Archives de catégorie : Ni patrie ni frontière

Expulsions : la présidente de la cour administrative d’appel de Bordeaux rappelle à l’ordre le préfet de la Vienne

La préfecture de la Vienne bafoue régulièrement les décisions du tribunal administratif lorsqu’il récuse ses OQTF (obligations de quitter le territoire français), prononcées contre les étranger-e-s. La présidente de la cour administrative d’appel de Bordeaux elle-même s’alarme du zèle préfectoral en matière d’expulsions, et écrit au préfet…

Étrangers : une magistrate écrit au préfet

Depuis plusieurs mois, des avocats poitevins entretiennent des relations plutôt tendues avec la préfecture. Ils accusent le service des étrangers de faire de plus en plus souvent obstacle à l’exécution de jugements ou d’arrêts administratifs qui leur sont défavorables en matière de droit des étrangers.

Ils ne sont plus seuls désormais à se plaindre. Mme Anne Guérin, présidente de la Cour administrative d’appel de Bordeaux (qui fut il y a une dizaine d’années présidente du tribunal administratif de Poitiers) vient d’écrire dans le même sens au préfet de région, préfet de la Vienne.

Une situation exceptionnelle

Dans cette missive, Mme Guérin, qui a rang de conseiller d’État, s’émeut à son tour, selon nos informations, du peu de cas que la préfecture semble faire des annulations judiciaires de ses refus d’octroyer des titres de séjour aux étrangers en droit de les solliciter pour des raisons familiales, de santé ou autres. « Il nous est de plus en plus difficile d’expliquer à nos clients qu’ils ont gagné leur procès mais que la préfecture refuse malgré tout de leur faire droit », se lamentait récemment encore une avocate poitevine spécialisée dans le droit des étrangers. Le rappel à l’ordre de la présidente de la Cour administrative d’appel parviendra-t-il à débloquer une situation qui semble a priori exceptionnelle, y compris parmi les préfectures de Poitou-Charentes ?

Nouvelle République, Vincent Buche, 10 février 2012

[Brésil] Expulsion de 7000 okupant-e-s par les flics, 4 morts dont un bébé

Pinheirinho, expulsion de la plus grande okupation d’Amérique Latine.

A Pinheirinho, Brésil, près de Sao Paulo, plus de 7 000 habitants en occupation ont été expulsés de leur terre par une action policière.

Selon les informations que nous avons obtenues, il paraitrait que plus de 4 personnes seraient mortes, dont un enfant de 3 ans. De nombreuses personnes de tout âge ont été blessées et agressées par la police. On reporte également que des femmes enceintes auraient perdu leur enfant après avoir été battues. Des gens de quartiers proches sont venus pour appuyer la résistance de Pinheirinho.

Le gouvernement Brésilien empêche la diffusion du cas dans les médias de communication, par peur d’une réponse internationale. Nous vous demandons la faveur de diffuser ces images et textes et de rester attentifs ! Merci !

Pinheirinho était plus qu’une simple occupation, aujourd’hui c’est un exemple pour le peuple qu’avec les luttes et les résistances il est possible d’affronter les puissants. Ce fut aussi un point de convergence de nombreuses luttes.

LA RESISTANCE A PINHEIRINHO – BRESIL.

Les plus de 7 000 habitants de l’occupation Pinheirinho, à Sao José dos Campos (Sao Paulo, Brésil) se trouvent en ce moment sous la menace imminente d’une action policière pour les expulser de leur terrain qu’ils occupent depuis près de 7 ans.

Alors qu’un accord pratiquement clos, impliquant le gouvernement fédéral et de l’Etat, pour la régularisation du terrain, et pour remettre définitivement le terrain aux habitants, un ordre judiciaire fut prononcé pour que la Police Militaire réalise la désoccupation du terrain.

Cette situation fut uniquement possible à cause d’une action criminelle de la mairie, qui reporte depuis des mois, l’émission d’un document qui pourrait avoir permis l’implémentation de l’accord fait entre le ministre des villes du gouvernement fédéral et la CDHU (Comission des Droits de l’Homme) du gouvernement de l’état Pauliste (Sao Paulo). Mais aussi par la décision téméraire, pour ne pas dire irresponsable de la juge de droit, Marcia Haria Mathey Loureiro, qui, bien que sans base légale, a ordonné la désoccupation. Il ne nous convient pas de spéculer sur les raisons pour lesquelles le maire Eduardo Cury, et la juge agissent comme ils le font. Mais il est juste de dire avec clarté, qu’ils préparent un bain de sang dans cette ville de la Valle Del Paraiba.

