Archives de catégorie : Feu aux prisons

[Vivonne] Fouilles à nu : l’incurie du garde des sceaux

Fouilles en prison : le Ministère à nouveau condamné

Le Centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne va se voir enjoindre une nouvelle fois de cesser les fouilles à nu systématique sur les détenus.Le Garde des Sceaux avait déjà été condamné le 25 janvier par le juge des référés saisi par l’Observatoire international des prisons, qui conteste la mise à nu des prisonniers à chaque retour de parloir, de permission ou de présentation à un magistrat. Le même juge vient de condamner à nouveau le Garde des Sceaux pour le même motif. Il était saisi cette fois directement par un détenu. Celui-ci, incarcéré à Vivonne depuis le 10 janvier 2010 est témoin de Jéhovah. Il fait l’objet d’une fouille à nu chaque semaine après sa rencontre avec le ministre du culte. Le juge constate que ce détenu ne présente ni un comportement ni une dangerosité qui pourrait justifier ces fouoles systématiques. Il est donc enjoint au minsitre de faire suspendre immédiatement les fouilles sur ce détenu, sous astreinte de 100 euro par jour de retard.

Centre Presse, 23 mars 2012

ndPN : record au mois de mars avec 66.000 prisonniers en France. Témoignages rares de prisonniers sur France Culture, ça s’écoute par ici.

[Strasbourg] Un an de prison ferme pour une femme sans domicile, après un vol de 24€ au supermarché

Un an de prison ferme après un vol de 24€ au supermarché

Les DNA [ndPN : Dernières nouvelles d’Alsace, la presse locale, dont l’accès est hélas payant] relatent aujourd’hui cette triste histoire d’une femme de 37 ans qui, alors qu’elle était sans domicile, a volé dans le Simply Market de la route des Romains à Koenigshoffen des produits de toilette pour un montant total de 23,69€. Récidiviste, elle a été condamnée à un an de prison ferme, la peine plancher selon les DNA et le tribunal a décerné un mandat de dépôt à la barre, afin que la peine soit exécutée immédiatement.

Rue 89, 21 mars 2012

[Lyon] Un nourrisson dans la rafle

Un nourrisson dans la rafle

Hier, une famille rom originaire de Roumanie a été arrêtée par la police et conduite au Centre de Rétention Administrative de Lyon. Une de plus… Sauf que cette fois, c’est un nourrisson de 6 mois qui a été conduit en prison avec ses frères et sœurs et ses parents. 6 mois… Ses frères et sœurs de 10, 12 et 15 ans qui allaient tous à l’école de la république lui montraient pourtant le chemin de l’intégration… Jusqu’à ce qu’ils soient raflés par la police, chez eux, au petit matin. 6 mois… Ce n’est pas assez pour comprendre pourquoi on se retrouve derrière des barreaux, mais assez pour en garder un traumatisme à vie.

Enfermer en prison un bébé de 6 mois, c’est la leçon de droit humanitaire version Sarkozy, Guéant et Carenco, le préfet du Rhône. C’est l’application d’une circulaire visant les roms et pourtant déclarée illégale par le Conseil d’Etat. (1) C’est une insulte au Défenseur des Droits qui vient d’écrire au Ministère de l’Intérieur pour demander l’application du Droit Européen (2) C’est une violation de la Convention Européenne des Droits de l’Homme interdisant les traitements inhumains et dégradants. (3)

C’est surtout la vision d’une civilisation que veulent nous imposer pour 5 ans de plus messieurs Sarkozy, Guéant et leurs préfets.

Une civilisation qui au nom de la lutte contre l’immigration inflige des violences insupportables à des enfants dont le seul tort est d’être né de parents étrangers.

Combien de temps encore, allons-nous supporter ces dirigeants inhumains qui font de la France la honte de l’Europe en ce qui concerne les violations des Droits de l’Homme ?

Philippe Alain

(1)

http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/campements-illicites-de-roms.html

(2)

http://www.lesnouvellesnews.fr/inde…

(3)

http://www.mediapart.fr/journal/france/060212/enfants-en-retention-asile-la-france-condamnee

Indymedia Paris-IDF, 20 mars 2012

[Gévezé – 35] Rébellion et répression au centre éducatif fermé

Les gendarmes interviennent au centre éducatif fermé de Gévezé

Une dizaine de gendarmes sont intervenus la nuit dernière pour rétablir l’ordre dans le centre éducatif fermé de Gévezé près de Rennes. Plusieurs mineurs s’étaient rebellés pour protester contre certaines conditions de vie dans la structure. Les gendarmes ont interpellé le meneur de la révolte alors qu’il essayait de prendre la fuite. Il a été placé en garde à vue et sera présenté aux magistrats demain. Le centre de Gevezé est une alternative à la prison pour des mineurs condamnés par la justice pour des crimes ou des délits graves.

Ouest-(f)Rance, 18 mars 2012

[Poitiers] Prostitution : assez de la répression sur les femmes, les pauvres, les étrangèr-e-s !

La Mama de Saint-Hilaire condamnée pour proxénétisme

Une Nigériane de 27 ans a été condamnée et écrouée, hier, pour proxénétisme. Des filles utilisaient son appartement pour des passes.

