Archives de catégorie : Paf le faf !

[Administration policière de la misère] [Châtellerault] « Ne pas laisser dire qu’il y a des zones de non-droit ! »

Présente lors d’une réunion sur les questions de sécurité publique, hier à Châtellerault, la préfète a voulu faire passer le message de l’autorité de l’État.

Y a-t-il le feu à Châtellerault ? La question, enfin dans ces termes-là, n’était pas à l’ordre du jour hier de la réunion sur la sécurité publique, organisée en sous-préfecture. Pourtant, la préfète, Élisabeth Borne avait fait le déplacement en personne.

A ses côtés au moment du point-presse, la sous-préfète Véronique Schaaf Lenoir, le maire Jean-Pierre Abelin, le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) Jean-François Papineau.

Alors réunion de crise ou pas ? « On est dans un contexte où on peut parler localement de délinquance maîtrisée. Qu’on garde ses nerfs ! », clame la préfète.

> «  La police va partout  ». « On est dans un département calme où on ne peut pas laisser dire qu’il y a des zones de non-droit ! », assure Élisabeth Borne dans une froide colère.
La préfète fait référence aux déclarations d’entrepreneurs et de la fédération du bâtiment à propos de la sécurité d’un chantier dans le quartier des Renardières (notre édition de mardi). « Il y a à Châtellerault des zones de non-droit », affirmait l’un d’eux. « Cela ne reflète absolument pas la réalité ! La police nationale va partout et travaille partout », assure Jean-François Papineau. Sur les faits eux-mêmes, le patron de la police donne ses chiffres : six faits de vol, signalés sur ce chantier dans les six premiers mois de l’année.

> Montée des violences. Insécurité ou sentiment d’insécurité… Le climat général paraît s’être quand même fortement dégradé ces derniers mois en ville avec en point d’orgue plusieurs affaires retentissantes. Le DDSP en convient : « Il y a une montée des violences à Châtellerault depuis le 1er semestre à tous niveaux. On constate des passages à l’acte violent plus fréquents notamment chez des personnes précarisées, souvent en relation avec une addiction comme l’alcool. » [Lire à ce propos l’article de la NR d’aujourd’hui, où l’on voit que les municipalités ne savent plus quoi inventer pour donner l’impression de faire quelque chose. On ressort les vieilles rengaine sur l’alcool, le « fléau des classes laborieuses » et l’oisiveté « mère de tous les vices » pour ne surtout pas interroger les causes structurelles de la misère, dont l’alcoolisme n’est qu’un révélateur. NdPN]

> Trafics. « On constate également des violences liées aux trafics et à certaines méthodes de «  recouvrement des créances  » », souligne également Jean-François Papineau. Selon la police, le nombre de trafics démantelés est passé « de 1 à 9 » depuis le début de l’année. « On est intraitable sur les phénomènes de trafic ! », affirme la préfète.

> Vigilance. Le maire le disait hier. Il ressent « un climat d’exaspération et d’intolérance, lié aussi à la crise ». Élisabeth Borne parle d’un « travail approfondi sur le terrain » mais en appelle à la vigilance. « La population doit et peut compter sur la police plus que jamais », conclut Jean-François Papineau.

Franck Bastard, lanouvellerepublique.fr
12 juillet 2013

Quelle résistance antifasciste ?

Quelle résistance antifasciste ?

La mort violente de Clément Méric, tué par des fascistes, a provoqué un profond émoi. Pour beaucoup d’entre nous, elle s’inscrit dans un contexte de développement, depuis des années, d’un lourd climat politique et social.

On constate, depuis 2010 environ, une multiplication des agressions d’extrême-droite contre des militantEs antifascistes, syndicalistes, révolutionnaires, des homosexuelLEs, des immignéEs dans de nombreuses villes (Lyon, région Lilloise, Tours, Rennes, Limoges…) sans parler des dégradations contre des locaux associatifs, politiques, syndicaux.

La banalisation des thèses du Front National dans le champ politique et médiatique et dans des franges non négligeables de la population, traditionnellement réactionnaires ou bien condamnées à la pauvreté et la précarité par le capitalisme et l’État, est une réalité depuis longtemps.

