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[Communiqué Fédération Anarchiste] Une guerre mensongère de plus, terrorisme d’état et pillage des ressources au Mali

Une guerre mensongère de plus, terrorisme d’état et pillage des ressources au Mali

Nous sommes mis en demeure de choisir notre camp. D’un côté des religieux armés qui rêvent d’établir le royaume de dieu sur terre, de l’autre des forces armées techno-capitalistes qui déclarent venir rétablir les droits de l’homme et au milieu une population désarmée.  C’est d’elle que nous nous sentons solidaires. Il n’existe pas de guerre juste ni de guerre propre. L’union sacrée autour du président va-t-en-guerre François Hollande, l’empressement de l’opération offensive et les discours médiatiques contrôlés, le renforcement du plan Vigipirate, le climat national anti-terroriste, visent à nous bourrer le crâne sur le caractère inévitable de cette guerre et à la légitimer. En réalité les intérêts économiques aux relents colonialistes priment de loin sur les vies des populations locales. Les jihadistes ont été très utiles au pouvoir français pour intervenir le 11 janvier 2013.

La classe dirigeante malienne corrompue jusqu’à l’os, la France, l’Union Européenne, les instances financières internationales (FMI, Banque Mondiale, OMC) ne se sont pas souciées du profond délaissement économique, social et culturel de la population laissant place maintenant à l’urgence militariste. Pendant de longs mois ce fut la porte ouverte aux recrutements en nombre par les jihadistes au Nord-Mali par nécessité économique (jeunes chômeurs, voire des enfants). Il n’est pas exclu que l’intervention de la France, ancien pays colonisateur, renforce les groupes jihadistes par le biais d’une mobilisation et de recrutements qui prendraient une dimension emblématique de lutte contre l’Occident. A trop jouer la « croisade contre le terrorisme international » le boomerang islamiste intégriste n’est jamais loin. L’expérience de l’enlisement de la guerre en Afghanistan n’a pas servi de leçon bien que la France y ait participé.

La coopération militaire avec la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Burkina Fasso, le Niger, le Tchad et les deux bases militaires de Abidjan et de N’Djamena prouvent s’il en est besoin que la France n’a jamais voulu quitter cette région. Les troupes stationnées en Afrique n’y sont pas pour maintenir la paix mais bien pour intervenir rapidement et garantir les intérêts de grandes entreprises françaises de premier plan (Areva et son uranium, Total et son pétrole, Bouygues / Bolloré et ses travaux publics / sa mainmise sur les ports / ses bois précieux, Orange et ses infrastructures de télécommunication). Le gouvernement français, appuyé par l’Union Européenne, semble décidément ne pas vouloir se défaire de ses réflexes colonialistes, ni des avantages que cette politique procure aux industriels français. Se draper de valeurs démocrates pacificatrices et de défense des droits des peuples d’Afrique…et on atteint le comble du cynisme néocolonialiste. Le secteur industriel de l’armement rapporte bien plus que n’importe quel autre (plus que le pétrole ou même le nucléaire). Le marché du nucléaire est autant un marché civile que militaire. Les groupes marchands d’armes comme Lagardère ou Dassault sont propriétaires d’une grande partie de la presse d’opinion française…on comprend mieux pourquoi le discours antimilitariste n’a que peu droit au chapitre dans nos médias.

Après plus d’une semaine d’intervention, près de 200 000 réfugiés fuient les zones de guerre en direction des pays voisins tandis que le Programme alimentaire mondial estime que, dans le contexte actuel de sécheresse et de famine, 5 à 7 millions d’habitants du Sahel auraient besoin d’une assistance immédiate. 230 000 personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays. Face aux attaques des armées maliennes et françaises au sol, les forces jihadistes adaptent leur stratégie et se cachent dans les villages. Au milieu, les populations vulnérables seront tôt ou tard les véritables victimes de ces conflits et en particulier les femmes et les enfants. Les risques de conflits larvés entre les communautés sont grands…la division, la stigmatisation sont à l’œuvre. Comment seront traités la majorité de touaregs n’ayant pas pris les armes ? et les peuls qui n’ont pas intégré le MUJAO ?

La guerre va coûter cher et durer longtemps. L’intervention militaire française est estimée à environ 400 000 euros par jour. La MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) qui va arriver coûtera 240 millions de dollars / an. Alors que la misère règne, les cordons de la bourse se relâchent quand il s’agit d’aller tuer avec des armes. De telles sommes trouveraient une légitimité dans l’amélioration des structures sanitaires et sociales dans la région du nord Mali. Cela serait la preuve d’une volonté de reconstruire à partir de l’existant. Seuls les malien-ne-s peuvent le faire sur la durée. Ce conflit armé d’envergure ne fera que repousser l’espoir d’un retour à un équilibre et d’une amélioration de la situation.

