NdPN : nous le disions hier : malgré l’annonce du report aux calendes grecques du projet de LGV Poitiers-Limoges, la vigilance s’impose. Il y a en effet de gros intérêts politiques et industriels en jeu. Bingo : la commission d’enquête est favorable au projet… La lutte continue.
LGV Poitiers-Limoges : la commission d’enquête met la pression sur le gouvernement
La commission d’enquête publique a émis un avis favorable au projet de ligne ferroviaire sous réserve que le gouvernement s’engage à programmer les travaux « dans les délais prévus et non après 2030 ».
Oui, mais… L’avis favorable rendu par la commission d’enquête publique, chargée d’étudier le projet de construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges, est assorti de deux réserves.
Le document rendu public ce matin précise qu’une étude hydrologique approfondie devra être menée, notamment dans la vallée du Clain, à Iteuil, où les habitants craignent l’impact de la LGV. Il met surtout la pression sur le gouvernement qui n’a pas attendu les conclusions de l’enquête pour annoncer, par la voix du Premier ministre, le report du projet à l’horizon 2030-2050 conformément aux préconisations de la commission Mobilité 21.
La commission écrit ainsi que la déclaration d’utilité publique (valable cinq ans et renouvelable une fois pour la même période) ne devra être prononcée qu’à la condition « que le gouvernement s’engage à programmer les travaux dans les délais prévus dans le dossier et non après 2030 (…) afin de ne pas laisser les personnes directement impactées dans l’attente et l’incertitude pendant plus de quinze ans ».
Consultez le rapport complet dans la rubrique « Aller plus loin » ci-dessus. Les conclusions débutent à la page 517.
Baptiste Bize, Nouvelle République, 12 septembre 2013
L’enquête publique favorable à la LGV Poitiers-Limoges
La commission d’enquête a émis un avis favorable à la construction de ligne controversée. Le projet suit donc son cours malgré l’annonce de son report à 2030-2050.
Par huit voix contre trois, les membres de la commission d’enquête publique auraient choisi d’émettre un avis favorable à la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse entre Poitiers et Limoges. C’est ce qu’assurent les maires des deux villes, Alain Claeys et Alain Rodet, qui ont été informés de cette décision avant la publication officielle du rapport qui doit intervenir aujourd’hui.
Les deux hommes, tous deux socialistes et proches de François Hollande, sont aussi les principaux défenseurs du projet mis sur les rails par Jean-Pierre Raffarin en 2004, du temps où le sénateur de la Vienne était Premier ministre. Ils expriment naturellement leur satisfaction : « Vous voyez bien que le projet continue d’avancer comme prévu ; tout va bien », fait remarquer le député-maire de Poitiers qui affiche sa confiance malgré les rebondissements de ces dernières semaines. En juillet dernier, alors que l’enquête publique n’était pas encore achevée, l’actuel Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait annoncé le report de ce projet jugé non-prioritaire à la période 2030-2050, en suivant les préconisations de la commission Mobilité 21 que le gouvernement avait chargé de hiérarchiser les projets d’infrastructures de transports.
Un décret d’utilité publique valable jusqu’en 2025
Au début du mois, le secrétaire général adjoint de l’Élysée avait aussi assuré aux opposants que la présidence de la République se rangeait à ce choix après avoir activement soutenu le projet jusqu’au printemps dernier (lire notre édition d’hier). Notamment en nommant un ancien camarade de promo de François Hollande à l’ENA à la tête de la préfecture du Limousin pour suivre le dossier. « C’est un projet validé. Je ne pense pas qu’il soit de nature à être remis en cause », avait même déclaré le nouveau représentant de l’État le jour de sa prise de fonctions. En dépit des annonces officielles, le projet de LGV Poitiers-Limoges continue donc d’avancer conformément au calendrier envisagé. Sur la base des conclusions du rapport de l’enquête publique, le conseil d’État a maintenant dix-huit mois pour prendre ou non un décret d’utilité publique valable cinq ans et renouvelable une fois pour la même période. Soit une mise en chantier devant intervenir au plus tard en 2025 sous peine de devoir mener une nouvelle enquête publique après 2030 si le gouvernement devait confirmer l’arbitrage rendu cet été.
Baptiste Bize, Nouvelle République, 12 septembre 2013