Archives de catégorie : Antinucléaire

[Cherbourg] Stop Castor : 5 militant-e-s antinuk condamnés à un mois avec sursis

Un mois avec sursis pour des bloqueurs du train de déchets nucléaires

Cinq militants antinucléaires ont été condamnés mardi à Cherbourg à un mois de prison avec sursis après une manifestation visant à bloquer un train de déchets nucléaires allemands au départ de Valognes (Manche), qui avait donné lieu à des heurts entre manifestants et CRS.

Le tribunal correctionnel de Cherbourg a condamné à un mois de prison avec sursis et à la confiscation des « armes » saisies un SDF de 33 ans, un militant de 31 ans et un jeune homme de 19 ans se présentant comme un photographe professionnel, conformément aux réquisitions du procureur de la République Eric Bouillard.

Les deux premiers ont été arrêtés avant la manifestation, le 23 novembre, dans une voiture où se trouvaient deux hachettes. « Ce n’est pas une arme. C’est un outil indispensable à ma survie pour me chauffer et cuire des aliments, je ne me chauffe pas à l’électricité nucléaire », a déclaré le SDF de 33 ans au tribunal. 

Les deux hommes ont assuré que ces hachettes faisaient partie de leur matériel de camping pour le campement mis en place la veille près de Valognes et qui avait accueilli plusieurs centaines de militants.

« Vous vous débrouillerez autrement pour réchauffer tout le monde », a lancé la présidente du tribunal après avoir annoncé le jugement.

Le troisième prévenu poursuivi pour détention d’arme de 6e catégorie a été arrêté dans un autre véhicule contenant des gaz lacrymogènes et un cran d’arrêt. Du matériel qu’il a dit détenir pour assurer sa sécurité et celle de son matériel photo alors qu’il s’apprêtait à se rendre jusqu’à Gorleben, destination des déchets allemands outre-Rhin.

« Vous ne viendrez pas sur un rassemblement avec une arme. Un point c’est tout », a rétorqué le procureur ironisant sur le profil « de gentil campeur » affiché selon lui par les prévenus et rappelant qu’au cours de la manifestation des installations électriques avaient été détruites et des rails soulevés.

« Les auteurs des faits les plus graves n’ont pas été arrêtés », a plaidé l’avocat de la défense Jérôme Bouquet-Elkaïm estimant que les prévenus « ont payé pour les autres ».

Le jugement a été rendu dans la foulée de l’audience mardi pour ces trois prévenus.

Une Parisienne de 65 ans qui avait comparu le 31 janvier été condamné mardi à 300 euros d’amende pour le vol de canettes de sodas issues d’un fourgon qui avait été « intégralement brûlé » par des militants, et à un mois de prison avec sursis pour refus de prélèvement d’ADN, conformément aux réquisitions.

Un Belge de 23 ans, qui avait également comparu le 31 janvier a également été condamné à un mois avec sursis pour refus de prélèvement d’ADN mais il a été relaxé faute de preuve de présence sur la voie ferrée et détention d’un fumigène.

Enfin un Sarthoise de 50 ans poursuivie pour présence sur la voie ferrée a été relaxée faute de preuve. Le parquet avait requis 500 euros d’amende et un mois avec sursis à son encontre.

AFP, 7 février 2012

[Poitiers] Rassemblement antinucléaire

Les antinucléaires dans le froid

Les militants antinucléaires ont déployé une banderole exigeant la sortie immédiate du nucléaire.

 

Les militants antinucléaires ont déployé une banderole exigeant la sortie immédiate du nucléaire.On ne peut pas dire que l’incident grave de Civaux ait donné une grande impulsion à la lutte antinucléaire. Une petite vingtaine de militants tout au plus se sont retrouvés hier soir devant le palais de justice de Poitiers à l’appel de la Coordination 86 pour une sortie du nucléaire, qui regroupe une dizaine de mouvements politiques ou de défense de l’environnement.

Vingt militants courageux, qui bravent le froid glacial, c’est peu pour obtenir la fermeture de la centrale de Civaux, dont l’existence est qualifiée d’aberration. A défaut, la Coordination exige la plus grande transparence sur ce qui s’est passé le 3 janvier (fuite de tritium radioactif dans la nappe phréatique). Elle demande, et devrait être rejointe au moins sur ce point par le plus grand nombre, que la pollution radioactive soit régulièrement mesurée désormais autour de la centrale et que ces mesures soient communiquées à la population. Constatant les retards dans la mise en place de l’alerte le jour de l’incident, la Coordination exige en outre une enquête indépendante pour que la population connaisse les risques auxquelles elle a été et reste exposée.

