Brionne : 16 licenciés » écoeurés «
Dangé-Saint-Romain. Seize salariés de Brionne ont reçu leur lettre de licenciement mardi. Hier, ils sont allés à l’usine pour la dernière fois…
Les seize salariés (sur 59) de Brionne, à Dangé-Saint-Romain, avaient entre 15 et 41 années de boîte. Hier, ils se sont probablement rendus, pour la dernière fois, dans les locaux de « leur » entreprise, spécialisée dans la quincaillerie décorative.
« On a reçu notre lettre de licenciement mardi »
Pas pour travailler. Mais pour rencontrer les agents de Pôle Emploi venus leur présenter le CSP (Contrat de sécurisation professionnelle : 80 % de salaire brut pendant un an). « On a reçu notre lettre de licenciement mardi. Aucune négociation n’a abouti. On est écœuré », fulminent un représentant syndical CFDT et un salarié. Ce plan de licenciement, mis en place par cette société détenue depuis vingt ans par le groupe parisien Souchier, est lié à la crise dans le secteur du bâtiment. Mais pas seulement d’après les 16 salariés licenciés. « C’est la faute d’une mauvaise gestion financière et d’un manque d’investissement. L’absence du directeur commercial depuis avril 2012, pour lequel l’entreprise a été condamnée à verser 182.000 € pour ses indemnités de licenciement, est aussi une des raisons », expliquent-ils. Parmi les seize licenciements, « deux sont des personnes handicapées », précisent-ils, et trois sont des salariés protégés : un syndicaliste CFDT et deux représentants du CE (comité d’entreprise) « récemment élus ». « Ils veulent baisser la masse salariale mais pourquoi n’ont-ils pas touché aux cadres ni aux agents de maîtrise ? Du coup, il reste plus d’improductifs dans l’usine que de productifs. »
« Ils ont peur »
Quel est le comportement des salariés épargnés par le plan de licenciement ? « On n’est pas soutenu. Il n’y a eu ni grève ni débrayage. Mais on les comprend. Ils ont peur », réagit le représentant syndical. Faut-il pour autant craindre d’autres mauvaises nouvelles, sachant que Brionne (qui dégage un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, en baisse, selon les licenciés) est placée en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois ? « On considère que la boîte va à sa perte si ça continue. Ou, à défaut, vers un nouveau plan de licenciements. »
Denys Frétier, Nouvelle République, 21 juin 2013