Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Grèce] Colère antifasciste après le meurtre du rappeur Killah P par des néonazis

NdPN : Rassemblement jeudi 19/09/13 à 19H à la place St Michel suite à l’assassinat de Pavlos Fyssas, militant antifasciste. Rassemblement aussi à Lyon, aujourd’hui jeudi 19 septembre à 18h30 Place de la Comédie (Opéra/Hôtel de Ville).

Grèce : le rappeur Killah P assassiné par des néonazis

Pavlos Fyssas, plus connu sous le nom de Killah P, un rappeur grec engagé dans le mouvement antifasciste, a été attaqué peu après minuit ce mercredi 18 septembre par un groupe d’une vingtaine de néonazis, alors qu’il se trouvait devant un café à Amfiali, un quartier populaire du Pirée : après un début de bagarre, Killah P et ses trois amis auraient réussi à échapper à leurs agresseurs, avant d’être bloqués par une voiture : le conducteur serait alors descendu et aurait poignardé le rappeur à trois reprises dans la poitrine. Killah P est décédé à l’hôpital des suites de ses blessures. Le meurtrier présumé, qui serait connu comme membre de l’Aube dorée, aurait été arrêté par la police.

Killah P avait participé à l’organisation de plusieurs concerts contre le fascisme, et été impliqué dans plusieurs activités sociales de son quartier. Dans la nuit, environ 200 antifascistes se sont rassemblés sur la scène du crime. De nombreuses manifestations de solidarité doivent avoir lieu toute la journée pour lui rendre hommage et dénoncer la violence de l’extrême droite, dont un appel à un rassemblement pour ce mercredi à 18h, à Keratsisi.

http://www.youtube.com/watch?v=qUVGzyrUmgA&feature=player_embedded

Vu sur La Horde, 18 septembre 2013

Grèce : les manifs antifascistes dégénèrent après le meurtre d’un rappeur par un néonazi

Le rappeur grec Pavlos Fyssas, connu sous le nom de scène Killah P, a été assassiné par un militant néonazi affilié à l’Aube Dorée, dans la nuit de mardi à mercredi à Athènes, devant un café d’un quartier populaire du Pirée. L’artiste, connu pour son engagement dans le mouvement antifasciste, est décédé dans la nuit à l’hôpital de Tzanio, des suites de ses blessures à l’arme blanche. L’annonce de sa mort a jeté la stupeur en Grèce.

Les manifs antifa prennent le pas sur celles des fonctionnaires

Alors qu’une partie du service public était en grève et défilait calmement ce mercredi dans plusieurs villes grecques pour protester contre la réforme de l’administration et l’austérité budgétaire qui touchent de plein fouet les fonctionnaires, des manifestations antifascistes se sont organisées en mémoire du rappeur.

Sur les lieux du drame à Athènes (5.000 personnes selon un photographe de l’AFP) mais aussi à Salonique (environ 6000 manifestants) et Patras, les manifs ont rapidement tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre. Une foule de vidéos témoignent de la violence des heurts.

http://www.youtube.com/watch?v=K8WZ9gcmAwQ&feature=player_Embedded

http://www.youtube.com/watch?v=IqKhAwEj15I&feature=player_Embedded

A Athènes, des renforts de police ont contenu tant bien que mal les débordements, selon l’agence de presse grecque ANA. A Salonique et Patras, la police a répliqué aux jets de pierres et de bouts de bois par des tirs de gaz lacrymogène.

Nikos Smyrnaios, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication (en France) s’inquiète sur son blog d’une « escalade possible » et relaie une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux depuis cette nuit, témoignant, selon son auteur, de l’infiltration de policiers en civil et militants d’extrême droite dans les cortèges.

http://www.youtube.com/watch?v=fH9CLuJNmtE&feature=player_Embedded

« Quinze à vingt fascistes »

Pour rappel, le site indépendant EnetEnglish rapportait ce mercredi qu’« un groupe de quinze à vingt fascistes, portant des T-shirts noirs, des bottes et pantalons militaires, déployés » dans la rue, aurait hélé le rappeur de 34 ans, qui se promenait alors avec sa petite amie et un autre couple.

L’agresseur présumé a été appréhendé peu après par la police, selon l’AFP. Après avoir sommé sa femme de jeter sa carte du parti, retrouvée peu après par la police, l’homme de 45 ans a reconnu appartenir au parti néonazi de l’Aube dorée (7% des suffrages aux dernières législatives) et avoir agi avec un motif politique.

