Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Grèce] Des grévistes lancent leur propre journal autogéré

Nous publions, sous forme de tribune, la « Tribune Libre » de Moissis Litsis, dirigeant du mouvement greviste des 800 travailleurs et travailleuses du grand quotidien grec Eleftherotypia (Liberté de la presse). Cet article a été publié le 15 février, dans sa version française, sur le site Europe Solidaire Sans Frontières (ESSF), qui nous a autorisé à la reproduire.

Ça y est ! C’est fait ! Les travailleurs d’Eleftherotypia, un des plus grands et plus prestigieux quotidiens grecs, vont de l’avant dans la grande entreprise de l’édition de leur propre journal, « Les Travailleurs à Eleftherotypia » !

Depuis le mercredi 15 février, les kiosques dans tout le pays affichent à côté des journaux habituels un journal de plus, écrit par ses propres salariés. Un journal qui ne cherche pas seulement à mettre en évidence la lutte des travailleurs de Eleftherotypia, mais qui veut aussi être un journal d’information complète, spécialement en cette période si critique pour la Grèce.

Les 800 travailleurs et travailleuses à l’entreprise X. K. Tegopoulos, qui édite le journal Eleftherotypia, des journalistes aux techniciens, des nettoyeuses aux employés et aux concierges, sont en grève reconductible depuis le 22 décembre 2011 puisque le patron ne leur verse plus leurs salaires depuis août passé !

Les travailleurs de Eleftherotypia, voyant que le patron demande l’application de l’article 99 du code des mises en faillite, en vue de se protéger de ses créanciers, en réalité ses salariés auxquels il doit un total d’environ 7 millions d’euros en salaires impayés (!), ont décidé parallèlement aux mobilisations et aux actions en justice de faire paraître leur propre journal. Un journal distribué par les agences de la presse dans tout le pays, pour le prix de 1 euro (contre le 1,30 euro qui est le prix habituel des autres journaux), avec comme objectif de soutenir la caisse de grève.

Etant impayés depuis sept mois, les travailleurs et travailleuses de Eleftherotypia sont soutenus par un mouvement de solidarité des diverses collectivités ou même des citoyens isolés qui font des dons en argent ou en espèces (nourriture, couvertures, etc). Avec l’édition de leur propre journal et l’argent de sa vente, ils pourront soutenir financièrement leur grève sans qu’il y ait la moindre médiation de personne : En somme, ils avancent dans une sorte d’autogestion.

Le journal a été confectionné dans un atelier ami, dans une ambiance qui rappelait l’édition d’un journal clandestin, puisque la direction, dès qu’elle a appris que les journalistes vont de l’avant dans leur entreprise d’édition, a coupé d’abord le chauffage, ensuite le système employé par les rédacteurs pour écrire leurs articles et enfin, elle a fermé l’atelier lui-même, bien que pour l’instant l’accès aux bureaux du journal reste libre. Eleftherotypia des Travailleurs a été imprimé dans une imprimerie étrangère à l’entreprise avec l’appui des syndicats des salariés de la presse, parce que les travailleurs de sa propre imprimerie hésitaient à occuper leur lieu de travail.

La direction qui a peur de l’impact de l’édition autogestionnaire du journal, menace de recourir à des actions en justice, elle intimide en menaçant de licencier les membres du comité de rédaction qui ont été élus tout a fait démocratiquement par l’assemblée générale des grévistes. Cependant, le public grec, et pas seulement les lecteurs de Eleftherotypia, attendait avec grand intérêt sa parution – on a été submergé par les messages encourageant les journalistes à éditer seuls le journal – puisque la dictature des marchés est couplée de la dictature des médias qui rendent opaque la réalité grecque. S’il n’y avait pas le climat consensuel cultivé par la plupart des médias en 2010, avec l’argument qu’il n’y avait pas d’alternative quand le gouvernement Papandreou signait le premier Mémorandum dont l’échec patent est reconnu maintenant par tout le monde, on aurait peut être vu le peuple grec se révolter plus tôt pour renverser une politique catastrophique pour toute l’Europe.

