Archives de catégorie : Le travail tue

[Poitiers] France 3 Poitou-Charentes en grève

France 3 Poitou-Charentes en grève aujourd’hui

Les chaînes de France Télévisions sont perturbées ce jeudi, notamment les directs et les journaux télévisés, en raison d’une grève de protestation contre le plan de départs volontaires présenté par la direction dans un contexte de crise. En Poitou-Charentes, il est question de supprimer deux postes. «Cela peut sembler un petit chiffre, mais il est basé sur une hypothèse de la direction : confier des tâches de montage (technique) à des journalistes. Une nouvelle attaque sur la qualité de l’information… et nos conditions de travail.» expliquent les représentants syndicaux.

Nouvelle République, 7 novembre 2013

[Joué-lès-Tours – 37] Manif des salarié-e-s de Michelin, comité central d’entreprise envahi

Les Michelin se rebiffent

Entre 800 et 1.000 salariés de l’usine Michelin de Joué-lès-Tours (37) ont manifesté mardi matin contre la fermeture du site. C’est à 8 h, devant l’entrée de l’usine, que le rendez-vous avait été donné. Par centaines, les Bibs se sont retrouvés pour cette manifestation majeure, la plus importante à Joué depuis l’annonce, en juin, de la suppression de 726 postes.

La plupart des 926 salariés du site jocondien avaient répondu à l’appel à la grève de l’intersyndicale. « Il n’y a plus personne dans l’usine », précisait Olivier Coutant (Sud), secrétaire du comité d’entreprise. D’autres collègues, venus de Cholet, Bourges, La Roche-sur-Yon et Clermont-Ferrand, avaient également fait le déplacement par solidarité. En début d’après-midi, les salariés de Michelin se sont impatientés devant la salle où se tenait le comité central d’entreprise (CCE). La réunion avec la direction devait s’achever à 14 h 30 : celle-ci tardant à se conclure, les Bibs ont envahi la salle. La direction a immédiatement quitté les lieux. Les salariés sont rentrés à l’usine. Plus tard dans l’après-midi, ils apprenaient que les négociations qui devaient être menées après le CCE étaient ajournées. En colère, les salariés ont décidé d’envahir la rocade bordant leur usine. La circulation s’en est trouvée perturbée.

Nouvelle République, 9 octobre 2013

[Poitiers] Manif de salarié-e-s du Crédit Agricole

NdPN : quand les organisations syndicales des salarié-e-s des banques voient leur crédit baisser auprès des directions des banques, leurs philanthropes partenaires sociaux… et tant qu’on y est, quitte à demander plus d’effectifs et de meilleures conditions de travail, pourquoi ne pas demander aux directions des banques d’arrêter le rouleau-compresseur de leur logique de profit ? Flûte, c’est la définition des banques que d’en faire un maximum ! Comment rémunérer de l’argent avec de l’argent ? Il faut bien endetter à vie les gens, investir dans des projets productivistes destructeurs et des produits financiers dégueulasses, et puis quand ça ne suffit pas, réduire les coûts salariaux… Le jour où les employé-e-s des banques lutteront pour l’abolition des banques et de l’argent, nous serons à leurs côtés.

Les salariés du Crédit Agricole manifestent à Poitiers

Réunis devant le siège de la caisse régionale du Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou, environ deux cents salariés en grève ont bloqué la rue Salvador-Allende ce midi.

Le rassemblement devant la caisse régionale du Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou était prévu à Poitiers. Pas le blocage de la rue Salvador-Allende avec sit-in et merguez sur le barbecue. Une manifestation qui a bloqué la circulation et notamment empêché le passage des bus de la ligne 2 du réseau Vitalis (La Pictavienne), ce midi.

« Nous avons pris cette décision parce que la direction a refusé de mettre la salle de conférence à notre disposition pour notre assemblée générale ; c’est la première fois qu’on nous la refuse », explique un représentant de l’intersyndicale CGT CFDT UNSA et Sud qui préfère rester anonyme. « C’est incompréhensible ! »

Selon les syndicats, environ 500 des 1.400 salariés de la caisse ont répondu à l’appel à la grève ce matin, dans les départements de la Vienne et d’Indre-et-Loire. « Nos revendications portent davantage sur les conditions de travail et sur les effectifs que sur l’aspect financier », ajoute le porte-parole de l’intersyndicale. « Il est devenu très difficile à la plupart des salariés de pouvoir exercer leur métier dans des conditions sereines. »

Une délégation a été reçue par la direction peu après midi.

