Archives de catégorie : Propagande marchande

[Poitiers] Le PS et la Phynance

NdPN : Le 22 janvier dernier au Bourget, le candidat Hollande, soutenu par le député-maire de Poitiers Alain Claeys, avait dit :

« Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des Etats. […] Si la finance est l’adversaire, alors il faut l’affronter avec nos moyens et d’abord chez nous »

Poitiers va emprunter sur les marchés financiers

C’est une grande première: Poitiers et Grand Poitiers vont désormais emprunter de l’argent en ayant recours aux marchés de capitaux. Jusqu’à présent, ces deux collectivités n’empruntaient qu’auprès des banques.

Mais hier, le conseil municipal a validé la participation de la Ville (celle de Grand Poitiers sera examinée en séance vendredi) à un emprunt obligataire mutualisé avec 53 autres collectivités françaises (villes, communautés d’agglomération, départements et régions). Le montant total de cet emprunt sera de 800 millions d’euros pour les 54 collectivités: la Ville s’y inscrit pour 5 millions d’euros et Grand Poitiers pour 10 millions d’euros, sur une durée de dix ans.

« Pas plus de risque »

« Le but est de diversifier nos sources de financements, explique Francis Chalard, adjoint aux finances. Au lieu de tout emprunter auprès des banques, on va aller chercher un financement complémentaire sur le marché des capitaux. L’intérêt est de mutualiser nos savoir-faire avec les autres collectivités. De plus, le prix de revient de ce type d’emprunt est inférieur de 20% aux emprunts bancaires traditionnels. Et cela ne comporte pas plus de risques. » Alain Claeys, maire, ajoute: « Jusqu’à présent, quand la Ville cherchait à emprunter, elle trouvait cinq ou six banques. Aujourd’hui elle en trouve deux. Par rapport à nos capacités de financements et à notre épargne brute, on peut emprunter davantage. Grâce à cet emprunt obligataire, nous n’aurons aucun problème de financement pour tous nos projets, que ce soit au niveau de la Ville ou de Grand Poitiers. »

Centre-Presse, E.R., 26 juin 2012

[Poitiers] « Marginaux » pour qui ?

Une fois n’est pas coutume, deux articles bien dégueulasses sur les « marginaux » du centre-ville de Poitiers sont parus ce matin dans la presse quotidienne régionale. Il s’agit de personnes – avouons-le, pour la plupart des potes-ses – n’ayant pas toujours les signes extérieurs de la réussite sociale, qui passent du temps ensemble, dehors dans la rue, et qui discutent volontiers avec qui veut bien se joindre à elles pour passer un bon moment, partager les galères et les bons plans, rire, boire un coup et pourquoi pas, refaire le monde.

Voilà qui est insupportable pour les chantres d’un centre-ville charcuté par l’opération « coeur d’agglo », aseptisé de toute relation qui ne passe pas par leur magnanime autorisation. Tout bon citoyen se doit de passer par l’octroi de quelques pièces de monnaie pour échanger avec les autres : payer son parking ou son ticket de bus d’abord, boire un coup ensuite, mais à condition de le faire assis  dans le périmètre de la terrasse d’un limonadier pour l’aider à payer sa patente à la mairie (ou d’être membre de la confrérie des alcoolo-machos Bittards, à qui l’on remet les clés de la mairie, car c’est la tradition).  Se loger oui, à condition de ne pas occuper l’un des nombreux logements vacants d’une mafia immobilière, et d’avoir un travail d’esclave docile pour payer le loyer. Se promener oui, mais selon le parcours touristique des rues pavées de coeur d’agglo, à l’ombre des enseignes marchandes et des affiches publicitaires, l’esprit disponible à l’achat ou à l’esclavage salarié, le porte-monnaie généreusement ouvert. Faire la fête oui, mais à l’occasion des journées du calendrier « culturel » décrété par la mairie. Utiliser les salles municipales oui, à condition d’avoir une étiquette d’association subventionnée déclarée en préfecture, ou de se présenter aux élections citoyennes. Diffuser des tracts oui, à condition de ne pas mettre le mot anarchiste dedans. Manifester oui, mais à condition de demander un coup de tampon du préfet, d’exprimer des demandes aux « élu-e-s du peuple », et de poser tout sourire pour les caméras des bons vigiles en uniforme bleu marine.