Le cas d’Eleftherotypia n’est pas unique. Des dizaines d’entreprises du secteur privé ont cessé depuis longtemps de payer leurs salariés, et leurs actionnaires les ont virtuellement abandonnées en attendant des jours meilleurs… Dans la presse, la situation est même pire. A cause de la crise, les banques ne prêtent plus aux entreprises tandis que les patrons ne veulent pas payer de leur poche, préférant avoir recours à l’article 99 –il y au moins 100 sociétés cotées en bourse qui l’ont déjà fait- afin de gagner du temps en vue de l’éventuelle faillite grecque et de sa probable sortie de la zone euro.

Elefthrotypia a été créée en 1975 comme un « journal de ses rédacteurs » dans la période de radicalisation qui a suivi la chute de la dictature en 1974. Aujourd’hui, dans une époque marquée par la nouvelle « dictature des créanciers » internationaux, les travailleurs et les travailleuses d’Eleftherotypia ont l’ambition de devenir l’exemple lumineux d’une information totalement différente, en résistant à la « terreur » tant du patronat que des barons des médias, qui ne voudraient absolument pas voir les travailleurs prendre en main le sort de l’information.

Moissis Litsis

Moisis Litsis est rédacteur économique, membre du Comité de Rédaction d’ « Eleftherotypia des Travailleurs », membre suppléant du Conseil d’Administration du syndicat grec des Journalistes (ESHEA).

Acrimed, Moissis Litsis, 18 février 2012

[Dakar] Nouvelle manifestation, nouvelle répression

Manifestation interdite au Sénégal: une dizaine de blessés dans des violences à Dakar

Une dizaine de personnes dont un policier ont été blessées vendredi dans des violences qui ont éclaté à Dakar lors de la dispersion de groupes de jeunes opposants qui tentaient de participer à une manifestation interdite contre un nouveau mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade.

La police arrête Kilifeu (c) l'un des membres du membre du célèbre mouvement citoyen "Y'en a Marre" le 16 février à Dakar

La police arrête Kilifeu (c) l’un des membres du membre du célèbre mouvement citoyen « Y’en a Marre » le 16 février à Dakar

Pour la quatrième journée consécutive, l’opposition avait appelé à manifester « massivement » dans le centre de Dakar contre la candidature à la présidentielle du 26 février de M. Wade, 85 ans et au pouvoir depuis 2000, candidature qu’elle juge anticonstitutionnelle.

Tous les accès à la place de l’Indépendance où devait avoir lieu le rassemblement avaient été bloqués et l’esplanade était désertée, à l’exception de policiers à pied ou à bord de véhicules, dont des pick-up, un blindé et un camion anti-émeute.

Très vite, dans les rues et avenues adjacentes, de petits groupes de jeunes, au départ des dizaines, puis des centaines, ont affronté à coups de pierre les forces de sécurité qui ont riposté avec des balles en caoutchouc, des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Des jeunes ont mis le feu à des barricades de pneus, poubelles et détritus avant d’être dispersés par les policiers.

Une foule entourant le chanteur et opposant Youssou Ndour a été prise à partie par des policiers. A un moment, son véhicule, entouré par la foule, s’est arrêté près d’un pick-up de policiers et le chanteur a fait mine de descendre. « Dégagez moi ça, dégagez moi ça! », a crié un policier.

Des grenades lacrymogènes ont alors été tirées par la police sur la foule qui a riposté avec des pierres. Un policier a été touché à l’arrière la tête.

Pendant ces incidents, un journaliste de l’AFP a vu un autre policier sortir son pistolet de service et ouvrir le feu. Il a ensuite récupéré une douille de 9 mm au sol ainsi qu’une balle non percutée.

La tension semblait retomber quand une Grenade lacrymogène a été lancée dans une mosquée du quartier du Plateau (centre-ville), proche du marché Sandaga, provoquant la colère de centaines de fidèles, de jeunes et de badauds qui se trouvaient à proximité.

De 200 à 300 personnes excédées criaient « Allahou akhbar (Dieu est grand) » ou encore, à l’adresse des policiers: « Vous dépassez les bornes ».

Plusieurs centaines de fidèles ont entamé un sit-in devant la mosquée où s’est produit l’incident.

Parallèlement, des affrontements opposaient des manifestants qui lançaient des pierres aux policiers ripostant avec des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes et un canon à eau.