Ces thèses d’extrême droite imprègnent les politiques sécuritaires, répressives, anti-sociales, anti-immigration mises en place aussi bien par l’UMP que par le PS, depuis les réformes des retraites qui obligent les salariéEs à cotiser plus longtemps pour toucher moins, les accords de Wagram qui précarisent encore un peu plus les travailleurs/euses et facilitent leur licenciement, le flicage des chômeurs/euses, jusqu’à la criminalisation des luttes sociales, les rafles de sans-papiers, les descentes policières dans les camps de roms en passant par le matraquage politico-médiatique islamophobe (ou comment dissimuler la xénophobie derrière la défense de la laïcité…).

Tout cela ne peut qu’être aggravé par la situation de crise sociale actuelle. L’austérité, la pauvreté, la précarité véhiculées par le capitalisme sont des terreaux favorables à la recherche de boucs émissaires, au chacunE pour soi, aux replis identitaires, aux désirs d’État fort et d’ordre musclé.

Pour toutes ces raisons, nous pensons que l’antifascisme n’a de valeur et de sens que s’il se déclare anticapitaliste et anti-autoritaire et assume l’idée de rupture révolutionnaire avec un système économique et politique basé sur les inégalités et les injustices de classe, l’exploitation et la domination des humainEs et des ressources naturelles.

Demander la protection de l’État capitaliste face à l’extrême droite est un leurre. Qui peut penser que la dissolution de quelques groupuscules fachos réglera le problème ? Nous pensons de toutes façons que l’État et le capitalisme ne sont pas là pour assurer la liberté et la justice mais pour se perpétuer quel qu’en soit le prix. Si la pseudo démocratie actuelle permet cela, très bien, s’il faut un régime autoritaire parce que la « démocratie » ne peut plus garantir l’ordre et le bon déroulement du business, très bien aussi. Le système actuel nourrit l’extrême droite et sait l’utiliser s’il le faut pour briser violemment les luttes subversives ou créer le désordre pour mieux rétablir l’ordre, le sien, celui qui rapporte sur notre dos.

Ainsi, pour nous, il ne suffit pas d’identifier les fachos ou d’organiser notre autodéfense si nécessaire : la lutte contre l’extrême droite passe en bonne partie par la participation aux luttes sociales, par le fait de développer en leur sein les pratiques de solidarité, d’entraide, d’égalité, de convergences, d’auto-organisation, de coordination, d’action directe, d’apprentissage collectif, d’internationalisme.

C’est dans et à travers ces luttes, contre l’austérité, la précarité, la pauvreté que nous pourrons construire un rapport de force et une culture d’émancipation qui fera barrage aux thèses réactionnaires, nationalistes, autoritaires, xénophobes, sexistes tout en nous permettant d’améliorer nos conditions de vie et nos capacités de défense collective.

Pour ce faire, il faut aussi mener le combat pour que les mouvements sociaux conquièrent leur indépendance, leur autonomie, leur liberté d’organisation, de pensée et d’action, pour qu’ils rompent avec les récupérations politiciennes, avec les bureaucraties de la gauche politique et syndicale qui les étouffent et les mènent volontairement dans l’impasse. Il y a une certaine urgence. Les temps qui viennent vont être durs. Préparons nous.

Assemblée libertaire de Caen, 23 juin 2013

Meurtre de Clément : mises au point de camarades antifascistes

Meurtre de Clément Méric : halte aux mensonges !

Communiqué de l’Action antifasciste Paris-Banlieue

Depuis ce matin, l’ensemble de la  presse en ligne reprend une information de RTL, au sujet d’une vidéo de la mort de notre  camarade et ami Clément, sans la vérifier. A l’instar des journalistes qui diffusent ces  calomnies nous n’avons pu visionner cette vidéo.

Nous rejetons toutefois formellement  l’interprétation qui en est faite. Les camarades présents avec Clément le 5 juin  maintiennent leur version:

– oui il y a eu des échanges verbaux à l’intérieur du  magasin, devant les messages ouvertement racistes et tombant sous le coup de la loi  arborés par les skinheads ;

– l’agression physique survenue à l’extérieur du magasin  est le fait des skinheads qui se sont approchés, ont encerclé nos camarades puis les ont  agressés. Les militants néonazis étaient armés de coups-de-poing américains et ont tué  Clément Méric.