Baptiste Bize, Nouvelle République, 20 septembre 2013

Le Monde Libertaire Hors-série n°51 (septembre-octobre 2013)

NdPN : Le Monde libertaire Hors-série n°51, bimestriel de la Fédération anarchiste, adhérente à l’Internationale des fédérations anarchistes, sort en kiosques. 64 pages d’actualités en couleurs vues par les anarchistes pour 5 euros. Comme d’hab, un exemplaire sera laissé en libre consultation au biblio-café de Poitiers (rue de la Cathédrale). Vous pouvez aussi vous le procurer à prix libre en nous écrivant. Bonne lecture, et à bas le travail salarié !

Le Monde Libertaire Hors-série n°51 (septembre-octobre 2013)

Le Monde Libertaire Hors-série n°51

Sommaire

Dossier: le travail pour quoi faire ?

Le travail aujourd’hui: l’incertitude programmée, par Ramón Pino groupe Salvador Seguí, page 4

Le «fruit intégral de son travail», par Eric Vilain, page 10

«L’usine crève moi je suis en vie», propos recueillis par Fred groupe Saint-Ouen 93, page 16

Le rapport au travail dans l’Antiquité gréco-romaine, par Olivier Sartre CNT Vignoles, page 22

Vers l’abolition libérale du salariat, par Guillaume Goutte groupe Salvador Segui, page 26

Santé et travail, par Moriel, page 30

Le travail sur la bobine, page 32

Porfolio, page 36

Les maisons médicales belges autogérées, propos recueillis par Karine groupe Claaaaaash, page 42

Le mouvement Désobéissance, par Loran Groupe Béthune-Arras, page 47

Istanbul: en direct de la place Taksim, par Françoise et Joël, Maldoror, page 48

Lectures, page 50

Musiques: l’1consolable, propos recueillis par Karine groupe Claaaaaash, page 52

Programme de Radio Libertaire, page 60

Les 108 groupes et liaisons de la Fédération Anarchiste, page 61

Abonnements, page 64

Editorial du Monde Libertaire Hors-série n°51

C’est la rentrée. On reprend le boulot. On recommence à marner semaine après semaine pour gagner sa croûte, pour payer son toit, pour consommer. La rentrée, c’est aussi la rentrée sociale. Le sujet de cette rentrée sociale (comme des dernières) est la réforme des retraites. Sans entrer dans le détail, il va encore s’agir d’augmenter le temps de travail fourni au cours d’une vie. Fourni pour quoi ? Pour qui ? L’organisation du travail est constamment pensée et optimisée. Mais pas par ceux qui fournissent le travail ; et la variable qu’on cherche à optimiser n’est certainement pas l’émancipation du travailleur.

Les usines de construction automobile, dès les années 20, ont mis en application les théories sur la rationalisation du travail (Taylor, Ford). Taylor prônait de diviser le travail verticalement (les concepteurs en haut et les exécutants en bas) et horizontalement pour minimiser les doublons et les ambiguïtés. Ford a augmenté la division horizontale en parcellisant le travail. La productivité s’en est trouvée augmentée et les ouvriers un peu plus dépossédés de leur autonomie et de leur compétence. Le prix de revient, donc d’achat pour le consommateur, est amélioré au détriment de l’ouvrier.

Maintenant, dans tous les secteurs on déplore toujours plus les raisonnements gestionnaires menés par des décideurs qui ne connaissent pas le cœur de métier. L’individu est contrôlé à coup d’indicateurs, de mesures de performance. Les travailleurs sont pressurisés, sommés de cravacher mieux que le voisin, de turbiner plus rentable pour moins cher. Le travailleur est une ressource pillée comme les autres. Les travailleurs ne reconnaissent plus leur travail. En voyant les vagues de dépressions nerveuses voire de suicides au boulot, on se rappelle l’origine du mot « travail » (tripalium, un instrument de torture).

Encore cette année, un des orateurs de l’université d’été du MEDEF a été le commandant de la légion étrangère. Le discours des idéologues de l’entreprise ressasse un vocabulaire guerrier de conquête, de compétition. Et ils radotent que le coût du travail est trop élevé. Ils demandent toujours plus d’engagement de la part des salariés et revendiquent de pourvoir virer qui ils veulent sur un claquement de doigts, au nom de la compétitivité. Et ces parasites grignotent chaque année un peu plus ce qu’ils sont censés reverser à la collectivité. Et ceux qu’on désigne à longueur de bulletin d’information sont les chômeurs.