Opération « peace maker » sur coeur d’agglo 

Entre la convivialité et les bons moments d’un côté, et la volonté de transformer le centre-ville en dispositif marchand, où seuls les vendeurs-euses et les consommateurs-trices sont admis-es, le choix est vite fait pour les pouvoirs locaux (préfet, flics, mairie, journalistes…).

Ces pouvoirs qui prétendent décider à notre place de tout ce qui doit se passer sur l’espace où nous vivons et qu’ils désirent contrôler, réclament toujours plus de répression de nos mouvements, de nos activités et de nos relations. C’est cette volonté mortifère qui se traduit dans les pavés carrés de coeur d’agglo, dans les rubriques carrées des torchons de la presse locale, dans les façades carrées des institutions de pouvoir, dans les sucettes carrées de Decaux. Cette volonté morbide de tout enfermer, qui relaie la complainte des marchands et des flics, alors même que ne cesse de s’intensifier le harcèlement policier (contrôles d’identité des mêmes, plusieurs fois par jour ; flicage de l’assistance sociale, des juges et autres services d’insertion et de probation  ; arrestations suivies de gardes à vue voire de peines de prison). Cette « purification sociale » est dénoncée entre autres par Démocratie réelle maintenant 86, par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux, par le DAL 86… mais leur voix est évidemment ignorée ou calomniée par la presse et la mairie. La  propagande des croquemorts en uniforme, en écharpe tricolore ou à carte de presse, a de beaux jours devant elle, si nous ne réagissons pas ensemble pour occuper les lieux où nous vivons ensemble.

Pavillon Noir, 12 juin 2012

La présence des marginaux agace les commerçants

La tension monte chez les commerçants du centre-ville face à la présence de plus en plus forte de marginaux sur fond d’alcool et de chiens qui divaguent.

Les commerçants du centre-ville de Poitiers sont déboussolés et de plus en plus agacés. La présence accrue de groupes de marginaux escortés de leurs chiens sur la voie publique concentre les critiques.

A chaque pas-de-porte, entre la place Notre-Dame et l’îlot des Cordeliers, c’est le même refrain qui revient en boucle. En centre-ville, c’est le sujet qui fâche. Et en mairie, c’est le casse-tête qui fait phosphorer.

«  Les arrêtés municipaux, qui les applique ?  »

« Certains soirs, on se retrouve avec dix personnes et leurs chiens qui sont juste à côté de la terrasse. Les personnes mendient, agressent verbalement les clients qui ne veulent pas donner. J’ai constamment des dégradations sur ma terrasse le vendredi matin et le samedi matin. Je suis même obligé d’attacher les pots de fleurs », réagit Damien Chevalier, du bar le Picto. « Le soir, ils font fuir la clientèle. Les vendeuses qui travaillent aux Cordeliers, préfèrent aller prendre le bus à Boncenne plutôt que de tomber sur eux à Notre-Dame. C’est un vrai problème, on le ressent clairement sur notre activité. » Un peu plus haut, rue des Cordeliers, le coiffeur Éric Soulard à l’enseigne «  Différence  » s’énerve contre ces groupes qui déambulent bière en main dès le matin. « En fin de journée, ils sont dans le square ou juste devant et ils bloquent le passage, les chiens divaguent et ils demandent de l’argent. Tout le monde est gêné. Je reviens de Bordeaux, ils n’en sont pas là. Je croyais qu’il y avait des arrêtés municipaux à Poitiers (1). Qui est-ce qui les applique ? » « J’aimerais bien savoir combien de procédures sont dressées pour ivresse publique ? », renchérit un voisin en rappelant les différents arrêtés anti-alcool pris par le maire de Poitiers. Des patrons de bar s’énervent carrément d’avoir eu à subir les foudres de procédures visant leur commerce ou leurs clients quand, dans le même temps, d’autres pourraient s’alcooliser tranquillement sur la voie publique. Les autorités contestent qu’il y ait le moindre deux poids deux mesures en la matière. Au tabac presse le Brazza, Philippe Desbourdes, enregistre lui aussi une baisse d’activité le soir. « A partir de 19 h, on a beaucoup moins de monde à cause de leur présence. Là où on faisait cent clients en une heure, entre 19 h et 20 h, on n’en fait plus que quarante. Nous, en plus on habite au dessus. On ne dort pas la nuit. C’est souvent des bagarres, ils tapent dans les grilles, ça déclenche l’alarme. Et les gens qui n’osent plus rentrer dans Notre-Dame parce qu’ils restent tout le temps devant l’entrée. » En plus des démarches individuelles de commerçants excédés, la Fédération des acteurs économiques a écrit au maire pour demander l’organisation d’une réunion. Elle doit avoir lieu très prochainement.

