Le dimanche 16 Décembre au soir, des camarades tentent de déloger de dangereux flics qui bloquent depuis plusieurs jours un carrefour, près des lieux d’organisation de la ZAD.
Fouilles répétées, limitation au droit de circuler, contrôles d’identité, humiliations quotidiennes, provocations, ces dangereux terroristes n’ont eu de cesse depuis une semaine de se donner à cœur joie au régime de la terreur sur la ZAD.
Les camarades ne pouvaient que réagir à cette occupation militaire sur un territoire qui appartient à ceux/celles qui y vivent, qui y cultivent, qui l’aiment et qui y tissent des liens. Il fallait réagir et s’opposer à ces chiens de garde du PS et du capital, et les inciter (inutile de leur demander) à rentrer chez eux/elles, retrouver leurs familles et peut-être pouvoir réfléchir à l’(in)utilité et à la violence de leur métier.
Mais évidemment, la hiérarchie ne le voit pas de cet œil là, elle qui est confortablement installé dans ses bureaux chauffés, en train de siroter leur whisky de luxe et à planifier sur une carte l’aménagement du territoire, en pensant bien sûr aux nouveaux profits et relations mafieuses que cela pourra leur amener. Alors ces bureaucrates, ces énarques, ces mafieux des temps modernes, il aiment pas trop qu’on veuille déloger ces « respectables » (sic) robocops qui sont bien utiles pour faire leur sale boulot !
Et comme ils se rendent compte que malgré leur mobilisation importante, la nôtre grandit de jour en jour ainsi que la solidarité envers nos différentes tactiques face à leur oppression quotidienne, ces mafieux se disent qu’en en blessant quelques-un-e-s d’entre nous, ils arriveront bien à nous terroriser ! Et pourtant la phase de répression violente du 23/24, avec une centaine de camarades blessés, n’a fait que renforcer notre rage et notre solidarité ! Mais comme ils ne possèdent que cela comme arme de persuasion, avec la répression judiciaire, et qu’ils ont la sympathie de la plupart des médias, pourquoi ne pas recommencer…
C’est donc ce qui s’est passé ce dimanche 16 Décembre au soir, quand des camarades ont voulu dire non à l’oppression constante sur la ZAD. Leur violence « légitime » (sic) (terroriste oui !) s’est abattue une nouvelle fois, et c’est une camarade qui en a pris les conséquences.
Une camarade qui est aujourd’hui (le 17/12) à l’hôpital avec une fracture au tibia et à l’orteil, et avec le gros orteil en moins (amputation !) ! Les robocops ayant une nouvelle fois utilisé leur jouet de mutilation préféré : la grenade de désencerclement (sic) !
Mais messieurs les mafieux, sachez que votre violence n’a que pour effet de nourrir notre détermination, notre rage et notre espoir à voir tomber ce projet d’aéroport stupide !
Vous êtes à court d’arguments, et vous utilisez la force… Chaque jour, nous en avons d’autres pour réclamer votre chute, celle du projet d’aéroport et du monde qui va avec !
Le terrorisme d’État ne passera pas !
Des cagoulés opposés aux terroristes
Collectif de lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, 17 décembre 2012 (repris par le Jura Libertaire)
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Lettre d’un cégétiste à l’UD 44
Lettre envoyée à mon syndicat suite aux prises de position de certains responsables départementaux sur le projet de NDDL
Hasta la victoria siempre.
Laurent
Militant Cégétiste et engagé dans le combat contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, je suis en désaccord avec les prises de positions exprimées par différents responsables départementaux de la CGT sur ce dossier. Y a-t-il eu un débat au sein de l’UD sur ce projet qui permet à certains seulement de s’exprimer ? Dans le numéro de janvier 2012 de l’Union des Travailleurs Anthony Lemaire, après avoir pris quelques pincettes : « Il n’est nullement question pour nous de discuter de l’opportunité de ce projet », rédige un article ou il n’est jamais envisagé que l’aéroport ne puisse jamais voir le jour. Cet article aurait pourtant pu être l’occasion d’ouvrir le débat sur un projet qui divise les organisations politiques, à gauche en particulier mais aussi les organisations syndicales.
Le lundi 10 décembre, Yves Tual s’exprimait sur Télé-Nantes et défendait mordicus le projet de Notre-Dame-des-Landes. Parlait-il au nom de la CGT, ou en son nom propre ? Les propos caricaturaux tenus, au cours de cette émission, n’ont pas servi à éclairer ce débat pourtant utile sur la pertinence qu’il y a ou pas à construire cet aéroport. Pourquoi parle-t-il de squatters professionnels ? Il les connaît ces jeunes militants qui dénoncent un modèle de développement mortifère pour les prochaines générations ? Au nom de l’emploi il faudrait donc produire tout et n’importe quoi ? Bien sûr qu’il faut des infrastructures, mais pas pour remplacer celles qui existent déjà. Quel avenir pour Airbus à Bouguenais ? Qui va payer pour la piste indispensable à l’usine ? D’accord il faut des avions mais est-il normal d’aller en avion à Paris ou à Lyon ou faut-il mieux développer le rail pour les liaisons internes ? Quel développement pour l’Ouest de la France si les infrastructures ne servent au final qu’au Pôle Métropolitain Nantes – Saint-Nazaire ? Qu’est-ce qu’on mange demain si on continue à artificialiser les terres agricoles ? Après avoir été le lieu des convergences des luttes ouvrières et paysannes de la fin des années 60, ne reste-t-il plus rien en Loire-Atlantique de cette solidarité entre ouvriers et paysans ? Qu’est-ce qui reste pour les zones sensibles, les zones humides, la biodiversité ? L’histoire ne nous a-t-elle pas appris que les premières victimes de la pollution ce sont les travailleurs : les milliers de morts de l’amiante, les ouvriers agricoles victimes des pesticides, ceux de Seveso, Tchernobyl, Fukushima… Plus 4°C en moyenne d’augmentation de la température avant la fin du siècle : qui va souffrir ? Les actionnaires des grands groupes ou les travailleurs ? Les pauvres ou les riches ? Faut-il limiter le débat à la seule alternative croissance ou décroissance comme le dit Yves Tual ou a-t-on le droit de réfléchir à un autre mode de développement ? Le bonheur passe-t-il par le toujours plus ou par le mieux ?
Pour en avoir été témoin direct, je peux dire qu’en trente ans de militantisme associatif, politique ou syndical, jamais je n’avais assisté à un tel déchaînement de violence de la part des autorités. Les médecins présents sur place ont fait écho dans la presse des violences infligées aux opposants. La CGT s’honorerait à au moins dénoncer la répression inadmissible infligée aux opposants.
Toutes ces questions auraient pu être posées si un vrai débat avait eu lieu au sein de notre organisation syndicale. Au lieu de cela on laisse parler en notre nom, un leader syndical, déconnecté des problématiques de demain, engoncé dans ses certitudes productivistes, méprisant pour tous ces jeunes qui réfléchissent [et] essayent d’inventer un autre monde.
Par ce courrier, je demande à l’UD 44 d’organiser le débat sur le projet de Notre-Dame-des-Landes et une dénonciation claire et nette de la répression.
Fraternellement
Vu sur le Jura Libertaire, 17 décembre 2012