Il est donc impossible que des images montrent Clément se précipiter vers son agresseur  pour lui porter un coup dans le dos.

C’est au contraire Esteban qui a quitté le centre de la rue pour se diriger vers Clément.  Les militants d’extrême droite eux-mêmes n’ont jamais prétendu que Clément se soit  précipité vers eux pour les frapper par derrière. Les mensonges relayés dans la presse  ne font qu’ajouter à la douleur de ses proches.

Action antifasciste, Paris, le 25 juin 2013

Vu sur Alternative Libertaire, 25 juin 2013

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Clément, assassiné une deuxième fois

Nous publions ci-dessous le texte qui nous a été adressé par un camarade antifasciste en réaction aux mensonges diffusés par une partie de la presse au sujet de la mort de Clément.

Il n’aura pas fallu trois semaines pour que Clément Méric, militant engagé contre l’extrême droite, soit assassiné une deuxième fois. Depuis ce matin, tous les médias reprennent en coeur une information dont l’exclusivité revient à RTL. Une exclusivité dont on pourrait se passer volontiers. C’est le destin cruel mais, semble-t-il, tout naturel pour une presse qui cherche à savoir, pour sans doute ensuite départager, qui a commencé le premier à frappé sur l’autre. Voilà, Clément Méric est assassiné une deuxième fois, accusé d’un comportement « agressif » – selon Le Figaro – envers de simples skinheads, à qui l’on n’enlève pas le fait d’être d’extrême droite, mais qui en tout état de cause, faisaient bien gentiment leurs courses – comme tout un chacun finalement.

C’est ce « jeune gauchiste » qui a porté le premier coup à Esteban Morillo, de plus frappant « par derrière ». La vidéo ne dure que quelques secondes. Elle ne permet pas de savoir si l’auteur des coups mortels était armé d’un poing américain ou non. Mais selon RTL qui a eu l’exclusivité de la visionnée, elle est une preuve irréfutable pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé cette fin d’après midi du 5 juin. Non, il n’y a pas de paradoxe, enfin en tout cas pas au yeux des journalistes, sans doute peu scrupuleux, qui n’ont pas hésité à en tirer une conclusion qui risque de peser sur l’opinion publique. Non, malgré la brièveté des images et le manque de visibilité, toute l’affaire s’éclaircit d’un coup. Seulement la vérité reste seule immuable, ce 5 juin, l’extrême droite a versé le sang, a été jusqu’à tuer un militant qui avait pour engagement de lutter contre une idéologie de violence et de haine.

Les faits sont là, seulement les choses semblent avoir changé aujourd’hui. Après plusieurs années de sarkozysme, ce n’est pas, comme aiment à le penser certaines personnes, une parole de droite qui se serait décomplexée, mais bien une justification de l’injustifiable. En jouant sur la peur, les idées sécuritaires et xénophobes, la droite a laissé s’installer en France une opinion réactionnaire. Il y a deux jours une simple information relayée en toute pudeur par la presse nous apprenait que le « Front Républicain » n’existait plus, enterré dans la ville de Villeneuve-sur-Lot. Celui-ci a disparu dans une quasi indifférence générale. Une indifférence que Clément Méric n’aurait peut être pas partagé, non pas parce qu’il affectionnait ou se sentait proche des partis dits républicains mais parce que, sans doute, comme quelques uns, il ne pouvait concevoir le Front National ou tout autre parti d’extrême droite comme des partis classiques ayant leur créneau d’expression libre pour distiller des idées mortifères.

La publication par RTL et par leurs confrères d’articles décrivant l’affaire comme une simple rixe qui aurait mal tourné est l’exemple parfait de cette digue brisée par les assauts répétés d’une droite coupable et d’une certaine gauche, qui, parce qu’inactive et préférant expulser des Rroms plutôt que de lutter contre la misère sociale, est rendu partiellement complice. Le problème n’est plus de savoir si une personne comme Esteban a le droit de distiller sa haine et son aversion pour tout ce qui ne pense et n’est pas comme lui, mais de savoir si c’est bien lui qui a agressé Clément Méric et ses camarades en premier. Pourtant les journalistes semblent avoir oublié une chose: les idéologies totalitaires qu’Esteban glorifie ont tué, et les coups qu’elles continuent à porter sont faits pour tuer. Les idées que Clément, lui, défendait n’ont jamais eu cette finalité.

