Archives de catégorie : Le travail tue

[Châtellerault] Sur l’enfer du travail

Quand la vie au travail devient enfer

Avec une thématique sur le monde du travail et ses difficultés, Jérôme Montchal, directeur des 3T, n’a pas versé dans la facilité. « Contractions » a donné le ton le 30 janvier, « Très nombreux chacun seul » apportait un nouveau complément au sujet vendredi au Nouveau Théâtre.

Jean-Pierre Bodin, seul en scène, y raconte l’histoire de Philippe Widdershoven, directeur informatique et délégué du personnel chez Deshoulières à Chauvigny, qui s’est suicidé en 2009. Comment en arrive-t-on là ? Comment le monde du travail, autrefois ascenseur social, peut conduire à de tels actes ? C’est cette transformation que sonde Jean-Pierre Bodin au travers de cette histoire mais aussi de multiples témoignages qu’il a recueillis auprès d’anciens ouvriers de Châtellerault et qu’il donne comme des brèves de comptoirs. Et que dire des interventions par caméra interposée de Christophe Dejours, chercheur psychiatre, qui dissèque le cas de Philippe Widdershoven. Le harcèlement, rappelle-t-il, est renforcé par la trahison de tous, dans une entreprise où s’instaure une forme de totalitarisme que chacun contribue à faire fonctionner. Glaçant.

L.G., Nouvelle République, 17 février 2013

[Poitiers] Restaurant Le Shalimar : derrière les non-régularisations, l’exploitation

NdPN : les personnes « sans-papiers » (précisons : à qui l’Etat ne donne pas de papiers), sont bien souvent une source de main-d’œuvre salariale corvéable à merci, n’ayant que la liberté de fermer sa gueule. Triste illustration avec le cas du restaurant « Le Shalimar » à Poitiers, à méditer pour se défier de tous les dangereux politicards qui justifient leur refus raciste de régulariser les « étrangers » sous le prétexte fumeux que leur présence écraserait les salaires des bons citoyens… Le cas de ce restaurant n’est hélas pas isolé, il y a sur Poitiers bien d’autres cas de migrant.e.s exploité.e.s au travail, dont la situation administrative ne leur permet pas de se défendre juridiquement. Seule la solidarité entre les exploité.e.s, avec ou sans papiers, peut nous permettre de lutter efficacement contre nos oppresseurs communs, qui profitent de notre précarité et de notre isolement pour nous imposer des « contrats » de travail unilatéraux.

Le salarié non déclaré touchait 80 € par mois

Poitiers. Le patron du restaurant “ Le Shalimar ”, désormais fermé, a bien embauché du personnel de façon illégale. Un des salariés touchait 80 € par mois.

Le restaurant de spécialités indiennes « Le Shalimar » existe toujours mais les portes sont closes. En attente d’un éventuel repreneur car son ancien patron, un Pakistanais (39 ans), est désormais domicilié en région parisienne. A la suite d’un contrôle de l’Inspection du travail, il a dû fermer boutique et se présenter, hier, devant le tribunal correctionnel pour travail dissimulé et emploi d’un étranger sans titre.

8 mois avec sursis

Même si la notion « d’esclavagisme », évoqué dans nos colonnes le 21 décembre 2012, n’a pas été expliquée en ces termes à l’audience, le restaurateur pakistanais, prénommé Tatheer, a embauché du 31 décembre 2011 au 18 décembre 2012, quatre personnes sans déclaration nominative préalable à l’embauche à l’Urssaf [NDLR : elle doit être effectuée dans les 8 jours qui précèdent toute embauche]. Faits d’autant plus répréhensibles que l’un de ces salariés n’avait ni autorisation de travailler, ni permis de séjour conforme. Ce dernier travaillait pourtant dans le restaurant depuis un an. Le prévenu, père de trois enfants, clame « sa bonne foi » à la barre. « Vous avez l’impression d’être en tort ? », questionne le président. « Je n’ai fait de mal à personne. En travaillant, on fait des fautes sans s’en rendre compte. » L’avocate de la partie civile, représentant le salarié sans papiers en règle, appuie sur l’infraction de travail dissimulé. « Il s’est servi de façon scandaleuse de [mon] client. On lui donnait les restes des repas servis en salle et il était payé 80 € par mois en espèces pour travailler, 7 jours sur 7, et plus de 50 h par semaine. » Elle pointe d’ailleurs les différences de traitement entre les salariés et demande pour son client l’application stricte d’indemnisation requise dans le code du travail en cas de travail dissimulé ; soit 6 mois de salaire sur la base du Smic. Selon Mme le procureur, il ne fait aucun doute qui si le prévenu n’a pas fait les démarches nécessaires, « c’est qu’il savait qu’un de ses employés n’avait pas de titres en règle ». Le conseil du prévenu tente de démontrer que son client n’a pas utilisé un réseau de clandestins et fait porter la responsabilité des différents contrats, CDD ou extra, et bulletins de paie au cabinet comptable. Le tribunal le condamne à 8 mois avec sursis, 1.500 € d’amende, 500 € au titre de remboursement de frais à l’Urssaf et 8.554,02 d’indemnité forfaitaire pour la victime. Il ne pourra pas non plus gérer de société pendant 3 ans.

