Archives de catégorie : Éducation populaire

[Poitiers] Manif d’étudiantEs en orthophonie contre la réforme Bertrand

Les étudiants orthophonistes manifestent en chantant

Ils étaient 70 à protester, hier place du Maréchal-Leclerc à Poitiers, contre la réforme proposée par Xavier Bertrand, ministre de la Santé.

Soixante-dix étudiants en orthophonie ont manifesté hier.

 

Soixante-dix étudiants en orthophonie ont manifesté hier. – (dr)

Ceux qui passaient hier, en fin d’après-midi, sur la place du Maréchal-Leclerc à Poitiers se sont arrêtés et ont applaudi la prestation. Visage grimé, portant un tee-shirt rouge, soixante-dix jeunes ont donné de la voix. Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle chorale. Non, cette ritournelle ne sera pas diffusée sur toutes les ondes. Les étudiants en orthophonie manifestaient en chantant.

La création d’un Master

« Nous protestons contre le projet avancé par le ministre de la Santé, explique Jeanne Roeltgen, présidente de l’Association pour les étudiants en orthophonie de Poitiers. Ce projet prévoit une orthophonie à deux vitesses. » Actuellement, les étudiants en orthophonie sont admis au centre de formation, rattaché à la faculté de médecine, sur concours. Leur cursus se déroule sur 4 ans. « Mais seul un niveau bac + 2 nous est reconnu, précise Jeanne. Nous réclamons depuis longtemps au gouvernement de créer un Master 2. Nous voulons approfondir nos connaissances et accéder à la recherche afin de permettre l’évolution de nos pratiques. »
Et Xavier Bertrand accède à leur demande. Pourtant les étudiants sont en colère. Ils n’imaginaient pas une proposition conditionnée : « Il veut scinder notre profession, s’exclame Jeanne. Il nous faudra passer une nouvelle sélection au bout de nos quatre années d’études pour entrer en Master 2. Notre concours d’entrée au centre de formation est déjà suffisamment exigeant. C’est inadmissible. »
Selon les étudiants, ceux qui ne pourront pas atteindre cette cinquième année d’étude ne pourront plus soigner toutes les pathologies. Ceux qui l’intégreront seront obligés de choisir une spécialité. « Ce système provoquerait une baisse de l’offre de soin de qualité et de proximité », s’emporte Jeanne. L’attente est déjà longue pour les personnes souhaitant un rendez-vous : de 6 à 18 mois.
Pendant 16 jours, les étudiants des 16 villes accueillant un centre de formation en orthophonie vont se mobiliser. « Et s’il le faut nous irons tous manifester à Paris. » Une pétition est à signer sur www.mesopinions.com. Il faut taper « Pour un master en orthophonie » dans la barre de recherche.

Nouvelle République, Magalie Lépinoux, 16 novembre 2011

Une anthropologie de la police des quartiers

Anthropologie d’une bande armée de criminels

 

« La force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers », de Didier Fassin : mais que fait la police ?

Il y a plusieurs polices. Peut-être y en a-t-il même autant que de policiers. Les uns attirent parfois le regard, comme les flics « ripoux » et les serviteurs trop zélés du pouvoir exécutif qui défraient la chronique ces jours-ci. D’autres restent le plus souvent dans l’ombre.

Les policiers de terrain, auxquels incombe le maintien de l’ordre, sont de ceux-là. Leur travail, fait de patrouilles et d’interpellations, paraît souvent trop banal pour mériter que l’on s’y arrête. Le jeu du chat policier et de la souris délinquante n’est-il pas, après tout, l’un des plus vieux au monde ? Il est malheureusement aussi un des plus protégés du regard des chercheurs. « Circulez, y’a rien à voir ! » : depuis plusieurs années, la police a fait de ce mot d’ordre sa politique à l’égard des sciences sociales. Elle oppose dorénavant un refus systématique aux demandes d’enquêtes sur son travail.

L’anthropologue Didier Fassin a pourtant réussi à surmonter les réticences des policiers et à se faire accepter dans un commissariat de la banlieue parisienne. Entre 2005 et 2007, il a pu suivre le quotidien des équipages de la brigade anticriminalité (BAC). Créée en 1971 pour faire du « flagrant délit », cette police en civil est devenue, depuis les années 1990, l’instrument principal de la « police des quartiers » et le bras armé de la politique sécuritaire qui associe immigration, banlieue et délinquance.

