L’admiration de Mélenchon pour Dassault, ce « grand industriel »
En ce dimanche 25 mars 2012, quoi de neuf en ce monde ??? Ce ne sont que quelques pages mais elles interpellent le lecteur. Elles parlent de « l’amitié » de Jean-Luc Mélenchon et de Serge Dassault. Une « sympathie » entre celui qui est devenu le candidat du Front de gauche à la présidentielle et l’industriel millionnaire ? C’est ce que décrivent Lilian Alemagna et Stéphane Alliès, les auteurs de « Mélenchon, le Plébéien », une biographie du député européen sortie lundi 23 janvier.
Jean-Luc Mélenchon a fait une grande partie de sa carrière politique en Essonne dont il fut sénateur de 1986 à 2010. Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonne de 1995 à 2009, est également sénateur depuis 2004. Les deux élus du département se sont donc notamment retrouvés sur les bancs du Palais du Luxembourg. « Du point de vue personnel, il [Jean-Luc Mélenchon] assume très bien sa sympathie pour l’avionneur et richissime patron de presse français », écrivent les deux auteurs, journalistes à Libération et à Mediapart, qui soulignent « un mélange de passion pour l’aéronautique », de « respect pour une famille d’industriels », mais aussi « un intérêt politique pour un voisin essonnien ».
« Je ne suis pas ami avec Serge Dassault, répond M. Mélenchon, interrogé par Le Monde.fr. Je ne sors pas avec lui, je ne suis jamais allé au cinéma avec lui, je ne prends pas mes vacances avec lui. Je connais des centaines de gens avec qui je blague. (…) C’est une tradition républicaine : je suis capable de ça et de grandes prises de bec. Qu’est-ce qu’il y a de mal ? Dassault, je l’ai combattu à toutes les élections municipales ! »
Il n’empêche. Les auteurs racontent notamment comment, pour les sénatoriales de 2004, Jean-Luc Mélenchon a manœuvré pour faire élire le troisième de sa liste, le communiste Bernard Vera, tout en favorisant au passage l’élection de Serge Dassault, candidat sur une liste dissidente de droite. « Pour que ma liste fasse trois, il fallait que lui ne descende pas de trop : la seule chose que j’ai faite, c’est un débat avec M. Dassault où il m’a sauté à la gorge, décrit aujourd’hui M. Mélenchon. Il m’a traité de bolchévique et moi de suppôt du capitalisme. »
Les auteurs précisent que ce débat a eu lieu dans les pages du Républicain de l’Essonne, un hebdomadaire qui appartient à l’industriel depuis 2001. Marianne Louis, première fédérale PS de l’époque, dévoile dans le livre sa version des dessous de l’entretien, alors que la liste de Dassault est mal partie. « On appelle alors son cabinet pour leur proposer de « repolariser »un peu cette affaire ». (…) Dix minutes après, un journaliste du Républicain nous rappelait : « Et si on faisait un débat Mélénchon-Dassault ?’ « Jean-Luc l’a joué « couteau entre les dents »pour bien faire remonter son principal adversaire. Les trois candidats – MM. Mélenchon, Dassault, et Vera – sont élus.
Autre épisode rapporté dans Le Plébéien : quelques mois plus tard, toujours en 2004, se pose la question de la compatibilité du mandat de Serge Dassault au Sénat avec ses activités industrielles bénéficiant des commandes de l’Etat. Une réunion du bureau du Sénat se tient à ce sujet et les sénateurs présents votent à la quasi-unanimité la saisine du Conseil constitutionnel.
Les auteurs affirment que M. Mélenchon, lui, s’abstiendra. S’il n’y a là rien de répréhensible, la bienveillance du futur candidat du Front de gauche envers M. Dassault interroge. « J’ai battu Dassault à plat de couture, c’est le point de départ, se défend M. Mélenchon. Ensuite, la question de son éligibilité a été posée. Moi, j’ai dit : ‘je ne ne veux pas donner l’impression que je veux terminer à coups de pieds quelqu’un que je viens de battre dans les urnes' », justifie-t-il au Monde.
Si l’ancien sénateur socialiste s’emporte contre « l’ennemi politique », il finit cependant par adresser des louanges à l’industriel. « Dassault est un adversaire politique total mais c’est aussi un grand industriel. Il ne faut pas se laisser aller à la caricature : la boîte Dassault Système a produit le grand logiciel de l’industrie. Ce n’est pas Word le grand logiciel de l’industrie, c’est Catia et c’est un logiciel français. Et Dassault a donné le logiciel Catia pour les lycées professionnels, il faut le savoir, finit par lâcher l’ancien ministre de l’enseignement professionnel.