Le parti fasciste, connu pour ses attaques racistes et dont plusieurs députés sont poursuivis pour violence, dément toute implication. Mais avoir démenti l’affiliation du meurtrier au mouvement, il a fini par la reconnaitre.

http://www.youtube.com/watch?v=fxPmDsY84k4&feature=player_Embedded

Dans un climat social extrêmement tendu, Petros Constantinou, leader du parti anticapitaliste Antarsya, dénonçait peu avant sur la radio Skai la passivité des agents de police présents non loin des lieux de l’altercation, passivité confirmée par un témoin de la scène, dont la version des faits a été relayée sur le site indépendant Okeanews.

Le rappeur grec Killah P (@ISakellariadis Via Twitter)

Aux apostrophes adressées au Premier ministre conservateur Antonis Samaras pour l’exhorter à condamner officiellement l’assassinat ont répondu les appels au calme du Président Carolos Papoulias :

« J’en appelle à un réveil social et institutionnel, à la volonté politique de lutter contre cette ignominie. Nous avons tous le devoir de ne pas laisser les portes ouvertes au fascisme. »

Daniel Cohn-Bendit réagit

Le chef du groupe des Verts au parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, réagissait peu avant ça à la mort du rappeur par voie de communiqué, et dénonce « la menace mortelle pour la démocratie grecque » qu’est devenue Aube dorée :

« Il faut que l’Union européenne comprenne, après l’assassinat commis par Aube dorée, qu’un changement radical de la politique européenne en Grèce est nécessaire. Face à une population désespérée, l’émergence d’un fascisme meurtrier menace non seulement la stabilité de la société grecque, mais aussi de l’UE. Ce meurtre abject ne fait que renforcer la décomposition sociale en Grèce. Il est temps que nous, Européens, nous nous réveillions avant qu’il ne soit trop tard. […]

Il faut que le gouvernement réagisse vigoureusement en arrêtant le coupable, et en étudiant sérieusement la possibilité d’interdire Aube dorée, écartant le risque de toute complaisance avec une organisation meurtrière. »

Vu sur Rue 89, 18 septembre 2013

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail… Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

[Turquie] Maintenant, chaque rue se nomme Ahmet, chaque rue se nomme Ali Ismail…  Maintenant, il est temps de se soulever et de lutter

Sous le soleil de juin, les émeutes qui ont commencé à Taksim se sont répandues partout et ont tourné à l’émeute en septembre à Ankara. Le vent de la résistance qui a soufflé pendant plusieurs jours dans Odtü et Tuzluçayır a été salué dans tous les coins de la région, proches et lointains. La résistance brille dans le ciel, agite les drapeaux de la rébellion, porte la passion de la révolte et transforme le vent en tempête, le mois de septembre se passe sous résistance. Salut à tous ceux qui résistent !

L’autorité et ses officiers de police ont tué six de nos frères. La douleur dans nos coeurs est si profonde. Mais ils ont aussi été une source de vie pour notre lutte. Maintenant les places, les rues résonnent du nom de Ahmet … Résister en son nom, Ahmet.

Ahmet Atakan était notre deuxième frère qui a été pris pour cible par la police et assassiné à Antakya. Il prenait part aux actions, tous les lundis en la mémoire d’Abdullah Cömert et les résistants de Taksim Gezi Park. Alors qu’il marchait à Armutlu, la police a attaqué et les affrontements ont commencé. Juste derrière les barricades, tout en résistant à la police, il est tombé, soudainement, après avoir été frappé à la tête par une des nombreuses cartouches de gaz lacrymogène.

La police meurtrière d’un état meurtrier a tué Ahmet. L’Etat qui avait déclaré : « il a été abattu par ses propres amis » après la mort d’Ali Ismail, dit maintenant que « Ahmet est tombé du toit, de lui-même ». Après l’assassinat de notre frère, l’Etat a voulu se justifier, voulu cacher cet assassinat. Mais l’Etat n’a pas pu la gérer. Tout comme nous sommes sortis dans les rues, après Ali Ismail, Ethem, Abdullah, Mehmet, Medeni ; cette fois nous sommes sortis pour Ahmet, des centaines de milliers de personnes. Nos frères ont été assassinés et notre rage a inondé les rues.

Medeni Yıldırım est l’une des dernières victimes de la nouvelle guerre de l’Etat assassin. Une période que l’Etat tente de construire au nom de la paix. Medeni est le neveu de Adnan Yıldırım qui a été assassiné par l’Etat en 1994, ce qui est une forte preuve que le génocide systématique dans la région se poursuit. Un soldat de l’État meurtrier a volé la vie de notre frère Medeni. Medeni était debout contre les « château-forts » de l’armée le 28 juin 2013 ; il se tenait comme la rage de Uğur, comme la rage de Ceylan qui ont été assassinés avec des mitrailleuses et des obus. Medeni était toujours sur le front. Avec sa rage croissante et sa résistance, il est toujours là, avec Uğur et Ceylan.

