Bois de Saint-Pierre : les ours sont-ils en danger ?
Les deux plantigrades du zoo ne sont pas traités comme il convient. Soutenue par plusieurs associations, une jeune femme somme la mairie d’intervenir.
L’affaire n’est pas nouvelle mais voilà qu’elle rebondit. Portée il y a quelques années par l’association Coloca terre, la cause des deux ours du zoo des bois de Saint-Pierre est aujourd’hui défendue par une jeune femme, Phoebé Cormenier. Sensible à la condition animale, celle-ci a repris le flambeau et dénonce aujourd’hui la situation qui est faite à Barth’ et à sa soeur, Martha, tous deux âgés de 25 ans, cédés en 1987 aux bois de Saint-Pierre par le zoo de Vincennes, un an après leur naissance. « Ils vivent depuis le début dans une fosse bétonnée, sans buissons, sans arbres. Leur hygiène et leur nourriture sont déplorables », assène-t-elle.
Sachant qu’un ours captif vit en moyenne 40 ans, la jeune femme aimerait que les pensionnaires du bois de Saint-Pierre trouvent refuge ailleurs pour leurs vieux jours. « Un zoo en cours de création en Espagne serait prêt à les accueillir, dans les Pyrénées le parc des Angles aurait aussi de la place, prévient Phoebé Cormenier, alors que la mairie ne dise pas qu’elle ne peut rien faire ! » Une association, parrainée par la fondation Brigitte Bardot aurait même sollicité la mairie à plusieurs reprises pour lui proposer de racheter ces ours…
» Qu’ils terminent leur vie dans un zoo décent »
Interrogée à ce sujet, la ville répond pourtant que son service des espaces verts a déjà « sollicité de nombreux zoos pour héberger les ours », mais qu’aucun repreneur ne s’est manifesté. Que faire ? Reconstruire une fosse aux ours digne de ce nom ? « Cela coûterait environ un million d’euros. Ce n’est pas forcément une priorité actuelle de la collectivité ».
Phoebé Cormenier ne décolère pas : « On se donne bonne conscience en disant qu’on a pris des contacts mais on ne fait rien. » Et d’ajouter, concernant la sécurité des personnels : « Les portes et les grilles sont abîmées ». Ils sont selon elles en danger à chaque fois qu’ils vont soigner les ours. Si rien n’est fait sous peu, menace la jeune femme, elle attaquera la mairie en justice. Elle se dit par ailleurs soutenue dans son combat par une ancienne soigneuse du parc animalier et des associations telles que Maraf 86 et le Petit mouton noir.
en savoir plus
Au nom de la loi
> Propriété de la ville de Poitiers, le parc animalier des bois de Saint-Pierre s’étend sur une superficie de 5 ha. Il héberge environ 170 animaux et accueille chaque année quelque 120.000 visiteurs.
> C’est un arrêté du 25 mars 2004 qui fixe les règles de fonctionnement et les caractéristiques générales des établissements zoologiques à caractère fixe et permanent. Plusieurs de ses articles (10, 12, 16, 27 et 28) insistent sur les conditions d’élevage de haut niveau dont doivent bénéficier les animaux.
> Des conditions qui doivent satisfaire « les besoins biologiques et de conservation, la santé et une large expression des comportements naturels des différentes espèces en prévoyant, notamment, des aménagements et des équipements des enclos adaptés à la biologie de chaque espèce ».
Nouvelle République, Jean-Michel Gouin, 31 décembre 2011