l’Etat, au marché capitaliste, au militarisme, gommant toute analyse de classes ; en un renforcement de l’évaluation-tri social, de la sanction humiliante, de la hiérarchie y compris au sein des profs ; en un moulage dans des « compétences » et « savoir-être » adaptés aux répugnantes exigences de l’exploitation salariale ; en un retour de la « morale » et de la « rééducation » militaire, en une banalisation de la présence policière, en un développement de la biométrie, de la vidéosurveillance et d’un tout-numérique voué au fichage généralisé et pérenne des élèves et des personnels. Bien loin de « reculer», l’Etat réaffirme au contraire avec force sa nature illégitime et « régalienne » : celle de la répression, du racket légalisé et du monopole. La pseudo-fonction « sociale » de l’Etat n’a jamais été qu’une escroquerie : en réalité, la prise en charge des solidarités sociales par l’Etat ne fut jamais qu’un moyen de faire taire les luttes d’émancipation.
Quant à nous, hors de question de réclamer quoi que ce soit à l’Etat, et certainement pas plus de « moyens » pour une « politique éducative » dont le but flagrant est le tri social et l’assujettissement par le flicage. Nous sommes pour des services publics d’éducation autogérés, axés sur le développement des solidarités. Nous ne comptons que sur nos luttes, au sein du système et contre lui. Nous comptons aussi sur la mise en place d’alternatives éducatives favorisant l’égalité, l’entraide, l’abolition des hiérarchies profs-élèves et, enfin, la liberté totale des recherches par et pour les gens eux-mêmes, en fonction de leurs besoins. Nous rejetons totalement l’instauration d’un système de compétitivité par compétences et performances dès l’école élémentaire – prémisse d’une société vouée à la négation du bien-être social et individuel. Cette lutte pour l’autogestion éducative ne peut être menée que par les acteurs de l’éducation, et donc à notre sens par les élèves eux-mêmes, les enseignants et les parents. Elle doit aussi s’inscrire dans le cadre plus large d’une lutte collective d’ampleur pour l’émancipation sociale, pour mettre enfin à bas l’idéologie absurde et mortifère du pouvoir.
Pour l’émancipation éducative, pour l’émancipation sociale !
Groupe Pavillon Noir – Fédération Anarchiste 86
http://fa86.noblogs.org/ – pavillon-noir@federation-anarchiste.org