Archives de catégorie : Décroissance libertaire

[Biard – 86] LGV : pauvre Boivre

Depuis un bon moment déjà, sauf le week-end, la promenade le long de la Boivre est devenue impossible entre Poitiers et Vouneuil-sous-Biard. Le chantier de la LGV a transformé ce lieu unique de flânerie bucolique en paysage désertique. Paradoxe : ce qui permettra à quelques riches de voyager un peu plus vite, empêche tous les pauvres n’ayant que leurs jambes ou un vélo de gambader tranquillement en compagnie des espèces végétales et animales qui écoulaient jusque là leurs jours paisibles en ces lieux désormais durablement sinistrés. L’entreprise ayant réalisé la charpente du viaduc de la Boivre porte un nom de winner (ça ne s’invente pas)… Gagne. Pour ses propriétaires et les actionnaires de Vinci, c’est pactole. Pour les amoureux des petits coins de paradis de la Boivre, c’est une fois de plus… la lose.

On a marché sur la Boivre
On a marché sur la Boivre

Juanito, 17 avril 2014

[NDDL] Arvicola Sapidus vs Vinci

Campagnol amphibie

 

NdPN : Vinci et ses copains au gouvernement et à la préfecture ont un nouvel adversaire à Notre-Dame-des-Landes ! Joueur infatigable, se cachant dans les herbes, creusant des terriers à deux issues, l’arvicola sapidus (campagnol amphibie) est menacé d’extinction mais n’a pas dit son dernier mot…

Aéroport Notre-Dame-des-Landes. Le campagnol amphibie crée la surprise

Le conseil national de protection de la nature  a donné un avis défavorable à la demande de dérogation en matière de destruction des espèces protégées.

À Nantes, le préfet de Région doit prendre un arrêté autorisant la destruction de spécimens d’une espèce protégée, le campagnol amphibie, sur le site de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il lui  fallait l’avis du conseil national de protection de la nature (CNPN).

La haute instance consultative du ministère de l’Environnement n’a pas suivi le préfet. La demande du représentant de l’État n’a pas recueilli une seule voix favorable. C’est une surprise.

« Cela ne change rien aux échéances », dit-on à la préfecture. L’avis du CNPN est seulement consultatif. Le préfet a bien l’intention de publier l’arrêté relatif au campagnol amphibie.

Il sera aussitôt attaqué devant le tribunal administratif par les opposants au projet d’aéroport .

« Cet avis négatif du CNPN renforce le point de vue des naturalistes, renvoie à la faiblesse du dossier sur le plan environnemental, et fragilise la position de l’État et de Vinci », estime François de Beaulieu, membre du collectif des naturalistes qui ont bâti l’argumentaire contre la demande du préfet.

Ouest-France, 12 avril 2014

[Dienné] Des abeilles et des hommes en danger

 » C’est tout l’écosystème qui est en danger « 

Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS, s’est penché sur la mise en danger des abeilles et des hommes par l’usage des pesticides. Edifiant.

Chercheur au CNRS et chimiste spécialiste des neurotoxiques, Jean-Marc Bonmatin donnera une conférence samedi à Dienné, dans le cadre de la Semaine du développement durable, sur le thème des abeilles et des hommes en danger à cause des pesticides.

On parle surtout du danger de l’usage des pesticides sur les abeilles, mais moins des conséquences pour d’autres animaux. Qu’en est-il exactement ?

« Si les abeilles sont en danger, c’est que tous les pollinisateurs et les insectes en général sont en danger. Les coccinelles sont aussi concernées, même si elles ne transportent pas directement le pollen, les papillons, les coléoptères comme les scarabées, certaines mouches, les vers de terre… sont touchés de près ou de loin. Et finalement, c’est tout l’écosystème qui est danger. L’oiseau qui mange le ver de terre est concerné lui aussi. »

En quoi les hommes sont concernés ? Parce qu’ils mangent du miel ?

