Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

[Grèce] Adoption du plan de rigueur au parlement, insurrection dans la rue !

Grèce: les députés choisissent l’euro et votent l’austérité, Athènes s’enflamme

La Grèce a choisi dimanche d’accepter l’austérité imposée par ses créanciers afin de pouvoir échapper à la faillite et rester dans la zone euro, après un vote du parlement en faveur d’un programme de rigueur draconienne violemment contesté lors de spectaculaires manifestations.

Après un débat en procédure d’urgence au parlement, le programme a été adopté par 199 voix de majorité sur un total de 300 députés, dont 278 présents, dans une enceinte où le gouvernement de coalition socialistes-conservateurs pouvait théoriquement compter sur 236 voix.

Les membres du gouvernement avaient solennellement mis en garde contre des scénarios d’apocalypse ou de « chaos » pour la Grèce, si les députés votaient contre le programme, en affirmant que le pays serait alors conduit à se déclarer rapidement en cessation de paiement, et à sortir à plus ou moins long terme de l’euro.

Le chaos, il était dans les rues de la capitale.

De violentes manifestations réunissant 80.000 personnes à Athènes selon la police, ont littéralement enflammé Athènes, avec une quarantaine de départs de feu ou incendies dans des bâtiments ou équipements du centre, selon un communiqué du ministère de la Protection du citoyen. Une boutique d’articles culinaires de luxe a été ravagée par les flammes, les pompiers éprouvant des difficultés à se frayer un passage au milieu de rues où s’affrontaient les forces de l’ordre et des bandes de manifestants encagoulés.

A Athènes, le ministère de la Santé a recensé 54 personnes blessées. A Salonique, les manifestations ont rassemblé 20.000 personnes et la police a recensé six banques endommagées.

A peine la manifestation contre le plan proposé aux députés avait-elle commencé vers 15H00 GMT que les premiers incidents ont démarré lorsqu’un groupe de contestataires regroupés devant le parlement a fait pression sur l’important cordon policier disposé autour du bâtiment. La police a aussitôt riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Manifestant-e-s à Athènes, le 12 février 2012

Les manifestants se sont alors retirés dans les rues adjacentes, qui se sont transformées en champs de bataille: des manifestants jetaient des pierres, des morceaux de marbre et des cocktails Molotov sur les forces antiémeutes qui répliquaient avec des jets de gaz lacrymogènes.

Des personnes encagoulées ont brisé des vitrines de magasins sur les grandes avenues du centre.

Les contestataires avaient commencé à affluer sur la place Syntagma en début d’après-midi à l’appel des deux grandes centrales syndicales grecques, la GSEE pour le privé et l’Adedy pour le public, ainsi que de la gauche radicale. « Les députés s’apprêtent à voter des mesures qui vont conduire à la mort de la Grèce (…) mais le peuple ne va pas céder », s’est exclamé le compositeur grec Mikis Theodorakis qui s’est joint aux contestataires à Athènes, juste devant le Parlement.

A l’intérieur du parlement, dont les abords étaient gardés par quelque 3.000 policiers, les discussions ont été très vives, marquées par de fréquents incidents de séance entre les rangs gouvernementaux et l’opposition de gauche.

Visiblement tendu, le ministre des Finances Evangélos Vénizélos, qui mène depuis des semaines des négociations difficiles avec les créanciers du pays, avait rappelé aux députés que le programme devait être adopté dimanche soir pour éviter la faillite. Il a souligné que l’Eurogroupe, qui pourrait se réunir mercredi, réclamait un vote positif des députés en préalable au déblocage du deuxième plan de sauvetage du pays, combinant renflouement via des prêts publics de 130 milliards d’euros et désendettement via l’effacement de 100 milliards d’euros de créances.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le ministre des Finances Evangelos Venizelos et le Premier ministre Lucas Papademos le 12 février 2012 au Parlement à Athènes

Le pays espère entamer cette dernière opération avec ses créanciers privés d’ici au 17 février, a précisé M. Vénizélos. Le représentant des créanciers privés, Charles Dallara, avait lui aussi appelé les députés à voter oui, et prévenu que la Grèce n’avait plus une minute à perdre, dans un entretien avec le quotidien Kathimérini.

Avant le vote, le président du parti de droite Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras, et celui du Parti socialiste Georges Papandréou ont appelé à La Tribune les députés à voter en faveur du paquet d’austérité, un des votes les plus « difficiles de l’histoire » en raison des contraintes qu’il impose au peuple grec, selon M. Samaras. Chacun des deux partis a prononcé l’exclusion d’une vingtaine de députés qui ne sont pas conformés aux consignes de vote.