Nouvelle République, 3 février 2012

ndPN : On lira aussi avec satisfaction que les travailleur-euses CGT de la centrale de Civaux, malgré leur attachement tout corporatiste à cette énergie qui pue la mort leur gagne-pain, commencent à s’inquiéter de leurs conditions de travail et du manque de transparence :

La confiance brisée à la centrale de Civaux

La CGT s’inquiète publiquement des négligences en matière de maintenance. Depuis la récente fuite de tritium, ses représentants doutent de la direction.

Le rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire a mis en évidence des négligences en matière de maintenance dans la zone de stockage des effluents radioactifs.

 

Le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire a mis en évidence des négligences en matière de maintenance dans la zone de stockage des effluents radioactifs.

 

La discrète section syndicale de la CGT a pris le temps avant de réagir publiquement à la fuite de tritium qui a pollué une nappe phréatique dans le sous-sol de la centrale nucléaire de Civaux, le mois dernier. Ses responsables ont interrogé leurs collègues du génie civil, de la chimie et de la maintenance. Ils ont aussi lu attentivement les communiqués de leur direction et les rapports de l’Autorité de sûreté nucléaire sur l’incident. Alors seulement ont-ils accepté de livrer leur sentiment. D’autant plus sévère pour EDF que la fédération CGT Mines-Energie a toujours revendiqué ses orientations pro-nucléaires.

« C’est justement parce que nous défendons le nucléaire civil que nous avons jugé nécessaire d’intervenir dans le débat », précise Christophe Laloup, secrétaire général de la CGT-UFICT. « Nous ne pouvons pas continuer dans cette voie-là. Nous ne voulons pas que notre centrale soit exploitée n’importe comment et nous voulons que les citoyens soient informés de ce qu’il s’y passe. » Les représentants du personnel souhaitent surtout que leur direction cesse de minimiser des incidents graves quand ils se produisent : « Cet événement nous interpelle sur la transparence, la communication, l’information – y compris en interne -, d’événements significatifs constatés sur notre site », ajoutent-ils. « Ces fuites vers la nappe phréatique, aussi faibles soient-elles, sont inacceptables. Et tous les salariés en sont bien conscients. »

  » Ce n’est pas une usine de cacahuètes ! « 

A Civaux, la CGT estime que « les moyens de contrôle et de maintenance mis en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux, surtout dans un contexte post-Fuskushima ». Elle dénonce aussi « le manque de rigueur d’exploitation que les nouvelles organisations du travail ont amené » et la « situation préoccupante des prestataires de plus en plus précarisés » : « Dans certaines centrales, on arrive à huit niveaux de sous-traitance pour certaines tâches ! », se désole Jean-Luc Daganaud, de la CGT-OE. « Depuis le passage en EDF SA, la finance pèse lourd dans les choix stratégiques de maintenance. La philosophie a changé ; la sûreté n’est plus le seul paramètre qui est pris en considération », déplorent les syndicalistes. « On est pourtant dans le nucléaire ; ce n’est pas une usine de cacahuètes ! » Après « plusieurs écarts inquiétants ces derniers temps », la fuite de tritium a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase à la CGT : « Oui, cela nous a fâchés parce que nous faisions confiance à nos dirigeants qui sont des ingénieurs, des techniciens, des gens sérieux », reconnaît Christophe Laloup. « Je ne dirais pas que nous leur avons fait une confiance aveugle mais nous avons fait preuve de légèreté en nous laissant entraîner dans un processus de confiance. » A présent, la direction de la centrale devra compter sur des représentants du personnel vigilants, voire méfiants. Déterminés à peser pour élever le niveau d’exigence.

