NdPN : l’épidémie de jaunisse syndicale monte encore d’un cran. Les deux articles suivants se passent de commentaire ! On a quand même souligné les passages les plus croustillants.
Retraites complémentaires: un accord entérine une baisse de pouvoir d’achat
Les partenaires sociaux sont parvenus mercredi soir à un protocole d’accord pour renflouer les caisses des régimes de retraite complémentaire, qui entérine une baisse de pouvoir d’achat pour 11 millions de retraités mais doit encore être formellement approuvé par les organisations.
Des membres du patronat et de cinq syndicats lors d’une séance de négociations sur les retraites complémentaires, le 13 mars 2013 à Paris
Le patronat et les cinq syndicats CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO et CGT, qui gèrent ces régimes, ont ainsi mis un terme à leurs discussions un peu après 21H00.
Pour être validé, le texte mis sur la table ne doit pas faire l’objet de trois oppositions de syndicats.
Tous ont affirmé qu’ils donneraient leur réponse dans les prochains jours, certains ont laissé entendre qu’ils pourraient l’approuver.
A l’ouverture de la séance, le Medef avait fait un geste en proposant une augmentation des cotisations, comme les syndicats le réclamaient en échange d’une baisse de pouvoir d’achat des retraités.
Selon le texte définitif, transmis à la presse, les pensions augmenteront au 1er avril moins que l’inflation, soit 0,5% pour les cadres du privé (Agirc) et 0,8% pour les salariés du privé (Arrco).
L’inflation prévue pour 2013 est à environ 1,75%.
En 2014 et 2015, elles seront également moins revalorisées que l’inflation (- un point).
Les cotisations acquittées par 18 millions d’actifs et les entreprises augmenteront quant à elles via le taux « contractuel » (ouvrant des droits à la retraite), de 0,1 point en 2014 et à nouveau de 0,1 point en 2015.
Au total, ces mesures permettront d’économiser environ 3 milliards d’euros à l’horizon 2017, faisant passer le déficit des régimes de 8,6 milliards à 5,5 milliards cette année-là, selon Jean-François Pilliard, le représentant du Medef.
« La moindre revalorisation est une mesure indispensable (…), en même temps sur le plan humain, c’est une mesure qui évidemment pose problème« , a-t-il dit, reconnaissant ne pas être « dans une négociation qui crée de l’enthousiasme ».
Un accord utile, mais pas forcément suffisant
« Il y a des mesures d’une efficacité relative », et « nous repoussons l’échéance de quelques années. C’est utile, je ne suis pas sûr que ce soit suffisant », a dit de son côté Jean-Louis Malys (CFDT).
« Nous avons eu des signes positifs pour la pérennité des régimes », a estimé Philippe Pihet pour FO, reconnaissant que l’accord prévoyait « effectivement une diminution du pouvoir d’achat des retraités ».
« Il nous semblait essentiel de pouvoir dire à ceux qui ont une retraite déjà moindre qu’ils auront quand même une revalorisation », a souligné Pascale Coton (CFTC), se disant « plutôt optimiste ».
Pour Danièle Karniewicz (CFE-CGC), un effort est « demandé à tous les retraités, de façon importante » en particulier « aux classes moyennes ».
« L’effort n’est pas équilibré » et « pour moi ce n’est pas suffisant », a-t-elle jugé.
De son côté Eric Aubin CGT) a affirmé que son organisation ne souhaitait pas « faire subir une nouvelle contrainte » aux retraités et « une baisse de pouvoir d’achat pendant trois ans », disant avoir un avis « négatif » sur le texte.
Les partenaires sociaux étaient pressés de trouver une solution avant le 1er avril, date de revalorisation des pensions, pour assainir la situation financière délicate de ces régimes.
Reste à savoir si les délais permettront d’appliquer l’accord à cette date.
La CFTC donnera sa réponse lundi, tandis que la CFE-CGC attendra le 25 mars et FO le fera « dans les prochains jours.
Quoi qu’il en soit, le résultat de ces négociations pourrait s’avérer décisif pour l’ensemble des retraités, visés par la réforme du régime général que prépare le gouvernement.
Mardi, François Hollande a prévenu à Dijon que « des choix courageux » devraient être faits « dans l’année » pour assurer l’avenir des régimes de retraites.
La ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, avait déjà préparé les esprits dimanche en soulignant que « des efforts » seraient demandés « à tous les Français ».
Elle avait estimé notamment que la question de la durée de cotisation devrait être « examinée ».
Installée par le gouvernement, une commission pour l’avenir des retraites doit proposer des pistes de réforme d’ici le mois de juin avant une concertation avec les partenaires sociaux sur le sujet.
