Le Monde Libertaire n° 1704 (du 18 Avril au 8 Mai 2013)

NdPN : Le Monde Libertaire n° 1704 sort ce jeudi en kiosques ! Pause vacances du comité de rédaction oblige, il le restera pendant trois semaines. Si vous êtes comme nous, les poches trouées, vous pouvez nous écrire pour nous demander un numéro à prix libre. Un exemplaire sera laissé en libre consultation au Biblio-café (rue de la Cathédrale à Poitiers). Trois articles sont d’ores et déjà consultables sur le site du Monde Libertaire (voir liens ci-dessous dans le sommaire). Bonne lecture !

Le Monde Libertaire n° 1704 (du 18 Avril au 8 Mai 2013)

ml 1704 couv

«L’athéisme m’assure que je n’ai point, comme Jeanne d’Arc, à redouter la sainte grillade.» – Olympe de Gouges

Sommaire

Actualité

De l’inutilité sociale des riches, par J.-P. Levaray, page 3

Un rouage administratif de plus, par P. Schindler, page 4

Une sorcière nous a quittés, par E. Vanhecke, page 5

La météo syndicale, par J.-P. Germain, page 6

Faut se remuer, par G. Goutte, page 7

Arguments

La Chronique néphrétique de Rodkol, page 8

Des camarades qui n’en sont pas, par M. Rajsfus, page 9

L’incontournable anarchie sociale, page 11

L’enfer sur mer, par N. Potkine, page 15

International

Des Slovènes se rebiffent, page 16

Expressions

Sévices capitalistes en Amazonie, par M. Gutel, page 17

Le mal, ce vide de la pensée, par M. Topé, page 18

Barbarie en Algérie, par T. Guilabert, page 19

Le martyr des tribus indiennes aux États-Unis, par Franck, page 20

La musique qui fait penser d’Hervé Krief, par Pascal, page 21

Mouvement

Radio et mouvement, page 22

L’agenda noir, page 23

Illustrations

Aurelio, Kalem, Krokaga, La Sala, Manolo Prolo, Nemo

Editorial

FOIN DES OFFICIELS sujets de mécontentement comme des prudes réactions entourant d’un halo réprobateur les frasques bancaires d’un Cahuzac; la mort navrante bien qu’annoncée des aciéries de Florange; la félonie de Hollande et de Mittal dans cette affaire; ou, à propos de félons, la disparition de Mme Thatcher, saluée par certains comme une délivrance mais dont la longue liste de forfaits était, pour la plupart des gens nés après 1990, passée aux oubliettes à l’image de l’Alzheimer de la Dame de fer en question.

Qu’il soit ici question d’un fait divers bien insignifiant: un jeu de téléréalité, Koh Lanta, a récemment causé la mort d’une personne, ou plutôt de deux pour être tout à fait précis. D’aucuns, à défaut de se passionner pour ce fleuron de l’intelligence humaine, en connaissent le principe: emmener deux équipes de djeunes, les rouges et les jaunes, sur une île déserte et les faire s’affronter pendant quarante jours au travers d’épreuves d’endurance sadiques où ils sont censés se «dépasser», comme disent les DRH.

Après seize heures de vol, une traversée à la nage de 200 mètres, enfin une épreuve de tir à la corde entre équipes comme au bon vieux temps des patronages et des colos, Gérald fait une crise cardiaque; il n’est pas soigné assez vite, il décède. Le médecin maison de la prod’, pris à parti par la presse, se suicide. Ça fait deux victimes de ces téléréalités où la lutte de tous contre tous est censée faire les délices des téléspectateurs (audimat oblige) tout en libérant une part de leur cerveau pour Coca-Cola. Dénoncer la bêtise, la démagogie, l’appât du gain, la déliquescence des moeurs, l’imposition d’une loi de la jungle inflexible, serait passer pour un has been : 7 millions de téléspectateurs en moyenne par an suivent ce genre de conneries et ce depuis douze ans. Sept millions qui attendent que le gladiateur crève dans l’arène. Les mêmes qui trouvent normal quand un sportif «de haut niveau» calanche à coup de piquouzes.

Pyongyang et ses titatas nucléaires ou les famines du tiers-monde sont autant d’avatars de ce parti pris délibéré d’abrutissement et d’égoïsme imposés à des populations décérébrées. Koh Lanta n’est pas qu’un jeu inepte et cruel, c’est l’illustration des méthodes employées par les décideurs, les économistes, les experts et les entreprises qu’on présente comme modèles de comportement social. Une règle de vie mondialisée de concurrence malsaine où l’empathie et l’entraide sont moquées, frappées d’interdit, pour faire place à la méfiance et à la traîtrise. Supporter ou trouver naturel un tel jeu, un tel comportement de société, est signe qu’il est grand temps de se révolter.