A Poitiers, sur les grands boulevards, la prostitution de jeunes femmes originaires d’Afrique de l’Ouest est très visible. – (Photo d’illustration Gérard Proust)

Des voisins lassés par les allées et venues, c’est le quotidien des riverains des zones de prostitution à Poitiers. Quand les passes ne sont pas faites directement sur la voie publique ou dans des voitures, ce sont des appartements discrets qui servent de lieu de rencontre.

Mercredi matin, à 8 h 45, les policiers sont arrivés au 1 bis de la rue Saint-Hilaire. Là, ils trouvent quatre jeunes femmes, des préservatifs et des doses de gel lubrifiant, plus de 2.500 € en liquide dans une valise, des vêtements féminins en grand nombre, des perruques de toutes les couleurs…

«  Je leur ai jamais demandé de ramener des clients  »

Bref, tout le matériel nécessaire pour que de jeunes femmes puissent pratiquer des passes. Au fil de leurs surveillances, les enquêteurs voient défiler les clients et les filles. Certains racontent. Comme, Richard, venu de La Rochelle. « Je ne voulais pas que ça se fasse dans la voiture », explique-t-il aux policiers. « Elle a dit d’accord, mais ça sera 100 €. Elle m’a emmené dans un appartement de la rue Saint-Hilaire. Une femme m’a ouvert… » Une fois l’affaire faite, il est reparti, allégé des 90 € qu’il avait sur lui. Deux clients racontent la même chose aux policiers. Et puis, il y a les dires des voisins, excédés du trop grand passage qui, depuis juillet dernier, mène des automobilistes toujours vers ce même appartement. Alors, des quatre filles arrêtées mercredi matin, une seule a été renvoyée devant la justice hier, en comparution immédiate : la locataire des lieux, soupçonnée d’avoir aidé, assisté et protéger des filles se livrant à la prostitution. Une proxénète de 27 ans, une mama, qui joue l’étonnement à la barre. Elle gémit en contestant ce que lui traduit l’interprète en langue anglaise. Elle tente de biaiser à tour de bras, répond à côté, nie puis reconnaît du bout des lèvres. « Oui, c’est possible que ce soit arrivé. Oui, des jeunes femmes dorment chez moi, mais chez nous, c’est comme ça, quand quelqu’un à besoin, on l’accueille. Oui je sais qu’elles se prostituent, mais je ne leur ai jamais demandé de ramener des clients. » Favour concède se prostituer deux à trois fois par semaines, mais jamais dans l’appartement. Pour le procureur, Mathieu Gaite, Favour est un maillon d’un réseau plus large. « Ces réseaux, il faut les fragiliser. C’est la misère qui exploite la misère, toutes ces femmes ont la même nationalité. » Il requiert six mois de prison ferme, l’incarcération et l’interdiction définitive du territoire français. Impossible, réagit le défenseur de la jeune femme. « Elle a un titre de réfugiée pour dix ans. » Sur les faits d’aide à la prostitution, Me Dauvizis, s’étonne encore et plaide la relaxe. « Qu’elle aide apporte-t-elle ? Quel profit en a-t-elle tiré ? Ce qu’on a trouvé, c’est l’argent de sa propre prostitution ! » Le tribunal a reconnu Favour coupable d’avoir aidé quatre filles et non six. Elle a été condamnée à six mois de prison dont deux ferme. Elle a été écrouée.

en savoir plus

Son parcours, c’est son avocat qui le raconte. Violentée dans son pays, Favour arrive en France en 2007, passe par Beauvais puis arrive à Poitiers où un bénévole du Toit du Monde l’aide notamment à avoir son appartement et le RSA. Ils auront même une liaison. « Non tarifée », précise l’avocat. « Pendant un an et demi, elle n’a posé aucun problème. »

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 16 mars 2012

ndPN : ainsi donc et comme toujours, c’est sur les femmes, les précaires, les pauvres, les étrangèr-e-s, que s’abat la répression étatique. La prostitution en fournit régulièrement un exemple flagrant. Quid des clients ? Quid des exploiteurs ? Quid des conditions matérielles conduisant des personnes à se prostituer ? La misère est indissociable de l’autorité patriarcale, étatiste et capitaliste. Au-delà du débat judiciaire et politicien sur la prostitution (et le proxénétisme, terme souvent fourre-tout, qui ne semble d’ailleurs pas avéré au tribunal en termes de preuves matérielles pour la jeune femme condamnée), se lit cet acharnement de la bien-pensance bourgeoise contre les personnes les plus fragilisées par ce système pourri.

Concernant la forme de cet article de la Nouvelle République, deux remarques : pourquoi évoquer la relation que cette femme a eue autrefois avec « un bénévole du Toit du monde » ?? C’est quoi l’intérêt et qu’y a-t-il de répréhensible ? C’est quoi le rapport avec la condamnation ? Est-ce la solidarité qui est ici ciblée par le journaliste ? D’autre part, ce n’est pas la première fois que ce journal parle de « mama » pour désigner une femme africaine dans une histoire de prostitution. Pourquoi ce terme ? Est-elle maman et dans ce cas, pourquoi n’est-ce pas évoqué dans le cadre de cette condamnation ? Est-ce plutôt parce qu’elle est d’origine africaine, auquel cas pourquoi ce diminutif spécifique, ce sobriquet pour désigner cette femme ? Désigner différemment des personnes parce qu’elles sont d’origine étrangère est pour le moins nauséabond, d’autant plus que ce n’est pas la première fois.

Plus que jamais : solidarité avec les femmes, les pauvres, les étranger-e-s, qui subissent au quotidien l’exploitation et la répression.