Sans doute Esteban n’avait pas prévu de tuer ce jour là, mais parce qu’idolâtre des idées fascistes, la mort était dans son camp.

Alors oui ! Vous avez raison messieurs les journalistes, Clément n’a pas été assassiné par Esteban, Clément a été assassiné par le fascisme. Oui vous avez aussi raison, la responsabilité de la mort n’est qu’en partie imputable à Esteban, c’est aussi celle de politiciens charognards n’hésitant pas à reprendre les idées les plus rétrogrades pour obtenir quelques voix de plus.

Mais non, messieurs les journalistes, Clément Méric n’a pas porté le premier coup contre les néo-nazis. Non Clément Méric n’est pas un agresseur au même titre que ces individus, qui, se sentant légitimés par des propos nauséeux, peuvent impunément agresser dans la rue des immigrés, des femmes voilées, des homosexuels ou des militants progressistes. Clément Méric défendait des idéaux qui vont à l’encontre de la haine, ceux portés par les militants antifascistes et les militants progressistes, des idées anti-autoritaires qu’ils continueront à porter bon gré mal gré. Cette lutte anti-fasciste nous n’avons pas attendu que vous la validiez ou non, à l’avenir il en sera de même.

Un camarade antifasciste.

Source SUD Sciences Po

Vu sur La Horde, 25 juin 2013

Nantes antifasciste : une mise au point s’impose

NdPN : un texte des camarades antifa de Nantes, dont l’analyse pertinente dépasse largement le contexte nantais.

Nantes antifasciste : une mise au point s’impose

Nous, collectif antifasciste nantais tenions à réagir :

Non un antifasciste et un néo-nazi ne sont pas comparables.

Non nous n’acceptons pas de subir la répression du pouvoir socialiste

Non nous n’acceptons pas une réponse ponctuelle face à une menace réelle

Non, la marche des fiertés n’est pas uniquement le lieu d’expression du capitalisme, du consumérisme et de la caricature.

1- Assimilation piège à con

« Ces groupuscules extrémistes – d’extrême gauche, comme d’extrême droite – sont un danger« , J-F Copé, Président de l’UMP.

« Cette profanation [de la Cathédrale de Nantes recouverte pas des tags néo-nazis et homophobes] succède à l’attaque d’une librairie catholique nantaise », Christian Bouchet responsable Front National à Nantes cité par 20minutes.

« La devanture d’une librairie catholique a également [comme la Cathédrale de Nantes] fait l’objet de dégradation », article de Novopress (site de propagation des idées du Bloc Identitaire) cité par RTL.

Depuis jeudi dernier, et le décès de notre camarade Clément Méric, nous assistons, partout, à de nombreuses comparaisons insupportables, à des assimilations nauséabondes. Tout cela a débuté par le renvoi dos à dos des « extrêmes », des militants des JNR et des militants de l’Action Antifasciste Paris Banlieue. Des fascistes et des antifascistes. Ces propos sont simplement révisionnistes, ils nient l’histoire des fascismes. On ne peut mettre dos à dos les idéologies fascistes, racistes, homophobes, xénophobes, nationalistes, et les courants qui militent pour la tolérance, l’Égalité, la Liberté. L’extrême droite est historiquement et politiquement intrinsèquement violente.

Les médias en sont à se demander si ce n’est pas notre camarade qui est à l’origine de sa propre mort. Nous en sommes au point où réagir à la présence de néonazis, connus en tant que tel, par des militants mais aussi par la police et la justice, paraît incroyable. Ne faudrait-il pas plutôt se scandaliser par l’absence de réactions des autres participants à la vente ? Est-il devenu normal d’afficher ses idées fascistes aujourd’hui, en France ?

Nous pensons, naïvement, que l’antifascisme reste l’affaire de tous.