Pour continuer à exister en Afrique, le terrorisme d’Etat français fait la guerre au Mali et peu importe le nombre de victimes directes ou indirectes (37 otages tués, 29 assaillants abattus à In Amenas en Algérie). Les populations manquent cruellement de politiques sociales, éducatives et culturelles responsables mais au lieu de ça les classes dirigeantes là-bas et ici se lancent dans un conflit à l’issue plus qu’incertaine. Les pays européens emboîtent le pas et suivent la cadence. Ni les maliens ni les habitants des autres pays africains ne pourront s’émanciper par eux-mêmes tant que le statu quo sous tutelle colonialiste sera la règle. Qui va reconstruire le pays une fois le conflit terminé ? Gageons que les entreprises françaises se tailleront la part du lion…Nous refusons que cette guerre soit menée en notre nom.

Solidarité avec les populations victimes de cette guerre !

Paix immédiate au Mali et dégage la Françafrique !

Fédération Anarchiste

Mercredi 23 janvier 2013

Un point de vue sur la guerre au Mali

NdPN : nous ne partageons pas toutes les positions développées dans cet article, mais il a le mérite de poser un certain nombre de questions pour le moins pertinentes.

Oser ne pas justifier la guerre – Intervention militaire française au Mali

Nous sommes en guerre. Vous, moi, chaque citoyen-ne français-e participe par son silence à l’approbation muette de l’offensive militaire de la France au Mali du 12-13 janvier 2013 décidée par le Président de la République Française démocratiquement élu François Hollande.

L’entrée  en guerre soudaine de la France au Mali et l’unanimité médiatique qui l’accompagne ne peuvent qu’interpeller les militant-e-s de la non-violence. N’étant pas spécialiste du contexte de cette intervention, je me contenterai de poser quelques questions à son propos, tant il est indispensable de maintenir éveillé l’esprit critique face aux fausses évidences du bellicisme.

- Raconté par les grands médias, le récit de la situation politique au Mali est simple et semble justifier la belle unanimité politique qui règne au sujet de l’intervention militaire de la France, du Front de Gauche au Front National, à quelques nuances près. Ce discours médiatique, le voici : le nord du Mali est occupé depuis le printemps 2012 par des forces islamiques armées qui imposent une charia sanguinaire aux populations. Affaiblis par un putsch au printemps, l’Etat et l’armée maliens n’ont pas les moyens de lutter seuls contre cet ennemi. C’est dès lors notre devoir en tant qu’humanistes d’intervenir pour essayer d’empêcher que cette junte islamo-terroriste s’empare de la capitale malienne, Bamako.

Qui donc oserait empêcher la cavalerie d’intervenir lorsque Fort Alamo est encerclé par les Indiens ?

- Comme lors de l’intervention militaire occidentale en Lybie, il est extrêmement difficile de faire entendre une voix discordante de l’unanimisme va-t-en guerre. Nous avons tellement été préparés  par le récit médiatique à la légitimité d’une telle intervention, que cette dernière nous semble comme l’aboutissement logique et inévitable de cette situation. Il faudrait être anti-démocrate, anti-humaniste, anti-féministe et « munichois » pour oser ne pas justifier  la guerre et ne pas l’accompagner de ses encouragements.

Quel est le rôle des médias dans la création de ce récit mettant en scène l’intervention inévitable et salvatrice des forces du bien (les occidentaux) contre les forces du mal (les islamistes) au profit de ces pauvres et braves africains incapables de se défendre ni de gérer leurs conflits par eux-mêmes ?  Faut-il rappeler le rôle fondamental que jouent les industries de l’armement dans la presse française, à travers Lagardère et Dassault ? Est-ce aller trop loin que de faire le lien entre un discours pro-guerre sous couvert de valeurs humanitaires, et le soutien à l’industrie militaire française ? Un industriel qui possèderait la majorité des médias d’un pays, ferait-il campagne dans ces médias pour critiquer et empêcher l’usage des produits qu’il fabrique ?

Pour évoquer l’attitude de protection, par nous autres Occidentaux, de ces pauvres Africains, qui semble aujourd’hui justifier l’intervention militaire française, ne peut-on employer  la notion de « paternalisme » ? Cette dernière n’est-elle pas une notion clé du colonialisme ?

