[Administration du désastre] [86] Enfin un plan Orsec-iode dans le département

Les maires viennent de recevoir le plan de distribution de comprimés d’iode à mettre en œuvre en cas d’accident nucléaire. Avec près de deux ans de retard.

Deux ans après sa publication, la préfecture de la Vienne s’apprête à se mettre en conformité avec la circulaire interministérielle du 11 juillet 2011 qui prévoyait l’adoption d’un plan départemental pour organiser la distribution d’urgence de comprimés d’iode en cas d’accident nucléaire avant le 31 décembre 2011.

« On a découvert l’existence de ce plan Orsec-iode* par hasard en épluchant le plan particulier d’intervention que la préfète a accepté de rendre public le mois dernier comme nous le réclamions depuis trois ans », explique Jacques Terracher, le représentant de l’Association pour la cohérence environnementale en Vienne (Aceve) au sein de la Commission locale d’information (CLI) de la centrale de Civaux. « Il est tout de même inquiétant de penser que, depuis deux ans, les maires du département n’étaient même pas au courant qu’ils étaient chargés d’aller chercher des pastilles et de les distribuer s’il y avait eu un incident radioactif. »

Bientôt sur Internet

La préfecture confirme avoir transmis le plan départemental de distribution des comprimés d’iode aux maires de toutes les communes de la Vienne, fin juin, soit six mois après sa signature par le préfet, le 25 janvier dernier. Ce document de 90 pages, qui n’a pour le moment pas été rendu public, devrait prochainement être consultable sur Internet, précise le nouveau directeur de cabinet, Jérôme Harnois : « Il n’y a pas de raison, nous sommes dans une logique de communication avec la préfète », dit-il.
Le plan Orsec-iode est décliné dans tous les départements, qu’ils accueillent ou non une centrale nucléaire. Les habitants des dix-neuf communes qui se situent dans un rayon de dix kilomètres autour du site de Civaux sont néanmoins déjà tous approvisionnés de manière préventive dans le cadre d’un plan particulier d’intervention.

Un stock de 400.000 comprimés

En cas de déclenchement du plan Orsec-iode, le grossiste répartiteur basé à Chasseneuil-du-Poitou serait chargé d’approvisionner les trente-huit chefs-lieux de cantons de la Vienne dans un délai de douze heures pour permettre aux maires d’assurer ensuite la distribution sur le terrain des 400.000 comprimés disponibles (lire par ailleurs), si le préfet l’ordonnait.
« Il est important de bien informer les populations sur ce qu’il convient de faire en cas d’accident mais sans les inquiéter », précise le professeur Gil, président délégué de la CLI de Civaux. Le plan départemental qui vient d’être communiqué aux mairies devrait y contribuer.

* Orsec : Organisation de la réponse de sécurité civile.

repères

Pourquoi l’iode ?

« L’iode est un oligo-élément indispensable au fonctionnement de la thyroïde. En cas d’accident, l’iode radioactif rejeté par les réacteurs et inhalé se fixerait sur la thyroïde ; il augmenterait alors le risque de cancer de la thyroïde », explique la CLI de Civaux sur son site. « Le principe du traitement est simple : en ingérant de l’iode stable, naturel et inoffensif, la glande thyroïde se trouve saturée. Celle-ci ne peut donc pas stocker l’iode radioactif ambiant qui est éliminé de façon naturelle. »

www.cli-civaux.fr

en savoir plus

Le compte n’y est pas

La préfecture précise que le département dispose de 400.000 comprimés d’iode stockés à Chasseneuil, dont 20.000 sont réservés aux forces de l’ordre, aux visiteurs du parc du Futuroscope et aux ouvriers du chantier de la LGV. Les nourrissons, les enfants et plus largement tous les jeunes de moins de 20 ans sont prioritaires, ainsi que les femmes enceintes. Pour les personnes de plus de 60 ans, la prise d’iode n’est plus jugée prioritaire. D’après les chiffres fournis par les services de l’État, le stock disponible ne permettrait toutefois pas de répondre aux besoins des 223.834 habitants âgés de 20 à 60 ans (sur 424.353 au total) dans la mesure où deux comprimés sont nécessaires par adulte. Même en tenant compte du fait que les habitants des dix-neuf communes situées autour de Civaux sont approvisionnés en pastilles par ailleurs. « Des comprimés sont stockés au niveau de la zone et pourraient être livrés sur demande du préfet », précise la préfecture. A priori, à Toulouse pour la zone Sud-Ouest.

Baptiste Bize, La Nouvelle République
24/07/2013