Archives de catégorie : Éducation populaire

Tract Pavillon Noir – Désertons les urnes, occupons la rue – Abstention active aux élections !

DÉSERTONS LES URNES, OCCUPONS LA RUE !

Abstention active aux élections !

LE SEXISME, L’ÉCOLE, L’ENTREPRISE, LES MÉDIAS ET LES POLITICIEN.NE.S nous moulent dans une vision résignée, hiérarchiste et autoritaire des rapports sociaux. Ils taisent, dénigrent, étouffent et répriment toutes tentatives de réinventer des rapports humains sans pouvoir, sans « spécialistes ». Les pouvoirs nous éduquent à la croyance qu’ils sont indispensables et perfectibles. Et malgré leur responsabilité fagrante dans le désastre social et écologique actuel, ce discours continue de nous être asséné par les partis politiques.

LE CIRQUE DES ÉLECTIONS de « représentant.e.s » nous est ainsi présenté comme un « droit » et même un « devoir civique ». Et pourtant, si l’on connaît un peu l’histoire, le droit de vote n’a été accordé que très progressivement. D’abord aux seuls riches et de sexe masculin. Il n’a été élargi qu’après des décennies de luttes sociales indépendantes des pouvoirs, et uniquement dans la mesure où la bourgeoisie et les gouvernements en place s’assuraient bien que ce droit de vote… ne remettrait pas en cause les fondements de leur domination : la propriété patronale et étatique des moyens de production. Qui excluent de fait les populations des décisions réelles sur la société dont elles veulent. Le parlementarisme est un simulacre de démocratie. Les élections vont de fait avec le capitalisme et l’État. Elles entérinent, en jouant avec l’accord des exploité.e.s elles.eux-mêmes, la dépossession globale de nos existences et l’accaparement des décisions réelles qui nous concernent par une « élite » de bourgeois.es et de bureaucrates. Cette domination ne repose pas que sur le « consentement » forcé des populations à obéir et à relayer les ordres, mais aussi sur l’abrutissement médiatique, le chantage généralisé à « l’emploi », la répression.

CERTAINS PARTIS (la « gauche », les « écologistes », les « antilibéraux ») prétendent qu’il est possible de « peser » sur les appareils au pouvoir pour « humaniser » leur fonctionnement. Mais comment humaniser un système fondé sur le déni des populations à décider par elles-mêmes ? Comment humaniser un système fondé sur la compétition agressive, la hiérarchie, l’asservissement et l’exploitation de la force de travail dans le seul but de l’accumulation de fric et de pouvoir ? L’organisation même de ce système réduit toujours les prétentions de « gauche » à une alliance objective avec les pouvoirs, dans une pathétique lutte des places. Quand bien même certain.e.s seraient sincères, il.le.s se retrouvent vite contraint.e.s, pour être élu.e.s, à accepter de telles compromissions qu’ils.elles ne peuvent qu’appliquer à la lettre les instructions données par les possédant.e.s. La gauche a ainsi promis de faire appliquer « l’austérité », les verts entérinent le nucléaire, et les « antilibéraux » ne proposent face au capital (c’est-à-dire la domination effective des populations), que la « taxation » ou la « régulation », c’est-à-dire la légitimation… au lieu de son abolition pure et simple.

LA DÉCISION RÉELLE sur les moyens matériels de production n’appartient, en système capitaliste, qu’aux détenteurs.trices de la propriété privée et étatiste. C’est un fait. Et c’est sur ce socle que vivent (grassement) et s’agitent les politicien.ne.s. Il.le.s ne font que gérer les conséquences négatives du capitalisme, tant bien que mal, avec leur baratin et leurs gesticulations dérisoires, et adapter la société à cette dépossession fondamentale et révoltante des populations. Avec des rustines, des boucs-émissaires, des soupapes, des divertissements et des diversions misérables – toujours les mêmes recettes. Quant à l’extrême-gauche « anticapitaliste », qui prétend n’avoir « aucune illusion sur les élections », et n’y participer que pour obtenir une « tribune » dénonçant le système, elle ne fait qu’accepter de jouer ce jeu pipé et en cautionner ainsi, hélas, la règle fondamentale : celle du maintien de cette pseudo-légitimité des élu.e.s de nous gouverner, à notre place.

