Le numéro de février de Sciences et Avenir comporte plusieurs articles sur le thème « Homme Femme, La science face aux idées reçues« .
Les féministes n’y apprendront rien de très nouveau mais on peut supposer que l’étiquette de neutralité scientifique qu’a le magazine encouragera certains à enfin accepter ce que des scientifiques féministes (donc forcément mues par une idéologie leur faisant mal faire leurs recherches) disent depuis des années.
Le premier article « Pour en finir avec le neurosexisme » montre combien l’on tend à perpétuer et à justifier des stéréotypes par des arguments neuroscientifiques par des expériences et des interprétations biaisées.
Ainsi Rebecca Jordan-Young, chercheuse en sciences médicosociales dit « il existe un large consensus qui prétend qu’il existe d’importantes différences sexuelles spécifiques entre les structures et les fonctions cérébrales des filles et des garçons mises en place par l’exposition prénatale aux hormones de différentiation sexuelle (…) mais ce consensus est à la fois non scientifique et loin d’être politiquement neutre« .
Catherine Vidal souligne que le cerveau a un sexe dans le sens où il contrôle les fonctions reproductives (hypothalamus qui a une activité pour induire l’ovulation) mais aucun en ce qui qui concerne la mémoire, l’attention et le raisonnement.
En juillet 2008, une étude des universités de Californie et du Wisconsin publié dans Science, n’a démontré aucune différence entre filles et garçons pour la réalisation de tests mathématiques (étude menée sur SEPT MILLIONS de sujets).
Une étude menée en Europe sur le même sujet montre que les résultats des filles dépende de leur degré d’émancipation ; étude renforcée par une suivante en 2011.
Claude Steele de Stanford a mené une expérience intéressante au début des années 90. Il a fait passer un examen de mathématiques à deux groupes d’étudiants mixtes. Au premier, il a souligné que les résultats font apparaître une différence entre le sexe, au second, il a indiqué qu’il n’y avait aucune différence. Les garçons du premier groupe ont obtenu en moyenne 25/30 et les filles 5/30. Dans le second groupe, Les filles ont obtenu 18/30 et les garçons 19. (Steele souligna d’ailleurs que si l’on soulignait que « les asiatiques réussissent mieux à ces tests« , filles comme garçons non asiatiques avaient de mauvais résultats).
Plusieurs études montrent qu’il n’y a pas de différences entre les IRM d’hommes et de femmes accomplissant une activité quelconque : Iris Sommer, Brain search review, 2008. Anelis Kaiser, Brain search review, 2009 et bien evidemment les travaux de Catherine Vidal en France et de Lise Eliot aux USA.
ps ; en page 47. l’on parle de l’influence de la testostérone et de l’ocytocine.
une petite erreur. Le journaliste souligne que « la privation de testostérone conduit les mâles [souris] à ne plus s’intéresser aux femelles et leur agressivité est directement corrélée à leur taux d’hormone mâle circulante. » Il convient de modérer cette assertion. Si on castre une souris à un certain moment, elle ne sera plus agressive. Mais si on lui réinjecte ensuite de la testostérone – ou qu’on la castre plus tard, il n’y aura aucun changement sur son comportement. Il serait donc bien présomptueux – et à mon avis un peu humano-centré – de penser que l’animal autre que l’humain n’est que comportement naturel.
Le journal décortique ensuite six idées reçues.
« les filles préfèrent le rose« . (c’est là qu’on voit au passage tout le poids du préjugé sur la recherche scientifique ; si l’on n’était pas persuadé, engoncé dans l’idée que les filles préfèrent le rose, on s’apercevrait que c’est une mode récente et souvent uniquement occidentale).
« les hommes sont monotâches« . Une étude menée en 97 sur 2000 sujets (neuroscience & biobehavioral review) ne montre pas de différence.
« les femmes ne savent pas lire les cartes routières« . Jing Feng dans Psychology Science en 2007, a montré l’extraordinaire plasticité du cerveau ; dix heures de jeu video suffisaient à modifier un IRM en matière de reconnaissance spatiale et ce quel que soit le sexe.
« les femmes sont intuitives » (mais comment donc) (je ne comprends même pas ce mot à moins de croire à la voyance).
Richard Wiseman en 2005, a démontré qu’hommes et femmes l’étaient tout autant (ou aussi peu).
« les hommes sont volages, les femmes fidèles« . (Darwin).
Plus la liberté des femmes grandit, moins elles sont fidèles.
« les femmes sont naturellement maternelles« .
ai je besoin de donner les études ? Badinter a amplement démontré qu’il s’agit d’une construction sociale et de nombreux ethnologues l’ont fait pour certaines autres espèces animales.
Dans l’article Masculin, féminin, des rôles fabriqués, on parle de l’étude menée par Sylvie Ayral qui montre qu’au collège, qu’il soit public ou privé, 80% des enfants punis sont des garçons. La chercheuse démontre que ces punitions « consacrent les garçons dans une identité masculine stéréotypée et renforcent les comportements qu’elles prétendent corriger : le défi, la transgression, les conduites sexistes, homophobes et violentes. »
Pour expliquer leurs comportements, on pointe la fameuse testostérone.
On valorise tout de même les comportements masculins et on critique vivement les féminins (« faibles, nulles, peureuses »).
Crêpe Georgette, 20 février 2012