Des hommes en civil armés de fusils à pompe circulaient à bord de véhicules 4X4 noirs banalisés pour pourchasser les manifestants, a constaté un journaliste de l’AFP. Certains avaient le visage couvert d’une cagoule noire.

Ces violences ont fait, outre le policier, une dizaine de blessés parmi lesquels deux Occidentaux, dont un reporte-photographe, légèrement touché au Bras, selon des Journalistes de l’AFP. Une journaliste du quotidien privé L’Observateur, Sophie Barro, a également été blessée, selon son témoignage à l’AFP et Reporters sans frontières (RSF).

Un journaliste de l’AFP a vu en début de soirée deux personnes blessées et inconscientes évacuées sur des civières. Des ambulances circulaient sirènes hurlantes dans le quartier de la mosquée.

Trois candidats à la présidentielle membres du Mouvement du 23 juin (M23, opposition et société civile) qui avait appelé à manifester, ont tenté de se rendre Place de l’Indépendance, mais ont été refoulés: l’ex-ministre des Affaires étrangères Ibrahima Fall, le maire Cheikh Bamba Dièye et l’ex-Premier ministre Idrissa Seck. M. Dièye a été brièvement interpellé par les policiers.

Comme pour toutes ses autres manifestations, le M23 a assuré avoir fait toutes les démarches « en bonne et due forme ». Les manifestations dans le quartier administratif et des affaires du Plateau à Dakar, où sont situés la Place de l’Indépendance et le Palais présidentiel, sont interdites depuis juillet.

Abdoulaye Wade brigue un troisième mandat à la présidentielle face à 13 candidats d’opposition. Le M23 estime que M. Wade a épuisé ses deux mandats légaux et juge illégale sa nouvelle candidature, validée et confirmée fin janvier par le Conseil constitutionnel.

Quatre personnes ont été tuées en cinq jours dans les manifestations de mécontentement qui ont suivi la décision du Conseil constitutionnel.

AFP, 17 février 2012

[Grèce] Répression

Détention préventive pour les manifestants du 12 février

Le 16 février 2012, quelques jours seulement après les manifestations sans précédent contre le second mémorandum et les émeutes importantes à Athènes et dans d’autres villes grecques, les “enquêteurs” sous les ordres de leurs supérieurs politiques – qui sont manifestement en panique – ont diffusé des photographies et des détails sur des manifestants (quatre natifs et un immigré) qui faisaient partie des arrêtés du 12 février à Athènes. Par ailleurs les flics ont demandé une fois encore à d’autres citoyens de devenir des balances bien disposées.

L’État a aussi fait circuler des photos des rues (clichés de la manifestation à Athènes), demandant à des rats potentiels de fournir des témoignages anonymes sur des “suspects coupables”. Les photos ont été publiées au départ sur le site officiel de la police grecque, puis reprises sur différents blogs affiliés à la police, tout comme dans la plupart des entreprises de merde de média de la déception – le site de la police grecque était en panne plus tôt, à cause paraît-il d’une autre action en ligne des Anonymous.

Les têtes des protestataires sont exposées publiquement avant le procès. En d’autres mots, et selon la loi terroriste étendue, ils sont jugés coupables dès le début. Peu après la diffusion de ces photos, de nouveaux chefs d’inculpation ont été ajoutés pour quatre d’entre-eux, ainsi la mise en examen est unifiée, et le juge “impartial” et le procureur ont ordonné leur détention préventive.

Ceci ne nous surprend pas. C’est une autre mesure exemplaire de ce système, une tentative de tous nous terroriser, une manifestation flagrante de force des autorités politiques-policières-judiciaires-médiatiques, dans le contexte de la Junte Grecque Moderne. Nos camarades sont détenus sans se préoccuper de “preuves flagrantes” car ils ont prouvé leur dignité et pris la rue contre les mesures esclavagistes. Notre rage est au-delà du contrôle de l’État. Nos camarades ne seront pas laissés seuls. Un gouvernement manquant complètement de légitimité sociale ou même “constitutionnelle”, menace de tous nous écraser. Mais le consensus social s’est effondré. Nous sommes en guerre.

Liberté immédiate pour tous les arrêtés et acquittement de tous ceux poursuivis après les protestations nationales! Aucune tolérance pour les assassins en uniforme et les mercenaires de l’État!