Ethem Sarısülük a été abattu par un policier, Ahmet Sahbaz, le 1er juin, dans Güvenpark à Ankara. Ethem était un ouvrier révolutionnaire. Alors qu’il étudiait dans une école industrielle, il a quitté sa deuxième année. Il a pris part à des manifestations pour l’éducation gratuite pendant ses études. La vie de Ethem a toujours été au centre de l’injustice. Il a toujours lutté contre l’injustice. Ainsi, il a résisté tout au long de sa vie et a perdu sa vie en résistant.

Abdullah Cömert a envoyé un texto seulement 8 heures avant sa mort, en disant : « En 3 jours, j’ai dormi seulement 5 heures. J’ai reçu d’innombrables jets de gaz lacrymogène. Echappé à la mort à trois reprises. Et savez-vous ce que les gens disent ? Allez-y, si vous êtes celui qui va sauver le pays ? Oui, même si nous ne pouvons pas la sauver, nous risquons de mourir en essayant. Je suis si fatigué, je tiens grâce aux boissons énergisantes et des analgésiques en 3 jours. Ma voix est rauque. Mais je suis toujours dans les rues, à six heures encore, seulement pour la révolution ». Abdullah a parlé de mourir pour une révolution dans son texte, et c’est devenu réalité. Il est mort en résistant.

Mehmet Ayvalıtaş, le 2 Juin à Ümraniye, a bloqué l’autoroute avec des dizaines de milliers de personnes. Le quartier de MayDay résistait avec Mehmet. Lors de l’attaque des forces de police, un taxi, a renversé Mehmet. Il a roulé sur Mehmet et s’enfuit. Mehmet n’avait que 19 ans, il était dans la rue, dans la lutte des opprimés contre les oppresseurs. Il pensait que personne ne peut opprimer l’autre et il était un résistant révolutionnaire pour cela. Il a été renversé et cela a renforcé la lutte des opprimés encore plus.

Alors que les nouvelles de la nécessité de trouver du sang AB, pour notre ami à l’Osmangazi Médical Faculty ayant été exposé à la violence de la police, a été répandu à travers les médias sociaux, Ali Ismail luttait pour sa vie. Le 3 juin, il a été battu par des fascistes avec la coopération de la police. Des blessures sur le corps et la tête, allant d’un hôpital à l’autre, il a reçu un certificat de bonne santé et est rentré chez lui. Plus tard, il a été de nouveau emmené à l’hôpital avec des symptômes d’hémorragie cérébrale et a été précipitamment opéré alors même que Ali Ismail luttait pour sa vie.

L’Etat, sa police fasciste, son hôpital et son médecin ont fait en sorte de le tuer d’une manière organisée. Ali Ismail, qui croyait résister dans les rues afin de gagner, a  perdu la vie. Il était la dernière victime de la résistance à Taksim. Ils sont devenus des symboles de la résistance, de la vie. L’Etat meurtrier et les mains ensanglantées du  gouvernement doivent savoir que notre lutte est en cours et va se poursuivre. Ethem, Abullah, Mehmet, Ismail Ali, Ahmets sont devenus des millions et résisteront !

L’autorité est en train de tuer nos frères dans ces conditions, la révolte est inévitable.

Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF), vendredi 13 septembre 2013.

Traduction par Relations internationales de la Fédération Anarchiste, dimanche 15 septembre 2013.

[DAL 86] Squat de Croutelle : Compte-rendu du TI du 06-09-13

Squat de Croutelle : Compte-rendu du TI du 06-09-13

Compte rendu tribunal : audience France domaines contre Famille D.L. en date du Vendredi 6 sept 2013 (pour les intimes « squat de Croutelle » qui donne sur l’autoroute)

France Domaines, le plaignant

  • c’est une occupation de personnes “sans droits et sans titres”*

  • quand l’huissier est venu, Mme D.L. a donné son nom

  • l’huissier sur place a constaté l’effraction, le barillet a disparu, ceci n’est pas contesté par Mme L. (deux photos** sont données à la présidente du tribunal)

  • France Domaine sollicite l’expulsion sur constat d’huissier : “cet immeuble doit être détruit, est insalubre”

  • “juge des référés saisi, jurisprudence rendue à Poitiers” : trouble de droit de jouissance, trouble illicite, il faut poser une mesure pour y mettre fin (occupation illégale*)

  • Atteinte aux droits fondamentaux sans accord du propriétaire, confère juin 2013-

  • La médiation proposée est refusée, il n’y a pas de solution, c’est un immeuble acquis

  • Question posée quant au délai octroyé pour le relogement ??? car n’est pas une maison d’habitation, ces enfants ne peuvent pas y vivre, insalubrité réelle et non contestable

  • Ce bâtiment ne peut pas être loué, ne peut pas être remis en état ; il a coûté 115000euros à l’achat et bien qu’une famille y vivait avant et l’a vendue, son emplacement géographique et les futurs travaux d’aménagement (LGV cité) ; les dégradations faites ne peuvent apporter de solution satisfaisante ;

  • France Domaines demande au tribunal de débouter Mme L. de ses demandes.