La France est-elle toujours là lorsqu’il s’agit de défendre la démocratie ?  Pourquoi la France ne se donne-t-elle pas autant de moyens pour protéger les centaines de milliers de papous massacrés depuis 40 ans par le gouvernement indonésien ? Et ailleurs ?

- Est-il décent que le principal débat qui, au fond, passionne les journalistes des grands médias français, concerne l’influence de cette entrée en guerre sur l’image médiatique de Hollande ? « Hollande va-t-il cesser d’être considéré comme ‘mou’ ? » est bien plus important que « Binta va-t-elle voir sa famille mourir sous ses yeux ? ». La preuve de la capacité d’un chef d’Etat à gouverner, à être légitime, à mener un peuple, semble se réduire à sa virilité guerrière : combien de siècles en arrière somme-nous revenus ? A quel degré ce débat se place-t-il sur l’échelle du bellicisme et du virilisme patriotique ?

- Les civils maliens morts dans l’offensive de l’armée française du 12-13 janvier 2013 sont qualifiés dès le 13 au matin sur France Inter par un général, de « dommage collatéraux ». Si tel est le nom anecdotique que l’on donne au meurtre en notre nom de dizaines de civils, alors demandons tout de suite à la justice de requalifier les crimes passionnels en « pichenettes malencontreuses ».

- Les armes utilisées par les combattants islamistes et touaregs viennent largement, selon les grands médias, de Lybie. Et les armes lybiennes, d’où viennent-elles ? La France n’a pas cessé de contracter de juteux contrats d’armement avec la Lybie durant des décennies. Il se pourrait donc que nous assistions à une simple opération d’écoulement de la surproduction d’armes françaises, les armes actuelles venant donner une leçon militaire aux armes d’occasion utilisées par les combattants du nord. L’armée a toutefois le bon goût de faire s’affronter ses propres armes sur un territoire étranger.

- Personne ne trouve rien à redire au fait que, au Mali comme en Côte d’Ivoire, ce soit la France, ancienne nation colonisatrice, qui intervienne militairement. Etant donné ce passé pourtant, la France est la dernière puissance légitime pour y intervenir militairement, sans donner la persistante impression d’une continuité néocoloniale.

- Pourquoi, précisément, la France a-t-elle été si empressée, à la proue des nations mondiales, dans sa protection démocrate et désintéressée du peuple malien ? Toutes les personnes qui ont entendu parler de la Françafrique savent que notre pays joue dans cette partie du continent africain un jeu à peine voilé pour le contrôle de la situation politique de la région. Elle a substitué à son ancien empire colonial, trop voyant, un pré-carré qu’elle maîtrise à grand renfort de corruption, de soutien militaire aux dictatures et de coups d’Etat. Le Mali fait partie des territoires restés assujettis au giron français depuis les indépendances et il n’a pas plu à la puissance néocoloniale que le contrôle de cet Etat lui échappe. Mais pourquoi ?

- La France a maintenu le Mali dans une relative stabilité pour les mêmes raisons que pour le reste de sa politique françafricaine : le contrôle de ses intérêts stratégiques sur ce continent (ressources minérales et énergétiques en particulier). Or, que voit-on à quelques kilomètres de la frontière avec la zone nord du Mali, au Niger ? Les mines d’uranium d’Arlit, élément important de l’approvisionnement en uranium de la filière nucléaire française. A Arlit, les filiales d’Areva font leur loi, au mépris de la démocratie et de la santé des populations. On a donc un lieu stratégique pour le fonctionnement du complexe nucléaire civilo-militaire français, lui-même au cœur de l’Etat. Il est certainement hors de question pour la France de laisser planer une quelconque menace sur ce site stratégique pour son économie, sa puissance militaire et sa grandeur diplomatique.  L’armée française, concernée au premier plan par l’approvisionnement en uranium d’Arlit, est donc la première à intervenir. Pure coïncidence, bien sûr.

- Concernant les acteurs en présence : les Touaregs du nord du Mali ont contracté une alliance contre-nature mais opportuniste avec les islamistes radicaux. Après des décennies de lutte pour la reconnaissance de leurs revendications et de leurs droits, ils ont voulu saisir une opportunité unique de faire changer la donne politique. Il ne s’agit pas de justifier cette alliance. Mais avant d‘émettre des jugements définitifs sur ce choix stratégique, pourrait-on revenir un instant sur l’analyse de ces décennies de lutte et de négation de leurs revendications ?  Quelles étaient leurs revendications ? Etaient-elles légitimes ? Comment, par quels moyens les ont-ils exprimés ? Qui tirait les ficelles de la répression et au nom de quels intérêts ?