S’inscrivant dans une longue lignée de travaux anglo-saxons visant à prendre au sérieux l’autonomie politique et morale dont jouit le policier du coin de la rue, et à la suite de Dominique Monjardet, qui fut en France le pionnier de cette approche de la police « par le bas », Didier Fassin décrit patiemment le travail des policiers de la BAC.

Loin des clichés, celui-ci est essentiellement marqué par l’inaction et la frustration. « Les policiers, note-t-il, attendent de rares appels qui s’avèrent presque toujours vains, soit parce qu’il s’agit d’erreurs ou de plaisanteries, soit parce que les équipages arrivent trop tard ou font échouer leur affaire par leur maladresse, soit enfin parce qu’il n’y a pas matière à interpellation. »

L’anthropologue s’attache dès lors à décrire le fonctionnement du groupe des « baqueux », cet « État dans l’État policier » fonctionnant par cooptation et doté d’une large autonomie par rapport à la hiérarchie policière. Les brigadiers qui le composent, souvent des « immigrés de l’intérieur » — enfants de paysans ou de commerçants des petites agglomérations —, sont formés dans la crainte de la « jungle » dans laquelle ils sont appelés à travailler, des « zones urbaines sensibles » pour l’essentiel. Ils n’y habitent pas et les insignes brodés sur leurs blousons la représentent comme des alignements de barres d’immeubles saisis dans le viseur d’une arme…

Ces policiers, plus inspirés par l’idéologie du Front national et les faits d’armes de Vick Mackey, le flic corrompu de la série « The Shield », que par le service d’une communauté et le respect de la loi, se sont fabriqué, en guise d’idéal, une morale de substitution : « Faire régner l’ordre en rappelant qu’ils peuvent user de leur pouvoir à leur gré, telle est la mission que se donnent, par défaut, les membres de la BAC, dès lors qu’ils se rendent bien compte qu’ils n’arrêtent pas, comme ils l’avaient imaginé en choisissant leur unité, “des voleurs et des voyous”. »

Puisqu’il faut bien donner un sens à ces inutiles courses-poursuites contre les jeunes des quartiers, aux interpellations sans gloire d’étrangers et de « shiteux » pour satisfaire le besoin de chiffres de la hiérarchie, les policiers de la BAC se sont bricolé une morale faite avant tout de discriminations raciales, de vengeances organisées et du recours systématique à la violence psychologique contre ceux qu’ils interpellent. Une morale qu’un brigadier résume ainsi face à Didier Fassin : « Y nous aiment pas, les bâtards. Nous on les aime pas non plus. »

Au final, c’est un théâtre absurde et tragique qui émerge des notes prises par le chercheur dans ces véhicules banalisés lancés à la poursuite d’on ne sait finalement trop qui ou quoi. La police est par excellence le lieu de ce que les sciences sociales appellent les « prophéties auto-réalisatrices ». Il suffit en effet d’augmenter le nombre de policiers dans les quartiers pour y multiplier les interpellations, donc les faits de délinquance enregistrés. La police est, en somme, elle-même sa propre justification.

Mais l’anthropologue comme le citoyen peuvent-ils se satisfaire d’un tel vide de sens ? Un jour, un policier confie à Didier Fassin qu’il ne comprend pas pourquoi les jeunes des quartiers se mettent toujours à courir quand ils le voient arriver. Le chercheur, lui, a appris de ces mêmes jeunes la façon dont un corps peut mémoriser les humiliations passées et instinctivement s’en protéger. Aussi a-t-il la charité de ne pas rétorquer ceci : le fait que le policier, à son tour, se mette à courir, voilà un mystère encore bien plus épais à percer…

LA FORCE DE L’ORDRE. UNE ANTHROPOLOGIE DE LA POLICE DES QUARTIERS de Didier Fassin. Seuil, 393 p., 21 €.

Leur presse (Gilles Bastin, Le Monde des livres), 27 octobre 2011.


La charge contre la police d’un anthropologue immergé dans une brigade anticriminalité

L’anthropologue Didier Fassin a passé quinze mois en immersion dans une brigade anticriminalité (Bac), spécialiste du « saute-dessus » dans les banlieues sensibles : il en a fait un livre à charge contre la police mais lui parle d’un « travail d’obervation avec le souci de faire bouger les choses ».