Maître Ménard, partie civile, Défendeur de D. L.

  • le juge des référés n’est pas compétent dans cette affaire

  • en ce qui concerne les Roms : cette maison d’habitation est un refuge ; est vacante depuis août 2011 et non vendue ; France Domaines dit « que les travaux d’aménagements obligerait à démolir » ; cette maison est totalement habitable ; pour ces familles c’est un refuge ; car ils ont été expulsé avant de leur terrain, où il y avait leurs caravanes ; il y a des enfants en bas âge (17)

  • il y a une médiation de sollicitée ; rappelons que c’est la Préfecture, Maître Ménard est choquée ! Cette même Préfecture qui en est rendue à son 4ème dossier d’expulsion et qui ne veut pas de médiation, et cette maison lui appartient ! Cela fait une procédure supplémentaire jusqu’où va-t-on aller ? (cite les non-sens des démarches de la Préfecture)

  • Concernant les délais de relogement : il faut octroyer les délais les plus longs possibles pour enfin trouver des solutions de relogement ; évidemment que ces familles ne vont pas rester indéfiniment ici, personne ne le conteste, cependant il n’y a aucune date de démolition de prévue !! Depuis deux ans que cette maison est acquise, il n’y a pas eu de travaux !!

Peut être que ceux-ci se feront dans deux, trois quatre ans, dix ans !….ces personnes ne causent donc aucun préjudice à France Domaines, car aucun travaux !! France Domaine n’a pas d’utilité pour cette maison actuellement !

  • Quelles solutions pour ces familles Rom ? Ils ont été expulsé du terrain où ils se trouvaient ; aucun organisme n’a été prévenu, ceci est contre la loi ; rappelons que des lois nationales et internationales existent mais à quoi cela sert-il car les lois en France ne sont jamais appliquées, donc a quoi cela sert-il de faire des lois en France ? Les Lois sont bafouées ; (cite Poitiers cet été en exemple)

  • ces gens sont dans un lieu où il n’y a personne ; ils ne causent aucun trouble suite à cette occupation il faut des délais pour reloger, poser ou appliquer des dispositifs ; ces gens sont insérés, les enfants scolarisés même si c’est difficile (explique par rapport au chemin et l’autoroute) ; ces gens vivent en France et à Poitiers depuis longtemps ;

  • on n’a pas attendu cette audience pour enclencher des choses ; toutes les associations sont présentes et travaillent depuis longtemps auprès de ces personnes (cite Rom-Europe) ; pensons à l’avenir de ces 17 enfants qui sont dans cette maison; des solutions peuvent être trouvées avec les acteurs locaux : redit : il faut des délais légaux plus longs, car sans rien, ils seront à la rue ; c’est une demande légitime vu l’état de la maison : c’est un habitat où vivait une famille et ce n’est pas insalubre, aucun élément de danger, bon état, sauf…une porte ! (constat d’huissier sur une photo prise on ne sait pas où mais sur une porte de la maison a l’intérieur et pas à l’extérieur) ; Où est le danger ?? il n’y a rien dans ce dossier, aucune pièces (** a part deux photos), rien, cette maison est en parfait état.

  • France Domaines dit : maison fracturée, serrure, barillet arraché, sur constat d’huissier : cette photo** ne veut rien dire ! Cette maison est ouverte depuis longtemps, cuisine aménagée vandalisée depuis deux ans, volée, maison vide, vidée, il n’y a jamais eu de problème à la squatter ! Où a été prise cette photo ??

  • Demande : de maintenir cette famille dans le max de délai légal

Nota bene : la présidente du tribunal connaît très bien ces situations de Rom ; elle est la première à Poitiers à avoir légiférer dans ce sens sur un autre dossier (Squat des Glières), c’est pourquoi Maître Ménard ne revient pas sur les différentes lois de droit national et international.

