Ces quelques lignes ne sont pas une justification mais une volonté de faire entendre nos voix.
Faire le deuil d’un ami proche assassiné par les fascistes n’est déjà pas chose facile. Se réveiller et lire toutes les inepties de la presse ne fait qu’accentuer notre douleur et notre rage?
Nous sommes venu-e-s hier place de la Liberté (devant la mairie, appel à rassemblement émanant d’organisations politiques et de syndicats, ndlr) à titre individuel, mais surtout en tant qu’ami-e-s proches de Clément et en aucun cas au nom d’une quelconque organisation. Après avoir partagé ces années d’amitié et de lutte, les attaques portées par Ouest-France, le Télégramme et la presse nationale sont un manque total de respect envers sa mémoire et son engagement.
Le harcèlement subit par la famille et les proches, la recherche du scoop, du portrait sensationnel, justifie le terme de «charognards» employé pour qualifier les journalistes. Malgré la mise en garde que nous avions formulé en les appelant à un minimum de décence, la preuve en a encore été faites en ce vendredi 7 juin 2013, d’autant plus qu’il n’appartient pas aux journalistes ni aux représentants politiques de caractériser la dignité du rassemblement en la mémoire de notre ami. Nous avons apprécié le soutien et la retenue des militants de différentes organisations syndicales et politiques autant dans leur discrétion que dans leur respect. Nous regrettons en revanche la volonté de certains individus, Cuzon et ceux qui l’ont soutenu, de se mettre en avant afin d’apparaître et de s’approprier ce deuil à des fins politiciennes. Voir Cuillandre (PS) et des membres de l’UMP à ce rassemblement est une insulte à son combat, notre combat. Notre hostilité à leur égard, comme dans d’autres rassemblement ayant eu lieu hier (Paris…) est tout à fait légitime, leurs politiques étant source d’injustice sociale et du racisme ambiant (n’oublions pas que le PS continue la politique répressive envers les sans-papiers débutée par l’UMP…).
Notre anti-fascisme est quotidien, il dépasse la seule critique ponctuelle de l’extrême droite. Ce rassemblement médiatique place de la Liberté n’était pas, pour nous, un hommage suffisant à Clément. Rien ne suffira pour exprimer notre douleur, notre colère et notre révolte. Nous avons essayé de créer un moment lui correspondant davantage, lors de la soirée du 6 juin 2013.
Nous avons fait le choix d’occuper la rue.
Nous nous sommes rassemblé-e-s place Guérin parce que c’est là que nous l’avons connu.
Nous nous sommes arrêté-e-s devant son ancien appartement et devant son lycée, car ce sont des lieux liés à sa vie.
Nous avons diffusé la musique qui lui était chère.
Nos drapeaux sont noirs de notre peine et sont rouges de notre sang.
Ses ami-e-s
Vu sur Indymedia Nantes, 8 juin 2013