« Discours racistes », « pratiques discriminatoires », « scènes d’humiliation », « contrôles d’identité abusifs » et au faciès, « culture du chiffre » : dans La Force de l’ordre (Éd. Seuil, parution cette semaine), se voulant une « anthropologie de la police des quartiers », il n’y va pas par quatre chemins pour décrire le quotidien d’une « Bac » qui œuvre apparemment en grande banlieue parisienne mais que l’auteur ne situe jamais.

On y croise des policiers roulant à près de 200 km/h quasiment pour le plaisir, des « blacks » contrôlés pour rien ou des peccadilles — le fils de l’auteur en ayant fait l’expérience, ce qu’il raconte — mais rarement comme auteurs d’infractions. Y sont décrits des comportements de « cow-boys », tutoiement de rigueur et insultes racistes, avec les jeunes des cités HLM.

Fassin, professeur de sciences sociales à Princeton (États-Unis) et directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), se défend d’avoir livré une « charge » contre la police.

« C’est un travail d’observation », plaide-t-il. « Après avoir enquêté auprès des jeunes, j’ai voulu comprendre ce qui se passe du côté des institutions » et « ai eu la chance d’obtenir une autorisation pour suivre 15 mois une Bac » entre 2005, au moment des émeutes auxquelles il n’a pas assisté, et 2007.

« La loi vient après l’ordre »

Son récit confirme la césure police/population, singulièrement avec la jeunesse. Il montre, exemples à l’appui, « l’inefficacité » des Bac, selon lui, et de leur travail souvent effectué dans « l’illégalité » notamment pour ce qui est des contrôles.

Les dialogues, sous anonymat, sont saisissants : « C’est vrai que ces contrôles sont abusifs », raconte à l’auteur un commissaire « et je comprends qu’aux jeunes, ça leur pèse ». « Mais c’est une espèce de jeu. Moi, je suis le flic, je vais te contrôler. Toi tu es le présumé coupable, tu te fais contrôler. »

« Il faut bien admettre que ça ne sert à rien », admet encore le policier, selon des propos rapportés par Fassin, « sauf à perpétuer le climat malsain entre les policiers et les jeunes ».

Ces pratiques, selon lui, sont à mettre au crédit des lois et discours sécuritaires depuis les années 1990, ceux de Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy notamment. Mais aussi, « depuis un demi-siècle, des concentrations de populations et d’immigrés ».

« La loi vient après l’ordre », résume le chercheur. « On a demandé aux policiers d’être interventionnistes » et les Bac ont été créées « rien que pour cela ». Pour du « saute-dessus » comme disent les « baqueux » — ainsi qu’ils se nomment entre eux — dans le livre.

Quand on lui dit que le livre risque de choquer les policiers et ceux dont il a partagé le quotidien, Didier Fassin rétorque « espérer ouvrir le débat » pour que « tous s’y reconnaissent », policiers et citoyens. Pour « faire bouger les choses, au nom de la démocratie ».

La partie n’est pas gagnée à en croire ce qu’il dit des jeunes policiers des Bac : « La plupart ont (une) image de la banlieue comme dangereuse, des habitants comme leurs ennemis et de la situation dans laquelle ils se trouvent comme un état de guerre ».

« Et ce avant même d’être affectés dans ces circonscriptions où ils n’ont pas voulu aller et qu’ils cherchent à quitter au plus vite », écrit l’auteur.

Leur presse (Rémy Bellon, Agence Faut Payer), 24 octobre 2011.


Des policiers dans la « jungle urbaine »

Dans une étude sans précédent, Didier Fassin, professeur de sciences sociales, raconte les tensions entre forces de l’ordre et populations. Interview par Elsa Vigoureux.

Vous affirmez qu’il existe une police qui s’exerce de manière spécifique dans les quartiers ?

Depuis plusieurs décennies, une police des quartiers est née, dont le fer de lance est la BAC, brigade anti-criminalité. Son mode d’action dans ces territoires et à l’égard de leurs populations serait impensable ailleurs. La plupart des polices du monde ont évolué vers une répression ciblée sur les populations les plus vulnérables, les immigrés et les minorités, en développant des méthodes d’intervention spécifiques, de type paramilitaire, en marge de la légalité, créant ainsi de petits états d’exception. La France a ceci de particulier que la Police nationale n’est pas au service de la population, mais de l’État, en principe garant de neutralité. Or l’évolution récente tend plutôt à en faire le bras armé du gouvernement.

Vous dites que « la police des quartiers ne ressemble pas à ses habitants ». C’est-à-dire ?