Vu sur DAL 86, 8 septembre 2013

[DAL 86] Une invitation concernant le logement et l’hébergement des migrant-e-s

Invitation du Dal86 17-09 18h30 MDS

Le 17 septembre prochain à 18h30 à la Maison De la Solidarité 22 rue du Pigeon Blanc à Poitiers,  Dal86 invite les personnes, associations, Collectifs, partis et orgas politiques, syndicats… à une réunion concernant le logement et l’hébergement des migrants. Il s’agit de faire le point mais aussi  d’élaborer ensemble les ripostes et actions que nous souhaiterions mettre en place collectivement.

Ordre du jour : – Les squats de l’Etape, des Glières et de Croutelle et leurs suites – L’expulsion de la Famille M. par la Croix Rouge – Le scandale de l’hébergement d’urgence – Le scandale du SIAO – Le scandale de l’OFII – Points divers

Vu sur DAL 86, 8 septembre 2013

[Syrie] Ni Assad ni islamistes, auto-organisation !

NdPN : un article de Joseph Daher, membre du Courant de la Gauche révolutionnaire en Syrie. Nous ne partageons pas avec lui certaines de ses analyses, mais les expériences d’auto-organisation qu’il évoque, à la fois contre le régime du boucher El-Assad et contre les islamistes, sont intéressantes. Salut aux révolutionnaires de Syrie !

Voir aussi cet article sur l’anarchiste Omar Aziz, sur le juralib, ou encore ce film : « Le chemin de la Liberté, paroles de révolutionnaires syriens ». La conclusion est particulièrement intéressante.

L’auto-organisation des luttes populaires en Syrie face au régime et aux groupes islamistes Oui, ça existe

– Présentation

Depuis plus de deux ans, la majorité des observateurs analysent le processus révolutionnaire syrien en termes géopolitiques, par en haut, en ignorant les dynamiques populaires d’en-bas, politiques et socio-économiques. Les menaces (verbales jusqu’à présent) d’interventions occidentales n’ont fait que renforcer cette vision d’une opposition entre deux camps : les Etats occidentaux et les monarchies du Golfe d’un côté, l’Iran, la Russie et le Hezbollah de l’autre.

Nous refusons de choisir entre ces deux camps, nous refusons cette logique du « moindre mal » qui ne mènera qu’à la défaite de la révolution syrienne et de ses objectifs : la démocratie, la justice sociale et le refus du confessionnalisme. Notre soutien va au peuple révolutionnaire en lutte pour sa libération et son émancipation. En effet, seul le peuple en lutte permettra non seulement la chute du régime mais également l’édification d’une société de démocratie, de justice sociale et de laïcité. Une société respectant et garantissant à chacun le droit de pratiquer sa religion et assurant l’égalité de tous et toutes sans discrimination aucune (religieuse, ethnique, de genre, etc…).

Seules les masses développant leur propre potentiel de mobilisation pourront réaliser le changement à travers leur action collective. C’est l’abc de la politique révolutionnaire. Mais cet abc, aujourd’hui, se heurte à un profond scepticisme de la part de nombreux milieux de gauche en Occident. On nous dit que nous prenons nos désirs pour des réalités, qu’il y a, peut-être, eu un début de révolution en Syrie il y a deux ans et demi, mais que les choses ont changé depuis. On nous dit que le djihadisme a pris le dessus dans l’opposition au régime, qu’il ne s’agit plus d’une révolution, mais d’une guerre et qu’il faut bien choisir son camp pour tracer une issue concrète…

Tout le « débat » à gauche est pollué par cette logique « campiste », qui s’accompagne souvent de théories du complot et qui brouille les démarcations fondamentales entre la gauche et la droite – et surtout l’extrême-droite. Quand un-e journaliste témoigne de ce qu’il ou elle a vu sur le terrain dans telle ou telle région sous contrôle des rebelles, et que ce témoignage bat en brèche les explications dominantes sur l’hégémonie djihadiste, il est nié. Parfois même certains insinuent que des récits de ce genre font partie des « médiamensonges », qu’ils visent à rendre l’opposition présentable pour justifier l’intervention impérialiste et qu’on ne peut donc pas y accorder le moindre crédit. Nous avons demandé à Joseph Daher, militant révolutionnaire syrien résidant actuellement en Suisse, de faire le point concrètement sur l’état des mouvements populaires dans son pays, en particulier sur l’auto-organisation des masses dans les régions libérées, la lutte contre le confessionnalisme et contre les islamistes. La conclusion qui en ressort est claire : oui, la révolution est toujours à l’œuvre en Syrie, et elle a besoin de notre solidarité.

LCR-Web

– L’auto-organisation des luttes populaires en Syrie face au régime et aux groupes islamistes ? Oui, ça existe !