- Concernant les combattants islamistes armés, il ne s’agit aucunement de les justifier, mais de se poser quelques questions similaires à celles que l’on posait à l’époque du 11 septembre 2001. Pourquoi l’islamisme se développe-t-il ? A quelle colère répond-il ? N’est-il pas le triste vecteur qui s’offre aujourd’hui à l’expression d’une colère d’une partie du monde ravagée et expropriée par la mondialisation capitaliste ? Quand l’on considère qu’il y a largement de quoi nourrir le monde entier mais que les mécanismes du libre échange confisquent les richesses d ‘une majorité du monde au profit de quelques uns, quand on sait le pillage violent et sans vergogne de continents entiers au profit du bien être d’une minorité de privilégiés, comment peut-on se contenter de pourfendre ceux qui se réfugient dans la violence islamiste, sans commencer par se remettre en cause d’abord ? Sans examiner notre part de responsabilité dans cet état des lieux ? Un graffiti sur un mur de Strasbourg posé lors du sommet contre l’OTAN en 2007 affirmait : « Le capitalisme fait plus de morts en un jour que le terrorisme en une année ». Qui oserait affirmer le contraire ? Que cela ne nous empêche nullement d’être révoltés et de lutter contre le terrorisme et l’islamisme radical. Mais nous devrons être 365 plus révoltés contre l’horreur invisible du capitalisme auquel nous participons silencieusement, et 365 fois plus actifs pour la faire cesser au plus vite. Il ne s’agit donc ni de justifier ni de minimiser les horreurs accomplies au nom de l’islamisme. Mais de se poser la question des causes et des effets, des ordres de grandeur et des priorités, question sans laquelle nous ne saurions prétendre « penser ».

Ultime question : tous ces questionnements se retrouvent-ils dans les grands médias ? Et sinon, pourquoi ?

Guillaume Gamblin 13 janvier 2013

Vu sur le blog Anarchisme non-violence 2

Opération militaire au Mali : l’aveu éhonté de Hollande

Faire du Mali une vitrine commerciale du Rafale, une déclaration inouïe de François Hollande (Canard Enchaîné, ce 16 janvier 2013). 

Il y a déjà 40 ans, quand la gauche alternative française se fédérait dans la solidarité contre le camp militaire du Larzac, elle ciblait avec lucidité le cœur du coeur du capitalisme moderne anti-humaniste : le militarisme et son omnipotent secteur industriel et commercial, le secteur le plus profitable dans tous les pays « riches », avant même le pétrole et les assurances sociales privées.

Quand cette gauche alternative s’en prenait par ailleurs avec succès aux sites désignés au grand sacrifice éternel pour le nucléaire civil (Plogoff, Le Pellerin, Le Carnet…), elle n’oubliait jamais, rappelez-vous, la dimension guerrière et militaire de l’économie de l’atome en France.

Mais maintenant, en 2013, nous nous en prenons (avec raison d’ailleurs) à un aéroport nantais bêtement saccageur de patrimoine et gaspilleur de ressources vitales, révélateur impitoyable de la bassesse de la décentralisation clientéliste, mais ce n’est quand même vraiment plus le même enjeu, multiplicateur de conscience libertaire, égalitaire et pacifiste.

Il est vrai que pour domestiquer le peuple français, il a fallu placer les principaux médias français sous le contrôle des marchands d’armes, cas unique dans le monde, et le faire oublier. Admirons l’adresse de François Mitterrand pour faire perdre à sa gauche son éthique humaniste antimilitariste, au profit de leurres marketing finalement inoffensifs ou inopérants comme « Touche pas à mon pote », la « Fête de la musique », ou le baptême d’une prétendue monnaie européenne, aussitôt confisquée par les spéculateurs.

Si l’on en croit le Canard Enchaîné de cette semaine (page 2), François Hollande a visité ce 14 janvier 2013 la base militaire d’Abu Dhabi, « vitrine » de l’armement français.

