[64] Aurore Martin interpellée et extradée vers l’Espagne

Aurore Martin interpellée et extradée vers l’Espagne

La militante basque française Aurore Martin, membre de Batasuna et recherchée par Madrid, a été interpellée jeudi dans les Pyrénées-Atlantiques et remise aux autorités espagnoles, un an après une première tentative d’interpellation avortée qui avait suscitée une levée de boucliers, notamment du Parti communiste et du Parti de gauche.

Aurore Martin, 33 ans, a été interpellée jeudi par la gendarmerie lors d’un contrôle routier fortuit à Mauléon-Licharre (Pyrénées-Atlantiques), en exécution d’un mandat d’arrêt européen émis par l’Espagne le 13 octobre 2010 et validé le 16 décembre suivant par la justice française. La justice espagnole reproche à Aurore Martin ses liens avec le parti indépendantiste Batasuna, illégal dans ce pays car considéré comme lié à l’organisation politico-militaire Eta, mais légal en France. Elle a notamment participé à deux réunions publiques de cette organisation.

Entrée durant six mois dans la clandestinité avant de réapparaître et de recevoir divers soutients reprochant aux autorités françaises d’accepter de livrer un de ses ressortissants à un autre pays pour des faits qui ne sont pas condamnables en France, Aurore Martin avait épuisé tous les recours possibles.

Une tentative d’arrestation avait échoué en juin 2011, des militants s’opposant aux policiers venue la cueillir dans l’appartement de sa sœur à Bayonne. Elle vivait depuis à visage découvert mais savait qu’elle pouvait à tout moment être arrêtée. Elle risque jusqu’à 12 ans de réclusion.

A l’époque, le mandat délivré à son encontre avait suscité une levée de boucliers au Pays basque. Plusieurs voix s’étaient ainsi élevées pour dénoncer une procédure d’ »extradition » d’une Française basée sur des faits qui sont parfaitement légaux en France, où Batasuna a pignon sur rue et où ses militants s’expriment librement.

La remise à l’Espagne d’Aurore Martin est intervenue quatre jours après une interview accordée par Manuel Valls au quotidien espagnol El Pais, où il annonçait qu’il n’y aurait pas de Pays basque français dans la prochaine loi de décentralisation. Il a ainsi mis fin aux espoirs de nombreuses organisations basques dont une délégation avait présenté le 11 octobre dernier à la ministre de la Réforme de l’Etat Marylise Lebranchu un projet de Collectivité territoriale à statut particulier (CTSP). Manuel Valls avait surtout ajouté qu’il refusait d’ouvrir ce débat tant qu’Eta n’aura pas restitué ses armes ».

Accusé de faire un amalgame entre les Basques et le terrorisme, Manuel Valls avait déclenché nombre de réactions. Cette soudaine montée d’adrénaline au Pays Basque un an après que l’Eta a annoncé la fin définitive de la lutte armée devrait être illustrée le 10 novembre lors d’une manifestation à Bayonne en faveur du respect des droits des prisonniers et des réfugiés politiques basques. De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives ont appelé à y participer.

L’Humanité, 2 novembre 2012