 Cette banalisation des idées de haine conduit à d’autres assimilations, du même niveau intellectuel. Dans la nuit de vendredi à samedi (7-8juin) la Cathédrale de Nantes a été vandalisée. Même si nous n’avons pas toutes les informations, nous savons que des tags à caractère néonazi, anti mariage pour tous et sataniques y ont été découvert. Nous ne nous attarderons pas à expliquer pourquoi un antifasciste ne peut être responsable d’un tag nazi. Nous préférons relever la comparaison, relayée par certains médias, faite avec le tag qui a recouvert une « librairie catholique ».

Lors de la manifestation en hommage à Clément du jeudi 6 juin, un slogan avait été peint sur la vitrine de la librairie d’extrême droite Dobrée. Nous l’assumons. Nous refusons l’amalgame honteux entre la dégradation d’un lieu de culte et un acte politique ciblant une place forte de l’idéologie identitaire à Nantes. En effet, la libraire Dobrée, diffuse un stock non négligeable de « livres » plus que douteux (intégristes, réactionnaires, royalistes…) qui sont le terreau culturel des militants d’extrême droite. La librairie accueille des « auteurs » tels que Marion Sigaut, Johan Livernette, Jehan Morel ou Alain Soral adeptes, entre autres idées xénophobes, du complot « judéo-maçonnique » et membres d’égalité et réconciliation, un groupuscule d’individus « rouge-brun » antisémites. Il est insultant pour les catholiques nantais -qui n’ont rien demandé- d’être assimilés à cette librairie d’extrême droite. Ce sont les idées véhiculées (entre autres) par ce type de local qui ont tué Clément. De fait, l’inscription « justice pour clément » sur la vitrine de cette enseigne fasciste est un acte politique assumé, qui ne saurait être assimilé aux absurdités commises au sein de la cathédrale nantaise.

2- Le Parti Socialiste déclare, les antifascistes militent

«Nous ne laisserons pas des groupuscules, mettre en cause la volonté d’hommes ou de femmes, de se marier», Manuel Valls, ministre de l’intérieur.

«Rien ne devra entraver la marche de la République vers l’égalité », Harlem Désir, Premier secrétaire du Parti Socialiste.

Et pourtant… Depuis le dépôt du projet de loi du « mariage pour tous », les homophobes défilent. Il n’est pas utile de rappeler les innombrables déclarations homophobes, intégristes, fascistes, entendues lors des rassemblements des opposants à cette loi. Mais, pire encore que des défilés, ils prient dans la rue dans la complaisance la plus totale des autorités, au prétexte de la liberté d’expression. Depuis des mois nous nous opposons frontalement, et sans violence, à ces « veilleurs » qui n’hésitent pas à brandir des banderoles comme « Antifas agresseurs » au lendemain de la mort de Clément Méric et à effectuer des saluts nazis, tout cela autour de quelques bougies.

Ce silence politique entraîne une radicalisation certaine, une mise en confiance des fascistes et, logiquement, une libération des actes. Est-il besoin de rappeler les agressions homophobes (Lille, Bordeaux, Lyon…), racistes (Toulouse, hier encore à Reims) et finalement la mort de Clément ? La rue est abandonnée par ceux-là même qui prétendent se battre pour l’égalité et le refus de la violence. Mais, en plus d’être les seuls à combattre au jour le jour l’extrême droite, les militants pour l’égalité (LGBT, féministes, antifascistes…) sont réprimés dans l’indifférence la plus totale. Dans le même temps; les militants homophobes se permettent de gazer les forces de l’ordre sans aucune réaction de la part de ces derniers (cela a été le cas lors de l’envahissement de la gare par la « manif pour tous » à Nantes).

