NdPN : pauvre direction de la centrale de Civaux… elle se serait fait remonter les bretelles pas assez diplomatiquement par l’ASN. On constate que la préfecture place sa priorité dans le bien-être psychologique de la direction de Civaux.
A côté de ça, on apprend qu’un nouvel incident a eu lieu à la centrale, qui aurait pu conduire à la catastrophe si d’autres paramètres fâcheux s’étaient invités… touchons du bois pour la prochaine fois, il paraît que ça marche.
Par contre, le plan particulier d’intervention (PPI) en cas d’accident nucléaire n’a été rendu (enfin) public que récemment sur le site de la préfecture. S’il n’avait pas été publié, c’était « pour des raisons un peu mystérieuses » dixit la préfète…
Ce qui est bien avec la nucléocratie, c’est qu’elle trouve toujours les mots pour rassurer.
Centrale de Civaux : vous avez dit manque de rigueur ?
L’autorité de sûreté nucléaire a été invitée à préciser les critiques formulées par la chef de la division de Bordeaux, hier. En l’absence de l’intéressée.
Anne-Cécile Rigail n’était pas présente à Poitiers, hier, pour l’assemblée extraordinaire de la commission locale d’information (CLI) de la centrale de Civaux. La chef de la division de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de Bordeaux avait délégué son adjoint, Bertrand Frémaux. Ce sont pourtant ses propos qui ont conduit la préfète de la Vienne à convoquer cette réunion exceptionnelle après avoir été publiquement interpellée par le député-maire de Poitiers.
« Le fait est qu’à Civaux, il y a culturellement parfois une certaine souplesse avec l’application des règles qui n’est pas acceptable pour un exploitant nucléaire », avait dénoncé Mme Rigail, le mois dernier, au cours d’une conférence de presse organisée à Toulouse. Elle avait aussi précisé que la centrale poitevine d’EDF ferait l’objet d’une « vigilance accrue » : « Nous la contrôlons avec beaucoup d’attention dans la mesure où depuis plusieurs années nous alertions la direction parce que le niveau de culture et de rigueur nous paraissait insuffisant. »
« Le débat est très passionnel »
Dans un langage à la fois plus technique et plus diplomatique, Bertrand Frémaux a une nouvelle fois présenté le rapport annuel sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France pour l’année 2012. L’occasion de rappeler les bons et les mauvais points du site de Civaux, en particulier les facteurs organisationnels et humains dans l’exploitation du site et ses conséquences sur l’environnement. Mais là n’était finalement pas le véritable enjeu du rendez-vous. « Le débat est très passionnel et la communication de l’ASN a suscité une certaine émotion », explique la préfète, Elisabeth Borne. « On a un gendarme exigeant et attentif dans le nucléaire. Il est indépendant et c’est très bien… J’ai quand même demandé à (son) directeur général que les gens pèsent bien la façon dans les termes qu’ils utilisent peuvent être reçus. » Message destiné à Anne-Cécile Rigail, donc, qui avait donc parlé un peu trop fort. « Tout cela a été très dur à vivre pour les personnels », ajoute le directeur de la centrale de Civaux, Louis Bellegarde. « On a été obligé de tous les réunir pour leur dire qu’ils étaient de bons professionnels et que c’est justement parce qu’ils sont de bons professionnels qu’ils doivent sans cesse s’améliorer. » L’ASN y veillera.
bon à savoir
Transparence
Interpellé par les antinucléaires, la préfète de la Vienne a accepté que le Plan particulier d’intervention de Civaux, document de référence en cas d’alerte pour l’organisation des secours dans le périmètre et l’information au public, soit consultable sur le site Internet de la préfecture. C’est chose faite. « Pour des raisons un peu mystérieuses, il ne l’avait pas été », a précisé Elisabeth Borne.
en savoir plus
Un événement de niveau 1
Un événement de niveau 1 (sur l’échelle INES qui en compte 7) a été déclaré le 23 mai dernier à la centrale de Civaux à la suite de l’indisponibilité partielle du circuit de refroidissement intermédiaire. Pour le savoir, il fallait consulter les sites Internet d’EDF et de la Commission locale d’information. Pendant treize heures, deux échangeurs sont restés simultanément indisponibles. Or, en cas d’indisponibilité simultanée des deux échangeurs d’une même voie de ce circuit, l’exploitant dispose d’une heure pour procéder au repli du réacteur. « Cette prescription n’a donc pas été respectée », précise l’ASN. Les antinucléaires qui siègent à la CLI s’en sont émus hier.
Baptiste Bize, Nouvelle République, 21 juin 2013