Le mouvement populaire syrien s’est opposé depuis le début aux tentatives de divisions confessionnelles lancées par le régime d’abord, puis par des groupes islamistes réactionnaires ensuite.

– Comités populaires, élections, administrations civiles

Dès le début de la révolution, les principales formes d’organisation ont été des comités populaires au niveau des villages, quartiers, villes et régions. Ces comités populaires étaient le véritable fer de lance du mouvement mobilisant le peuple pour les manifestations. Par la suite, dans les régions libérées du joug du régime ils ont développé des formes d’autogestion basées sur l’organisation des masses. Des conseils populaires élus ont vu le jour pour gérer ces régions libérées, prouvant par là que c’est le régime qui provoque l’anarchie, et non le peuple.

Dans certaines régions libérées des forces armées du régime, des administrations civiles ont aussi été mises en place pour pallier l’absence de l’État et prendre en charge ses prérogatives dans de nombreux domaines, tels que les écoles, les hôpitaux, les routes, les services d’eau, d’électricité et de communications. Ces administrations civiles sont nommées à travers des élections et (ou par ?) consensus populaires et ont pour tâches principales la fourniture des services de la fonction publique, la sécurité et la paix civile.

Des élections locales libres dans les zones « libérées » ont eu lieu pour la première fois depuis 40 ans dans certaines régions, quartiers et villages. C’est le cas par exemple dans la ville de Deir Ezzor, fin février 2013, dans laquelle un votant Ahmad Mohammad déclarait que « nous voulons un Etat démocratique, pas un Etat islamique, nous voulons un Etat laïc géré par des civils et pas des mollahs ».

Ces conseils locaux reflètent le sens de la responsabilité et la capacité des citoyens à prendre des initiatives pour gérer leurs affaires en s’appuyant sur leurs cadres, expériences et énergies propres. Ils existent sous diverses formes, tant dans les zones encore sous domination du régime que dans celles qui s’en sont émancipées. Un autre exemple concret de cette dynamique d’auto-organisation est la réunion de fondation de la Coalition de la jeunesse révolutionnaire en Syrie, qui a eu lieu début juin à Alep. La réunion a rassemblé un large éventail de militant-es et de comités de coordination qui ont joué un rôle important sur le terrain depuis le déclenchement de la révolution en Syrie et qui venaient des différentes régions du pays et représentaient de larges secteurs de la société syrienne. La conférence a été présentée comme une étape clé pour représenter la jeunesse révolutionnaire de toutes les communautés.

Cela ne signifie qu’il n’y pas de limites parfois à ces conseils populaires, comme le manque de représentations des femmes, ou de certaines minorités. Il ne s’agit pas d’embellir la réalité mais de rétablir la vérité.

– L’exemple de Raqqa

Un exemple très marquant de l’auto-organisation des masses est la ville de Raqqa, seule capitale de province libérée des forces du régime (depuis mars 2013). Encore soumise aux bombardements du régime, Raqqa est complètement autonome et c’est la population locale qui gère tous les services à la collectivité. Un autre élément aussi important dans la dynamique populaire de la révolution est l’explosion de journaux indépendants produits par des organisations populaires. Le nombre de journaux est en effet passé de 3 avant la révolution, qui étaient dans les mains du régime, à plus d’une soixantaine rédigés par des groupes populaires.

A Raqqa, les organisations populaires sont le plus souvent menées par des jeunes. Elles se sont multipliées, au point que plus de 42 mouvements sociaux étaient officiellement enregistrés à la fin du mois de mai. Les comités populaires ont organisé diverses campagnes. Un exemple est la campagne « le drapeau révolutionnaire syrien me représente » : elle consiste à peindre le drapeau révolutionnaire dans les quartiers et les rues de la ville, pour s’opposer à la campagne des islamistes qui voulaient imposer le drapeau islamique noir. Sur le plan culturel, une pièce de théâtre se moquant du régime Assad a été jouée au centre la ville et, au début du mois de juin, les organisations populaires ont organisé une exposition d’art et d’artisanat local. Des centres ont été mis en place pour occuper les jeunes et traiter les troubles psychologiques causés par les conséquences de la guerre. Les examens du baccalauréat syrien de fin d’année, en juin et juillet, ont été entièrement pris en charge par des volontaires.