Les quelques 1500 familles qui habitent l’occupation de Pinheirinho ont dépensé toutes les ressources dont ils disposaient et qu’ils continuaient d’accumuler durant cette période pour construire leurs maisons et organiser leur vie. Ils ne vont pas laisser cela derrière eux, ils n’ont même pas où aller ! Ils vont résister, ils vont lutter pour défendre leur droit au logement que la constitution fédérale dit être  » le droit de tous » et « obligation de l’état ». L’état, cependant, est prêt à envoyer les troupes de la police militaire, justement pour les expulser de leurs maisons.

C’est la chronique d’une tragédie annoncée, dont le résultat sera compté en nombre de mort. Une fois de plus, nous sommes là pour voir comment le bras armé de l’état massacre les travailleurs et les pauvres pour défendre les intérêts des riches et puissants, (dans ce cas le méga-spéculateur Naji Nahas, propriétaire d’une entreprise en faillite qui dit être propriétaire du terrain en question).

POURQUOI VEULENT-ILS ECRASER PINHEIRINHO

La main (pas si invisible) de la spéculation immobilière est celle qui est derrière l’énorme campagne de xénophobie contre les travailleurs pauvres de l’occupation de Pinheirinho, à Sao José dos campos (SP). C’est aussi le lien avec deux autres évènements qui ont marqué Sao Paulo ces dernières semaines : le suspicieux incendie de la favela de Moinho (SP), et la tentative du gouvernement de Alckmin et du préfet Kassab de nettoyer la « cracolandia » (1) dans le Quartier de la Luz, Ville de Sao Paulo.

Dans le cas où se concrétiserait la désoccupation de Pinheirinho, se serait la plus grande opération réalisée depuis 1990 où la villa Socialista avait connu le même destin, avec 2 pour solde. L’irresponsabilité de la préfecture, le pouvoir judiciaire et la Police Militaire va produire une nouvelle tragédie de répercussion nationale, qui va toucher 3 000 familles. Comme beaucoup d’autres municipalités du pays, Sao José est sujet à d’intenses investissements immobiliers. L’année passée, le secteur a obtenu d’exorbitants bénéfices. Le nombre de nouvelles constructions est de 20% supérieur à celui de 2010, selon Aconvap (Association de Constructeur de la Valle de Paraiba)

Le lecteur est-il capable de deviner quelle est la région de la ville avec le plus grand nombre de nouvelles édifications immobilière ?? C’est justement la zone sud, où est localisée Pinheirinho qui compte 51 des 143 nouvelles constructions !

« La zone sud est très grande et avait beaucoup de vide urbain qui furent remplis par ces entreprises. La zone ouest s’est déjà convertie en un objet d’investissement et de logement des classes A et B » affirme le président de la ACONVAP

Evidemment, tout ce mouvement fut accompagné par d’innombrables projets de « revitalisation urbaine » par la gestion du préfet Eduardo Cury, du PSDB. Leurs plans criminels d’hygiénisme urbain dont l’objectif est d’expulser la population pauvre, loin des yeux de l’élite et de la classe moyenne. Le résultat fut l’énorme expansion de la périphérie de Sao José. Selon le journal O Vale, la périphérie de la ville a reçu près de 30 000 nouvelles maisons ces 5 dernières années.

Il y a beaucoup d’argent qui circule. La prévision de la ACONVAP est que le marché immobilier de Sao José spéculera plus de 5.4 milliards de real, jusqu’en 2014, soit près de 3 milliards de dollars, ce qui correspond à 25% du PIB de la ville.

Il ne faut bien sûr pas douter de l’intérêt des politiques locales, de la préfecture, des grands médias de communication et de la « justice » qui ont tant insister sur la récupération des possessions des biens du spéculateur international Naji Nahas, bien qu’il fut nécessaire d’écraser les pauvres travailleurs de Pinheirinho. Comme l’a dit la juge, Marcia Loureiro, irréductible dans sa décision d’expulser les résidents : « c’est un terrain d’une grande valeur ». La phrase fut prononcée face aux oreilles incrédules des représentants du mouvement, lors d’une réunion avec la juge.

Le capital immobilier, les politiques et la « justice » ont choisi leur camp en essayant de choisir qu’une partie de l’humanité ne mérite pas de vivre, et de ne pas avoir de lieu ou vivre.

(1) Cracolandia, Local à Sao Paulo où la jeunesse pauvre de la ville se réunit pour fumer du crack.

