Le changement, c’est pas pour maintenant…
Niger : Nucléaire : Hollande veut accélérer la production d’uranium
Le changement en matière de nucléaire ne semble pas pour demain. A l’issue d’une rencontre le 12 juin avec le président nigérien Mahamadou Issoufou, François Hollande s’est prononcé pour une accélération de la mise en exploitation par Areva de la future mine géante d’uranium d’Imouraren (Niger), prévue fin 2013. « Si ça peut aller plus vite, nous y sommes favorables. Tout ce qui peut être fait pour le développement, pour l’activité économique doit être réalisé dans les meilleurs délais », a ainsi déclaré le président français. De quoi réjouir la multinationale, propriété de l’État français, qui importe du Niger près de 40 % de son uranium. Une fois traité, l’uranium sert de combustible aux réacteurs nucléaires. « Il s’agit là d’une claire perpétuation des mécanismes de la Françafrique, pour le plus grand profit du lobby nucléaire (Areva) et au détriment de la démocratie en Afrique », dénonce l’Observatoire du Nucléaire, association créée par l’ancien animateur du Réseau sortir du nucléaire, Stéphane Lhomme.
Les deux mines actuellement exploitées par le groupe français, dans la région d’Arlit, n’ont plus que dix à vingt ans de production devant elle. Areva s’est donc assurée en 2008 les droits de la mine géante d’Imouraren, potentiellement la deuxième plus grande mine d’uranium du monde (5 000 tonnes par an). La multinationale a prévu d’y investir 1,2 milliard d’euros. Son exploitation fera passer le pays du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs d’uranium, juste derrière le Kazakhstan où Areva est également implantée.
Radioactivité
Le président nigérien espère une exploitation « gagnant-gagnant » des ressources de son pays. Naïveté ? Mahamadou Issoufou connaît bien Areva : il a été l’un des dirigeants de sa filiale nigérienne, la Somaïr, dans les années 80 [1]. Il a régulièrement jugé trop bas le prix de vente de l’uranium et assuré qu’il ne ferait « aucun cadeau » à la multinationale. Quoi qu’il obtienne du gouvernement français, les terribles impacts environnementaux demeureront.
De nombreuses études indépendantes ont révélé les boues radioactives et les énormes masses de déchets radioactifs stockées à l’air libre, à proximité de la ville d’Arlit. La contamination radioactive contribue à la désertification et à l’assèchement des nappes phréatiques, sur fond d’exploitation des travailleurs (lire nos articles sur Areva au Niger), au sein d’un pays lourdement frappé par la pauvreté (et le FMI). Par cette déclaration, François Hollande se place dans les pas de ses prédécesseurs qui ont tous soutenu les efforts d’Areva pour assurer la sécurité d’approvisionnement en uranium de la France. Sans jamais respecter les droits des populations locales.
Notes
[1] Lire Areva en Afrique, de Raphaël Granvaud, Editions Agone.
Sophie Chapelle, Basta Mag, 12 juin 2012
Europe Ecologie Les Verts se terrent !
Sans doute, impressionnés par le nombre considérable d’antinucléaires radicaux venus leur rendre visite (une petite dizaine), ou bien serait-ce plutôt par leur détermination ? (voir photos jointes), jeudi matin 7 juin, les bureaucrates d’EELV ont fait portes closes et lumières éteintes. Les deux accès de leur siège parisien étaient fermés, aucune réponse à l’interphone, aucune réponse aux interpellations par porte voix, ligne téléphonique aux abonnés absents, aucune réponse aux tocs tocs sur la porte. Pourtant en regardant à travers les portes vitrées on voyait bien qu’au loin les salariés/bureaucrates s’activaient pour la campagne des législatives à quelques nouvelles renonciations, compromissions sur le dos des vrais antinucléaires…
Belle preuve de courage politique !
Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire. stop.nucleaire@yahoo.fr www.coordination-stopnucleaire.org
P.S. Hollande prône la coopération sur l’uranium avec le Niger et Cécile Duflot, elle dit quoi ?
Pourtant nous avions mis les formes pour rencontrer des « responsables » d’EELV et les questionner sur leurs positions sur le nucléaire, voir ci-dessous notre courrier et la lettre recommandée AR qui fut aussi doublée par une remise en main propre de cette lettre au siège d’EELV.
Rassemblement antinucléaire au siège d’Europe Ecologie Les Verts
Bonjour,
Par courrier RAR du 11 avril 2012 et remise en mains propres, nous avions sollicité un rendez-vous avec des représentants d’EELV à Paris, afin de leur demander une clarification de leur positionnement sur l’arrêt du nucléaire en cas de participation au nouveau gouvernement.
Nos demandes de rendez-vous sont restées sans réponse.
Aujourd’hui EELV fait partie de ce nouveau gouvernement formé par François Hollande, partisan du nucléaire dans le mix énergétique français et de la poursuite des projets garantissant la pérennité de la production électro-nucléaire pour les décennies à venir (projet EPR).