Ces policiers sont des jeunes qui sortent de l’école. Issus de zones rurales et de petites villes, ils n’ont pas d’expérience personnelle des zones urbaines sensibles (ZUS), qu’on leur présente comme une « jungle » hostile. S’ils sont aussi d’origine modeste, ils ont en général passé leur jeunesse dans des milieux très différents. Les rares membres de la BAC qui ne considèrent pas les jeunes des cités comme des ennemis et ne les traitent pas de « bâtards » ont eux-mêmes vécu dans des cités.

Comment conçoivent-ils leur mission ?

Ils disent avoir choisi ce métier pour « attraper des voleurs et des voyous ». La réalité est tout autre : la criminalité a baissé ; les auteurs des délits les plus fréquents, comme les atteintes aux biens, sont difficiles à confondre, à moins de les prendre la main dans le sac. La profession est sous pression, les policiers doivent « faire du chiffre ». Et ils se rabattent sur des « délits faciles à faire » : arrêter ceux qu’ils appellent les « shiteux », et les sans-papiers. Ils sont loin de l’idée qu’ils se faisaient de leur métier.

Vous dites que les policiers, déçus par les magistrats, règlent des comptes dans la rue.

Bien que les faits prouvent le contraire, les policiers croient que les juges sont laxistes. Et ils ont tendance à faire justice eux-mêmes. En pratiquant sur des jeunes des contrôles d’identité illégaux, dans des conditions humiliantes. Ou en réalisant des interpellations arbitraires au sein d’un groupe. Le but, comme ils disent, est de leur « pourrir la vie ». Les publics les plus habituels des forces de l’ordre sont donc exposés à une double peine, judiciaire et policière.

Les études sur la police sont rares. Pourquoi ?

C’est devenu un interdit. Il existe une censure qui rend impossible l’obtention d’autorisations pour étudier l’activité policière. Je suis reconnaissant au commissaire de la circonscription où j’ai réalisé mon enquête, entre 2005 et 2007, de m’avoir laissé toute liberté alors que la pression du ministère était forte.

Pourquoi évoquez-vous l’expérience de votre fils et de ses amis, enfants français d’origine africaine, maltraités par des policiers de la BAC ?

Il faut y voir une implication personnelle, pas un témoignage. Ces faits correspondent à ce qui est vécu par une partie de la population, et totalement ignoré par le reste. C’est cette invisibilité que je tente de dépasser : cela se produit près de chez vous, et vous ne le savez pas. Pourtant, il s’agit de nous, parce que ce sont nos enfants, leurs amis et les parents de ces amis. Méconnaître cette réalité, c’est taire les injustices.

Pensez-vous qu’une guerre sourde est à l’œuvre entre la police et cette population ?

Il y a du côté des forces de l’ordre et des responsables politiques un imaginaire de la guerre : un vocabulaire pour désigner les ennemis de l’intérieur, des expéditions punitives pour sanctionner l’acte d’un individu, la mobilisation de technologies militaires lors de confrontations, des références à la guerre d’Algérie comme matrice des tensions actuelles. Une oppression que ressentent fortement les habitants des quartiers en tant que victimes. Lorsqu’un jeune meurt, renversé par un véhicule de police ou abattu dans un commissariat, un sentiment de révolte peut les submerger. C’est ainsi que des émeutes surviennent. Imaginaire de la guerre des uns et sentiment de révolte des autres me paraissent donc profondément distincts.

Interview de Didier Fassin, professeur de sciences sociales, auteur de « La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers » (Éd. Seuil), par Elsa Vigoureux.

Leur presse (Le Nouvel Observateur), 20 octobre 2011.

[Londres] Manifestation étudiante du 9 novembre

[ANGLETERRE] Manifestation étudiante à Londres – Mercredi 9 novembre 2011

Manifestation étudiante à Londres, vingt arrestations

LONDRES (Reuters) – La police britannique a arrêté 20 personnes mercredi à Londres alors que des milliers d’étudiants manifestaient contre les mesures d’austérité du gouvernement.

Plusieurs arrestations ont eu lieu alors qu’un groupe de manifestants s’est écarté de l’itinéraire principal pour dresser une vingtaine de tentes au pied de la colonne Nelson, à Trafalgar Square, imitant les militants anticapitalistes qui occupent depuis un mois le parvis de la cathédrale Saint-Paul.