Dernières infos : Lors de la traduction, l’attaque policière contre Pinheirinho eut lieu, 3 bataillons de la police militaire a participé à cette désoccupation, soit 2000 effectifs, 2 hélicoptères, 220 véhicules, 100 chevaux, et 40 chiens. On parle d’une trentaine d’arrestations, de cinquantaine de blessées, et au moins 4 morts dont un enfant en bas âge.

Vidéos « Le massacre de Pinheirinho » (vost) : http://espoirchiapas.blogspot.com/2012/01/video-de-pinheirinho.html

Indymedia Paris-IDF, 7 février 2012

[Grèce] Grève générale

[Grèce] La tempête de la révolte explose

Tous s’y attendaient, tous s’y préparaient, tous l’espéraient.

Alors que la Troïka accroît la pression sur le gouvernement d’unité nationale grec qui peine à se mettre d’accord pour appliquer les nouvelles mesures d’austérité, par crainte d’une explosion sociale incontrôlable, le peuple reprend l’initiative.

Dès ce soir [lundi 6 février], et surtout sur Thessalonique et Athènes, tous les groupes de gauche modérée et radicale, les syndicats, partis d’oppositions, groupes libertaires, autonomes et révolutionnaires appellent unanimement de manière hétérogène au soulèvement populaire : depuis ce soir 18h divers groupes et syndicats appellent sur Athènes et Thessalonique à prendre et occuper une douzaine de places publiques, au siège de la chambre des commerces, à des rassemblements et manifestations.

À partir de demain, 48 heures de grève générale sont déjà décrétées. Et le mot tourne, sur toutes les plate-formes possibles : réseaux sociaux, mails, sites contestataires, indymedias, téléphones, affiches, etc. Depuis aujourd’hui, déjà, l’hôpital Kilkis est occupé et réapproprié par son personnel avec une déclaration en dix points qui clament la réappropriation autogestionnaire de l’hôpital et sa « mise totale sous le contrôle ouvrier ». Une grande manifestation de grève générale appelle à se rassembler directement sur la place Syntagma dès 11h demain matin pour assiéger le Parlement. Les mots d’ordre sont solennels : « temps de la dernière heure », « l’heure est venue, soulevons-nous », « appel au soulèvement populaire et à la prise des places publiques », « la lutte de la dernière chance », etc.

Chaque groupe, syndicat et tendance appelle à prendre des places spécifiques. Ainsi, les rassemblements sur Omonia sont appelés par le sinistre KKE tandis qu’un syndicat gauchiste de jeunes appelle à se rassembler devant l’école Polytechnique.

Simultanément, comme un signal, d’énormes tempêtes éclatent sur toute la Grèce, avec pluies diluviennes, orages et tonnerres particulièrement violents.

Demain, Athènes sera une zone de front.

Que la peur change de camp.
Pour une solidarité internationale.

Mailing, 6 février 2012.

Jura Libertaire, 6 février 2012

Grèce: première grève générale de l’année contre un nouveau plan de rigueur

La Grèce tournait au ralenti mardi matin, en raison d’une grève générale appelée par les deux principaux syndicats du privé et du public, la première de l’année, pour protester contre un nouveau train de mesures d’austérité en cours de négociation avec les créanciers du pays.

Sous le mot d’ordre, « Ca suffit, on ne peut plus », les sympathisants de la centrale du privé (GSEE, 700.000 adhérents) et de celle du public (Adedy, 350.000) vont se rassembler en fin matinée à Syntagma, la place centrale d’Athènes, théâtre de manifestations massives depuis le début de la crise, il y a deux ans.

Les écoles, les ministères fonctionnaient au ralenti ainsi que les hôpitaux. A Athènes, le métro n’a commencé de fonctionner qu’à 08H00 GMT, et les bus à 07H00 GMT.

En raison de la participation des marins à la grève, les bateaux doivent rester à l’ancre pour 24 heures tandis que les chemins de fer, y compris les trains de banlieue, ne vont également pas fonctionner pendant toute la journée de mardi.

En revanche, aucune annulation n’est prévue dans le transport aérien, les contrôleurs aériens ne participant pas au mouvement.

Les syndicats protestent contre le projet de réduction du salaire minimum, de coupe dans les retraites complémentaires demandées au pays en échange d’un prêt international de 130 milliards d’euros décidé en octobre à Bruxelles.