Après une manifestation contre l’homophobie, à Nantes, ces dernières semaines, un camarade a passé deux jours en prison après avoir été violemment interpellé pour que finalement, grâce à la mobilisation des antifascistes et des témoignages d’habitants, le tribunal reconnaisse que les policiers avaient menti pour le faire condamner (ce n’est que la troisième fois pour l’un d’entre eux). Un camarade a été violemment interpellé sans raison dans la rue, hors de tout contexte politique, par des policiers qui l’ont blessé. Il s’est vu notifier 45 jours d’ITT. Après la manifestation en hommage à Clément du 8 juin, des manifestants ont été interpellés alors que le défilé s’était déroulé dans une ambiance dynamique mais non violente. Et la liste est longue…

Les militants du mouvement social sont continuellement réprimés, harcelés, blessés par la police. Dès lors, comment s’étonner de voir le Parti Socialiste accusé de récupération lorsqu’il retrouve le chemin de la rue pour pleurer un militant qu’ils ont, sciemment, abandonné à sa lutte ?

3- Dissolutions : tout sauf une solution

Non seulement le pouvoir en place déserte le champ de la lutte, mais il refuse de répondre politiquement aux récents événements. Concrètement, le Parti Socialiste se contente de demander la condamnation des coupables et la dissolution des JNR, qui ne sont que le service d’ordre du mouvement « Troisième Voie ». Il refuse d’analyser et de répondre politiquement à ce drame, de comprendre les causes plutôt que de simplement traiter les conséquences. La dissolution n’aura comme seul impact que la possibilité pour ces fascistes de se refaire une virginité politique sans que cela nuise à leurs activités. Cela a été le cas de nombreux membres du groupuscule nazi Unité Radicale, dont on retrouve des membres dans les groupes identitaires ou au FN (c’est le cas du responsable nantais C. Bouchet).

Nous ne pouvons accepter une dénonciation de l’extrême droite et, simultanément, l’organisation d’une gigantesque rafle de sans papiers à Barbès, au moment même où un rassemblement en hommage à Clément était organisé. L’antifascisme est d’abord un combat politique, la défense de l’égalité, des libertés, l’affirmation d’une alternative économique et sociale. La politique libérale actuellement menée ne peut conduire qu’à l’exacerbation des tensions, qu’à la désignation de boucs émissaires. L’injustice sociale est le terreau idéal pour le développement de l’extrême droite, de ses idées et de ses modes d’actions, de sa violence verbale et physique.

4- Marche des fiertés : un cortège revendicatif

Samedi 15 juin aura lieu la « Marche des fiertés » à Nantes. N’oublions pas l’origine de ce rassemblement, le choix de la date, toute sa symbolique. N’oublions pas Stonewall, ces émeutes homosexuelles en 1969, qui préfigurent les Gay Pride. Les antifascistes nantais s’associent pleinement à la démarche de plusieurs organisations qui vont se réunir au sein d’un cortège revendicatif. Nous refusons de laisser cette manifestation se résumer à une expression du capitalisme, du consumérisme et de la caricature.

Samedi 15 juin rendez-vous

13h30 Cours des 50 Otages

Autour des drapeaux rouge et noir ! 

Action Antifasciste Nantes – nantesantifasciste@gmail.com

Vu sur La Horde, 14 juin 2013

Clément M, la naissance d’un militant libertaire

NdPN : voir l’appel (dont la Fédération signataire est l’un des signataires) : Le fascisme tue. Ensemble, combattons-le !

Clément M, la naissance d’un militant libertaire

Quand il entre à 15 ans au lycée à Brest, il y a de cela quatre ans, Clément joue de la basse avec son groupe de musique et fréquente des militants d’Alternative Libertaire.

Ce qu’il entend au niveau national, ce sont les discours fascisants sur l’ « Identité Nationale » de l’époque Sarkozy. Ce qu’il voit, c’est la lutte pour la retraite à 60 ans.

Pendant ses années de lycée, Clément milite en soutien aux sans-papiers.

Il devient aussi un végétalien convaincu.

Il est dans les luttes écologiques et de défense des animaux.

En classe de première, ses premiers pas en politique sont stoppés net par la maladie. Son 16ème anniversaire, il le passe en chambre stérile à lutter contre une leucémie. Au début on croît le perdre. Le choc est rude et le moral à zéro. Mais il se bat et il se bat aussi pour que sa guitare puisse entrer dans sa chambre. On stérilise donc la guitare ! Des mois de traitements lourds, des mois de chambre stérile et le soutien des élèves de sa classe, des profs et des amis. Après des mois de lutte et de courage, le voilà de retour au lycée. Il retrouve son cocktail préféré à Brest : musique et politique. Et il fonce pour croquer la vie.