Attaque incendiaire pour toutes les cibles relatives à la Grèce (ambassades, consulats, etc.) et pour tous les mausolées du Capital. Soutenez-nous maintenant! Agissez maintenant!

LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME !

Vu sur Contra Info, 17 février 2012

 

[Chroniques grecques] N° 9 : L’ombre du régime fasciste

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1329490152.png« Qvec 400€, tu ne vis pas, tu te soulèves… »

Depuis la nuit insurrectionnelle du 12 février à Athènes, la parole et l’action se libèrent à toutes les échelles : on ne compte plus les textes et témoignages, à Athènes surtout mais également des autres villes, de prises de positions par des syndicalistes « classiques » et autres « citoyens » en faveur et hommage aux combattants anarchistes révolutionnaires qui prennent une influence considérable dans la complicité populaire. Des textes parfois très courts, d’un seul paragraphe, comme celui-ci :

Une personne merveilleuse … elle  te tient la main, elle t’aide, elle te parle pour ne pas que tu aies peur, elle chante, elle crie ; pendant que les gaz lacrymo tombent autour de toi, elle te soulève quand tu tombes, elle te guide quand tu es aveuglé ; elle recule et elle se regroupe, et encore une fois elle crie, elle chante jusqu’à tard le soir où l’attaque s’est faite de tous les moyens… une personne merveilleuse.

Ou bien des textes et témoignages de prises de position plus conséquents tels que ceux-ci :

http://www.wikistrike.com/article-temoignage-la-verite-sur-la-nuit-de-violence-du-12-fevrier-en-grece-99337552.html

ou encore http://fr.contrainfo.espiv.net/2012/02/16/grece-pour-etendre-la-revolte/, et bien d’autres encore.

Mais cela va dans les deux sens de la guerre sociale, et autant d’articles prennent violemment position contre les « casseurs envoyés et téléguidés par le gouvernement et la police », délires staliniens qui se partagent également dans l’inconscient populaire, mais, il nous semble, à bien moindre échelle et d’une bien moindre portée. Toutefois, la guerre contre les ennemis staliniens va s’intensifier.

Les combattants de Grèce sont également très attentifs aux mouvements et actions de solidarité par-delà l’Europe avec la révolte grecque, à Madrid, Lisbonne, Bruxelles, Francfort, Lyon, Paris, Copenhague, etc.

L’heure est à l’internationalisme actif dans la guerre de classes, et au renforcement de cette « Internationale Invisible des combattants sans chefs » par-delà et contre les frontières (cela va de nouveau faire cogiter un peu le délire d’Etat sur une prétendue organisation internationale figée). Plusieurs appels et communiqués importants circulent déjà dans cette perspective ouverte dont voici un des plus influents : http://www.humanite.fr/monde/lappel-de-mikis-theodorakis-les-banques-rameneront-le-fascisme-en-europe-483044.

Sur la situation en Grèce même, quasiment toutes les occupations dont les plus cruciales tiennent toujours, et de nouvelles éclosent chaque jour, tandis que les actions directes incendiaires contre les banques reprennent dans plusieurs villes (Contra Info fait de bons rapports réguliers et détaillés sur la question).

Cependant, l’Etat contre-attaque.

Des condamnations éclair ont déjà été prononcées contre des dizaines de camarades. Mercredi 15 février au soir, d’après un article sur Indy Athens, une dizaines d’escadrons de MAT appuyés par une colonne de voltigeurs Delta ont attaqué directement au cœur d’Exarchia provoquant quelques affrontements avant qu’ils évacuent la position. Stratégie de la terreur.

Si d’innombrables « petites » manifs de quartiers et locales sont quotidiennes avec des actions directes désormais systématiques, il n’y a plus d’appel de grande envergure. Nous traversons une période difficile, pleine de pièges et de fausses annonces. Ainsi, les syndicats ont appelé à manifester à Syntagma pour dimanche matin, mais tous les combattants savent bien qu’ils vont se retrouver à 200, que cela va durer une demie-heure avec surtout la fonction de contrôler et arrêter tout « élément casseur ou anarchiste suspect ».