NOS DROITS SOCIAUX, n’ont jamais été décrétés par le pouvoir, mais concédés par lui comme des miettes, pour sa survie, lors de mouvements sociaux le remettant en cause, lors de grèves, d’occupations, de réappropriations des usines et de la rue. Ces « droits sociaux » n’ont d’ailleurs été, si l’on y regarde bien, qu’une monopolisation par l’État de ce qui existait, déjà bel et bien, en termes de solidarité populaire concrète, d’alternatives constituées et autogérées : caisses ouvrières, éducation populaire… L’État n’a toujours été en réalité qu’une force armée, spoliatrice, centraliste, défendant ses intérêts et ceux des riches par des lois injustes, la conquête militaire et la répression violente. Son essence est la négation même de la capacité des populations à gérer leurs propres affaires, à créer leurs propres repères communs.

NOUS REFUSONS cette pseudo-« démocratie », représentative et centralisée, donnant carte blanche à des politicien.ne.s pour gérer la bonne marche du capitalisme, pour une période fxée, sans aucune autre possibilité de contrôle accordée aux électeurs que celle de la couleur qui habillera leur sombre esclavage. Une fois élu.e.s, les politicien.ne.s n’ont de compte à rendre à personne : les promesses n’engagent que ceux.celles qui y croient. Nous n’avons pas besoin de politicien.ne.s : si les gens ne sont pas capables de se gouverner elles.eux-mêmes, comment sauraient-il.le.s quel candidat.e choisir ? S’il.le.s sont capables, au contraire, d’élaborer les solutions répondant à leurs besoins… alors il.le.s peuvent évidemment s’administrer elles.eux-mêmes !

NOUS PRÔNONS une responsabilisation individuelle et collective, la « démocratie directe ». Des assemblées populaires sur le lieu de production, le quartier, la commune. Où la parole circule librement et également entre les participant.e.s. Les capacités, besoins, désirs et projets, l’élaboration de repères communs, les décisions à prendre le cas échéant, s’y expriment et s’y organisent. Les mandaté.e.s, individuel.le.s (ou collectifs, par exemple en commissions) ne sont désigné.e.s que sur leurs compétences et leurs envies. Il.le.s n’ont pas pouvoir de décider ou de contraindre : il.le.s se contentent d’appliquer les décisions prises en assemblées, concernant les individus qui les ont choisies. Ce contrôle des élu.e.s s’appelle le mandat impératif, combattu depuis toujours par la bourgeoisie (et donc interdit par la « constitution », à l’article 27). Les mandaté.e.s rendent compte aux assemblées et sont révocables par elles. Les mandats s’élaborent librement, et tournent avec une formation assurée pour tout.e.s celles et ceux qui se proposent de participer à la vie commune.

NOUS DÉFENDONS le fédéralisme libertaire. Les communes sont autonomes pour le règlement des questions qui les concernent. Elles sont librement fédérées, ce qui permet des projets communs, leur coordination, leur solidarité, la diffusion des informations, des savoirs et des idées. Les besoins, les capacités et les décisions locales ou sectorielles sont remonté.e.s en assemblée de commune et en assemblées fédérales, par des porte-paroles n’ayant pour toute fonction que la coordination et la circulation des informations, des besoins exprimés. La majorité n’impose pas aux minorités, ni l’inverse, car nul.le n’est tenu.e de participer à tel ou tel projet. Ainsi, chacun.e exprime librement ses capacités, ses besoins et ses désirs, sans hiérarchie : « L’égalité n’est pas l’uniformité » (Bakounine). Et sans liberté réelle de décider ensemble, aucune égalité n’est possible.

