NdPN : des difficultés imposées aux travailleurs en cadre capitaliste pour prendre possession de leur moyen de production.
Buroform : 75 salariés disent » oui » à une Scop
Le vote à bulletins secrets organisé hier par le CE de Buroform à Valdivienne a été plutôt convaincant… Même si beaucoup de doutes et questions subsistent.
Conséquence du redressement judiciaire du fabricant de mobilier de bureau Arfeo-Buroform de Valdivienne (notre édition d’hier), le comité d’entreprise a réuni, hier, l’ensemble des salariés pour leur exposer la situation et leur présenter le projet de Société coopérative ouvrière ; un projet imaginé par trois cadres de la société et monté en lien avec les salariés de Faroe de Château-Gontier (Mayenne), autre société du groupe Arfeo.
« Un peu déçus »
Le montage serait celui-ci : chaque salarié s’engagerait sur un prêt d’honneur de 4.000 €, contracté auprès du conseil général, plus un apport personnel de 500 à 1.000 € pour ceux qui le peuvent. La région Poitou-Charentes abonderait d’autant (elle doublerait l’enveloppe globale). A l’issue de cette réunion, le CE a proposé aux 99 présents un vote à bulletins secrets autour de la question : « Seriez-vous prêts à vous engager dans ce projet de Scop » ? Bilan : 75 « oui », 29 « non ». Un résultat « suffisant », aux yeux du CE, pour continuer à préparer un dossier de reprise. Thierry Melot, Alain Tullio et leurs collègues élus avouent néanmoins qu’ils sont « un peu déçus. 10-15 « oui » de plus, ça aurait été bien. » En effet, pour espérer séduire le tribunal de commerce (quatre autres dossiers de reprise au moins sont en lice), les porteurs du projet de Scop se sont fixés comme objectif de réunir, pour les salariés de Valdivienne, un million d’euros (1). Or, la très grande majorité des Buroform a clairement dit, hier lors de la réunion, qu’elle n’était pas prête à un quelconque apport personnel, mais simplement au remboursement du prêt d’honneur (qui pourrait être de 67 € par mois sur trois ans). « Beaucoup, ici, n’ont pas un très gros salaire. Les fins de mois ne sont déjà pas faciles… », analysent les élus du CE. En supposant qu’il y ait zéro apport personnel, l’enveloppe globale (prêt d’honneur + aide de la Région) n’atteindrait donc que 600.000 €… Les salariés ont jusqu’à lundi, minuit – date limite du dépôt des dossiers de reprise – pour résoudre cette difficile équation.
(1) Et ceux de Château-Gontier autant. Soit 2 M €, auxquels s’ajouteraient éventuellement des soutiens bancaires et de partenaires industriels. L’objectif étant d’atteindre 5 M € tout compris.
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L’appel lancé à la commune de Valdivienne
Pour réussir à ficeler le projet d’ici lundi, les salariés porteurs du projet de Scop vont devoir cravacher. Le comité d’entreprise déplore ce timing trop serré à ses yeux : « On n’a encore rien reçu du tribunal, on ne sait rien, on devrait tout recevoir demain (aujourd’hui, NDLR). Jeudi pour lundi, ça fait juste… Les représentants du personnel lancent un appel à la commune de Valdivienne pour qu’elle fasse « un geste » : « 100.000 ou 200.000 €, ça serait bien. Ils peuvent bien faire ça pour nous… Ça serait dommage qu’on échoue pour cette somme-là. » L’appel est lancé.
Anthony Floc’h, Nouvelle République, 22 novembre 2012