Par ailleurs, de sévères mesures et décrets à effet immédiat limitant le droit de manifester au centre-ville d’Athènes commencent à émerger. D’où à nouveau, de nouvelles perspectives révolutionnaires, certainement moins spectaculaires que le soir du 12 février, mais qui s’intensifient, à l’échelle locale des quartiers. Ce que l’Etat ne peut que très difficilement contenir, de même pour les staliniens. La lutte continue donc, c’est une évidence, et ne s’est aucunement interrompue depuis le 12 février, mais plus profonde, plus directe, plus généralisée dans les quartiers.

Simultanément, la Troïka annonce que ce plan de rigueur « enfin adopté », cela ne suffira finalement pas et commence à admettre officiellement l’exclusion économique et politique de la Grèce de la zone euro, abandonnée aux forces spéciales de contre-insurrection et à un régime qui se durcit. Ainsi, le PASOK (PS), le ministre de l’économie et des finances grec, et quelques membres du LAOS (parti néonazi) commencent à soutenir la nécessité de maintenir le pouvoir en place jusqu’à 2013 et d’annuler les promesses d’élections pour avril (également sous la pression des ministres des finances européens). Confusion qui va de pair avec l’évidence du chaos de mars en Grèce, avec la mise en faillite, la mise sous tutelle colonialiste par l’Allemagne et l’exclusion de l’UE.

Par ailleurs, quelques annonces sciemment confuses mais toutefois inquiétantes commencent à éclore quant à une éventuelle participation active des forces maritimes, aériennes et terrestres de l’armée grecque dans la très prochaine guerre contre l’Iran par les USA et Israël. Les ombres de la guerre impérialiste et du fascisme comme garantes de l’unité nationale bourgeoise se précisent.

Voici le détaillé du dernier décret sur un article d’Indy Athens :

changer la loi pour organiser des manifestations dans le plan de centre-ville, selon les rapports, le gouvernement à la suite de ce qui a été dit lors de la réunion largement lieu ce soir à la Maison-Blanche Maximos dans le Premier ministre sur les actes de vandalisme récent.

– Toute personne qui veut protester aujourd’hui dans le centre-ville devrait demander la permission écrite de la police et les autorités municipales, cinq jours avant de procéder à la démonstration.

– N’importe qui peut remplir la commande et la sauvegarde de la manifestation organisée à travailler avec la police et celui de chercher, avec une compensation, d’autres mesures de sauvegarde. Sinon, pour tout dommage aux biens publics et privés assume l’entière responsabilité d’indemnisation. Si l’organisateur a demandé des mesures supplémentaires de sauvegarde et pertes a eu lieu, la responsabilité pour les dommages subis par la police.

– Tous les protestations autres que ceux détenus par les grèves dans tout le pays GSEE et l’ADEDY, le chemin de la Journée de l’Université et doit nécessairement occuper une voie. Sinon, les chemins d’accès dans le centre commercial d’Athènes n’est pas autorisé.

Situation difficile.

***

Communiqué et prise de position de l’Union Syndicale Solidaires

Pour conclure, quelques nouvelles vidéos saisissantes de la nuit insurrectionnelle du 12 février à Athènes :

> Les porcs ramassent. ACAB

> Combattants et masse populaire qui chargent les lignes ennemies

> Combattants à l’avant, qui attaquent la flicaille, la masse populaire en soutien qui charge

> Zone de front, les combattants des premières lignes

> Combattants, peuple et barricades enflammées

Jeudi 16 février 2012.

Vu sur le Jura Libertaire, 17 février 2012

[Vietnam] Grogne paysanne contre les expropriations

Vietnam: la tension monte autour des expropriations de terres

Les expropriations de terres sont sources de tensions depuis des décennies au Vietnam, mais la température est brusquement montée d’un cran depuis qu’un paysan s’est barricadé dans sa maison, avec mines et arme à feu, pour tenir tête aux forces de l’ordre.

Les ruines de la ferme du pisciculteur Doan Van Vuon, dans le distrcit de Tien Lang au Vietnam, le 10 février 2012

Doan Van Vuon et sa famille ont blessé quatre policiers et deux soldats dans des affrontements en janvier, depuis lesquels il est détenu avec trois autres personnes.

