Fontaine-le-Comte, Ligugé
Ils avaient évité la prison mais ils ont eu le tracé de la ligne à grande vitesse. Les habitants du lieu-dit « Les Barberies », à la limite des communes de Fontaine-le-Comte et Ligugé pensaient en rester là. Pourtant, un autre ennui leur est tombé dessus sous la forme d’une future aire d’accueil des Gens du Voyage.
Certes, les Tziganes qui circulent à travers la France à bord de leurs immenses caravanes sont loin d’être systématiquement de mauvais voisins. Il n’empêche : on préfère généralement les voir s’installer chez les autres plutôt que sous ses fenêtres. C’est pourquoi une poignée d’habitants ou de propriétaires du hameau, tous situés du côté Ligugé, ont décidé de saisir le tribunal administratif pour tenter de faire suspendre le permis de construire délivré par la mairie de Fontaine-le-Comte, alors que les travaux d’aménagement ont déjà commencé.
Quatorze emplacements
Le « bénéficiaire » de ce permis n’est autre que Cosea, la société chargée de construire la future ligne à grande vitesse. Pourquoi ? Parce que le tracé de la LGV passe précisément sur l’actuelle aire d’accueil de Larnay et qu’il fallait obligatoirement reloger les voyageurs.
Cosea étant propriétaire d’un vaste terrain qui ne lui servira à rien, le long de la voie ferrée Poitiers – La Rochelle, côté Fontaine-le-Comte, a proposé à Grand-Poitiers d’y recaser l’aire d’accueil. Le permis de construire a été délivré le 23 mars. L’aire sera installée sur un peu plus d’un hectare et comportera 14 emplacements.
En privé, les riverains, dont certains habitent à 200 mètres du camp, ne cachent pas les craintes directes que leur inspire ce voisinage : du côté de Larnay, on leur a dit que la cohabitation avec les Gens du voyage était parfois tendue.
Traversée dangereuse
Ils ont tenté de rencontrer les élus de Fontaine-le-Comte pour leur proposer de choisir un autre terrain, route de Béruges ou tout au moins d’écarter un peu plus l’aire d’accueil des maisons, en installant un bois entre les deux. Ils disent n’avoir reçu aucune réponse. Devant le juge des référés, hier, Me Jessy Renner, qui défend les riverains et l’association qu’ils ont créée, s’est essentiellement appuyée sur l’unique point de règlement qui pourrait contrecarrer le projet : pour accéder à la future aire d’accueil, les caravanes arrivant de Poitiers devront couper la départementale 911 (ex-RN 11), ce qui représentera un certain danger. Ce que conteste Me Lætitia Lelong, avocate de Cosea et de la commune. Décision sans doute mercredi.
Vincent Buche, La Nouvelle République
23/04/2013