Soucieux d’éviter que ne se reproduise le face-à-face de Saint-Paul, la police est intervenue à Trafalgar Square et a retiré les tentes installées sur l’un des sites les plus visités de la capitale britannique.

Des échauffourées de faible ampleur ont éclaté lorsque des policiers en casques anti-émeute ont entrepris de canaliser les manifestants dans les rues conduisant à leur point de ralliement dans le quartier financier de la City.

Fin 2010, quatre manifestations étudiantes avaient donné lieu à des accrochages avec la police, qui avaient procédé à près de 400 arrestations. Des manifestants s’en étaient pris à des bâtiments officiels et au siège du Parti conservateur au pouvoir. La limousine du prince Charles et de son épouse Camilla Parker-Bowles avait aussi été attaquée.

On attendait mercredi environ 10.000 personnes de tout le pays. Il s’agit pour Londres du rassemblement le plus important depuis les quatre journées d’émeutes qui ont secoué la capitale et d’autres villes anglaises en août, violences urbaines sans précédent depuis des décennies dans le pays.

ITINÉRAIRE BALISÉ PAR LA POLICE

« L’éducation pour les 99 pour cent », lisait-on sur une des banderoles dénonçant la forte augmentation des frais universitaires. D’autres évoquaient le message anticapitaliste des militants du mouvement « Occupy » qui campent sur le parvis Saint-Paul: « Prenez la richesse aux un pour cent. »

Les étudiants s’opposent aux projets de réforme de l’éducation, qui s’apparentent selon eux à une privatisation du système, ainsi qu’au relèvement des frais universitaires décidé l’an dernier avec une réduction des allocations destinés aux élèves défavorisés.

La manifestation visait aussi la réforme des avantages sociaux liée à la cure d’austérité imposée par le gouvernement, soucieux de réduire un déficit budgétaire atteignant près de 11% du produit intérieur brut.

Parallèlement aux étudiants, les électriciens et les chauffeurs de taxi avaient organisé leurs propres manifestations en prévision d’une journée de grève nationale des fonctionnaires fixée au 30 novembre.

La manifestation constituait un test pour la police de Londres, qui s’était vu vivement reprocher de n’avoir pas enrayé à temps les émeutes du mois d’août avant qu’elles se propagent.

Changeant cette fois de tactique, les autorités ont submergé l’itinéraire de policiers, isolé des points de friction possibles comme la Bourse de Londres et déployés des unités montées dès le départ.

A la tombée de la nuit, la plupart des manifestants ont commencé à repartir, seul restant sur place un petit groupe qui dansait au son d’une musique à plein volume.

Presse bourgeoise – Le Nouvel Obs, 09/11/2011

[Paris] Profs en grève et lycéenNEs solidaires

[Lycée Balzac à Paris] Solidarité lycéenne avec la grève de leurs profs. Répression policière. Une blessée grave. ACAB

Le blocus de la cité scolaire Balzac dégénère

Un lycéen a été arrêté hier par la police pour rébellion. Deux élèves ont été blessées. La grève des enseignants se poursuit dans cet établissement du XVIIe aux classes surchargées.

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Colère et émotion hier à la cité scolaire Honoré-de-Balzac (XVIIe) à la suite des incidents qui se sont produits lors du blocage de cet établissement le matin par les élèves. Un lycéen de 17 ans a été placé en garde à vue et deux élèves ont été blessées au cours d’une bousculade.

La grève déclenchée pour la troisième fois hier par les enseignants pour protester contre les classes surchargées et le manque de moyens dans ce gros lycée et collège, situé le long du boulevard Bessières a été reconduite aujourd’hui.

Hier matin, une centaine de lycéens avait bloqué avec une chaîne l’entrée de cet établissement comptant 2000 élèves en soutien aux enseignants en grève. Un barrage filtrant avait été installé sur une entrée secondaire pour laisser passer les collégiens. Tout a dégénéré lorsqu’un policier a sectionné la chaîne pour libérer l’accès pompiers. « Les policiers ont tenté de nous repousser et ont attrapé un élève à la gorge avant de le plaquer au sol et de le rouer de coups, raconte Émile, en terminale. Puis ils l’ont menotté et emmené. Nous avons tenté de bloquer le véhicule de police en nous mettant en travers du boulevard Bessières. » Dans la bousculade, une jeune fille a eu le tibia fracturé et une autre a été légèrement blessée.