« Manger du miel est un faux problème puisqu’il est peu contaminé au final. Non, c’est simplement que l’homme vit dans le même monde que les abeilles, un monde où de nombreux pesticides ou insecticides sont utilisés : le traitement des cultures de céréales et de légumes, les sprays diffusés sur les arbres fruitiers qui s’éparpillent dans l’air, les produits utilisés pour protéger les animaux domestiques de certains parasites… »

Alors pourquoi le discours se focalise surtout sur les abeilles ?

« Qui se soucie des mouches sauvages ou des scarabées ? Il y a une économie autour des abeilles puisqu’on produit du miel. Et elles ont l’avantage d’être particulièrement surveillées par les agriculteurs. Les abeilles sont notre révélateur, notre sonnette d’alarme. Vous savez que 30 % des abeilles disparaissent tous les ans ? Les apiculteurs les remplacent mais pour les espèces sauvages, qui s’occupent de leur renouvellement ? »

Où en est-on dans la prise en compte de cette problématique ?

« Le vrai problème, c’est la contamination de l’environnement en général. Tous ces neurotoxiques agissent sur le système nerveux central, surtout quand c’est tous les jours, à petites doses. Chez l’homme, on sait que cela favorise la maladie de Parkinson, mais on n’a pas assez de recul pour une analyse globale. La durée de vie d’une abeille est courte, on voit les conséquences sur dix jours. Chez l’homme, il nous faudrait une vingtaine d’années. Je crains que les conclusions auxquelles nous arriverons ne soient pas bonnes. »

« Des abeilles et des hommes en danger », projection-débat, samedi 5 avril à Défi’planet, Dienné, à 16 h 30 en salle des Fustes. Entrée gratuite.

Delphine Noyon, Nouvelle République, 4 avril 2014

[LGV] Le progrès passe par l’insomnie

NdPN : encore un râleur qui s’insurge contre l’intérêt de Vinci commun…

LGV : des travaux de nuit autorisés mais contestés

Depuis le début de la semaine, les engins de chantier sont autorisés à travailler toute la nuit sur le viaduc de l’Auxance. Un riverain est furieux.

Benoît Tercier, l’un des plus proches riverains de la future LGV au niveau des viaducs de l’Auxance, à Chasseneuil-du-Poitou, est furieux. Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers 4 heures du matin, il a été réveillé par des bruits liés aux travaux de construction, censés s’arrêter de nuit. Après avoir tenté d’obtenir des explications tant auprès de sa mairie que de la gendarmerie, Benoît Tercier a appris que la préfète de la Vienne avait signé, fin février, un arrêté dérogeant à l’arrêté initial et autorisant à titre exceptionnel de tels travaux durant deux fois six semaines.

La bête noire

Ces travaux de nuit permettent de poser les corniches de protection acoustique des deux côtés des viaducs, « de nuit afin de réduire les risques d’hygiène et de sécurité pour les équipes, l’espace sur le tablier étant restreint ». Explication de cette formulation sibylline par la direction de Lisea, maître d’ouvrage du chantier : le positionnement de la grue qui soulève les panneaux d’isolation phonique ne permet pas à d’autres ouvriers que ceux préposés à la pose de ces panneaux de circuler sur le tablier. Les travaux de nuit sont la seule solution pour éviter d’arrêter l’ensemble du chantier durant cette opération longue et délicate. Peu convaincu par cette explication, Benoît Tercier, qui se dit le porte-parole de ses voisins, pense qu’il s’agit plutôt de rattraper le retard pris par le chantier, ce que nie la direction de Lisea. Il se dit prêt à saisir le tribunal administratif d’une procédure de référé suspension, les travaux de nuit pouvant s’étaler, selon l’arrêté, sur deux périodes de six semaines s’achevant le 11 juillet. A noter que Benoît Tercier est en train de devenir la bête noire de Lisea : en janvier, il avait protesté de la même façon contre des travaux effectués le week-end, en contravention cette fois avec l’arrêté préfectoral. Selon certaines sources officielles, ces travaux supplémentaires étaient liés à la venue, le lundi, du ministre du Travail Michel Sapin sur le chantier. Une explication que Lisea a toujours contestée.