AFP, 14 mars 2013
Efforts des salariés contre maintien des usines: un accord de compétitivité signé chez Renault
Efforts des salariés et baisse drastique des effectifs contre maintien des usines françaises jusqu’en 2016: Renault parie sur l’avenir avec son accord compétitivité au niveau du groupe scellé mercredi, une première du genre qui pourrait faire des émules.
Le patron de Renault Carlos Ghosn, entouré des représentants des trois syndicats signataires (CFE-CGC, FO et CFDT), le 13 mars 2013 à Boulogne-Billancourt près de Paris
Le patron Carlos Ghosn, entouré des représentants des trois syndicats signataires (CFE-CGC, FO et CFDT, près de 65% des voix au total), a paraphé l’accord qui, selon ses termes, « fera date dans l’histoire des négociations sociales françaises ».
Plus de flexibilité dans l’organisation du temps de travail, « le contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social en France » est un « accord équilibré », assure M. Ghosn. Il « donne à Renault les moyens de renouer avec la compétitivité en France », avec à la clé 500 millions d’économies par an escomptées, soit 300 euros par véhicule.
Pour la CFE-CGC, ce « n’est pas un bon accord », mais un accord « donnant-donnant » et un « pari sur les quatre prochaines années » qui « garantit des affectations de modèles et de produits, des volumes minimum de production ».
L’accord marque « le retour industriel de Renault en France », s’est félicité Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif.
L’accord prévoit notamment une augmentation de 6,5% du temps de travail, une refonte des comptes épargne temps, un gel des salaires en 2013. D’ici fin 2016, 7.500 suppressions nettes d’emplois et 760 embauches sont prévues, soit plus de 15% des effectifs, sans plan social ni plan de départs volontaires.
Le constructeur automobile s’est engagé en échange à ne fermer aucune de ses cinq usines dans l’Hexagone jusqu’à cette date et à leur assurer une activité minimum de 710.000 véhicules par an (contre 530.000 en 2012): 630.000 véhicules Renault et 80.000 provenant de partenaires, dont les noms devraient être dévoilées d’ici l’été. Le taux de remplissage moyen passera ainsi d’environ 50% actuellement à 85%.
L’avenir de Flins Yvelines) s’éclaircit avec la promesse d’une production minimum de 110.00 véhicules par an, Maubeuge Nord) se voit attribuer la nouvelle génération de l’utilitaire Kangoo et Douai Nord) aura cinq modèles.
Sauf « apocalypse », les engagements de Renault sont valables jusqu’en 2016 quelle que soit l’évolution du marché automobile européen, attendu « à peu près au niveau où il est aujourd’hui », c’est-à-dire « très médiocre », a assuré M. Ghosn.
La majorité des efforts demandés aux salariés est, elle, à durée indéterminée.
« Négociations sous forte pression »
Les quatre syndicats représentatifs, les trois signataires et la CGT (2ème syndicat, qui n’a pas pris part au vote sur le projet d’accord) ont discuté avec en tête le spectre de la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois et les 8.000 suppressions de postes prévues chez le constructeur.
Régulièrement, la direction de Renault a mis dans la balance l’éventualité de fermer des usines si l’accord n’était pas signé. Le constructeur, dont l’État est premier actionnaire, était aussi surveillé par les partenaires sociaux qui négociaient en parallèle un accord interprofessionnel. Mais Renault a très vite avancé que son accord serait un « ajustement structurel » alors que l’accord national répondait à des problèmes « conjoncturels ».
Les négociations ont donc été menées « sous forte pression », reconnaît Olivier Clairfond (CFE-CGC), parce qu’avec « une fermeture d’usine, c’est toute la filière qui trinque, tout un bassin d’emploi ».
Chantage à l’emploi ou réalité économique, les syndicats signataires saluaient toutefois mercredi les garanties obtenues.
« Il fallait arrêter l’hémorragie, l’activité de Renault en France était en chute libre. Nous revendiquions la préservation de nos usines », explique Fred Dijoux (CFDT).
« Depuis quelques années nous négocions des accords d’indemnisation du chômage », »mais là, on a négocié de l’activité supplémentaire et un renouvellement de gamme ce qui permettra d’avoir de l’emploi », a souligné Laurent Smolnik (FO).
Au-delà du report de la part variable de son salaire en 2013, M. Ghosn a engagé, par sa signature, la responsabilité de tout le groupe, estiment les signataires qui entendent veiller au bon respect des engagements de la direction.
La CGT dénonce elle « un accord sans aucune contrepartie » puisque « les volumes de fabrication annoncés avaient déjà été attribués depuis 2011 ». Les 7.500 suppressions d’emplois sont « dramatiques socialement » et vont peser sur les salariés qui restent, selon Fabien Gâche.
AFP, 13 mars 2013