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Anarchie intime (un texte de Anne Archet)

Anarchie intime

Ou huit leçons sur l’amour apprises à la dure, écrites sous forme de bilan après (encore une autre) pénible rupture

L’amour est abondant et chaque relation est unique

L’amour doit être détaché de la notion économique de rareté. L’amour n’est pas une ressource limitée; il est faux de croire que l’amour véritable est exclusif et limité au couple. J’ai la capacité d’aimer plus qu’une seule personne. J’ai la capacité d’entretenir plus qu’une seule relation. L’amour que je ressens pour une personne ne diminue pas celui que je ressens pour une autre. Je veux éviter de comparer les personnes et les relations; je veux chérir tous les individus et le lien que je crée avec eux. Je n’ai pas besoin d’élire une personne «partenaire principal» pour être amoureusement comblée. Chaque relation que j’entretiens est indépendante et toutes ces relations sont entre individus autonomes.

L’amour et le respect au lieu du devoir

Je ne baserai plus mes relations sur le négoce. L’amour n’est pas un échange, mais un don. Je ne veux plus que mes relations soient basées sur le devoir, mais plutôt sur le respect mutuel de l’autonomie et de l’indépendance. Mes sentiments pour une personne, l’histoire et l’intimité que nous partageons ne me donne aucun droit de contrôler cette personne ou de la contraindre à se soumettre à ce que la société, la culture et même moi-même considérons comme étant «normal» ou «allant de soi» dans une relation. Je veux que chaque relation soit une exploration de nos limites communes, une expérience des manières de s’aimer sans violer notre intégrité individuelle et nos convictions intimes. Plutôt que de chercher des compromis, je veux laisser mes amoureuses et mes amoureux choisir d’eux-mêmes leur propre voie, celle qui préservera leur intégrité, sans que ça ne soit vécu comme une crise. Je suis convaincue que se délester du devoir et de ses exigences est la seule façon de savoir si l’amour est réellement mutuel. L’amour n’est pas plus fort ou plus vrai quand les individus font des compromis uniquement parce que «c’est ce qu’il faut faire dans un couple».

Je veux mieux définir quelles sont mes valeurs amoureuses fondamentales et y rester fidèle

Comment est-ce que je veux être traitée par les autres? Qu’est-ce que je veux qu’une relation amoureuse m’apporte? Avec quel genre d’homme et de femme est-ce que je désire partager ma vie? Comment est-ce que je voudrais que mes relations amoureuses fonctionnent? Je crois avoir une meilleure idée de tout cela. Ce que je veux maintenant, c’est me délester de l’idée délétère que faire des exceptions à ces attentes est une preuve d’amour, une démonstration que ma partenaire ou mon partenaire est «spécial» ou que c’est «le vrai et le grand amour».

Je dois continuer de construire ma carapace comme l’hétérosexisme

Je ne dois jamais oublier que je vis dans une culture où les relations amoureuses sont puissamment normées. Ces normes ont pour elle la force de la tradition et me dictent – souvent inconsciemment – ce qu’est l’amour véritable et comment il doit être vécu. Je veux être blindée contre la remise en question continuelle de la validité de mes relations amoureuses, car je sais qu’on ne cessera pas de le faire puisque je n’ai dorénavant aucune intention de me contraindre à suivre les normes sociales de l’amour acceptable. Je veux trouver avec ceux et celles que j’aime des façons de déjouer ou de contrer cette pression sociale. Surtout, je ne veux plus que la honte ou la peur se manifestent dans mes relations amoureuses.

Je ne veux plus que l’amour soit un arrangement économique

Je ne veux plus former un ménage. Je ne veux plus servir à l’établissement de l’indice des prix à la consommation. Je ne veux plus que mes relations soient un travail, comme dans l’infâme expression «travailler sur son couple». Je veux que chaque relation soit libre et spontanée, qu’elle n’ait d’autre but que la rencontre et l’exploration mutuelle. Je ne veux pas d’objectifs, de bilans, d’évaluations de rendement. Je veux que rien de productif n’émane de mes relations amoureuses. Je veux qu’elles soient un jeu, une folle dépense d’énergie, un potlatch perpétuel. Ça ne veut pas nécessairement dire que je veux isoler mes relations des contingences du monde matériel (et réel) ou que je rejette toute forme d’engagement. Ça veut plutôt dire que l’engagement ne va pas de soi, qu’il n’y a aucune étape naturelle ou de passage obligé. Je veux de l’entraide et du soutien mutuel, pas d’obligations contractuelles sous forme de partenariat d’affaires.