Le Premier ministre Lucas Papademos a eu de nouveau une rencontre lundi tard le soir avec la délégations de la troïka, BCE, UE et FMI, pour tenter d’essayer de renégocier les mesures de rigueur, qui provoquent l’ire des chefs des partis de la coalition gouvernementale et des syndicats.

AFP, 7 février 2012

[Grèce] Un nouveau mur de la honte contre les migrant-e-s de Turquie, sur incitation de la France

La Grèce construit un mur anti-migrants turcs

« Il s’agit d’un ouvrage à valeur pratique et symbolique (…) pour décourager la migration clandestine »

La Grèce a commencé lundi la construction d’une clôture censée barrer la route aux migrants irréguliers sur une portion de sa frontière terrestre avec la Turquie, devenu l’une des principales portes d’entrée clandestine en Europe, a indiqué le ministère de la Protection du citoyen.

« Il s’agit d’un ouvrage à valeur pratique et symbolique (…) pour décourager la migration clandestine et envoyer le message que l’on ne rentre pas en Grèce comme dans un moulin », a déclaré lors d’une visite sur place le ministre Christos Papoutsis, cité par l’agence de presse grecque Ana (semi-officielle).

Le ministre s’est prévalu d’une « coopération gréco-turque » sur cet ouvrage, alors que l’UE reproche aux autorités turques de fermer les yeux sur le trafic de migrants à leurs frontières.

Réclamée en particulier par la France, en dépit des réticences de la Commission européenne qui l’estime inefficace, la barrière barbelée doit courir sur quelque 10,3 kilomètres, dans la portion de la frontière où le fleuve Evros, qui constitue ailleurs un obstacle naturel, entre en territoire turc.

Le chantier, annoncé depuis des mois et chiffré à 5,498 millions d’euros prévoit une double rangée de barbelés de 2,5 mètres de haut surmontée de 25 caméras thermiques.

En 2011, quelque 55.000 arrestations de migrants ont été enregistrées dans la zone, en augmentation de 16,77% par rapport à 2010, selon le ministère.

LaLibre.be, 6 février 2012

[Le Caire] Les affrontements se poursuivent

Heurts nocturnes entre manifestants et policiers au Caire

Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit de dimanche à lundi entre police et manifestants au Caire, avec des appels lancés pour des actions à l’occasion du premier anniversaire de la chute du régime de Hosni Moubarak le 11 février.

Des manifestants égyptiens lancent des pierres sur les policiers, près du ministère de l'Intérieur le 5 février 2012 au Caire

Des manifestants égyptiens lancent des pierres sur les policiers, près du ministère de l’Intérieur le 5 février 2012 au Caire
 

Les affrontements se sont interrompus dans la matinée dans le secteur proche de la place Tahrir, mais l’atmosphère restait tendue avec des groupes de manifestants toujours présents, ont indiqué des témoins.

La police a tiré à la chevrotine contre les manifestants dans les rues menant au ministère de l’Intérieur, où des heurts ont lieu depuis jeudi.

Les forces de sécurité sont accusées d’être restées passives face aux violences qui ont fait 74 morts mercredi soir à l’issue d’un match de football à Port-Saïd (nord).

Ces manifestations ont relancé la contestation contre le pouvoir militaire, à la tête du pays depuis le départ de M. Moubarak sous la pression de la rue.

Douze personnes ont perdu la vie et plus de 2.500 ont été blessées depuis jeudi dans les affrontements survenus avec la police au Caire et à Suez (nord-est).

Au Caire, les policiers ont érigé des murs dans plusieurs rues menant au ministère de l’Intérieur pour empêcher les manifestants de passer.

Des étudiants de plusieurs universités ainsi que des groupes de militants pro-démocratie ont par ailleurs appelé à des grèves et des actions de « désobéissance civile » pour l’anniversaire du départ de M. Moubarak.

Les manifestants et des commentateurs accusent des partisans de l’ancien président et de son ministre de l’Intérieur Habib el-Adly -aujourd’hui jugé avec M. Moubarak- d’avoir provoqué les violences de Port-Saïd.

Le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’en « réponse aux demandes des manifestants » il allait placer dans cinq établissements pénitentiaires différents les proches de M. Moubarak et anciens membres de son régime actuellement détenus à la prison de Tora, au sud du Caire.

Cette mesure concerne notamment les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, qui resteront toutefois ensemble.

Et une unité médicale est en préparation à Tora afin que M. Moubarak, actuellement en détention dans un hôpital militaire du Caire, puisse y être transféré, a ajouté le ministère.

AFP, 6 février 2012