Le Premier ministre Lucas Papademos a condamné la violence et les destructions qui ont eu lieu, tout en soulignant l’importante du choix fait par les parlementaires: « avancer avec l’Europe et la monnaie unique » ou « précipiter le pays dans la misère, la banqueroute, la marginalisation et l’exclusion de l’euro ». Sans cet aval, la Grèce n’avait aucune chance de recevoir le moindre centime d’aide pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars, à l’échéance de créances de 14,5 milliards d’euros.

Juste avant le vote, les ministres allemands des Finances et des Affaires étrangères avaient accentué les pressions sur Athènes. « Les promesses de la Grèce ne nous suffisent plus. Ils doivent, lors d’un nouveau programme, d’abord mettre en oeuvre les parties de l’ancien programme et économiser », avait déclaré le ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

Mais le plan d’austérité accepté en échange du renflouement et du désendettement ouvre la voie à une chute brutale des salaires dans le privé, censée redonner de la compétitivité aux entreprises du pays.

Les syndicats ont jugé que ce plan faisait le « tombeau de la société », tandis que la gauche communiste et radicale a réitéré au parlement sa demande d’élections immédiates, considérant que la Grèce n’a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de la lâcher. L’accord gouvernemental affiché jeudi sur ce plan s’était vite fissuré, avec la démission dès le lendemain de six membres du gouvernement: deux socialistes et quatre cadres de la formation d’extrême droite Laos, qui avait rallié en novembre le gouvernement de coalition.

AFP, 13 février 2012

Mise à jour – Pour une chronologie des événements, voir cet article de Contra Info

[Grèce] Manifs et occupations

Grèce: 100.000 manifestants contre la rigueur avant le vote des députés

Cent mille personnes ont au total manifesté dimanche à Athènes (80.000) et à Salonique (20.000), la deuxième ville grecque, contre un nouveau programme d’austérité dicté par l’UE et le FMI que s’apprêtent à voter les députés pour éviter la « faillite » à la Grèce, a annoncé la police.

Affrontements entre police et manifestants devant le parlement à Athènes le 12 février 2012

Affrontements entre police et manifestants devant le parlement à Athènes le 12 février 2012

Dans la capitale, six personnes ont été blessées, puis hospitalisées, au cours d’affrontements entre forces anti-émeutes et des groupes de jeunes dans les rues adjacentes de la place Syntagma devant le parlement, selon une source du ministère de la Santé.

Les incidents ont commencé quand un groupe de contestataires regroupés devant le parlement a fait pression sur l’important cordon policier disposé autour du bâtiment. La police a aussitôt riposté en faisant usage de gaz lacrymogène.

Les manifestants se sont alors retirés dans les rues adjacentes, qui se sont transformées en champs de bataille : des manifestants jetaient des pierres, des morceaux de marbre et des cocktails Molotov sur les forces antiémeutes.

Les heurts se sont poursuivis pendant plus de deux heures dans le centre-ville.

Des personnes cagoulées ont brisé des vitrines de magasins sur les avenues Pandepistimiou et Stadiou, tandis que le feu a été mis dans une banque et qu’un café a été évacué par ses clients, a affirmé une source policière.

Les contestataires avaient commencé à affluer sur la place Syntagma en début d’après-midi à l’appel des deux grandes centrales syndicales grecques, la GSEE pour le privé et l’Adedy pour le public, ainsi que de la gauche radicale.

La manifestation avait attiré des familles entières. Un grand-père portant masque à gaz et lunettes de piscine s’est ainsi frayé un passage au milieu de la foule, tandis qu’un vendeur de masques en papier destinés à se protéger du gaz faisait des affaires en vendant aussi des drapeaux grecs.

« Les députés s’apprêtent à voter des mesures qui vont conduire à la mort de la Grèce (…) mais le peuple ne va pas céder », s’est pour sa part exclamé le compositeur grec Mikis Theodorakis, qui s’est joint aux contestataires à Athènes.

A l’intérieur du parlement, dont les abords étaient gardés par quelque 3.000 policiers, les discussions battaient leur plein, marquées par de fréquents incidents de séance entre les rangs gouvernementaux et l’opposition de gauche.

« D’ici à dimanche soir, le parlement doit avoir adopté » le nouveau programme de redressement, sous peine sinon d’une « faillite » de la Grèce, a lancé, visiblement tendu, le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos.