Mais ce rarissime acte de rébellion lui a apporté le soutien qu’il espérait le moins: l’autoritaire Premier ministre du régime communiste.

La semaine dernière, Nguyen Tan Dung a en effet promis des sanctions contre des responsables locaux corrompus, jugeant « illégale » l’éviction forcée du pisciculteur et la Destruction de sa maison.

La preuve, selon les experts, que le pouvoir redoute le caractère explosif du dossier, dont on trouve des avatars dans toutes les provinces du pays et derrière lequel fleurit la corruption et l’abus de pouvoir.

Le régime a entamé à la fin des années 80 une difficile transition vers l’économie de marché. Et depuis 1993, les Vietnamiens ont le droit d’acquérir pour vingt ans un « droit d’usage de la terre », qui demeure de facto propriété de l’Etat.

Des millions de paysans sont depuis, comme Vuon, à la merci des responsables locaux, qui peuvent récupérer des terrains au nom du très vague « intérêt public », puissant terreau pour la distribution d’enveloppes bien remplies.

Le dossier du pisciculteur de Haiphong Nord) constitue le « paradigme de tout ce qui ne va pas avec le système foncier » vietnamien, estime David Brown, diplomate américain à la retraite et spécialiste de la région.

Plus de 70% des plaintes déposées contre les pouvoirs locaux dans le pays sont liés à des litiges fonciers, et la crise ne peut qu’empirer en 2013, lorsque des millions de baux vont arriver à terme.

« Ce dossier est fondamentalement une question de survie pour le régime », ajoute-t-il.

Ni un amendement constitutionnel qui légaliserait la propriété privée de la terre, ni une refonte profonde du droit foncier ne sont envisageables à court terme, relève de son côté Carl Thayer, expert du Vietnam à l’université de New South Wales en Australie.

« Il s’agit là d’un dossier explosif qui peut diviser le pays. On n’imagine pas beaucoup de gens prendre les armes mais il y a eu des incidents violents, des bureaux de districts brûlés, des gens qui se déplacent en groupe à Hanoï ».

En 1997, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans la province de Thai Binh Nord) après un scandale foncier. Des commissariats de police avaient été attaqués et des bâtiments publics incendiés. Un souvenir « qui pèsera dans l’esprit de tout le monde », assure le chercheur.

Ces dernières années, de nombreuses manifestations ont été organisées dans les grandes villes du pays sur des dossiers similaires. En 2007, ils étaient des milliers à Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud) à dénoncer la saisie de terres pour faire place à un centre commercial.

Nguyen Tan Dung a admis vendredi que la législation était « vague, parfois même contradictoire ». Il a demandé à la justice d’accorder des circonstances atténuantes à Vuon qui, selon des sources officielles locales, récupérera son terrain.

En attendant, deux fonctionnaires locaux ont été démis de leurs fonctions mais les villageois sont en colère. « Les autorités avaient tort mais c’est la famille de Vuon qui est accusée, » relève une paysanne de 50 ans résumant, sous couvert de l’anonymat, l’opinion générale.

Un voisin espère que la cour saura être magnanime. »Vuon n’avait rien à perdre. Et vraiment, nous sommes tous dans la même situation. Pourquoi l’ont-ils traité comme ça ? ».

AFP, 17 février 2012

[Syrie] La répression s’intensifie, manifs prévues aujourd’hui

Syrie: le régime impitoyable envers Homs malgré le vote à l’ONU

Le régime syrien s’acharnait vendredi contre la ville rebelle de Homs, cible des bombardements les plus violents depuis deux semaines selon des militants, faisant fi d’un vote à l’Assemblée générale de l’ONU condamnant la répression.

Capture d'écran de YouTube montrant des bombardements sur le quartier résidentiel de Baba Amr à Homs, dans le centre de la Syrie, le 17 février 2012

Capture d’écran de YouTube montrant des bombardements sur le quartier résidentiel de Baba Amr à Homs, dans le centre de la Syrie, le 17 février 2012

Dans le même temps, les militants pro-démocratie s’apprêtaient à manifester, évoquant une « nouvelle étape » dans leurs actions face à la répression de la révolte qui a fauché la vie à plus de 6.000 personnes depuis mars 2011.