Je dois choisir l’abandon et la confiance

À partir de tout ce que j’ai dit précédemment, je choisis de prendre pour acquis que mes partenaires n’ont aucune intention de me faire du mal. Ce faisant, je choisis une voie positive plutôt qu’une voie négative : celle de la méfiance, qui mène éventuellement à la jalousie. Je ne veux plus vivre dans l’insécurité – la mienne comme celle de mes partenaires. Je ne veux plus avoir à constamment confirmer que mes partenaires sont toujours amoureux de moi et réciproquement. Les individus vivent souvent des situations où ils n’ont ni la force, ni l’énergie de démontrer leur amour ou même prendre soin de leur partenaire. Je veux que mes relations soient bâties de manière à ce que lorsque l’un des partenaires devient distant ou carrément absent, cette désaffectation soit facilement comprise, pardonné et même aidée. Je veux laisser tout l’espace nécessaire à mes partenaires pour s’exprimer, mais aussi pour être silencieux et distants quand le besoin se fait sentir. Je veux que cet espace soit mutuel et que mes partenaires s’abandonnent et me fassent confiance. Je crois que c’est la seule façon de prendre à la fois soin de moi-même et de ceux et celles que j’aime.

Je veux que la communication serve à autre chose que régler des problèmes

N’ayant plus du tout envie de me plier aux normes et aux règles qui régissent la «vie de couple», je n’ai d’autre choix que de baser mes relations amoureuses sur la communication, sinon je finirai toujours par me rabattre sur la normalité. La communication et l’action commune et concertée est la seule façon de se libérer du carcan social qui a tant nui à mes amours. J’ai eu la fâcheuse tendance jusqu’à présent à ne communiquer qu’en cas d’urgence, que pour «régler des problèmes» et «vider des abcès». Je veux pouvoir me livrer entièrement et pouvoir accueillir entièrement mes partenaires tels qu’ils et elles sont. Nous sommes si habitués à ne pas vraiment dire ce que pensons vraiment et ce que nous ressentons (et je m’inclus dans le lot, ainsi que tous les anarchistes et esprits libres que j’ai pu croiser au cours de ma longue existence) que nous en sommes presque toujours réduits à lire entre les lignes et extrapoler pour comprendre ce que les autres désirent. Je ne veux plus que mes expériences passées tordent la perception que j’ai des intentions de mes partenaires. Je veux vivre en pleine lumière avec mes amoureux et mes amoureuses, je veux des questions claires et des réponses explicites. Je ne veux plus vivre dans la peur des mots.

Je veux être aussi indulgente envers moi-même qu’envers mes amoureux et amoureuses

Je ne veux pas que tout ce qui précède soit considéré comme une éthique ou une morale. Je ne veux pas remplacer les normes amoureuses en vigueur par une nouvelle série de normes tout aussi contraignantes. Je ne veux pas avoir des amants, des amoureuses, un couple ou quelque forme d’arrangement non-conventionnel ou radial parce que c’est la chose à faire, parce qu’il faut abattre le patriarcat, parce que c’est une stratégie pour le changement social, parce que c’est ce qui fera advenir la révolution et l’anarchie, parce que c’est le genre de chose qu’on s’attend d’une femme comme moi. Je veux entrer en relation parce que tel est mon désir. Je veux que mes désirs soient les seuls critères auxquels je me soumets. Si j’éprouve des sentiments que je n’aime pas – comme la jalousie, la possessivité, le désir de contrôle ou l’envie détestable de me conformer et de meubler mon nid d’amour avec des meubles en kit – je ne dois pas les refouler, mais plutôt les accueillir comme ils sont, les verbaliser et tâcher, avec l’aide de mes partenaires, de les comprendre et les surmonter. Je ne veux plus ressentir de culpabilité d’aucune sorte. Je n’exige pas de mes partenaires qu’ils soient parfaits; je dois cesser d’exiger la perfection de moi-même.