V. B., Nouvelle République, 31 mars 2014

La pollution cause un décès sur huit dans le monde

NdPN : tout-bagnole, épandages chimiques agro-industriels, perturbateurs endocriniens… bilan : sept millions de morts en 2012 dans le monde, avec notamment une explosion massive du cancer. A rapprocher des dix millions annuels de morts de la faim, dans un monde qui produit de quoi nourrir 12 milliards d’êtres humains. Ces morts ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion », ainsi que pourrait le laisser l’auteur du second article qui suit ; ils sont le corollaire du profit capitaliste, exigeant des productions, des modes de production et des rapports de production synonymes d’exploitation, de privation et de mort délibérées des prolétaires. Les « sommets de la Terre » et « plans » machintrucs n’y changeront rien ; c’est le capitalisme qu’il faut foutre par terre, et les Etats qui soutiennent son productivisme toxique à bout de bras !

La pollution de l’air a causé 7 millions de morts en 2012, selon l’OMS

Quelque 7 millions de personnes sont décédées en 2012 en raison de la pollution de l’air, selon une étude publiée mardi 25 mars par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Globalement, plus de 7 millions de morts sont attribuables aux effets des pollutions de l’air extérieure et domestique, et les régions de l’Asie et du Pacifique sont les plus touchées », avec 5,9 millions de décès, indique l’OMS dans son étude.

Ces chiffres sont en forte progression par rapport à la précédente étude qui datait de 2008, en raison d’un changement de méthodologie (non précisé pour le moment), et sont « choquants et plutôt inquiétants », selon les mots du Dr Maria Neira, directrice du département de la santé publique à l’OMS. « La pollution de l’air est désormais le facteur environnemental le plus important affectant la santé, tout le monde est touché, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres », a-t-elle ajouté.

3,2 MILLIONS DE MORTS COMPTABILISÉS EN 2008

En 2012, 3,7 millions de personnes sont décédées en raison d’effets liés à la pollution extérieure et 4,3 millions en raison de la pollution de l’air domestique, soit concrètement les fumées et émanations liées aux appareils de cuisson, chauffés au bois ou au charbon, ou les instruments de chauffage.

Lire :  La pollution pourrait aussi avoir des effets neurologiques

En 2008, lors de la précédente étude, l’OMS avait dénombré 3,2 millions de morts au total dus à la pollution de l’air, dont 1,3 million en raison de la pollution extérieure, et 1,9 million à cause de la pollution domestique.

Cette publication intervient alors que l’Ile-de-France a récemment été touchée par un pic de pollution, poussant le gouvernement à mettre en place dans la région des mesures exceptionnelles (circulation alternée, transports gratuits…). Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » à la suite d’une plainte de deux associations écologistes.

Le Monde.fr, 25 mars 2014

Le combat contre la pollution ne peut plus attendre

L’épisode de pollution que vit actuellement la région Ile-de-France, est géré comme d’habitude, par des mesures insuffisantes. Personne n’ignore que la pollution atmosphérique ne se combat pas uniquement à l’occasion des pics, mais par des changements majeurs de nos modes de vie. Et ce type de décisions ne se prend pas dans l’urgence.

La question de la pollution atmosphérique vient illustrer une nouvelle fois la faiblesse de la politique de santé environnementale en France. Un épisode marquant de la difficulté à se doter d’une politique en ce domaine a été l’exclusion du champ santé environnement lors de la dernière conférence environnementale qui s’est déroulée en septembre 2013. En conséquence, le Conseil national de la transition écologique a été constitué sans les associations spécialisées.

