Aubade : 126 ex-salariés devant les prud’hommes
Saint-Savin/La Trimouille. Comme la procédure de conciliation a échoué hier devant le conseil de prud’hommes, 126 ex-salariés d’Aubade vont au procès.
Christine, Chantal, Marie-Anne… attendent d’entrer dans la salle d’audience comme les 123 autres ex-salariés de la société SAS Aubade (filiale de Calida). Elles retrouvent d’anciennes collègues, perdues de vue depuis 2007, l’année de leur licenciement. Elles se livrent pudiquement : « Vous savez… après avoir donné 33 ans de sa vie à l’entreprise, avec des tas de sacrifices, notamment pour notre vie de famille, ça nous a fait vraiment beaucoup de mal. Certaines d’entre-nous sont tombées malades, d’autres dans la précarité. Il a été difficile de retrouver du boulot, des petits boulots… »
Pas de conciliation, donc le procès en 2014
Ces femmes, et quelques hommes, ont fait partie d’une première vague de licenciements pour motif économique à la suite du premier plan social (le second a eu lieu en 2009). Ces licenciements intervenaient dans le cadre d’une délocalisation de la production en Tunisie voulue par le groupe suisse Calida. Les deux plans avaient entraîné la fermeture des deux sites de production français situés à Saint-Savin et La Trimouille. Après le récent procès gagné en appel (*) par leurs 66 ex-collègues licenciés en 2009 (lire notre édition du 21 mars 2013), les 126 ouvrières ont décidé d’entamer – in extremis par rapport au délai de prescription – une procédure devant le conseil de prud’hommes de Poitiers. Leur avocat, Me Emmanuel Giroire Revalier, a assisté hier matin les 126 anciens salariés devant le bureau de conciliation (composé d’un conseiller prud’homme salarié et d’un conseiller prud’homme employeur) de la section industrie. Un premier pas dans une procédure qui risque de s’étaler dans le temps car la tentative de trouver un accord entre les deux parties n’a pas porté ses fruits ; les ex-salariés ont donc décidé d’aller au procès. Chaque salarié a émargé une convocation à l’issue de l’audience pour être convoqué par le bureau des jugements à une date ultérieure fixée dans le courant du premier trimestre 2014. Le procès se déroulera au palais de justice et non dans les locaux du conseil de prud’hommes compte tenu du nombre de plaignants.
(*) Au mois de mars dernier, la cour d’appel de Poitiers a déclaré « sans cause réelle ni sérieuse » le licenciement des salariés de l’usine Aubade située à Saint-Savin. Les 66 ex-salariés s’étaient dans un premier temps pourvus devant le conseil de prud’hommes et avaient perdu. Des dommages et intérêts (de 13.000 à 55.000 € selon les cas) ont été alloués à chacun d’entre eux.
Marie-Laure Aveline, Nouvelle République, 12 septembre 2013