(1) En 2008, Alain Claeys étendait l’arrêté interdisant la consommation d’alcool sur la voie publique. Elle est sanctionnée par une amende de 11 €. Fin mai 2012, c’est la vente d’alcool à emporter, après 21 h, qui était interdite.

Nouvelle République, Emmanuel Coupaye, 12 juin 2012

La mairie cherche la bonne réponse

Si la question du rassemblement des marginaux en plus grand nombre agace les commerçants, il embarrasse aussi la Ville. « Il nous faut trouver un juste milieu », concède Jean-Claude Bonnefon, conseiller municipal délégué à la tranquillité publique. « On nous a reproché il y a quelques années qu’il y avait trop de policiers, et maintenant on serait laxistes ! » L’élu réfute le sentiment exprimé par les commerçants, selon lequel les policiers municipaux ou nationaux ne feraient rien contre les groupes de chiens qui divaguent ni contre la consommation répétée d’alcool sur la voie publique. Deux infractions qui tombent sous le coup d’arrêtés municipaux. « On discute en permanence de cette question en ce moment avec la police mais aussi avec la préfecture. Une réunion interne est prévue jeudi en mairie avec la police, les services sociaux… Elle était déjà programmée avant que la FAE nous écrive. J’ai demandé une note au CCAS pour savoir d’où viennent toutes ces personnes car, ce qui est certain, c’est qu’ils sont beaucoup plus nombreux. » Quelle réponse apporter à la situation actuelle ? « On va voir. Je ne dis pas qu’il ne se passe rien. Il faut peut-être accentuer les patrouilles. A un moment, c’est sûr, on ne peut plus être dans le traitement social. »

Nouvelle République, 12 juin 2012

Quelques affiches électorales

Après notre article sur le business juteux des élections législatives, voici une kyrielle d’affiches électorales aussi cocasses que véritables, trouvées sur un site rigolo : puisque nous payons les affiches des candidat-e-s à la condition que leur parti fasse plus de 1% dans cinquante circonscriptions, payons-nous un peu leur tête !

On a retrouvé le fils caché de Jean-Pierre Coffe et de Mireille Mathieu :

Ainsi que le fils caché de Mireille Mathieu et Bernard Thibault :

Le pirate William est recherché par les autorités, qui ont décidé de publier un avis de recherche :

En revanche, les autorités ont retrouvé le pirate Jean-Paul, qui naviguait sur la Seine tiré à quatre épingles, tel Calicot Jack :

Petite erreur de genre au parti de la France :

La droite présente son candidat hippie :

Les services secrets de Sa Majesté infiltrent leur agent double zéro en région parisienne :

Mais l’organisation secrète du Trèfle, qui regroupe des Na’vis en provenance de Pandora, tente aussi de mettre un pied sur la planète. Ils ont engendré l’avatar David (Vincent ?) pour coloniser le Val d’Oise :

Heureusement qu’il reste quelques candidats sérieux pour porter les valeurs essentielles de notre République :

Ou encore ce nouveau Zo d’Axa, présentant un candidat asinin :

Images topées sur LOLgislatives 

Elections, tonte à moutons

Voter, ce n’est pas seulement donner à un-e professionnel-le du discours politicien et à son parti la « légitimité » de contraindre, sans même avoir à respecter les promesses bidons de leur programme, toutes les populations d’un territoire.

C’est aussi obliger toutes les personnes n’ayant pas donné leur accord pour se faire gouverner par cet-te élu-e (à savoir les gens ayant voté autre chose, mais aussi les abstentionnistes et non-inscrit-e-s), à nourrir cet-te élu-e et son parti. La « liberté d’expression » des partis se présentant aux élections… est financée par l’ensemble des contribuables.

