NdPN : Comme chaque premier mercredi du mois aura lieu ce soir un rassemblement de solidarité avec les migrant-e-s, à 18H devant le palais de justice. En effet, rien n’a changé avec la gauche dans la Vienne, les expulsions continuent au même rythme. A peine ménage-t-on un peu les étudiants les plus diplômés (élitisme citoyenniste de gauche ?), mais pour mieux faire chier la plupart des étudiants étrangers, désormais obligés de fournir des attestations bancaires mois par mois ! Les expulsables sont certes davantage assigné-e-s à résidence, mais pour la simple raison que les centres de rétention administratives sont bondés… Et pour les Roms au niveau national, les démantèlements et expulsions brutales de campements ont aggravé la situation. Pour les migrant-e-s comme pour d’autres questions sociales, la baudruche du « changement » de gauche n’en finit pas de se dégonfler. Pour les pauvres, mêmes matraques, mêmes menottes, mêmes enfermements, mêmes expulsions… avec « coeur et rigueur » nous annonce monsieur Séguy. Ouf, les « humanistes » seront rassurés…
Expulsions : qu’est-ce qui a vraiment changé ?
Six mois après le changement de gouvernement, la situation des sans-papiers est-elle différente ? Éléments de réponses avec le représentant de l’État.
Selon la plupart des associations de défense des sans-papiers, la situation qui leur était faite sous la présidence de Nicolas Sarkozy était le plus souvent intenable. Six mois plus tard, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, qu’est-ce qui a changé ?. «Des circulaires ont été prises qui modifient les procédures, note Yves Séguy, le nouveau secrétaire général de la préfecture, la première de mai 2012 qui assouplit la situation des étudiants titulaires d’un diplôme au moins équivalent au Master, la seconde du 6 juillet qui modifie les modalités liées à l’assignation à résidence des familles à l’alternative à leur placement en rétention administrative. Le délai de solidarité qui pénalisait une personne qui aidait une personne étrangère est supprimé. Le travail législatif se construit et l’on annonce un texte sur l’application du code des étrangers en 2013. »
Voilà pour la technique. Sous le précédent quinquennat, les relations entre préfecture et associations de défense des sans-papiers semblaient exécrables, les secondes stigmatisant notamment la première pour son instransigeance et son manque d’humanité.
Cœur et rigueur
« Les services sont respectueux du droit et nous n’avons jamais refusé de rencontrer quiconque, appuie Yves Séguy, nous ne sommes pas plus sévères à Poitiers qu’ailleurs en région. On est chargé d’appliquer le droit avec toute l’intelligence des situations qu’il convient, on peut revoir notre position et ça nous arrive. Je crois qu’on peut avoir à la fois du cœur et de la rigueur. Et puis je rappelle que toute procédure engagée par nos services est mise en œuvre sous le contrôle du juge des libertés ou du juge administratif. »
en chiffres
> En 2011, la préfecture de la Vienne a reçu 507 personnes à ses guichets pour des demandes d’asile. Ce chiffre atteignait 414 à la fin de ce mois de septembre. > En 2011 encore, 70 mesures d’éloignement ont été prises à l’encontre de personnes en situation irrégulière, sur 33.000 au niveau national. > Ces 70 cas comprenaient aussi des retours volontaires (ces derniers s’accompagnent d’aides financières: 2.000 € pour une personne seule, 3.500 pour un couple) .
accueil
Qui a en charge l’immigration légale ?
Créé en 2009, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) est désormais le seul opérateur de l’Etat en charge de l’immigration. Il a pour missions la gestion des procédures de l’immigration régulière pour le compte des préfectures, l’accueil et l’intégration des immigrés autorisés à séjourner durablement en France, le premier accueil des demandeurs d’asile, l’aide au retour et à la réinsertion des étrangers dans leur pays d’origine.
OFII Poitiers : 86, avenue du 8-Mai-1945. Email : poitiers@ofii.fr
le chiffre
440
C’est le nombre de places d’hébergement disponibles qu’offre l’État dans la région à travers cinq centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) Il en existe deux dans la Vienne pour 135 places (100 à Poitiers et 35 à Sommières-du-Clain)
solidarité
Un besoin de bénévoles
Resf 86 tient des permanences les premiers et troisièmes mercredis de chaque mois au 18, rue de la Brouette-du-Vinaigrier à Poitiers. Elle a besoin de bénévoles actifs.
Tél. 06.62.95.54.17.
Nouvelle République, 7 novembre 2012
» Les gens se sentent hors la loi «
Depuis plusieurs années, RESF 86 (Réseau éducation sans frontières) milite pour la défense des enfants scolarisés sans-papiers et de leurs familles. Avec d’autres, l’association dénonce une politique « discriminatoire et répressive » menée par les gouvernements successifs ; Ainsi, malgré l’arrivée de la gauche au pouvoir, RESF considère aujourd’hui que « rien n’a vraiment changé. Certaines familles doivent encore pointer tous les jours au commissariat, relève Christine Jacquenod, présidente de RESF 86, elles ne peuvent pas travailler, ne peuvent plus payer un loyer donc ne peuvent plus se loger. Des comités de quartier prennent parfois en charge ce loyer. C’est un peu nouveau dans la vie de RESF, des gens constituent des comités sans pour cela adhérer. Nous, on est là pour le juridique et l’aide logistique. A la rentrée dernière, on a par exemple rassemblé des kits fournitures pour des familles qui nous sollicitaient… Légalement, on se trouve face à des gens qui ne sont ni expulsables, ni régularisables… »
Les étudiants aussi
L’autre combat de RESF concerne aussi les étudiants. L’an passé, une dizaine d’entre eux, parmi lesquels des doctorants, était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français. « Ces situations ont été prises en charge par l’Université qui informe désormais étudiants et enseignants, observe Naïk Miret, de l’antenne universitaire de Resf, aujourd’hui les dossiers sont différents. Il y a maintenant des problèmes avec les demandes de cartes de séjour étudiant. Une clause a été rajoutée en août dernier qui leur demande de fournir une attestation bancaire reprenant mois par mois (pour l’intégralité de l’année écoulée) le solde de leurs comptes. Nous avons aussi des problèmes avec des rendez-vous en préfecture pour le renouvellement ou la fin d’un titre de séjour. C’est pour cela qu’on accompagne autant que possible les personnes aux guichets de la préfecture. » Ce climat de défiance, selon l’association, pénalise le parcours pédagogique de ces étudiants. « Beaucoup ont encore honte ou peur, parfois se cachent, note Naïk Miret, un étudiant, c’est aussi une personne jeune et fragile. En tout cas, il est temps qu’il y ait une refonte. Quand la loi est injuste, il faut changer la loi. »
Nouvelle République, 7 novembre 2012