M.-L. A., Nouvelle République, 14 février 2014

[Poitiers] Prud’hommes : le vernis démocratique s’effrite

NdPN : n’est-ce pas la CGT qui avait signé, avec l’inénarrable CFDT, l’accord avec l’Etat sur la représentativité syndicale ? Pour en savoir plus sur l’historique des Prud’hommes et des attaques gouvernementales à ce sujet, lire l’excellent article de Jean-Marc Destruhaut, dans Le Monde Libertaire n°1727 (consultable au Biblio-Café de Poitiers).

Les prud’hommes de Poitiers sont inquiets

Les conseillers prud’hommes ne seraient pas élus directement par les salariés mais désignés selon leur représentativité syndicale. Le projet de réforme du ministre du Travail dont la discussion devant le Parlement vient d’être repoussée au printemps après les élections municipales, a été l’un des sujets de préoccupation évoqués ce matin lors de l’audience solennelle de rentrée du conseil des prud’hommes de Poitiers, par la voix de sa présidente (collège salariés) Marinette Nadal. Quelques minutes auparavant, les conseillers CGT soutenus par les responsables syndicaux de l’Union départementale, ont manifesté leur vive opposition contre ce qu’ils considèrent comme «une remise en cause du fondement même de la prud’homie».

Nouvelle République, 27 janvier 2014

Mise à jour : article de la NR ce 28 janvier 2014

[Ingrandes] Fonderie alu : nouvelle attaque du patronat

Fonderie Alu : les acquis des salariés remis en question

Nouveau coup dur pour les culassiers d’Ingrandes-sur-Vienne. Leur direction vient de dénoncer l’ensemble des accords d’entreprise.

Deux ans après celui qui a opposé les culassiers d’Ingrandes-sur-Vienne au groupe Montupet, un nouveau conflit est-il de nouveau à craindre à la Fonderie Alu ? Sa direction vient en tout cas de dénoncer l’ensemble les accords d’entreprise. Une remise en question de tous les avantages acquis par les 380 salariés !

«  Un chantage sur nos emplois et nos acquis  »

Selon Laurence Lemaire, responsable des ressources humaines, la fonderie n’est pas en difficulté. Les engagements pris par Renault lors de la reprise par Saint-Jean Industries lui permettent d’avoir des « volumes en hausse. » Mais la direction souhaite aujourd’hui imprimer une « nouvelle dynamique » pour « assurer la pérennité de l’entreprise ». Ce qu’elle compte faire en trouvant « d’autres clients » de manière à ce que l’entreprise soit moins dépendante du constructeur français, son principal donneur d’ordre, mais aussi en réduisant ses coûts. Et, pour ce faire, elle « attend des salariés des efforts. » Lesquels ? « Il y a des accords qui ont continué d’être appliqués malgré les différentes reprises. Ils ne sont plus adaptés au contexte d’aujourd’hui », répond simplement Laurence Lemaire, qui ne veut pas en dire plus avant l’ouverture des négociations, qui débuteront le mois prochain. « Il y a des choses qui ont besoin d’être réactualisées », convient Éric Bailly, secrétaire du comité d’entreprise, qui cite par exemple « un petit avantage pour le salarié par rapport au service militaire ». Une obligation qui n’existe plus depuis 1996… Mais l’élu du personnel, qui croit savoir que la direction « souhaite reprendre du temps de travail » aux salariés, prévient : « Les salariés ne sont pas près à accepter n’importe quoi et à laisser trop d’acquis dans l’affaire. » Dans une lettre d’information qui leur a été distribuée, la CGT Saint-Jean Industries, le syndicat majoritaire de la fonderie, est encore plus menaçante : « Les patrons veulent une fois de plus profiter de la crise économique pour exercer un chantage sur nos emplois et nos acquis. S’ils s’aventurent à vouloir passer en force, comme par le passé, ils auront la CGT face à eux ! » Même si, pour la direction, « l’objectif n’est pas de mettre le feu à l’entreprise », l’ambiance risque de devenir tendue dans les prochaines semaines…

Alain Grimperelle, Nouvelle République, 21 janvier 2014

[Poitiers] 8/01 au Plan B (20h) : Repère sur le thème du travail

Repère AMG – Là-bas si j’y suis sur le travail.

Travail : du latin "tripalium", instrument de torture pour esclaves
Travail : du latin « tripalium », instrument de torture pour esclaves

Partageons nos expériences vécues d’employé(e)s, de précaires, de sous-emploi. Quels épanouissements ? Quelles souffrances ? Le travail intègre-t-il ou aliène-t-il ? Quels constats communs, malgré la diversité de nos situations ? Qu’imaginer pour améliorer voire dépasser le monde du travail ?

Vu sur Demosphère Poitiers