La Nouvelle République rappelle aujourd’hui cet enjeu essentiel des élections législatives : le pognon.

« Des voix qui rapportent gros. Tous les cinq ans c’est la même chose. On s’esbaudit devant le nombre toujours élevé de candidats aux législatives. Il y a pourtant une explication très simple à cet embouteillage. Le financement public des mouvements politiques est basé sur le nombre de voix récoltées au premier tour de cette élection, et au nombre d’élus. Au premier tour, chaque voix rapporte environ 1,70 € au parti qui présente le candidat (à condition de faire plus de 1 % des suffrages dans au moins 50 circonscriptions). On comprend mieux pourquoi tous les partis ont intérêt à présenter un maximum de candidats. On comprend mieux pourquoi, aussi, certains ne font parler d’eux qu’à la veille des élections législatives. Un exemple au hasard : connaissez-vous le Trèfle Nehna (Nouveaux écologistes, hommes, nature et animaux) ? Voilà un mouvement qui a présenté des candidats en 2007 (deux dans la Vienne) et qui, sur cette base, a reçu chaque année un peu plus de 150.000€ (163.339,38 en 2011) dans le cadre du financement de la vie politique. »

Bref, c’est à tout le monde qu’il revient de financer les politicard-e-s,  pour voir s’étaler leurs prétentions grotesques à « représenter » les populations, dans l’espace public et médiatique.

Cette disposition de 2003 (à laquelle il faudrait ajouter que le versement a lieu chaque année, pendant cinq ans) est complétée par une somme de plusieurs dizaines de millions d’euros (40 millions en 2007), répartie proportionnellement entre les député-e-s se déclarant au parti concerné.

Une fois élu-e-s, ces député-e-s vivent grassement aux crochets des populations : 7 100,15 € bruts par mois, dont une indemnité de fonction non imposable (1 420,03 €), soit la bagatelle de 5 189,27 € nets par mois.

A cette somme rondelette s’ajoute une « indemnité représentative de frais de mandat », avec 6 412 € bruts par mois, pour les diverses dépenses « liées au mandat » : bagnole, loyer, frais de réception, d’habillement… il convient en effet, lorsqu’on vit de l’esbroufe consistant à prétendre « incarner la nation toute entière », de ne pas vivre comme de vulgaires prolétaires.

C’est aussi compter sans les avantages : pas moins de 9 138 € bruts par mois pour la rémunération des collaborateurs. Accès gratuit à l’ensemble du réseau SNCF (en première classe), déplacements gratuits à Paris en voiture de l’assemblée ou en taxi (toujours dans le cadre des missions du parlementaire, bien évidemment et nul-le n’en doute), carte de métro gratuite,  remboursement des forfaits de cinq lignes téléphoniques et d’un abonnement internet…

Le président de l’Assemblée nationale perçoit quant à lui une indemnité propre de plus de 14 000 €, et bénéficie d’un luxueux logement de fonction : l’Hôtel de Lassay, avec des domestiques.

On pourrait aussi évoquer le fait qu’un mandat (de cinq ans donc) donne à un parlementaire le droit à une retraite de près de 1200 euros. Soit quasiment la pension médiane de la retraite perçue par les gens ayant bossé 40 ans. Et ce, sans décote.

Un-e député-e peut par ailleurs cumuler son indemnité parlementaire avec celles d’autres mandats électifs, dans la limite d’une fois et demie le montant brut de l’indemnité parlementaire de base, soit 2 757,34 € au titre de ses mandats locaux.

Ajoutons à cela les affaires politico-financières qui continuent de faire florès au sein de la « vie politique », à travers les réseaux d’élu-e-s : emplois fictifs, surfacturations lors de contrats publics, rétrocommissions diverses, dons aussi généreux qu’intéressés de riches ami-e-s…

Le plus sidérant dans tout ce système « démocratique », dont le rôle essentiel et historique est de donner un semblant de légitimité au capitalisme et de garantir sa défense armée, judiciaire et médiatique,

                                          …c’est qu’il y ait encore des gens qui votent.

Jeanine, Pavillon Noir (FA 86), 22 mai 2012