Bac en poche, il veut entrer à Science Po à Paris. Lors de l’entretien d’admission il affirme ses doutes sur notre société ainsi que son opposition au système économique capitaliste. Il parle des conditions de vie des sans-papiers. Il se présente sans équivoque comme libertaire. Dans un entretien d’admission, c’est risqué mais il est admis. Faut croire que Sciences Po a besoin de se donner l’image d’une officine de formation ouverte et tolérante.

A Sciences Po, qu’il surnomme très vite « PIPO », au milieu de beaucoup de « nés bourgeois » comme il l’écrit, Clem cherche des ami-e-s et un syndicat étudiant. « L’unef beurk ! La CNT, à Pipo y a pas ! Un Sud-étudiant  va se remonter. La première réunion est dans quelques heures, j’y serai« .     Il fréquente aussi la CNT. C’est là qu’il va commencer à discuter avec des militants antifascistes. Très vite, Clem entre dans l’AFA « action anti fasciste ».

Son engagement c’est sa force et il fonce !

Par ailleurs Clément ne peut pas rester longtemps sans jouer de la basse. Il trouve et retrouve des amis musiciens et participe à de nombreux concerts « off ».

Au début 2013 les mails de Clément portent essentiellement sur les manifs contre le mariage pour tous et sur la lutte contre l’homophobie : citons « Qu’ils nous laissent libres d’aimer qui on veut. D’ailleurs ce n’est pas à l’Etat de s’occuper de ça« .

Clément découvre avec horreur le nazisme affiché des fascistes, les croix gammées gravées dans la peau, les saluts nazis. Il est traumatisé par les « ratonnades » auxquelles ces fascistes se livrent contre des jeunes originaires du nord de l’Afrique. Il ajoute « L’usage que le FN et les « groupustules » fachos font du drapeau français, c’est leur « cache secte nazie« .

Dans un dernier mail, il écrit : « je m’ennuie dans les cours de macro-éco : c’est pipeau. En plus je commence à détester le discours dominant de Pipo. » A se demander alors s’il arrivera à supporter cela trois, quatre ans.

Clément préfère l’action aux palabres. Cependant l’étudiant calme, doux, discret, qui paraît si fragile,  a des propos incisifs, raides parfois. Mais des propos qui résultent d’une analyse politique fine sur la France et l’Europe. Voici, tiré de ses derniers mails …

Sur la vie syndicale à Brest il écrit sur sa page Face Book : »L’arsenal n’est plus aussi rouge qu’avant, mais c’est un devoir de mémoire.« 

Sur la lutte antifasciste : « Cette lutte n’a pas l’air d’intéresser les partis et syndicats de la gauche classique. Des discours oui, mais pas d’actes. Que sont-ils devenus ? »

Sur sa lutte AntiFa : « Etre AntiFa ce n’est pas une posture morale, c’est une lutte politique et de tous les jours. Pour tous les jeunes d’Europe !  T’as vu en Hongrie, en Angleterre, tous ces fachos ?« 

Sur la construction de la gauche : « Depuis la chute du mur de Berlin, la gauche est dans la broyeuse : débris et divisions partout. A la CNT, au NPA, au front de gauche, c’est partout la merde. Nous ne construirons pas une autre politique à gauche avec les gravats du mur ! »

Sur les sans-papier et le mariage pour tous : « On se bat pour l’égalité des droits, mais le mariage je m’en cale. Les manifs des droites sont des démonstrations de force homophobes. Finalement on dit mariage pour tous, papiers pour tous, mais ce que nous préférons, c’est pas de papiers du tout, pour personne et pas de mariage du tout !« 

Dans ce parcours politique de quatre ans,

quatre petites années,

un militant politique libertaire est né …….

et …….. ils lui ont volé sa vie  le 5 juin 2013.

Il avait 18 ans.

(8 juin 2013. JB. Extraits de courriels entre Clément et un ami de la famille)

Vu sur le site de la Fondation Pierre Besnard, 13 juin 2013