Il a souligné que l’Eurogroupe, qui pourrait se réunir mercredi, réclamait un vote positif des députés en préalable au déblocage du deuxième plan de sauvetage du pays, combinant renflouement via des prêts publics de 130 milliards d’euros et désendettement via l’effacement de 100 milliards d’euros de créances.

Le pays espère entamer cette dernière opération avec ses créanciers privés d’ici au 17 février, a précisé M. Vénizélos. Le représentant des créanciers privés, Charles Dallara, a lui aussi appelé les députés à voter oui, et prévenu que la Grèce n’avait plus une minute à perdre, dans un entretien avec le quotidien Kathimérini.

Le Premier ministre Lucas Papademos avait aussi averti samedi que la Grèce jouait sa survie financière et son maintien dans l’euro, pour empêcher le « chaos ».

Son gouvernement de coalition socialiste-conservateur dispose d’une majorité théorique de 236 députés sur 300, qui pourrait être réduite par une vingtaine de dissidences annoncées ou présumées, mais sans qu’un rejet ne soit dans l’immédiat jugé probable.

Sans cet aval, la Grèce n’a aucune chance de recevoir le moindre centime d’aide pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars, à l’échéance de créances de 14,5 milliards d’euros.

Les dirigeants socialiste, Georges Papandréou, et conservateur, Antonis Samaras, ont également prévenu leurs députés que tout écart vaudrait exclusion, à un moment où la dureté de la cure prescrite craquelle le système politique.

Le plan ouvre notamment la voie à une chute brutale des salaires dans le privé censée redonner de la compétitivité au pays.

La Grèce « à l’heure du jugement », titrait Kathimérini, tandis que To Vima (centre-gauche) estimait que le pays était secoué par un « séisme » mettant « politique, économie et société en morceaux ».

Les syndicats ont jugé que ce plan faisait le « tombeau de la société », tandis que la gauche communiste et radicale a réitéré au parlement sa demande d’élections immédiates, considérant que la Grèce n’a rien à perdre à mettre ses créanciers au défi de la lâcher.

Entravée par le débrayage des transports, la mobilisation avait été limitée à l’occasion des premières manifestations qui ont rassemblé jusqu’à 20.000 personnes en marge de grèves générales mardi, puis vendredi et samedi.

Les députés devront se prononcer pour un texte qui prévoit notamment un abaissement de 22% du salaire minimum, ramené à 586 euros brut sur 14 mois, la suppression dans l’année de 15.000 emplois publics et de nouvelles coupes dans certaines retraites.

Le vote portera aussi sur les modalités du programme d’échange d’obligations avec les créanciers privés pour réduire la dette souveraine à 120% du PIB d’ici à 2020, ainsi que sur le schéma de recapitalisation des banques grecques.

L’accord gouvernemental affiché jeudi sur ce plan s’est vite fissuré, avec la démission dès le lendemain de six membres du gouvernement : deux socialistes et quatre cadres de la formation d’extrême droite Laos, qui avait rallié en novembre le gouvernement de coalition.

Le Laos a appelé ses 16 députés à voter non, accusés par ses ex-partenaires de vouloir ainsi tirer son épingle du jeu en vue des élections législatives anticipées prévues pour le printemps.

AFP, 12 février 2012

ndPN : voir aussi les articles du Jura Libertaire et de Contra Info

[Saint-Pétersbourg] Adoption d’une loi homophobe

La loi homophobe est adoptée à Saint-Pétersbourg

Une loi scélérate vient d’être adoptée à Saint-Pétersbourg, en Russie, celle-ci interdit la «promotion de l’homosexualité». Le parlement pétersbourgeois a en effet adopté, en deuxième lecture mercredi, un texte proposé par le parti au pouvoir, Russie unie, qui prévoit des amendes allant jusqu’à 500.000 roubles (soit 12.500 euros) pour tout «acte public» faisant la promotion de l’homosexualité, mise au même plan que celle de la pédophilie.

Cinq militants LGBT avait été interpellés après avoir manifesté («sans autorisation», selon un porte-parole de la police de Saint-Pétersbourg) mercredi contre l’adoption de cette loi par l’Assemblée locale. Une vingtaine de personnes aurait pris part au rassemblement. Les militants avaient brandi des banderoles où l’on pouvait lire «Non à la  répression!» ou «Interdire l’homosexualité est inhumain et antiscientifique».