Autre exemple d’actualité : le 3e plan cancer. Quelque 1,4 milliard d’euros vont être dépensés pour une stratégie qui a pourtant fait la preuve de son inefficacité. Qui peut croire encore que la solution à l’épidémie de cancer soit de trouver de nouveaux médicaments ? Le président américain Richard Nixon avait déclaré en 1971 : « Dans vingt ans, nous aurons vaincu le cancer », en prônant ce type de stratégie. On sait ce qu’il en est advenu.

LA NÉGATION DE LA CRISE SANITAIRE

Depuis plus de quarante ans, le taux de cancer n’a cessé de progresser pas seulement dans les pays développés, mais dans le monde entier. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait le nombre de décès 8,2 millions en 2012 et ses projections dans deux décennies sont de 22 millions. Les cancers hormono-dépendants progressent au point que le cancer du sein est le premier cancer féminin pour 90 % de la population mondiale.

La France est le seul pays au monde à figurer dans les trois premiers pays au monde pour le cancer du sein et le cancer de la prostate. L’explication plausible est celle des perturbateurs endocriniens. Mais le plan cancer fait l’impasse sur cette situation et continue de tout vouloir expliquer par le tabagisme.

Beaucoup de responsables politiques continuent de nier l’urgence d’une politique ambitieuse en santé environnementale en se raccrochant à l’idée que « l’état de santé des Français n’a jamais été aussi bon  au motif que l’espérance de vie progresse »  et que le tabagisme est le seul facteur de risque majeur. Ce discours dominant repose sur la négation de la crise sanitaire.

Loin d’être à un niveau d’excellence jamais atteint, l’état de santé des Français se caractérise au contraire par un niveau jamais atteint de maladies chroniques. Aujourd’hui 9,5 millions de personnes sont reconnues en affections de longue durée (ALD) par le régime général d’assurance-maladie.  En outre, 27 millions de personnes, soit près d’un Français sur deux, sont confrontées à une maladie chronique au vu de cette reconnaissance ou de leur consommation médicamenteuse.

Ces mêmes statistiques montrent que sur la période 2003-2011 des maladies chroniques, la croissance est beaucoup plus rapide que le seul vieillissement. Le nombre d’accident vasculaire cérébral a progressé de 91 % en Alsace, le nombre de diabète de 72 % en Basse-Normandie et celui du cancer de 39 % en Languedoc-Roussillon. Dans le même temps la proportion de la population âgée de plus de 60 ans progressait de 10 %.

IL Y A TROP DE MALADES

Le vieillissement souvent avancé comme la seule raison n’explique que de façon partielle ces progressions. Quand le cancer touche un homme sur deux et deux femmes sur cinq, quand les maladies cardiovasculaires frappent deux personnes sur trois, quand 27 millions d’indicidus sont victimes d’une maladie chronique, dont 9,5 millions au titre des affections de longue durée, il n’est plus possible de continuer à considérer la situation comme normale.

En plus du coût sanitaire, le coût économique est également tout aussi anormal. Le surcoût pour la période 1994-2009 est de l’ordre de 400 milliards d’euros soit deux fois la dette sociale. Malgré l’évidence des chiffres, la Stratégie nationale de santé reste basée sur le paradigme ancien, c’est-à-dire sur le soin et la référence à la prévention y est symbolique. Il est temps de comprendre que le problème du système de santé n’est pas comme certains le prétendent qu’il y a trop de médecins dans les hôpitaux, mais c’est qu’il y a trop de malades.

Il est temps de se rappeler que ces maladies ne sont pas des fatalités et qu’elles ont des causes sur lesquelles il est possible d’agir. C’est en ce sens que la Stratégie nationale de santé devrait être orientée. La crise de ces derniers jours vient de rappeler l’urgence de changer de stratégie.

André Cicolella (président du Réseau environnement santé ) – Le Réseau environnement santé (RES) réunit plusieurs associations écologistes autour de la question de la santé environnementale.

Le Monde.fr, 18 mars 2014