CETTE PROPOSITION N’EST PAS « UTOPIQUE » : elle a toujours été le mode de fonctionnement des comités de luttes indépendants des pouvoirs. Comités de sans-culottes, commune de Paris, révolution espagnole, ukrainienne, autogestion en Argentine, comités de bon gouvernement au Mexique, comme tant d’autres expériences d’hier et d’aujourd’hui (ainsi, les assemblées populaires qui essaiment). Ces faits historiques ne sont évidemment relayés ni par les manuels offciels d’histoire ni par les médias, car ils démontrent qu’une auto-organisation efficace est évidemment possible, et que les gouvernements de droite et de gauche n’ont jamais hésité, pour écraser ces velléités d’autonomie, à leur appliquer une répression brutale.

L’ABSTENTION MASSIVE PEUT DEVENIR UNE ABSTENTION ACTIVE. Il n’y a aucun espoir à tirer de la « gauche » ou de la « droite » au pouvoir ; les solutions à nos problèmes ne se trouvent qu’en nous-mêmes et dans nos solidarités. En notre capacité à nous organiser selon des moyens adéquats à nos fns, c’est-à-dire par nous-mêmes, sans domination, sans médiation, sans privilèges ni exploitation d’individus par d’autres. Il est urgent de nous réapproprier nos vies, de rejoindre dès à présent les luttes et assemblées, les expériences autogestionnaires qui se tissent.

DÉSERTONS LES URNES, OCCUPONS LA RUE !

Groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86

pavillon-noir [gare aux bases] federation-anarchiste.org

http://fa86.noblogs.org/

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[Poitiers] Les orthophonistes manifestent

 ndPN : il s’agit de la deuxième manifestation, voir la première ici. Des étudiant-e-s nous ont expliqué que des éclaircissements étaient nécessaires car de nombreux points du projet de réforme demeuraient très « ambigüs » et qu’il fallait pour cela « maintenir la pression ». Il-le-s ont d’autre part déploré que les étudiant-e-s soient rejeté-e-s de la table de négociation et ne soient « toujours pas reçu-e-s », alors que cela les concerne au premier plan…

Les orthophonistes manifestent

Les orthophonistes en exercice rejoignent le mouvement des élèves. En début d’après-midi, une trentaine d’entre-eux ont manifesté contre la réforme de leur formation proposée par le gouvernement. Les manifestants ont distribué des tracts dans le centre-ville de Poitiers pour « dire non à une orthophonie à deux vitesse. »

Nouvelle République, 29/11/2011

[Chili] Barricades et émeutes à Santiago

Les étudiant.e.s chilien.ne.s reprennent la rue pour exiger une éducation gratuite et de qualité: barricades et émeutes à Santiago – 24 novembre 2011

Chili: affrontements entre étudiants et forces de l’ordre

ATS / AFP | 25.11.2011 | 07:16

MANIFESTATION | Des milliers d’étudiants chiliens ont manifesté à Santiago jeudi en faveur d’une réforme de l’éducation. Des incidents épars ont opposé en divers points de la capitale la police et de petits groupes d’émeutiers en cagoules.

Plusieurs milliers d’étudiants chiliens, ont manifesté à Santiago jeudi lors de marches ponctuées de violences et d’arrestations, sur fond de tractations au Parlement sur le budget 2012 de l’Education. Les étudiants sont mobilisés depuis sept mois pour une réforme de l’éducation.

Au moins 2000 personnes dans la matinée, 10’000 en fin de journée selon les organisateurs, ont défilé lors de deux manifestations distinctes, comme le mouvement étudiant en a convoqué une quarantaine depuis mai. Mais avec une participation en baisse sensible ces dernières semaines.

Des incidents épars ont opposé tôt le matin en divers points de la capitale la police et de petits groupes d’émeutiers en cagoules, puis les heurts se sont renouvelés dans la journée à la fin de la marche, et de nouveau en début de soirée, autour de barricades improvisées de pneus enflammés. La police a indiqué avoir arrêté 58 personnes au long de la journée.

Le gouvernement a dénoncé les nouvelles mobilisations, «qui sont vraiment de trop, ne génèrent plus que de la gêne. Les gens se demandent vraiment: jusqu’à quand?», a déclaré son porte-parole Andres Chadwick.