Anne Archet sur son Blog Flegmatique, 14 juillet 2014

Je suis abstentionniste

NdPN : un texte percutant vu sur Indymedia Paris.

Je suis abstentionniste et tu viens m’insulter, toi l’électeur, toi le votant, toi qui portes, scrutin après scrutin, des hommes et des femmes au pouvoir et qui n’auront de cesse de te décevoir. Qui te trahissent tout en te jurant que, la prochaine fois, ils feront mieux.

Tu viens m’insulter, déverser sur moi ton aigreur suite à la défaite de ton camp, comme un soldat tenant son fusil face à un peloton de déserteurs. Dans ton esprit ardent de combativité, si tu as perdu ce n’est pas parce que ton adversaire est meilleur, ce n’est pas parce que tes leaders sont mauvais, c’est simplement ma faute, à moi, qui ne veux pas jouer selon tes règles.

Je suis le coupable.

Tu t’affirmes éclairé, instruit, intelligent. Tu méprises copieusement les presque trois quarts de la population qui n’ont pas voté, ou qui ont voté pour des partis ennemis à tes yeux. Tu les traites de connards, d’ignorants, de cons, de débiles, de sombres merdes ignorant tout de leur Histoire, n’entendant rien à la politique. Nous ne sommes tous pour toi que des fainéants abrutis de publicité. Tu nous es supérieur.

Alors que nous dis-tu ? Que nous enseignes-tu, toi, l’homme instruit ?

Tu nous dis que la montée de l’abstention provoque une montée du Front National. Tu affirmes même que c’est mathématique. Tu l’ériges en loi physique.

Observons cette « évidence ».

2014, élection européenne, on nous annonce une abstention de 57% et un vote Front National de 25%.

2009, élection européenne, l’abstention était de 59%, le vote Front National était de 6,5%. Abstention plus forte, vote FN plus faible.

2004, élection européenne, l’abstention était de 57%, le vote Front National était de 10%. Le Parti Socialiste totalise à lui seul près de 30% des voix (du jamais vu dans une élection européenne) et la gauche dans son ensemble obtient 42% des votes. Un raz-de-marée de gauche pour une abstention pourtant équivalente à celle de 2014.

Toi, le mathématicien, l’analyste des chiffres, peux-tu oui ou non affirmer qu’il y a corrélation entre le taux d’abstention, le vote d’extrême droite, et le vote à gauche ? Peux-tu me regarder dans les yeux et affirmer que les chiffres prouvent que l’abstention fait monter le FN et baisser la gauche ? Que c’est mathématique ?

Tu n’es pas seulement mathématicien, tu es aussi sociologue. Tu affirmes que si tout le monde « bougeait son cul », que si tout le monde allait voter, l’extrême droite serait balayée et la gauche triomphante pourrait enfin révolutionner la France. Tu affirmes savoir que les sympathisants d’extrême-droite vont tous voter alors que les abstentionnistes sont tous des gauchistes trop fainéants pour se bouger.

Si on doit faire de la sociologie de comptoir, essayons au moins d’utiliser un outil statistique. Voici quelques chiffres tirés d’une analyse de l’électorat français pour les européennes de 2014, réalisée par Ipsos. Si tu as plus fiable, je suis preneur. En attendant…

50% des personnes ayant voté Le Pen au premier tour des dernières élections présidentielles se sont abstenus aux européennes. 50%. Un frontiste de 2012 sur deux n’est pas allé voter en 2014.

La même question pour les électeurs de Hollande et Sarkozy donne respectivement 58 et 48.

Si l’on s’en tient aux sympathisants (c’est à dire ceux qui se déclarent proches de tel ou tel parti) on obtient 53% d’abstentions pour les sympathisants du Front National, 50% d’abstention pour les sympathisants de l’UMP, 58% d’abstention pour les sympathisants du Parti Socialiste. Et avec seulement 43% d’abstentionnistes parmi leurs sympathisants, le Front de Gauche est le mouvement politique qui possède en apparence la plus faible réserve électorale parmi les non-votants. Étonnant, non ?