Dénoncer cette dichotomie entres possédants et exploités ne suffit pas. Aucun ponte, aussi puissant soit-il, ne serait capable d’asservir toute la main d’œuvre qu’il emploie sans le concours de la hiérarchie d’intermédiaires, de chefaillons ni des flics qui tabassent les ouvriers qui osent se révolter. Comme à chaque rentrée sociale, on va voir des travailleurs défiler derrière la sono qui hurle que « c’est pas à l’Élysée ni à Matignon qu’on obtiendra satisfaction », dans des manifs décidées par les partenaires sociaux (partenaires qui vont à Matignon et à l’Élysée, eux). C’est à se demander si c’est utile de s’accrocher à une usine de merde ; s’il ne vaudrait pas mieux faire crever tous ces lieux d’asservissement tant qu’on est encore en vie, envoyer bouler cette hiérarchie syndicale et productiviste.

Il paraît que, dans les années 30, Keynes avait prédit qu’à la fin du XXème siècle, les technologies seraient suffisamment avancées pour qu’on envisage ne travailler que 15 heures par semaine. On en est loin. Et pourtant… est-ce qu’on n’arriverait pas à vivre beaucoup mieux en travaillant beaucoup moins ? Pour ce numéro de rentrée, le Monde Libertaire Hors-Série s’est penché, dans son dossier principal, sur le thème du travail.

[Saint-Savin – 86] Pas de conciliation pour les ex-salariées d’Aubade

Aubade : 126 ex-salariés devant les prud’hommes

Saint-Savin/La Trimouille. Comme la procédure de conciliation a échoué hier devant le conseil de prud’hommes, 126 ex-salariés d’Aubade vont au procès.

Christine, Chantal, Marie-Anne… attendent d’entrer dans la salle d’audience comme les 123 autres ex-salariés de la société SAS Aubade (filiale de Calida). Elles retrouvent d’anciennes collègues, perdues de vue depuis 2007, l’année de leur licenciement. Elles se livrent pudiquement : « Vous savez… après avoir donné 33 ans de sa vie à l’entreprise, avec des tas de sacrifices, notamment pour notre vie de famille, ça nous a fait vraiment beaucoup de mal. Certaines d’entre-nous sont tombées malades, d’autres dans la précarité. Il a été difficile de retrouver du boulot, des petits boulots… »

Pas de conciliation, donc le procès en 2014

Ces femmes, et quelques hommes, ont fait partie d’une première vague de licenciements pour motif économique à la suite du premier plan social (le second a eu lieu en 2009). Ces licenciements intervenaient dans le cadre d’une délocalisation de la production en Tunisie voulue par le groupe suisse Calida. Les deux plans avaient entraîné la fermeture des deux sites de production français situés à Saint-Savin et La Trimouille. Après le récent procès gagné en appel (*) par leurs 66 ex-collègues licenciés en 2009 (lire notre édition du 21 mars 2013), les 126 ouvrières ont décidé d’entamer – in extremis par rapport au délai de prescription – une procédure devant le conseil de prud’hommes de Poitiers. Leur avocat, Me Emmanuel Giroire Revalier, a assisté hier matin les 126 anciens salariés devant le bureau de conciliation (composé d’un conseiller prud’homme salarié et d’un conseiller prud’homme employeur) de la section industrie. Un premier pas dans une procédure qui risque de s’étaler dans le temps car la tentative de trouver un accord entre les deux parties n’a pas porté ses fruits ; les ex-salariés ont donc décidé d’aller au procès. Chaque salarié a émargé une convocation à l’issue de l’audience pour être convoqué par le bureau des jugements à une date ultérieure fixée dans le courant du premier trimestre 2014. Le procès se déroulera au palais de justice et non dans les locaux du conseil de prud’hommes compte tenu du nombre de plaignants.

(*) Au mois de mars dernier, la cour d’appel de Poitiers a déclaré « sans cause réelle ni sérieuse » le licenciement des salariés de l’usine Aubade située à Saint-Savin. Les 66 ex-salariés s’étaient dans un premier temps pourvus devant le conseil de prud’hommes et avaient perdu. Des dommages et intérêts (de 13.000 à 55.000 € selon les cas) ont été alloués à chacun d’entre eux.

Marie-Laure Aveline, Nouvelle République, 12 septembre 2013