Le 18 mars 1871, début de la Commune de Paris. Alors que Paris est encerclé par l’armée prussienne, Thiers, chef du gouvernement de défense nationale, donne ordre à l’armée d’aller récupérer les canons en position sur les hauteurs de Montmartre. Mais la population, qui s’oppose à cette mesure, entoure la troupe. Le général Lecomte commande le feu, mais les soldats mettent crosse en l’air. Lecomte est arrêté ainsi que le général Thomas (un autre fusilleur!). Ils sont passés par les armes par une foule en colère. C’est le début de la révolution. Des groupes d’insurgés se répandent dans la ville. Les autorités, apeurées, se replient en catastrophe sur Versailles. Les révolutionnaires se concertent. Les Blanquistes proposent une marche sur Versailles pour se débarrasser du gouvernement, mais malheureusement leur avis n’est pas suivi. La Commune de Paris est en train de naître ; elle ne sera proclamée que le 28 mars.
Le 18 mars 1877, à Berne (Suisse) [répression de l’anniversaire de la Commune]. Déterminés, les membres de la « Fédération jurassienne » se presentent cette année en force à la manifestation d’anniversaire de la « Commune de Paris » (ils avaient l’année précédente été attaqués par des « hommes de main »). Mais bien que la manifestation soit autorisée par le préfet, un affrontement a lieu place de la gare, entre les ouvriers armés de leurs cannes et la police sabre au clair; celle-ci parvient à s’emparer du drapeau d’Adhémar Schwizguébel. Ce premier affrontement en Suisse entre les anarchistes et la police donnera lieu à un procès où une trentaine de manifestants seront condamnés à des peines allant de 10 à 60 jours de prison.
Le 18 mars 1882, lors d’un meeting salle Favié à Paris, Louise Michel, désirant se dissocier des socialistes autoritaires et parlementaristes, se prononce sans ambiguïté pour l’adoption du « Drapeau noir » par les anarchistes. « Plus de drapeau rouge, mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions. » Un an plus tard, le 9 mars 1883, elle brandit un vieux jupon noir fixé sur un manche à balais, lors de la manifestation des « sans-travail » aux Invalides qui verra son arrestation. Le 12 août 1883, un journal portant le titre « Le Drapeau noir » sera édité à Lyon.
Le 18 mars 1913, à Salonique (Grèce), l’anarchiste Alexandros Schinás abat d’une balle le Roi de Grèce Georges Ier qui était en viste dans la ville. Arrêté, Alexandros Schinás sera torturé par la police pour lui faire avouer le nom d’éventuels complices. Le 6 mai, il est retrouvé mort après avoir chuté d’une fenêtre du commissariat de police. Les autorités tentent alors de faire croire à son suicide; cela pourrait être pour abréger ses tortures, mais il est fort probable également qu’il ait été défenestré par la police elle-même, comme le sera plus tard en 1920 Andrea Salsedo où plus près de nous Giuseppe Pinelli.
Le 18 mars 1931, à Montevideo (Uruguay), au pénitencier de Punta Carretas, les anarchistes expropriateurs Jaime Tadeo Peña, Agustin Garcia Capdevilla, Pedro Boadas Rivas et Vicente Moretti, (arrêtés le 9 novembre 1928 après le braquage du bureau de change Messina) suivis par trois détenus de droit commun, s’évadent de la célèbre prison en empruntant depuis les toilettes un tunnel de 50 mètres de longueur sur 4 de profondeur. Creusé sous la chaussée et les murs d’enceinte, le tunnel, parfaitement équipé, aboutit dans un magasin de bois et charbon ouvert en août 1929 par l’anarchiste Gino Gatti qui sera le véritable « ingénieur » du tunnel aidé de José Manuel Paz (qui en fera l’installation éléctrique et l’aération) et de Miguel Roscigna, Andrés Vazquez Paredes, et Fernando Malvicini. Une pancarte est laissée en évidence : « La Solidarité entre les anarchistes n’est pas un simple mot écrit! « Le célèbre anarchiste argentin Miguel Arcangel Roscigna avait tenu sa promesse.
Du 8 au 18 mars 1937, Espagne, la bataille de Guadalajara voit la victoire du camp républicain (brigades internationales et divisions commandées par l’anarchiste Cipriano MERA) sur le camp nationaliste composé de troupes italiennes, marocaines et carlistes fortement armées et motorisées qui voulaient s’emparer de Madrid.
ndPN : ajoutons deux dates :
–le 18 mars 1921 : massacre de la commune de Kronstadt par l’armée rouge de Trotsky, entrée le 17 mars dans la ville. Neuf-cent marins, blessés, prisonniers, sont exécutés. Celles et ceux qui n’ont pu fuir en Finlande seront interné-e-s dans des camps où ils-elles mourront de malnutrition, ou seront liquidé-e-s par la Tchéka (police politique des Bolcheviks). La Commune de Kronstadt proclamait le socialisme libertaire, contre l’emprise des commissaires politiques de la dictature léniniste. Ce sinistre événement s’inscrit dans le long chapelet de la répression des anarchistes par les « communistes » autoritaires léninistes.
–le 18 mars 1962 : accords d’Evian. Il y a cinquante ans, le cessez-le-feu était enfin signé entre les autorités française et le FLN, mettant fin à huit années de guerre coloniale. Pour mémoire : entre 400.000 et 1.500.000 morts côté algérien.