Il y a donc entre 50 et 53% d’abstentions chez les partisans du Front National. Score supérieur à celui de la droite, inférieur à celui de la gauche et très largement supérieur à celui de l’extrême-gauche.

Tu es certain de vouloir conduire tout les abstentionnistes aux urnes ? Tu peux affirmer que si « tout le monde se bougeait le cul et allait voter » les choses changeraient ? Tu l’affirmes, d’accord, mais sur quelle base ?

Tu n’es pas seulement mathématicien et sociologue, tu es également capable de pénétrer mon cerveau pour en extraire les raisons de mon abstention : en résumé, parce que je suis un gros connard de fainéant lâche et hypocrite trop ignorant des choses de la Politique pour prendre conscience que si je ne vais pas glisser un bout de papier dans une boite, quand on me le demande, le monde va s’écrouler.

Puis-je te dire, moi le crétin, moi l’idiot, moi l’inepte détritus de l’Humanité, pourquoi je ne vote pas ?

Par conviction.

Je vomis l’extrême-droite et ses petits pantins crapuleux carriéristes et affairistes qui se prétendent proches du peuple et du pavé pour mieux caresser les patrons dans le sens du poil.

Je vomis la droite et ses costards-cravates aux sourires si aveuglants qu’on en oublierait presque les chairs sanguinolentes des travailleurs suicidés qu’ils ont encore coincées entre leurs dents.

Je vomis la gauche et ses crânes chauves aux ventres mous, cette assemblée de traîtres qui confisque un idéal pour mieux le brader aux banquiers comme une reconnaissance de dette.

Je vomis l’extrême-gauche et ses révolutionnaires légalistes, ses Che Guevara de plateaux télé, moralistes coupables incapables de défiler sans accord de la Préfecture.

Je me vomis, moi, moi et ma cagoule noire depuis trop longtemps au fond de mon tiroir, moi et ce corps qui commence à oublier ce qu’est l’impact d’une flashball, d’un coup de matraque, d’un bracelet de menottes.

Je ne vaux pas mieux que toi, pas mieux que les autres, j’abandonne, je baisse les bras, je constate avec amertume que tout nous échappe. Toi, tu t’accroches au vote. Moi je m’accroche à cette idée lancée par Etienne de la Boétie dans son Discours de la servitude volontaire, cette idée qui dit :

« Ce tyran, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner. »

Je ne donnerai pas ma voix parce que j’estime qu’elle est pour le pouvoir en place l’instrument de sa légitimité.

Parce que j’estime que ce pouvoir est malfaisant. Et c’est précisément parce que je le critique, précisément parce que je m’y oppose, que je ne souhaite lui donner aucune légitimité en participant à son sacre.

J’estime à l’heure actuelle que l’ensemble de la classe politique, sans aucune exception, n’a pour fonction que de servir les intérêts des pillards et de trahir les idéaux de leurs victimes.

J’estime que ceux qui leur donnent leur voix en sont les complices, les serfs, les esclaves et qu’ils se complaisent dans une servitude volontaire. Et qu’ils me haïssent parce que je ne porte pas avec eux le fusil et l’uniforme fourni par ceux qui se soucient moins de nos vies que de leurs profits.

L’abstention est l’expression même de mon opinion politique.

Tu es en droit de juger que je me fais des illusions, que mon opinion politique n’en est pas une, que c’est être bien naïf que d’imaginer qu’en ôtant toute légitimité à un pouvoir il finira par s’écrouler de lui-même. Tu peux dire que c’est utopique. Tu auras sans doute raison.

Laisse moi juste te dire que depuis des années tu vas voter aux heures où on te demande de le faire, pour les personnes que l’on te propose, en suivant la procédure mise en place par le pouvoir en place.

A chaque rendez-vous électoral tu espères que ça change.

A chaque rendez-vous électoral, tu te dis que cette fois-ci ce sera la bonne ou qu’au moins on aura évité le moins pire.

Tu colmates sans cesse les brèches d’un bateau qui coule en espérant qu’à force il se passera quelque chose de nouveau.