Durant les présidentielles, vous avez persisté dans le discours que vous tenez sans obtenir aucun résultat depuis plus de 30 ans : la sortie progressive du nucléaire, c’est-à-dire sa prolongation programmée. Ce ne sont que des renoncements sur ce sujet qui ont accompagné le parcours de votre formation politique (extension de Melox, « laboratoire » de Bure, Iter, vote au Parlement Européeen sur le nucléaire dans le mix énergétique…)
Votre programme pour les législatives de juin 2012 atteint un nouveau degré de renoncement clairement affiché. Il s’agit pour vous de « désintoxiquer nos pays des énergies fossiles et du tout nucléaire », reprenant la formule du Parti Socialiste durant la campagne présidentielle, légitimant de fait la part du nucléaire dans le mix énergétique français.
Vous n’avez pas souhaité donner suite à notre proposition de dialogue. Nous nous inviterons donc le jeudi 7 juin à partir de 11h devant votre siège parisien. Une mouvance antinucléaire radicale existe qui compte bien se faire entendre pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif du nucléaire.
Les dangers de cette industrie sont effroyables et vous en êtes parfaitement conscients. Lors de la prochaine catastrophe, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.
Antinucléairement vôtre,
Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat du nucléaire.
http://www.coordination-stopnucleaire.org
Paris, le 11 avril 2012
COURRIER RAR Les Verts Paris 247, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris
Coordination Stop-Nucléaire …
A l’attention de Mesdames Cécile Duflot et Eva Joly
Mesdames,
Même si votre partenaire, le Réseau Sortir du Nucléaire, épargne votre formation dans son classement des partis politiques candidats aux élections présidentielles, nous, Coordination Stop-Nucléaire, pour l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif de cette industrie, souhaitons d’emblée vous faire part de notre désaccord sur vos analyses et propositions dans ce domaine.
Déjà en novembre 2009 nous avions noté avec stupéfaction le vote au Parlement Européen de tous vos députés (moins un) et sous couvert de « sauver le climat », du texte entérinant l’extension « du marché carbone mis en place en Europe à l’ensemble de la planète » et comprenant une résolution dont le terrible paragraphe 36 ci-dessous :
36. souligne que le passage, à l’échelle internationale, à une économie à faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ; souligne toutefois que les questions relatives à la sûreté et à la sécurité du cycle du combustible nucléaire doivent être abordées de façon adéquate à l’échelle internationale afin de garantir un niveau de sûreté aussi élevé que possible ;
Ne revenons pas sur Dominique Voynet, Ministre verte à l’Environnement et à l’Aménagement du Territoire signant l’extension de l’usine Melox, productrice de MOX, et signant l’installation à Bure d’un « laboratoire » d’étude du stockage des déchets radioactifs.
Ne revenons pas sur le désormais tristement célèbre compromis des Verts siégeant au conseil Régional PACA « 1 euro pour ITER, 1 euro pour les renouvelables », ni sur la déclaration toute récente d’Yves Cochet demandant uniquement que « l’incident » de Penly fasse l’objet d’un reclassement sur l’échelle INES, sans aucune remise en cause publique des dangers induits par ces « incidents précurseurs ».
Certes, vous vous êtes rendues à Fukushima, pour en revenir, comme nombre de vos élus, « scandalisées » par ce que vous y avez vu et entendu, et pourtant, pourtant, rien de cette tragédie humaine n’a pu faire bouger les lignes de vos propositions pour une sortie progressive du nucléaire à horizon 2031, voire plus au gré des négociations avec vos futurs partenaires.
Si nous sommes « scandalisés » par la catastrophe de Fukushima, et nous l’étions déjà par celle de Tchernobyl, nous le sommes aussi par votre hiérarchisation des risques inhérents à une prolongation programmée de cette industrie. En quoi vos critères peuvent-ils bien consister, alors que vous savez, vous qui soi-disant avez la lutte antinucléaire dans votre ADN, que l’accident pourra frapper là où il sera le moins attendu ?
Les conséquences dramatiques de la catastrophe nucléaire, nous les connaissons tous, et bien entendu vous aussi. Se réfugier derrière le réchauffement climatique et l’hypothétique croissance des énergies renouvelables pour esquiver l’imminence du danger nucléaire nous semble particulièrement irresponsable pour ceux et celles qui détiennent l’essentiel de la scène médiatique sur ce sujet en ces temps électoraux.
Pour toutes ces raisons, nous souhaiterions vivement vous rencontrer dans la semaine précédant le premier tour de l’élection présidentielle pour discuter avec vous de votre positionnement précis et en particulier des compromis que vous pourriez être amenées à négocier, ou avez déjà négociés, avec votre partenaire le Parti Socialiste pro-nucléaire.
Nous nous permettrons de nous mettre en contact avec votre secrétariat dans le cas où vous ne jugeriez pas important et urgent de répondre à ce courrier.
Dans l’attente de vous rencontrer, veuillez croire en nos salutations antinucléaires et déterminées.
I… T… Pour la Coordination Stop-Nucléaire
Indymedia Paris, 12 juin 2012