L’intolérance avance de jour en jour dans le monde nous nous devons d’y être vigilant pour les combattre…

Blog du Groupe de Bethune (Fédération Anarchiste), 12 février 2012

[Lisbonne] 300.000 personnes manifestent contre la démolition des droits sociaux

Portugal: grand rassemblement à Lisbonne contre les mesures de rigueur

Des dizaines de milliers de personnes venues de tout le Portugal ont manifesté samedi après-midi à Lisbonne contre les mesures d’austérité mises en oeuvre par le gouvernement dans le cadre du plan d’assistance financière décidé en mai.

D’après la CGTP, la principale centrale syndicale du pays, qui a appelé à cette journée de mobilisation, quelque 300.000 personnes ont défilé dans la capitale portugaise.

La police a pour habitude de ne pas communiquer de chiffres sur le nombre des manifestants.

« Il s’agit de la plus grande manifestation de ces 30 dernières années », a souligné Armenio Alves Carlos, secrétaire général de la CGTP, qui s’est adressé aux manifestants dans un discours à la fin de la manifestation, au cours duquel il a vivement critiqué les mesures du programme d’assitance financière.

Ce plan « est un programme d’agression des travailleurs et de l’intérêt national », a-t-il déclaré.

« L’austérité ne crée pas de richesses. Or, le pays a besoin qu’on lui retire la corde du cou pour pouvoir respirer, vivre et travailler », a-t-il ajouté, plaidant pour une revalorisation du salaire minimum, actuellement de 485 euros brut.

« Le salaire (minimum) net s’élève à 432 euros, or le seuil de pauvreté est de 434 euros, ce qui concerne actuellement au Portugal « quelque 400.000 travailleurs », a-t-il affirmé.

Les manifestants arrivés à Lisbonne en début d’après-midi de tout le pays à bord de cars affrétés pour l’occasion s’étaient d’abord concentrés en divers endroits de la capitale avant de converger vers la place du Commerce, dans le centre historique.

« Non à l’exploitation, non aux inégalités, non à l’apauvrissement » ou encore « une autre politique est possible et nécessaire », pouvait-on lire sur les banderoles déployées par des manifestants qui scandaient : « la lutte continue ! ».

Le responsable de la CGTP a averti que la vague de contestation se poursuivrait dans les prochaines semaines, annonçant d’ores et déjà une nouvelle journée de manifestations dans tout le pays le 29 février prochain.

Cette manifestation intervient à quelques jours de la troisième mission trimestrielle de la Troïka (UE, BCE et FMI), représentant les créanciers publics du Portugal, chargée d’évaluer l’exécution du plan d’aide financière d’un montant de 78 milliards d’euros adopté en mai.

En échange de cette aide, le Portugal s’est engagé à mettre en oeuvre un exigeant programme de rigueur prévoyant diverses hausses d’impôts, un abaissement des prestations sociales, une forte augmentation des tarifs des transports publics urbains ou encore une révision du code du travail introduisant un assouplissement des horaires et la suppression de jours de congés.

Le président portugais Anibal Cavaco Silva, en visite officielle en Finlande, a appelé les dirigeants européens à se projeter au-delà de la crise financière pour se concentrer sur d’autres objectifs importants pour l’Europe.

AFP, 11 février 2012

[Poitiers] Une chorale pour deux enfants expulsables

Ils ont chanté en choeur pour Hamlet et Vardui

 
Lecture de textes et chansons hier devant l'école Jean-Mermoz.

 

Lecture de textes et chansons hier devant l’école Jean-Mermoz.

Hamlet et Vardui, 6 et 9 ans, sont scolarisés depuis 2 ans à Jean-Mermoz (Bel Air). Originaires de Biélorussie, ils se sont intégrés avec leurs parents depuis deux ans. Fin janvier, ils ont reçu de la préfecture une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Depuis trois semaines, un comité de soutien, composé de parents, d’enseignants et d’associations s’est constitué dans le quartier. Après un concert, un rassemblement et une marche ces dernières semaines, le comité organisait hier après-midi une réunion sur le parvis de l’école. Il s’agissait cette fois de « chanter son soutien » à ces enfants menacés. Parmi les textes lus, un slam de Julia, intitulé « Le petit prince de Bel Air ». Pour poursuivre la mobilisation, le comité organise une réunion d’information au centre de la Blaiserie le 22 février prochain, salle conviviale à 20 h.

Nouvelle République, J.-M. G., 11 février 2012