« C’est incroyable, c’est d’une violence extrême, on n’a jamais connu ça. C’est en moyenne quatre roquettes tirées par minute », a affirmé à l’AFP Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne à Homs.

Ce pilonnage sans précédent intervient au lendemain de l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU à une écrasante majorité, malgré l’opposition de Moscou et Pékin, d’une résolution dénonçant la répression en Syrie et soutenant un plan arabe appelant au départ du président Bachar al-Assad.

« Le vote envoie un message clair et sans équivoque de la communauté internationale à la Syrie, (appelant) à mettre immédiatement un terme aux attaques brutales contre des innocents », a commenté Amnesty International.

Mais le régime reste implacable: en plus du bombardement incessant de Homs, l’armée a pris d’assaut d’autres villes rebelles et arrêté jeudi à Damas d’éminents militants, comme le journaliste Mazen Darwich et la blogueuse Razan Ghazzawi.

Les combats entre l’armée régulière et les déserteurs de l’Armée syrienne libre (ASL) ne connaissent pas non plus de répit et un soldat est mort vendredi à Deir Ezzor (est). Un civil a par ailleurs été abattu à un barrage dans cette province.

Plus de 40 personnes avaient péri jeudi dans les violences, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a évoqué le « massacre » de 19 personnes, dont 11 membres d’une famille élargie, lors d’un assaut des forces de sécurité dans la province d’Idleb (nord-ouest).

Les opposants, eux, ont promis une nouvelle mobilisation face à un régime obstiné à étouffer la contestation, et en solidarité avec Homs, « ville en détresse ».

« Nous ne resterons pas les Bras croisés face aux attaques des gangs de la sécurité et des +chabbiha+ (milices civiles du régime). Dès aujourd’hui, nous allons leur rendre la pareille », ont-ils écrit sur leur page Facebook « Syrian Revolution 2011.

Une centaine de personnes ont participé à une manifestation inédite près de l’ambassade d’Iran à Damas, promettant de « se venger » du président Assad, dont Téhéran est un important allié, selon une vidéo diffusée par des militants.

« Il y a des milliers de gens à Homs isolés du monde entier, c’est un crime de guerre », a affirmé Hadi Abdallah, alors que Homs connaît une crise humanitaire. Plusieurs quartiers manquent de vivres et peinent à communiquer avec Le Monde extérieur en raison des coupures des communications et d’internet.

La résolution de l’Assemblée générale exige du gouvernement syrien qu’il mette fin à ses attaques contre sa population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie.

Mais ce texte a une portée essentiellement symbolique, l’Assemblée étant un organe consultatif sans droit de veto, contrairement au Conseil de sécurité où les résolution condamnant Damas ont été bloquées par Moscou et Pékin.

Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, qui s’est déjà déclaré opposé à un « changement de régime amené par la force », effectue vendredi une visite en Syrie.

Le Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf est également attendu en Syrie, où il doit remettre un message au président pour l’inciter à « collaborer avec la Ligue arabe ».

Les Européens, de leur côté, connaissent des divergences et l’UE pourrait de fait revoir ses ambitions de durcir les sanctions contre le régime syrien, selon des sources diplomatiques.

Jeudi, les opposants syriens ont rejeté en bloc un projet de nouvelle Constitution proposé par le régime, et appelé à boycotter le référendum prévu le 26 février.

Le texte ouvre la voie au multipartisme en mettant fin à la primauté du parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans, mais cette revendication est dépassée pour l’opposition qui réclame avant toute chose le départ de M. Assad.

Damas « doit d’abord arrêter de tuer ses propres citoyens », avant d’engager un référendum, a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, tout en appelant également l’opposition à « mettre un terme aux violences ».

AFP, 17 février 2012

Mise à jour : un nouvel article rendant compte des manifs (et de la répression) :

Syrie: les manifestants défient le régime jusqu’à Damas et Alep

Plusieurs quartiers de Damas et Alep, deuxième ville de Syrie, étaient secoués vendredi par des manifestations inédites, se joignant aux dizaines de milliers de personnes à travers le pays pour réclamer la chute du régime, qui s’acharnait contre la ville rebelle de Homs.

