ndPN : Hier à Poitiers a eu lieu une manif de protestation contre les suppressions de classes et de postes de rased, suite à la carte scolaire. Les représentant-e-s des personnels, de parents d’élèves et des élus de communes rurales ont boycotté le CDEN. De nombreux-euses parent-e-s d’élèves étaient venu-e-s des communes rurales du Sud-Vienne impactées par la carte scolaire, avec banderolles et t-shirts colorés.
Manifestation à Poitiers pour défendre les écoles rurales
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, mercredi après-midi, dans les rues de Poitiers, à l’heure même où devait se tenir le conseil départemental de l’Education nationale.
Les représentants des personnels, des parents d’élèves et des élus ont boycotté la réunion du CDEN qui devait se tenir ce mercredi après-midi pour protester contre la carte scolaire annoncée la veille au soi. Elle prévoit la suppression de treize postes d’enseignants dans le premier degré à la rentrée 2012, essentiellement dans les réseaux d’aide spécialisée RASED.
Dans les rangs des manifestants, se trouvaient de nombreux parents venus des communes rurales (Saint-Germain, Adriers, Lussac-lès-Châteaux, La Chapelle-Viviers) où des classes devront fermer en septembre prochain. Une décision qu’ils comprennnent d’autant moins que le directeur d’académie a consenti quelques exceptions au titre de l’aménagement du territoire, notamment à Millac où deux classes sont maintenues pour 20 écoliers.
Une délégation de manfiestants devaient être reçue à 17 h à l’inspection académique de la Vienne. Quoi qu’il arrive à présent, le CDEN se réunira de nouveau la semaine prochaine pour adopter la carte scolaire 2012.
Écoles : consternation à Lussac et Adriers
La carte scolaire arrêtée mardi soir entérine les fermetures redoutées à Lussac-les-Châteaux et Adriers. Millac est épargnée de justesse.
Le couperet est tombé mardi soir sur deux classes du Montmorillonnais. La mobilisation des parents d’élèves de Lussac-les-Châteaux et Adriers n’a pas suffi à renverser la vapeur.
L’école d’Adriers va perdre une de ses trois classes, avec pour effet de répartir la cinquantaine d’écoliers de maternelle et primaire sur deux classes. « Je suis dégoûtée » disait hier matin une maman croisée dans le village. « Mardi, nous avions espoir d’obtenir gain de cause, avec la médiatisation de notre action », explique Katia Robuchon, présidente des parents d’élèves. Ils avaient installé des moutons dans l’entrée de la cour de récréation. L’inspection d’académie leur répond par la baisse des effectifs constatée depuis quatre ans, qui rend inéluctable le passage à deux classes : « Je suis très inquiète pour la qualité de l’apprentissage, poursuit la présidente, qui voit se profiler le déclin accéléré de l’école : des parents préféreront scolariser leurs enfants à l’Isle-Jourdain, quitte à faire des kilomètres. » « Écœuré, désabusé, j’en aurais pleuré lorsque je l’ai appris, confie le maire, Philippe Rose. Mais les parents d’élèves m’ont appelé pour organiser une réunion ce soir. On a un genou à terre mais on va continuer à combattre. Nous recevons des messages d’encouragement et notre pétition ». A Lussac-les-Châteaux, l’annonce de la fermeture d’une classe à l’école maternelle Jean-Rostand a été accueillie avec la même consternation et la même détermination. « Le combat doit continuer quand même. Lundi, nous organisons un pique-nique géant sur la place de la maternelle, à 18 h 30, pour tout le monde, déclare Véronique Drouot, vice-présidente des parents d’élèves. Symboliquement, nous délimiterons deux espaces, où se tiendront 30 élèves, afin de bien faire visualiser ce qu’est une classe surchargée ».
Une maman de Lussac : « Je suis effondrée »
« Je suis effondrée » explique Delphine : sa fille sera en grande section à la rentrée, dans une classe trop chargée. Son plus jeune fils, qui n’aura pas encore trois ans, ne pourra pas intégrer l’établissement. Annie Lagrange, maire de Lussac-les-Châteaux, est très ferme dans ses propos : « je suis désolée, vraiment désolée de cette décision. Trente élèves par classe en maternelle, c’est totalement inadmissible, je regrette cette vision à l’année, et pas sur le long terme ». Le maire garde toutefois un espoir : « le rectorat nous a assuré que l’école sera sous surveillance soutenue : si un effectif croissant est constaté, la classe sera rouverte ». Quant aux soucis de garde pour les enfants dont les parents travaillent, « j’assure tous les parents et enseignants de mon soutien total, mais nous ne pouvons rien faire de plus ».
Aide aux élèves en difficulté : mobilisation
Al’initiative de l’association des parents d’élèves de l’école Jean-Mermoz, une distribution de tracts était organisée, hier, mercredi matin au carrefour de l’avenue de Nantes, de la rue Condorcet et de la rue de Quinçay. « Nous avons contacté les écoles de Poitiers-Ouest, Montmidi, la Grange-Saint-Pierre, Condorcet et Paul-Fort, a indiqué Michaela Horrault, de l’APE Jean-Mermoz. Comme d’autres dans le département, nos écoles sont très impactées par les mesures annoncées par l’inspection d’académie. »
Sur le seul secteur de Poitiers-Ouest, un poste de maître G est menacé. Il fait partie du Réseau d’aide spécialisé aux élèves en difficulté (RASED), dont l’école de rattachement est Jean-Mermoz. Il travaille plus particulièrement sur le comportement des enfants, en complément de l’action du maître E, qui intervient sur les apprentissages, et de la psychologue scolaire. Sylvie Treillon, dont le poste est menacé : « C’est un véritable champ de ruines. Une attaque frontale contre le réseau d’aide aux enfants en difficulté. » Hier matin, les parents et quelques enseignants, ont distribué des tracts aux automobilistes. Sans interrompre la circulation.
Soutien de la majorité du conseil municipal
Lundi soir en conseil municipal, Laurence Vallois-Rouet, adjointe aux affaires scolaires, avait pris, d’entrée, la parole pour dénoncer les six suppressions de postes du RASED à Poitiers, sur les treize de la Vienne. « Ce sont les quartiers où les besoins sont les plus criants qui sont les plus touchés : Trois-Cités et Poitiers-Sud. Pour justifier sa décision, l’inspection académique met en avant que l’aide personnalisée peut suppléer au travail des RASED. C’est totalement hypocrite : les RASED ont des compétences spécialisées que n’ont pas leurs collègues enseignants. » Pour les élus communistes, Anne Joulain a dénoncé la mise à l’encan du « seul dispositif gratuit d’aides spécialisées et psychologiques au sein de l’école ». Claude Thibault, au nom des Verts, a souligné le rôle fondamental des RASED pour lutter contre les inégalités. Stéphane Braconnier, porte-parole du groupe UMP et, Serge Rouquette (Nouveau-Centre) ont quitté la salle du conseil au moment où Michaela Horrault prenait la parole devant les élus. Le maire n’avait pas encore officiellement ouvert la séance.
Nouvelle République, 29 mars 2012