La police présente une autre version : « Le commissaire accompagné d’un gardien de la paix ont tenté de parler avec le meneur pour mettre fin au blocage, mais il les a bousculés. Le policier a été blessé à la main. » Le garçon de 17 ans a été arrêté pour rébellion, outrage et violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, et placé en garde à vue. Il a été relâché en fin d’après-midi. Il comparaîtra devant le parquet des mineurs en décembre.

Alerté, l’inspecteur d’académie s’est rendu sur place dans la matinée pour tenter de ramener le calme. « Nous réclamons cinq postes de surveillants, deux postes administratifs supplémentaires et attendons qu’un poste d’infirmière soit pourvu », indique une représentante syndicale du Snes. Ils dénoncent aussi « de graves dysfonctionnements dans les emplois du temps, avec des trous et des cours qui se chevauchent » ainsi qu’un « manque de dialogue avec leur direction ». Ils ont décidé de poursuivre leur action aujourd’hui. « Les élèves sont très choqués et très remontés, poursuit la déléguée du Snes. Nous ne voyons pas comment nous pourrions gérer les classes dans ce contexte. Il va falloir que la situation évolue. »

Hier soir, à l’issue d’une réunion avec les professeurs, les parents ont décidé d’appeler à une école morte aujourd’hui et à un rassemblement jeudi devant le rectorat.

Leur presse (Christine Henry, LeParisien.fr), 9 novembre 2011.


Intervention policière musclée devant un lycée parisien

Des élèves, dont certains auraient été blessés, et des professeurs ont bloqué l’entrée du lycée Honoré de Balzac à Paris pour réclamer de meilleures conditions de travail.

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Manifestation musclée devant le lycée Honoré de Balzac à Paris (XVIIe). Les forces de l’ordre sont intervenues ce mardi pour forcer l’entrée de l’établissement scolaire, bloquée depuis le début de matinée par les professeurs et les élèves.

Ces événements font suite à une grève entamée le 3 novembre dernier par le personnel de la cité scolaire, pour protester contre les mauvaises conditions de travail. Pour soutenir le mouvement, des élèves ont décidé, ce mardi matin, de bloquer l’entrée de l’établissement. « Les élèves formaient une chaîne humaine devant l’entrée. Le blocus était alors pacifique », témoigne une élève de terminale.

Jusqu’à l’intervention des forces de l’ordre vers 9h30 pour débloquer l’établissement. Des heurts ont alors opposé une dizaine de policiers aux manifestants. Une élève aurait le tibia cassé par une lampe torche d’un policier. Un de ses camarades, âgé de 17 ans, aurait été légèrement blessé à l’arcade sourcilière. Ce dernier a été conduit au service médico-judiciaire de l’hôpital de l’Hôtel-Dieu pour faire constater ces blessures, mais aucune trace de violence n’a été enregistrée. Il a été placé en garde à vue pour « rébellion, outrage et violence sur une personne dépositaire de l’autorité publique ». Il a été libéré à 16h10.

D’après la police, l’élève arrêté s’est montré particulièrement agressif envers les forces de l’ordre. Les lycéens de leur côté contestent la version des policiers et assurent avoir été victimes d’une violence inappropriée : coups de matraque, usage de gaz lacrymogène… Plusieurs élèves envisagent de porter plainte cet après-midi.

Leur presse (Tony David, L’Express.fr), 8 novembre 2011.


Bousculade entre lycéens et policiers

Une bousculade s’est produite ce matin devant la cité scolaire Balzac, à Paris (XVIIe), quand des lycéens ont entrepris d’empêcher la police de débloquer les accès de l’établissement, cadre d’un conflit social, a indiqué le rectorat. Un élève mineur « a été embarqué après s’être frotté avec un policier », a indiqué Philippe Fatras, inspecteur d’académie pour le second degré, qui a ajouté avoir recueilli « plusieurs versions » de la génèse de l’incident.

Ce matin, en soutien au personnel enseignant et administratif en grève contre des suppressions de postes et des classes surchargées, des élèves ont bloqué avec des chaînes les accès à l’établissement, « y compris l’accès pompiers », a précisé Philippe Fatras.

En conséquence, le proviseur a demandé l’intervention de la police qui a entrepris de couper les chaînes qui empêchaient l’ouverture des portes, a poursuivi l’inspecteur d’académie. S’en est suivie une bousculade.  Philippe Fatras a rencontré les professeurs grévistes à qui il a annoncé la création d’un poste équivalent temps plein de surveillant, « un effort conséquent en cette période », a-t-il estimé. Les professeurs en ont pris bonne note.