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Parmi les griefs adressés à la direction de la centrale, la CGT s’étonne que les réparations engagées sur la zone de rétention des réservoirs d’effluents radioactifs, après la première alerte de l’Autorité de sûreté nucléaire, en 2009, aient davantage relevé du bricolage (avec la pose de mastic sur les fissures) que de la solution pérenne. Elle regrette aussi que la santé du personnel ait été mise en danger lors de l’intervention dans la zone contaminée, que les salariés n’aient pas correctement été informés de la découverte de la fuite, que le grand public ne l’ait été que cinq jours après la confirmation des résultats et que la direction ait tenté de minimiser la gravité de l’incident en communicant l’information. Une autre question se pose : alors que la préfecture avait été prévenue de la fuite de tritium le vendredi 13 janvier et la commission locale d’information le lundi 16, revenait-il à EDF d’informer la population en publiant un communiqué sur son site Internet le mercredi 18 en fin de journée ?

Nouvelle République, Baptiste Bize, 3 février 2012

[Mayenne] Les petites mains contre la ligne THT

La ligne THT victime de déboulonneurs

Des pièces ont été retirées d’un pylôneUne bonne dizaine d'ouvriers travaillaient, hier après-midi, sur le chantier du pylône qui a été déboulonné dans la nuit de lundi à mardi, à Montaudin. de la future ligne à très haute tension (1) Cotentin-Maine.
Une vingtaine de boulons et une plaque numérotée ont été déposés, dans la nuit de lundi à mardi, devant les portes des rédactions d’Ouest-France et de France-bleu Mayenne à Laval. Ces pièces métalliques proviennent du pylône 438 situé à Montaudin, dans le nord-ouest de la Mayenne.

L’opération est signée « Les Petites mains », selon un mail envoyé au même moment. Une organisation inconnue jusque-là, mais qu’on imagine proche des opposants à la ligne THT. « Oui, nous sommes au courant, mais ce n’est pas nous », tient à préciser Jean-Yves Rossignol, le vice-président de Mayenne SurVOLTée, le principal collectif d’opposition à la construction de la ligne Cotentin Maine. Selon lui, « il s’agissait d’alerter les médias », alors qu’hier après-midi, les associations et les maires des communes concernées par la ligne THT étaient réunis en préfecture.

À la sortie, Jean-Yves Rossignol regrette « une réunion sans intérêt ». Il s’élève surtout contre l’absence d’une étude épidémiologique sérieuse « sur les conséquences de la ligne THT sur la santé humaine ». Il ajoute : « La préfecture n’écoute pas les habitants. Le démontage risque bien de continuer… »

De son côté Jean-Michel Ehlinger, responsable des travaux Réseau de transport d’électricité (RTE) pour la ligne Cotentin-Maine, dénonce ce qu’il appelle « un acte de sabotage sur un ouvrage en construction. Nous allons engager une action en justice ». Trois pylônes sont en cours d’assemblage, en ce moment, dans le Nord-Mayenne.

  1. Cette ligne électrique de 400 000 volts et de 163 km comptera 423 pylônes entre la Manche et la Mayenne et coûtera près de 350 millions d’euros.

Ouest-France, Jean-François Vallée, 1er février 2012

[Cherbourg] Procès de deux personnes arrêtées lors de la mobilisation antinucléaire Stop Castor

Soif de justice à Cherbourg

On se souvient que, devant « l’ampleur de la menace, son caractère protéiforme et le caractère très étendu des lieux », monsieur Adolphe Colrat, préfet de la Manche, avait pris un « arrêté portant interdiction de [la] manifestation » prévue pour s’opposer, autant que faire se pouvait, au départ du dernier convoi ferroviaire de déchets nucléaires CASTOR entre La Hague (France) et Gorleben (Allemagne). Des centaines de policiers et gendarmes avaient été mobilisées et envoyées face à un demi millier de manifestants. Ainsi avait pu être fièrement déployée toute l’agressivité nécessaire au maintien de l’ordre.

Et si le train avait pu partir, ce fut avec plusieurs heures de retard.

Malgré les craintes si clairement exprimées par le soucieux préfet, aucun dangereux activiste protéiforme ne fut arrêté dans le bocage…

Valeureuse action anti-anti-nucléaire, détail.
(Photo Reuters.)

Des poursuites furent pourtant engagées, par le parquet de Cherbourg, contre six personnes interpellées dans les parages. Le procureur de la République, monsieur Eric Bouillard, avait aussitôt tenu à leur faire une réputation :

« Il s’agit de personnes qui sont plus dans la mouvance altermondialiste voire casseurs que dans la mouvance écologiste. »

Deux de ces « voire casseurs » comparaissaient hier au tribunal de Cherbourg – qui s’occupera des quatre autres le 7 février.