Sans complexe, il aurait interpellé sur place l’un des pilotes de chasse dont les Rafale sont positionnés à Abu Dhabi : « Il se peut qu’on ait besoin de vos Rafale au Mali ». Certes, on peut comprendre qu’il faille agir pour empêcher les islamistes d’envahir Bamako, mais pourquoi François Hollande a précisé : « Il faudra leur montrer toutes les qualités du Rafale » (aux acheteurs potentiels, d’abord les Émirats) et surtout : « C’est aussi un élément très important de votre mission : montrer que les matériels français sont les plus performants… Merci pour votre double mission : à la fois opérationnelle et… commerciale !…. ».

Au moins c’est dit. Mais on s’étonnera que personne n’ait relevé cet écho du Canard Enchaîné paru avant-hier, ne serait-ce que pour le démentir.

Car cette information non démentie est profondément révélatrice, non seulement de l’addiction des socialistes français aux productions et ventes d’armes qui endeuillent des peuples entiers (qu’ils n’ont jamais tenté de reconvertir en industries humainement utiles et économiquement solvables), mais cela éclaire également la grande énigme de la géopolitique mondiale depuis un demi-siècle :

C’est enfin qu’on comprend la vraie nature analytique du capitalisme américain, dopé par les commandes publiques d’armements, ceci même sans raison pétrolière (comme lors de la guerre au Vietnam des années 1970), et l’unique explication de l’interminable souffrance du peuple palestinien sans jamais que l’Amérique n’ose imposer une paix juste à son protégé israélien : Il n’y a aucune passion nationaliste, religieuse ou ethniciste dans ce drame, mais seulement les calculs glacés des managers des industries occidentales d’armement, notamment américaines et israéliennes, qui ont un besoin vital, elles, de foyers de tension militaire et de haines inexpiables artificiellement entretenues, afin de provoquer l’insécurité et de continuer à vendre encore et encore leurs armements, fut-ce au détriment de leurs propres peuples, qu’elles méprisent.

Et maintenant qu’on sait que François Hollande raisonne pareil…

Lucky, blog Le Monde, 18 janvier 2013

Contre l’intervention militaire de l’Etat français au Mali

Le président Hollande a décidé hier d’une intervention militaire au Mali, sur l’invitation de cet « Etat ami », contre « le terrorisme ».

La droite et l’extrême-droite se sont évidemment empressées d’approuver cette option, rejetée par Mélenchon. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, grands défenseurs des guerres désintéressées, soutiennent le gouvernement français dans cette décision.

Or au Mali la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît, fait souligné par de nombreux observateurs spécialistes de la région, affirmant depuis de nombreux mois qu’il est plutôt « urgent d’attendre ». Les proches des otages retenus désapprouvent quant à eux cette intervention, craignant pour la vie de leurs proches captifs.

Le « Nord » du Mali est en effet désigné, dans un amalgame délibérément confus, comme occupé par des « terroristes ». Alors que des Touaregs autonomes, notamment ceux du MNLA, laïc et divergent des islamistes d’Ansar Dine, y luttent à la fois contre les islamistes et l’Etat malien, en remportant des victoires. L’indépendance de l’Azawad a été condamnée par de nombreux gouvernements d’Etats africains, craignant eux aussi pour leur pouvoir. Et par la France.

Au passage, rappelons que l’Etat malien a aussi perpetré son lot d’exactions et de massacres dans la région. Cette intervention de l’Etat malien consiste surtout pour lui à rétablir une souveraineté militaire sur les populations du Nord du Mali, dont nous n’avons rien à attendre de bon.

Quant à la France, les objectifs réels sont multiples. Une « bonne guerre » peut ressouder l’opinion autour d’un gouvernement PS qui déçoit, et favoriser le lobby de l’armement. Bien entendu, il s’agit aussi de maintenir des liens de « coopération », militaire et économique… la Françafrique a la vie dure.

C’est aux habitant-e-s du nord-Mali qu’il revient de se libérer et se gérer eux-mêmes, et avec eux que nous sommes solidaires contre cette intervention militaire multi-étatiste. L’islamisme (qu’on ne peut par ailleurs réduire à une seule forme dans cette zone de l’Afrique) peut le mieux être combattu… par les populations locales, qui l’ont assez démontré ! Or l’attitude de la France quant aux islamistes est plus qu’ambiguë jusqu’à aujourd’hui, certains observateurs affirmant même que la France a pu creuser le lit de l’islamisme par certains choix stratégiques dans la région. Le discours de l’Etat français contre les populations touarègues est en revanche clairement répressif, depuis le début.

Solidarité avec les populations prises entre l’étau de la répression étatique et les exactions d’islamistes mafieux ! à bas toutes les guerres impérialistes !

Pavillon Noir, 12 janvier 2013