Et année après année, élection après élection, tes espoirs sont sans cesse déçus par ceux-là même en qui tu les avais placés.

On te désigne des coupables, tu les insultes, tu oublies les élections précédentes, et tu recommences.

Encore et encore.

Qui est utopiste ?

Vu sur Indymedia Paris, 1er juin 2014

Les dividendes ont augmenté de 31% dans le monde depuis 2013

Les dividendes ont augmenté de 31% dans le monde depuis 2013

C’est un nouveau record qui a été atteint au premier trimestre 2014. Les dividendes versés par les plus grandes entreprises mondiales à leurs actionnaires ont augmenté de 31 % par rapport à la même période l’an dernier. 228 milliards de dollars ont été ainsi distribué en dividendes au cours du premier trimestre 2014 par ces grandes entreprises, selon le rapport de la société d’investissement Henderson Global Investors, qui prend en compte 3 000 grandes entreprises cotées dans le monde. Toujours ça que n’auront pas les salariés qui produisent la richesse !

Une partie de cette augmentation est liée au dividende exceptionnel – 26 milliards de dollars ! – versés par l’entreprise britannique Vodafone [1]. Le secteur des télécommunications arrive en tête avec 39 milliards versés, devant les entreprises pharmaceutiques (30 milliards) et le secteur bancaire et financier (28 milliards de dividendes).

L’augmentation de ce début d’année a été plus importante en Amérique du Nord, avec 95 milliards de dollars de dividendes distribués, soit + 25 % par rapport au premier trimestre 2013. En Europe (hors Royaume-uni) 34,5 milliards de dollars ont été versés, dont la moitié par les entreprises Roche, Novartis et Siemens. Soit une augmentation de 8,9 %. Mais en Europe, c’est au 2ème trimestre, après les Assemblées générales des entreprises, que tout se joue, avec la distribution de plus de la moitié des dividendes. « 2014 s’annonce d’ores et déjà comme une année record en matière de rémunération des actionnaires », annonce le Figaro.

Le total annuel des dividendes versés par les sociétés cotées en bourse a dépassé 1 000 milliards de dollars dans le monde, pour la première fois en 2013, selon cet indice. 300 milliards de plus qu’en 2009. Soit une augmentation de 43 % en 5 ans [2] ! Le secteur financier a versé un quart de cette somme, soit 218 milliards. Après la crise de 2008, la rémunération du capital connait de nouvelles envolées, totalement déconnectées de la rémunération du travail et des taux de croissance dans le monde. Entre 1999 et 2005, déjà, les dividendes versés en France par les entreprises du CAC 40 avaient effectué un bond de 71 % [3], pendant que les investissements baissaient de 35 %. En France, le gouvernement prévoit pourtant d’exonérer les entreprises d’impôts et de cotisations sociales à hauteur de 30 milliards d’euros (lire notre article).

@AgnesRousseaux

Notes

[1En dehors de ce versement exceptionnel, qui impacte fortement le résultat mondial, l’augmentation est de 12 % en moyenne par rapport au premier trimestre 2013.

[21043 milliards de dollars en 2013, et 726 milliards en 2009.

[3De 14 à 24 milliards d’euros. Lire le détail ici.

Agnès Rousseaux, Bastamag, 27 mai 2014

[Lusignan] Génocide arménien : il faut « rester positifs » !

NdPN : les propos du maire de Lusignan auront sans nul doute consolé les cœurs… quant à ceux de Hollande ou d’Obama, c’est un peu la même veine. Il faut dire qu’en matière de repentance pour motif de boucherie, ces deux représentants d’Etats font bien de rester discrets, d’autant plus que l’Etat turc demeure un allié de marque…

Rester po-si-tifs !

Arménie : les condoléances ne pansent pas les plaies 

La cérémonie se déroulait à Lusignan, bourg dont les seigneurs étaient rois d’Arménie.

La communauté arménienne commémorait, hier à Lusignan, le 99 e  anniversaire du génocide. Les condoléances turques ont été fortement commentées.