Au Parlement, la majorité de droite qui tient la Chambre des députés, et l’opposition de gauche, majoritaire au Sénat, mènent des tractations serrées sur le budget de l’Education, qui doit être approuvé avant le 30 novembre.

Les étudiants réclament depuis des mois que la part du budget consacrée à l’Education soit rapprochée des normes des pays développés, et du minimum (7%) recommandé par l’Unesco. Elle est de l’ordre de 4,5% au Chili.

Etudiants, lycéens et enseignants sont mobilisés depuis le mois de mai pour réclamer la réforme d’un système éducatif aux grandes disparités entre privé et public. Il réclament surtout un fort réinvestissement de l’Etat dans l’enseignement public, délaissé depuis les politiques libérales sous la dictature (1973-1990).

Les étudiants chiliens s’affrontent avec la police lors d’une manifestation

Associated Press 24/11/2011

SANTIAGO, Chili – étudiants chiliens se sont affrontés avec la police jeudi lors d’une manifestation demandant plus de financement pour l’éducation publique, tandis que les étudiants en Colombie et en Argentine ont également pris la rue par des manifestations simultanées.

La police chilienne a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre un groupe de manifestants cagoulés qui lançaient des pierres et des bouteilles. Environ 20 manifestants ont été arrêtés.

Certains manifestants ont brûlé un camion et ont brisé les vitres d’un autre véhicules, a déclaré Omar Nunez, le propriétaire du véhicule.

Les étudiants ont débuté la protestation il y a six mois au Chili afin de demander plus de financement et d’autres modifications au système d’éducation publique. La grande majorité des marches de protestation dans les derniers mois ont abouti à des affrontements entre manifestants et policiers.

Les dernières manifestations ont eu lieu alors que les législateurs du Congrès du Chili étaient en train de discuter du financement de l’éducation.

Le gouvernement chilien, par l’intermédiaire d’Andres Chawick, a déclaré que la protestation était inutile, disant que législateurs avaient «dialogué intensément pour voir si un accord pouvait être atteint. »

Les manifestations au Chili ont inspiré des actions similaires dans d’autres régions d’Amérique du Sud.

Plusieurs milliers d’étudiants colombiens ont participé à des marches multiples jeudi. En Argentine, environ 1.000 étudiants ont défilé dans les drapeaux de Buenos Aires et avec des banderoles comme « la lutte étudiante se promène dans l’Amérique latine. »

Traduit par Le Chat Noir Emeutier, 26/11

Presse bourgeoise (AFP, ATS, AP), 15/11/2011

« Dette : les 5000 premières années », de David Graeber (traduction artisanale par hocus)

Voici mis en ligne un écrit passionnant, de David Graeber, sur l’origine de la monnaie et de la dette, et les formes qu’elles ont adoptées.

Nous remercions chaleureusement hocus pour son travail de traduction, et sa permission de le diffuser sur ce blog.

La lecture est ici : http://fa86.noblogs.org/?page_id=1079

Bonne lecture.

Groupe Pavillon Noir, Fédération Anarchiste 86, 25 novembre 2011

[Poitiers] La fin de l’amphi J

Le témoin des luttes finales

 

L’amphi était souvent plein comme un oeuf, comme ici lors d’une AG en 2009. – (Photo archives NR, Dominique Bordier)

Vigie de béton vieillie au bord de l’avenue du Recteur-Pineau, l’amphi J a connu bien des contestations estudiantines. Si officiellement des cours s’y sont tenus, le bâtiment a aussi accueilli nombre de conférences, concours et même des films militants au début des années soixante-dix. Plus récemment, en 2006, il hébergea une multitude d’ AG. Contre le projet Devaquet en 1986, contre la réforme LMD de 2003, contre le CPE en 2006 ou anti LRU en 2007-2009, l’amphi J fut de toutes les luttes. Aujourd’hui, l’urbanisme et les nouveaux besoins de l’université y mettent leur point final…

Nouvelle République, J-M.G., 25 novembre 2011