Des Syriens manifestent contre le régime dans la ville de Idlib (nord), le 17 février 2012

Des Syriens manifestent contre le régime dans la ville de Idlib (nord), le 17 février 2012

Aux cris de « Dégage! », adressés au président Bachar al-Assad, les manifestants ont bravé la répression du régime, qualifiée d' »atroce » vendredi par le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron et condamnée la veille par l’Assemblée générale de l’ONU.

Mais les forces du régime ont à nouveau tiré sur les manifestants en ce « Vendredi de la résistance populaire », faisant au moins un mort et une dizaine de blessés dans le quartier de Mazzé, dans l’ouest de la capitale, selon une ONG syrienne.

« C’est la première fois que les manifestations s’étendent aux quartiers chics », a affirmé à l’AFP Moaz Chami, des Comités locaux de coordination –qui chapeautent la contestation sur le terrain–, sans préciser le nombre de manifestants.

Relativement peu touchée par la révolte, la ville d’Alep Nord) a également été mobilisée dans au moins 12 quartiers, ainsi qu’en province. « Liberté pour toujours, que tu le veuilles ou pas Bachar », criaient les habitants dans la localité de Kallassa.

« Nous ne cèderons pas face aux chars et aux canons », « Nous avons le peuple, ils ont l’armée », scandaient des manifestants dans la province d’Idleb (nord-ouest) qui a connu des manifestations massives, à l’instar de la province de Deraa (sud), où une personne a été tuée par des tirs.

Les militants anti-régime avaient appelé à cette mobilisation évoquant une « nouvelle étape » dans leur action face à la répression de la révolte qui a coûté la vie à plusieurs milliers de personnes depuis mars 2011.

Au total, les violences ont fait 16 morts vendredi, dont cinq civils morts dans le quartier de Baba Amr à Homs (centre), touché par le bombardement le plus violent depuis deux semaines, selon des militants sur place.

« C’est d’une violence extrême, on n’a jamais connu ça. C’est en moyenne quatre roquettes tirées par minute », a affirmé à l’AFP Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne.

« Il y a eu 1.800 blessés en deux semaines », a rapporté le docteur al-Hazzouri à Baba Amr, joint par l’AFP via Skype, évoquant des blessés « qui souffrent en attendant la mort ».

Des militants dénoncent régulièrement une crise humanitaire à Homs, dont plusieurs quartiers manquent de vivres et d’aide médicale et peinent à communiquer avec Le Monde extérieur.

Le nouveau pilonnage de Baba Amr intervient au lendemain de l’adoption par l’Assemblée générale de l’ONU à une écrasante majorité d’une résolution dénonçant la répression et soutenant un plan arabe appelant au départ du président Assad.

Mais ce texte a une portée essentiellement symbolique, les membres l’Assemblée ne disposant pas du droit de veto comme ceux du Conseil de sécurité, où Moscou et Pékin, alliées de Damas, ont bloqué déjà deux résolutions.

« Nous n’accepterons pas qu’un dictateur puisse massacrer son peuple », a rappelé le président Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse à Paris avec M. Cameron qui a appelé à « mettre au maximum Bachar al-Assad sous pression (…) pour qu’il arrête la boucherie actuellement en cours ».

Mais à Damas, quelques jours après l’annonce d’un référendum la semaine prochaine sur un projet de nouvelle Constitution ouvrant la voie au multipartisme, M. Assad parlait toujours de réformes, qui doivent être concomitantes avec « le retour au calme », a-t-il dit au Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.

M. Laghdaf était à Damas pour inviter le président syrien à « collaborer avec la Ligue arabe ». Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, opposé à un « changement de régime amené par la force », est également attendu vendredi en Syrie.

Dans le même temps, des divergences apparaissaient au sein de l’Union européenne qui pourrait revoir ses ambitions de durcir les sanctions contre le régime, selon des sources diplomatiques.

Au Caire, des centaines d’Egyptiens et de Syriens ont réclamé l’expulsion de l’ambassadeur syrien lors d’une manifestation.

Par ailleurs, un journaliste du New York Times, Anthony Shadid, prix Pulitzer, est décédé jeudi, apparemment des suites d’une crise d’asthme, déclenchée par les chevaux de ses guides, lors d’un reportage clandestin en Syrie, a annoncé le quotidien américain.

AFP, 17 février 2012