Pour elles, ce Printemps-là ne reviendra pas
Fermé il y a juste un an, le grand magasin du centre-ville attend de nouvelles enseignes. Mais pour une majorité des ex-salariés, le moral est au plus bas.
C’était le 28 janvier 2012. Après des mois d’incertitudes, le Printemps, fleuron commercial du centre-ville, baissait définitivement le rideau. Après plus de 45 ans d’existence, le magasin poitevin, propriété du groupe Borletti, ne rentrait plus selon ce dernier dans sa nouvelle logique de « sites destinés à devenir des vitrines du luxe à la française ». Du côté des 46 salariées du magasin et des 45 démonstratrices, le sentiment qui prévaut aujourd’hui est celui d’un « immense gâchis ».
« On nous a enlevé notre outil de travail »
L’idée un temps évoquée de se rassembler pour le premier anniversaire de cette fermeture n’est plus à l’ordre du jour. « Seules 29 des anciennes du Printemps sont en congé reclassement, résume Chantal Choisy, ancienne secrétaire du comité d’entreprise, quatre sont en CDI, deux en CDD au CHU, trois ont pu monter une activité commerciale. Les autres, plus âgées, sont soit en préretraite soit ont bénéficié d’un supplément de trois mois dans le cadre de ce congé de reclassement. Mais au final le bilan est catastrophique. On s’attendait à plus de débouchés. » Malgré une convention de revitalisation qui vise à favoriser la création d’activités et l’aide à l’emploi en centre-ville (*) la situation des « ex-Printemps » ne semble guère enviable. « Quand on a eu 30, 35, 38 ans de magasin, ce n’est pas possible de tourner la page, témoigne Chantal Choisy, on n’a pas encore fait le deuil. Je ne décolère pas, c’est injuste, on nous a enlevé notre outil de travail. » L’ancienne secrétaire a pour un temps repris le chemin du travail, en tant qu’agent recenseur. Jusqu’au 28 février. Après ? « On a peu de retours. Quand on écrit ou qu’on appelle quelque part, on nous dit qu’il n’y a pas d’emplois. Quand on nous répond ! » Fin mars, les anciennes salariées doivent revoir le maire de Poitiers, « pour faire le point. » Avec encore pour certaines le secret espoir de retrouver quelque chose. Peut-être du côté des nouvelles enseignes qui s’installeront en 2014 dans l’enceinte de l’ex-Printemps…
(*) Le Lamba Blanc (esthétique), Le Cottage de Joce (linge de maison) et une activité d’antiquités brocante itinérante ont vu le jour en 2012, ouvertes par des anciens salariés. Pour bénéficier de la convention de revitalisation, les entreprises situées sur le plateau doivent proposer une création nette d’emploi, en CDI ou CDD longue durée.
Jean-Michel Gouin, Nouvelle République, 28 janvier 2013