Le premier, un étudiant belge de 23 ans, est « accusé de s’être introduit sur la voie ferrée et d’avoir agité un fumigène en direction des CRS ». Il nie les faits qui lui sont reprochés, mais la justice n’est pas là pour l’écouter. Madame Sarah Huet, substitut du procureur de la République, a requis trois mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende afin de le punir bien comme il faut.

Il faudra compter un mois de prison avec sursis supplémentaire et 500 euros de plus, pour refus de prélèvement ADN.

Le second était une seconde, une militante parisienne de 65 ans, qui avait à répondre du « vol de neuf canettes de soda provenant d’un fourgon de ravitaillement CRS qui avait été ‘caillassé’ et ‘intégralement détruit par le feu’ au cours de la manifestation ». Elle a reconnu s’être emparée de quelques canettes, puisqu’elle avait « très soif » et que « les militants n’avaient pas de ravitaillement ». Bien que les sodas aient été restitués inentamés, madame Huet a requis 300 euros d’amende.

Il faut y ajouter un mois de prison avec sursis et 500 euros supplémentaires, pour refus de prélèvement ADN.

Les membres du collectif Valognes Stop Castor, qui appelaient à se rassembler devant le palais de justice, ont sans doute raison d’affirmer que « tout cela ne devrait donner lieu qu’à un grand éclat de rire »…

Si madame Huet, substituée au procureur, a dû reconnaître, dans le cas de la militante assoiffée, que « bien évidemment c’est le contexte qui nous conduit à poursuivre », elle a, au cours de son réquisitoire, cru bon de lancer :

« Caillasser deux CRS et brûler un fourgon, c’est ça un mouvement démocratique mais on est où là ? »

Elle devait probablement trouver cette remarque très intelligente, mais ce n’est qu’une bien grossière façon d’amalgamer un vol de canettes et l’incendie d’un fourgon.

Pour rester dans le même registre de langage que madame Huet, disons qu’on peut trouver le procédé assez moyen…

PS : Verdict le 7 février, date fixée pour la comparution des quatre autres prévenu(e)s.

PPS : Et si l’un(e) ou l’autre des six inculpé(e)s se sentait venir une petite soif en passant vers Trifouillis, je leur ouvrirai la porte de ma cave. Il n’y a pas de sodas, mais on se débrouillera.

L’escalier qui bibliothèque, 1er février 2012

[Castelsarrasin] Première demande de condamnation du ministère public contre le nucléaire français

Amende requise contre EDF pour une fuite à la centrale de Golfech

Voilà une décision de justice qui va intéresser la centrale de Civaux et ses détracteurs, après la pollution d’une nappe phréatique au tritium constatée il y a quelques jours. La semaine dernière, le ministère public a demandé au tribunal d’instance de Castelsarrasin, de condamner EDF à une amende de 2.000 euros pour une fuite mineure dans la centrale nucléaire de Golfech, entre Toulouse et Agen, dénoncée par des associations antinucléaires.

Jugement le 29 mars

« C’est une satisfaction pour nous, car c’est la première fois qu’une infraction dans une centrale nucléaire est jugée par un tribunal alors que d’habitude c’est l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui tranche », a déclaré Marc Saint-Aroman, administrateur du Réseau sortir du nucléaire, qui a déposé plainte avec les Amis de la Terre et France nature environnement (FNE). Si EDF était condamné, ce serait une première en France, ont relevé les deux parties. Le jugement a été mis en délibéré au 29 mars. Pour les trois associations, l’essentiel est d’obtenir une condamnation, même symbolique, pour cette pollution survenue le 18 janvier 2010. Dans leur citation ils relevaient cinq infractions mais le procureur n’a retenu les deux premières : « déversement accidentel » et « utilisation d’un puisard non étanche ». A l’audience, Anne-Cécile Rigail, chef de la division du Sud-Ouest de l’ASN, a déclaré que l’impact sanitaire était minime et a parlé d’une « inadaptation du traitement des effluents » radioactifs. Dans un relevé effectué deux mois après l’accident, EDF avait trouvé dans des eaux souterraines se jetant dans la Garonne une teneur supérieure à la normale (7 à 12 bq/l) de tritium, de l’hydrogène radioactif, qui s’était malencontreusement écoulé d’une cuve.

Nouvelle République, 30 janvier 2012