Leur presse (Agence Faut Payer), 8 novembre 2011.

[Marseille] L’Eglise contre le théâtre populaire

Marseille : un squat d’artistes menacé d’expulsion par l’Église

Marseille : le théâtre Nau n’a pas dit son dernier mot

Des artistes occupent l’ancien théâtre et rameutent un nombreux public. Mais la menace d’une expulsion plane…

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Le nom du lieu culturel qui casse la baraque en ce moment à Marseille ? Attention, la réponse est déroutante : on nomme le théâtre Nau (6e), la plus ancienne scène de la ville, 167 années d’art vivant dans le rétroviseur. Pourtant, si vous avez suivi, vous savez que ce bâtiment appartenant au diocèse a tiré le rideau en mai dernier, conséquence directe d’une menace d’arrêté de péril formulée par la municipalité.

Seulement voilà, la petite histoire retiendra que ce fameux théâtre Nau, rebaptisé le « NO ! occupé » par les pirates qui l’habitent jour et nuit depuis trois semaines, a battu ses records d’entrées et d’abonnés après sa fermeture. Le nombre d’adhérents au nouveau « NO ! », encartés en un temps record ? 990 ! « Ça prouve que ce lieu historique doit continue à vivre. Pour nous, bien sûr, parce qu’on y demeure. Mais aussi, pour le public et pour le quartier », lance Michaël Sanchez, attablé au premier étage du complexe.

C’est qu’avec une quinzaine de proches, tous artistes, ce solide gaillard de 29 ans est à l’origine de la résurrection du Nau. Plus précisément, de l’occupation de cette bâtisse de rêve : un superbe jardin, deux étages et une enfilade de pièces parfaites pour exposer ou répéter. Un domaine désormais transformé en squats socioculturel, comme il en existe des dizaines à Londres, Berlin ou Barcelone. « Mais aussi dans toutes les capitales européennes de la culture, à l’image de Lille », glisse Michaël. Qui poursuit : « Quand nous avons entendu parler de cet espace fermé, au potentiel énorme, nous avons décidé de l’investir pour en faire un lieu alternatif vivant ».

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Et en effet, l’association nouvellement crée n’a pas chômé : partie visible de l’iceberg, l’organisation de deux journées portes ouvertes avec une programmation relevée mêlant concerts, théâtres, vidéos… qui ont attirés un bon millier de personnes. Mais aussi, des débats tranchants sur le devenir du Marseille populaire. Et surtout, au quotidien, l’accueil de plusieurs dizaines de compagnies amateurs, semi-professionnelles ou professionnelles en manque de lieu pour s’exprimer. Dont des artistes américains et taïwanais.

« Ce n’est pas étonnant, tranche Michaël, dans cette ville, il est quasi impossible d’obtenir une salle de répétition quand on n’est pas pistonné, appuyé par l’Europe ou qu’on n’a pas dix ans d’existence… » À ses côtés, Thomas Dietsch, autre squatteur embarqué dans l’aventure du « No ! », embraye : « Il faut savoir que la nouvelle cité des arts de la rue a refusé 50% des compagnies candidates. Et nous, nos créneaux sont déjà archi-complets. C’est dire à quel point les besoins sont énormes. »

Au-delà de cet aspect pratique, l’association tente de défendre une autre idée de la culture : « Chez nous, c’est prix libre. Chacun donne ce qu’il veut ou peut, assène Michaël. Tu peux assister à un spectacle même si t’es en fin de mois et que tes poches sont vides. C’est cela une culture populaire accessible à tous. » Ce qui n’empêche pas l’exigence : « Plus Belle la vie, c’est pas notre truc, explique Thomas, plus généralement, à partir du moment où l’on n’est pas dans une logique de rentabilité, on ne se sent pas obligé de programmer ce qui plaît. On fonctionne au coup de cœur. »

Las, ce rôle assez singulier occupé par les « No ! » menace d’être supprimé. À la demande du diocèse, le sort du squat était en effet examiné aujourd’hui par la justice. Une expulsion est à craindre. « Notre dossier est solide, je crois que nous avons prouvé notre utilité et tous les endroits concernés par l’arrêté de mise en péril sont fermés au public », tente Michaël. Et de conclure, ironique : « Se faire mettre à la rue par l’Église, ça ne serait pas très charitable ».

Leur presse (Laurent D’Ancona, LaProvence.com), 27 octobre 2011