Ce genre d’expériences d’auto-organisation se retrouve dans de nombreuses régions libérées. Il est à noter que les femmes jouent un grand rôle dans ces mouvements et dans les manifestations en général. Par exemple le 18 juin 2013 dans la ville de Raqqa, une manifestation massive, menée par des femmes, a eu lieu devant le siège de Jabhat al-Nusra, groupe islamiste, dans laquelle les manifestant-es appellaient à la libération des prisonniers qui ont été incarcérés . Les manifestants ont scandé des slogans contre Jabhat al-Nusra, et ont dénoncé leurs actions. Les manifestant-es n’ont pas hésité à scander le premier slogan utilisé à Damas en février 2011 : « Le peuple syrien refuse d’être humilié ». Le groupe  » Haquna » ( qui signifie « notre droit »), où de nombreuses femmes sont présentes, ont également organisé de nombreux rassemblements contre les groupes islamistes dans Raqqa, scandant notamment « Raqqa est libre, dehors avec Jabhat al-Nusra ».

Dans la ville de Deiz Zor au mois de juin, une campagne avaiet été lancé par les militants locaux visant à encourager les citoyen-nes à participer aux processus de surveillance et de documentation des pratiques des conseils populaires locaux, y compris en les associant à faire valoir leurs droits et de promouvoir la culture des droits humains dans la société. Un accent particulier a été mis au cours de cette campagne sur l’idée du droit et de la justice pour tous et toutes.

– Contre les islamistes

Ce sont ces mêmes organisations populaires qui se sont le plus souvent opposées aux groupes islamistes armés. Ceux-ci veulent prendre par la force le contrôle des zones libérées alors qu’ils n’ont pas de racines dans le mouvement populaire, et qu’ils ne sont pas issus de la révolution.

La ville de Raqqa a par exemple vu une résistance continue et inébranlable contre les groupes islamistes. Depuis que la ville a été libérée des troupes de régime, en mars 2013, de nombreuses manifestations ont été organisées contre l’idéologie et les pratiques autoritaires des groupes islamistes. Il y a eu des rassemblements de solidarité avec des militants kidnappés pour exiger leur liberté des geôles des islamistes. Cette manifestation a permis la libération de certains militants, mais de nombreux autres restent emprisonnés jusqu’à aujourd’hui comme le célèbre Père Paolo et d’autres tel que le fils de l’intelectuel militant Yassin Hajj Saleh, Firas.

Des manifestations similaires des masses populaires contestant les pratiques autoritaires et réactionnaires des islamistes ont eu lieu à Alep, à May?d?n, Al-Quseir et d’autres villes comme Kafranbel. Ces combats se poursuivent aujourd’hui.

Dans le quartier de Bustan Qasr, à Alep, la population locale a manifesté à de nombreuses reprises pour dénoncer les actions du Conseil de la Charia d’Alep, qui regroupe plusieurs groupes islamistes. Le 23 août par exemple, les manifestants de Bustan Qasr, tout en condamnant le massacre à l’arme chimique commis par le régime contre la population de la Ghouta orientale, réclamaient également la libération du célèbre activiste Abu Maryam, une fois de plus emprisonné par le Conseil de la Charia d’Alep. Auparavant dans ce même quartier à la fin juin 2013, les manifestants avaient scandé « Va te faire foutre (Toz) le Conseil islamique », en raison des politiques répressives et autoritaires répétitives de ce dernier. Une explosion populaire s’était également exprimé lors de l’assassinat par des jihadistes étrangers appartenant au groupe de l’Etat islamique du Levant et d’Irak d’un jeune garçon de 14 ans, pour soi-disant blasphème alors qu’il avait fait une blague faisant référence au prophète Mohammad. Une manifestation a été organisée par le comité populaire de Bustan Qasr contre le Conseil islamique et les groupes islamistes, scandant : « Quelle honte, quelle honte, les révolutionnaires shabbiha sont devenus », ou bien ils faisaient références au Conseil Islamique en citant les services de sécurité du régime Assad, un allusion claire à leur pratique autoritaire.

Il y a des manifestations hebdomadaires le vendredi. Lors de celles du vendredi 2 août 2013, les comités de coordination locales (CCL), qui jouent un rôle important d’information de la révolution mais également d’aide, d’approvisionnement et de services aux populations et aux réfugiés, ont déclaré ceci dans leur communiqué : « dans un message unifié de la révolution au monde entier, nous confirmons que les enlèvements de militant-es et d’acteurs essentiels de la révolution, outre qu’ils servent l’intérêt de la tyrannie, nuisent à la liberté et à la dignité de la révolution ». Ce message s’adressait directement à ces groupes islamistes réactionnaires. Dans le même esprit, le 28 juillet 2013, les CCL écrivaient un communiqué avec pour titre : « La tyrannie est une, qu’elle s’exerce au nom de la religion ou au nom de la laïcité », renvoyant dos à dos les islamistes et le régime.