La preuve est faite, encore une fois, des unions contre nature mais bien réel à des fins électoralistes. Alors nous n’entrerons jamais dans ce jeu car notre but et d’amener le peuple a une émancipation de ces soit disant élites. Et en conclusion, nous vient à l’esprit cette phrase de Coluche « ils sont unis comme les 4 mousquetaires de 5 doigts de la main, un pour tous, tous pourris »
Voila encore un jour en ce beau monde….allez allez circulez il y a rien à voir.
Blog des groupes de Béthune et d’Arras, Fédération Anarchiste, 25 mars 2012
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Le « Front de gauche » est véritablement emblématique de la décomposition de toute culture politique anticapitaliste, il s’agit d’un véritable parti tribunicien qui aspire les angoisses de la classe- moyenne / petite- bourgeoisie en déclassement par temps de crise, à laquelle il apporte des réponses réactionnaires pourtant éculées. On troque une critique de la « valeur », et donc de la « marchandise » pour une critique de « l’argent » qui, en lui-même, ne signifie rien (l’argent n’est qu’une forme particulière de marchandise), on troque une critique de l’économie capitaliste, compris comme mode de production et rapport social, contre une critique des « excès » de la « finance » et des « élites », on remplace des notions économiques rigoureuses comme « bourgeoisie » et « prolétariat » par des notions idéologiques, creuses et démagogique comme « peuple » et « élite », on remplace la dialectique et la lutte des classes par un manichéisme vaguement complotiste (« oligarchies financières », « pouvoir de l’argent », les « très, très riches ») bref : on a là le « socialisme des imbéciles » qu’on retrouve de « Mein Kampf » jusque dans la bouche d’un Alain Soral et dans le programme économique du Front National … mais aussi au Front de gauche, dans les colonnes d’un torchecul républicain comme « Marianne », ou encore dans la bouche des « Indignés » français, simplement amputé de son versant xénophobe.
Il faut arrêter avec les abus de langage, ce type de discours n’est pas social- démocrate mais réactionnaire, et ne constitue pas un tremplin vers la radicalité mais une entreprise de crétinisation de grande ampleur de toute contestation réelle. Le discours de Mélenchon n’est pas superficiel mais carrément décomposé, profondément médiocre et incohérent pour qui a deux sous de culture politique, tous les éléments du fascisme s’y trouvent larvés : patriotisme braillard faisant de l’Etat une fin (et non pas un moyen, comme la sociale- démocratie historique) ; éloge naïve d’un passé jugé « vertueux », c’est-à-dire le capitalisme industriel d’un bon temps révolu, entre Conseil National de la Résistance et Trente Glorieuses, avant que les excès de la « finance mondiale » ne viennent précipiter la « belle » France dans la décadence ; abandon de la lutte de classe et de la dialectique au profit d’une critique complotiste des « élites » (c’est-à-dire la critique d’un groupe d’individus et non d’un rapport social) … tout ce mauvais populisme réactionnaire explique le nombre important d’antisémites et de conspirationnistes dans sa base militante … et le fait que le nouveau GUD d’Assass (association d‘extrême- droite) recommande dans son journal (Le rat qui rit N°1) la lecture du livre « Qu’ils s’en aillent tous » de Mélenchon, aux côtés des œuvres de Soral et de Zemmour.
Ce qui gène profondément toute cette petite- bourgeoisie, qui se découvre une « indignation », n’a jamais été l’existence d’un prolétariat, mais le risque désormais imminent de son propre basculement dans celui- ci à la faveur de la crise. Et l’on sait historiquement quelle diarrhée fasciste la classe- moyenne / petite- bourgeoisie est capable de chier quand elle se crispe. Ainsi certains de nos camarades caressent le vote Mélenchon en arguant que « ce que Mélenchon dit, c’est mieux que rien ». Comme le disait ce slogan du Parti de Gauche : « Mieux que rien, c’est pire que tout».
S’ils doivent « tous s’en aller », que Mélenchon commence par donner l’exemple, ferme sa gueule et se casse. « Celui qui donne sa voix reste muet » dit le proverbe, il n’y a rien à attendre des partis, des politiciens, et du vote, notre émancipation sera notre oeuvre collective ou ne sera pas. Les seuls outils sont le tissage permanents de liens de solidarité et de luttes, l’auto-organisation du prolétariat dans les syndicats, les collectifs de quartiers, les coordinations, la grève générale, l’expropriation et la communisation. Et que crèvent les démagogues !
Blog Halte au Front de gauche, 18 mars 2012