Pour renforcer l’alimentation du nord de l’agglomération, une ligne électrique souterraine à haute tension de 90.000 volts et de 9 km, va être insérée dans le sous-sol de la ville, en 2013 et 2014.
Comment faire passer une ligne à haute tension – enterrée à 1,50 m de profondeur – en pleine ville ? C’est la question à laquelle doit répondre RTE, la filiale d’EDF qui gère le réseau de transport d’électricité français, afin de renforcer la desserte du nord de l’agglomération de Tours. Un secteur où le développement de l’habitat accroît la consommation domestique d’électricité, ce qui impose ces travaux.
L’enjeu de cette opération : effacer la frontière naturelle que constituent la Loire et le Cher. Des fleuves dont la présence a, au fil des ans, favorisé le développement de deux grandes zones d’alimentation électrique distinctes pour le nord et le sud de l’agglo : à partir de Chanceaux-sur-Choisille d’un côté (couplé avec la zone du Mans) et de Larçay de l’autre (couplé avec Bourges, Vierzon, Orléans et Poitiers).
Impact sur la voirie et la circulation
Le réseau est structuré de telle manière qu’il apparaît plus aisé de le renforcer par le sud, option retenue par RTE qui prévoit d’investir 9 millions d’euros dans ce chantier. En l’occurrence, la nouvelle ligne de 90.000 volts partira du poste des Épines Fortes, à Saint-Pierre-des-Corps, pour rejoindre celui du quai de Portillon, à Saint-Cyr-sur-Loire.
Entre le point de départ et celui d’arrivée, quel sera le tracé ? Trois « fuseaux » ont été étudiés : nord, centre et sud. Le 28 juin dernier, lors d’une réunion de concertation organisée à la préfecture sous l’égide de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dréal), c’est le fuseau sud – le plus long, avec 9 km de ligne – qui a été adopté. La Ville de Tours aurait préféré une autre option, en passant par le quai Malraux, mais l’État s’y opposait car il aurait fallu « percer » la digue qui épouse le tracé de l’autoroute et donc de l’ancien canal qui séparait Tours de Saint-Pierre. En l’occurrence, le plan de prévention des risques d’inondation prime sur les autres considérations.
La ligne à haute tension empruntera donc la rue du Docteur-Zamenhof, unique point de passage de cette fameuse digue. D’autre part, pour éviter la place de la Liberté et la ligne de tramway, le tracé retenu passe sous l’avenue de Grammont, ce qui l’oblige à s’insérer dans une série de « petites » rues (Miquel, Henri-Martin, Saint-Lazare, Sanitas, Maurice-Bedel, Jules-Guesde). Le franchissement de la Loire est prévu sur le pont Napoléon, en encorbellement – c’est-à-dire sur l’un des côtés de l’ouvrage d’art.
Le chantier s’annonce complexe car il rencontrera les multiples réseaux qui zigzaguent dans le sous-sol de la ville. Et les trois câbles de huit centimètres de diamètre chacun qui constituent la ligne à haute tension ne sont guère flexibles. Les riverains des rues concernées doivent, par ailleurs, s’attendre à d’importants travaux de voirie, puisque les tranchées feront soixante centimètres de large. Enfin, l’impact sur la circulation et les transports en commun ne sera pas négligeable.
« Nous aurions préféré un autre tracé mais nous n’avons pas vraiment le choix, commente Nicolas Gautreau, l’adjoint au maire en charge de la voirie. Pour autant, nous comprenons les contraintes de l’État, de RTE et d’EDF avec qui nous avons encore besoin de discuter pour caler les choses. Nous sommes vigilants. Nous avons aussi le souci de bien communiquer auprès des habitants. Une réunion publique sera consacrée à ce sujet à l’hôtel de ville, aux alentours de la mi-juillet. »
à suivre
Le calendrier de l’opération prévoit un début du chantier en octobre 2013, pour une mise en service un an plus tard. Le phasage prévoit de procéder par tronçons de 250 mètres, ce qui représente à chaque fois de 20 à 50 jours de travail, en fonction de la nature des sols et de la présence d’autres réseaux. Le chantier sera précédé d’études techniques (de juillet 2012 à juillet 2013) et de l’instruction administrative du dossier (de janvier à septembre 2013).
Christophe Gendry, La Nouvelle République, 5 juillet 2012