– Arabes et Kurdes unis

Dans le nord-est de la Syrie, habitée en majorité par la population kurde, les combats récents entre islamistes et milices kurdes du PYD lié au PKK ont été l’occasion d’initiatives populaires des militants et de la population locale. Ces initiatives populaires visaient à démontrer la fraternité des Kurdes et des Arabes dans cette région et à réaffirmer que la révolution populaire syrienne est pour tous et toutes, et qu’elle exclut le racisme et le sectarisme. Au moment de ces combats, dans la province de Raqqa, la ville de Tall Abyad a d’ailleurs vu la formation du bataillon Chirko Ayoubi , qui a rejoint la brigade du Front Kurde le 22 juillet 2013. Ce bataillon regroupe désormais des Arabes et Kurdes ensemble. Ils ont publié une déclaration commune dénonçant les exactions commises par les groupes islamistes et les tentatives de divisions du peuple syrien sur des bases ethniques et communautaires.

Dans la ville d’Alep, dans le quartier d’Achrafieh – habité principalement par des Kurdes – une manifestation a été organisée le 1er aout 2013 rassemblant plusieurs centaines de personnes en faveur de la fraternité entre Arabes et Kurdes, pour condamner des actes commis par des groupes extrémistes islamistes contre la population kurde. Dans la ville de Tell Abyad, qui a été soumise à d’intenses combats, les militants ont tenté de lancer plusieurs initiatives visant à mettre fin au conflit militaire entre les deux groupes, à arrêter (l’expulsion ?) le départ de force des civils, à mettre en place un comité populaire pour gouverner et gérer la ville sur une base quotidienne, et à promouvoir des initiatives et des actions conjointes entre les populations arabes et kurdes, afin de parvenir à un consensus par des moyens pacifiques. Les efforts continuent aujourd’hui malgré la continuité des combats entres islamistes et milices kurdes. Dans la ville de Amouda, une trentaine de militants se sont réunis le 5 août 2013 avec des drapeaux kurdes et des drapeaux révolutionnaires syriens derrière une pancarte disant « Je t’aime Homs », pour montrer leur solidarité avec cette ville assiégée par l’armée du régime. Dernièrement encore, dans la ville de Qamichli, où vivent des populations arabes (musulmanes et chrétiennes), kurdes et assyriennes, des militants locaux ont lancé de nombreux projets pour garantir la coexistence et la gestion de certains quartiers par des comités conjoints. Dans cette même ville, la branche de l’Union des étudiants libres kurdes a lancé une petite campagne Internet appelant à la liberté, la paix et la fraternité, la tolérance et l’égalité pour l’avenir de la Syrie. Dans sa très grande majorité, le mouvement populaire syrien n’a cessé de répéter son refus du confessionnalisme, malgré les tentatives du régime et des groupes islamistes pour allumer ce feu dangereux. Les slogans des manifestant-es tels que « Nous sommes tous des Syriens, nous sommes unis » et « Non au confessionnalisme » sont répétés en permanence jusqu’à aujourd’hui.

Il convient de comprendre le rôle crucial joué par les comités populaires et les organisations dans la poursuite du processus révolutionnaire, car ce sont les acteurs essentiels qui permettent au mouvement populaire de résister. Il ne s’agit pas de diminuer le rôle joué par la résistance armée, mais cette dernière dépend du mouvement populaire pour continuer le combat. Sans celui-ci, nous n’aurions aucune chance.

– « Plutôt la mort que l’humiliation »

Une manifestation très claire de la dynamique populaire de la révolution est l’explosion de journaux produits par des organisations populaires. Le nombre de journaux est en effet passé de trois avant la révolution – tous trois étaient des journaux du régime – à plus d’une soixantaine rédigés par des groupes populaires. En conclusion, la révolution syrienne est toujours là, elle continue et ne s’arrêtera pas. Malgré la guerre sans merci du régime contre le mouvement populaire et ses massacres répétés contre la population civile. Et malgré les menaces internes des groupes islamistes réactionnaires. Quoique minoritaires, ces groupes sont dangereux, ils sont également des ennemis de la révolution par leur opposition aux objectifs du soulèvement pour la démocratie et la justice sociale, leur idéologie confessionnelle et leurs pratiques autoritaires.

Comme les manifestant-es continuent à le chanter lors des multiples protestations : « le peuple syrien ne sera pas humilié » et « la mort plutôt que l’humiliation ». Le mouvement populaire continuera son combat jusqu’à la victoire des objectifs de la révolution.

Vive les révolutions populaires !

Pouvoir et richesse pour le peuple !

Joseph Daher

Vu sur Indymedia Nantes, samedi 7 septembre 2013