[Administration policière de la misère] [Châtellerault] « Ne pas laisser dire qu’il y a des zones de non-droit ! »

Présente lors d’une réunion sur les questions de sécurité publique, hier à Châtellerault, la préfète a voulu faire passer le message de l’autorité de l’État.

Y a-t-il le feu à Châtellerault ? La question, enfin dans ces termes-là, n’était pas à l’ordre du jour hier de la réunion sur la sécurité publique, organisée en sous-préfecture. Pourtant, la préfète, Élisabeth Borne avait fait le déplacement en personne.

A ses côtés au moment du point-presse, la sous-préfète Véronique Schaaf Lenoir, le maire Jean-Pierre Abelin, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) Jean-François Papineau.

Alors réunion de crise ou pas ? « On est dans un contexte où on peut parler localement de délinquance maîtrisée. Qu’on garde ses nerfs ! », clame la préfète.

> «  La police va partout  ». « On est dans un département calme où on ne peut pas laisser dire qu’il y a des zones de non-droit ! », assure Élisabeth Borne dans une froide colère.
La préfète fait référence aux déclarations d’entrepreneurs et de la fédération du bâtiment à propos de la sécurité d’un chantier dans le quartier des Renardières (notre édition de mardi). « Il y a à Châtellerault des zones de non-droit », affirmait l’un d’eux. « Cela ne reflète absolument pas la réalité ! La police nationale va partout et travaille partout », assure Jean-François Papineau. Sur les faits eux-mêmes, le patron de la police donne ses chiffres : six faits de vol, signalés sur ce chantier dans les six premiers mois de l’année.

> Montée des violences. Insécurité ou sentiment d’insécurité… Le climat général paraît s’être quand même fortement dégradé ces derniers mois en ville avec en point d’orgue plusieurs affaires retentissantes. Le DDSP en convient : « Il y a une montée des violences à Châtellerault depuis le 1er semestre à tous niveaux. On constate des passages à l’acte violent plus fréquents notamment chez des personnes précarisées, souvent en relation avec une addiction comme l’alcool. » [Lire à ce propos l’article de la NR d’aujourd’hui, où l’on voit que les municipalités ne savent plus quoi inventer pour donner l’impression de faire quelque chose. On ressort les vieilles rengaine sur l’alcool, le « fléau des classes laborieuses » et l’oisiveté « mère de tous les vices » pour ne surtout pas interroger les causes structurelles de la misère, dont l’alcoolisme n’est qu’un révélateur. NdPN]

> Trafics. « On constate également des violences liées aux trafics et à certaines méthodes de «  recouvrement des créances  » », souligne également Jean-François Papineau. Selon la police, le nombre de trafics démantelés est passé « de 1 à 9 » depuis le début de l’année. « On est intraitable sur les phénomènes de trafic ! », affirme la préfète.

> Vigilance. Le maire le disait hier. Il ressent « un climat d’exaspération et d’intolérance, lié aussi à la crise ». Élisabeth Borne parle d’un « travail approfondi sur le terrain » mais en appelle à la vigilance. « La population doit et peut compter sur la police plus que jamais », conclut Jean-François Papineau.

Franck Bastard, lanouvellerepublique.fr
12 juillet 2013