Au milieu de la foule réunie autour du Kachkar, monument dressé sur la place du Bail en mémoire des 1,5 million de morts du génocide arménien, Jean Tateossian, petit bonhomme de 82 ans, a les yeux embués de larmes. « Mes oncles ont été égorgés en place publique », raconte ce natif de Marseille qui vit aujourd’hui à Richelieu, en Indre et Loire. Chaque année, lors des commémorations, les mêmes souvenirs le hantent : « Ma mère était dans le convoi des déportés. Elle m’a tout raconté. Ça touche… »

«  Un premier pas  »

Depuis, Jean Tateossian s’est rendu « une dizaine de fois en Arménie ». Alors, mercredi 23 avril, il n’est pas passé à côté des propos du premier ministre turc, Recep Tayyp Erdogan, qui a présenté les condoléances de la Turquie aux « petits-fils des Arméniens tués en 1915 ». C’est la première fois que le dirigeant turc s’exprime aussi ouvertement sur ce drame. « J’ai été très surpris, avoue pour sa part André Valoteau, président de l’Ararat (Association régionale arménienne rencontre, amitié et tradition). C’est un premier pas, car jusqu’ici la Turquie était dans la négation du génocide. » Mais pour certains membres de la communauté arménienne de Poitou-Charentes (dont on estime le nombre à 500), ces condoléances ne suffisent pas. Anouck Grigoryan, présidente de l’association Hayer, qui « partage la culture arménienne », ces propos « ne changent rien ». La jeune femme souhaiterait voir le premier ministre turc employer le mot « génocide » qui serait, selon elle, une preuve « de sincérité » de la part d’Erdogan. Tenant à la main un panneau sur lequel est inscrit « 99 ans de déni ça suffit. Où est la justice ? Génocide arménien : 1915 », elle peine à panser ses plaies : « L’histoire reste, on ne peut pas l’oublier. » Face au monument, c’est maintenant au tour de René Gibault, le maire de Lusignan, de prendre la parole. Et d’exhorter les Arméniens présents hier dans son village à « rester positifs. Vous ne pouvez pas refuser un pas de quelqu’un qui vient vers vous. »

Adrien Planchon, Nouvelle République, 25 avril 2014

Bye bye la préfète

NdPN : un cursus gestionnaire exemplaire pour Borne, qui lui aura permis de décrocher voilà quinze mois un poste de préfète au plus proche des grands travaux de Vinci, en Poitou-Charentes… la voici désormais propulsée dir’cab de Royal, nouvelle ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Nul doute que ces deux-là s’entendent parfaitement sur ces questions ! Aurevoir et surtout, bon vent.

La préfète de Poitou-Charentes nommée directrice de cabinet de Ségolène Royal

La nomination d’Elisabeth Borne au ministère de l’Ecologie a été officialisée ce matin à l’issue du conseil des ministres. Elle suit donc la présidente du conseil régional à Paris.

La décision a été officialisée aujourd’hui à l’issue du conseil des ministres : Elisabeth Borne, préfète de la région Poitou-Charentes et préfète de la Vienne a été nommée directrice du cabinet de Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie à compter de ce jour.

Elisabeth Borne, 53 ans depuis la semaine dernière, était arrivée dans la région il y a à peine plus d’un an, en janvier 2013. Ingénieure générale des ponts, des eaux et des forêts, cette spécialiste des questions de transports avait auparavant été directrice de l’urbanisme de la Ville de Paris depuis près de cinq ans après avoir été quelques mois directrice des concessions chez Eiffage et directrice de la stratégie à la SNCF pendant cinq ans.

De manière plus politique, elle avait surtout été conseillère chargée de l’urbanisme, de l’équipement, du logement, des transports et de la ville, à Matignon, entre 1997 et 2002, au sein du cabinet du Premier ministre Lionel Jospin qu’elle avait déjà conseillé au ministère de l’Education nationale en 1991 avant de poursuivre avec Jack Lang jusqu’en 1993.

Depuis un an, on disait ses relations excellentes avec la présidente du conseil régional de Poitou-Charentes. Cela se confirme puisque Ségolène Royal l’a appelée à ses côtés au ministère.

Nouvelle République, 24 avril 2014